BD : Hermann, enfin au sommet !
Finalement, la désignation du Grand prix de la ville d'Angoulême 2016 s'achève par un quasi-consensus. Après la polémique sur la sélection sexiste, puis la désignation des noms des trois finalistes (dont Claire Wendling), c'est Hermann qui l'emporte. Dessinateur réaliste aussi doué que prolixe, il fait partie des derniers géants des grandes heures du journal de Tintin. Qui, adolescent durant les années 60 à 80, n'a pas rêvé en découvrant les aventures de Bernard Prince ou de la belle Comanche ? Inlassable créateur d'univers, il a également exploré le récit historique avec "Les Tours de Bois Maury" chez Glénat et le récit d'anticipation dans le monde post-apocalyptique de Jeremiah (Dupuis). Une centaine d'albums à son actif, cette reconnaissance n'est que méritée. Hermann a longtemps été un maître du trait nerveux à la plume. Quand la notoriété lui a permis de faire des choix plus personnels, il s'est lancé dans la couleur directe, des aquarelles fragiles et sublimes. Là encore, il a égalé, voire dépassé, tout ce qui se faisait de mieux.
De plus, il est toujours très actif. Son nouvel album (avec Yves H., son fils, au scénario), vient de paraître dans la prestigieuse collection Signé du Lombard. "Old Pa Anderson" raconte une histoire de vengeance sur fond de ségrégation raciale dans le Mississippi des années 50. Le vieux Anderson, quand sa femme meurt de chagrin, décide de découvrir qui, il y a quelques années, a enlevé et tué sa petite-fille. Il va remuer des souvenirs désagréables et se frotter à la communauté blanche pour qui l'esclavagisme est loin d'être oublié. Une quête violente et sans espoir. Comme la société de l'époque. Et nombre des albums de Hermann qui ne fait pas partie des auteurs qui enjolivent la réalité.
"Old Pa Anderson", Le Lombard, 14,45 euros.
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