Premier film de Sarah Suco, actrice née à Montpellier et déjà vue dans Discount ou Place Publique, Les éblouis se base sur son expérience d’adolescente dans une communauté religieuse chrétienne. Endoctrinée par le Berger (Jean-Pierre Darroussin) de cette communauté, toute la famille de Camille (Céleste Brunnquell) va se couper du monde pour tout donner au Saint-Esprit.
Mais comment en est-elle arrivée là ?
C’est toute la première partie du film. Les parents de Camille (Camille Cottin et Eric Caravaca) ont tout du couple éduqué et progressiste. Une famille aux origines chrétiennes oubliées. La mère, dépressive, comptable sans emploi, se sentant inutile en dehors de son rôle de mère de quatre enfants, va être la première à chercher du réconfort auprès de cette congrégation, mélange de prêtres, de sœurs et de familles. Le Berger l’accueille avec bienveillance.
Révélations
Dans son sillage, le père aussi se met à prier quotidiennement. Ils croient se trouver une seconde famille. À condition de faire quelques concessions. Ainsi plus question de voir les grands-parents, suspicieux et craignant une dérive sectaire de ces religieux pourtant tolérés et aidés par le Vatican. De même Camille doit abandonner son école de crique, avilissant pour le corps humain.En quelques mois, résumés dans la première heure du film, toute la famille se plie aux injonctions du Berger qui a pris l’habitude d’entrer dans le réfectoire commun sous les bêlements de ses disciples. Des moutons, dénués de tout jugement personnel, corvéables à merci. Seule Camille, adolescente en pleine découverte de son corps, de ses envies, va ruer dans les brancards. Notamment quand elle voit sa mère en transe en plein exorcisme du Berger.
Le film est plus qu’une charge contre ces sectes agissant presque à visage découvert. Il nous permet de comprendre comment ces experts en manipulation parviennent non seulement à s’approprier l’âme de ces hommes et femmes, mais aussi de tous leurs biens matériels. Car à la base, ce ne sont que des escrocs pour qui le bien de leurs disciples compte peu face à leur désir de domination et d’appropriation.
Une réalisation parfaite, avec deux révélations côté distribution. Tout d’abord la jeune Céleste Brunnquell, écorchée vive dans le rôle de Camille, justement sélectionnée dans la liste des révélations aux Césars 2020. Puis Camille Cottin, formidable comédienne prouvant film après film que son personnage de Connasse, s’il l’a fait connaître du grand public, n’était qu’une infime partie de son immense talent.
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