S'il est difficile de prévoir à l'avance le succès d'un film, il est encore plus compliqué de tabler sur son échec. En 1977, quand sort 'Sorcerer' de William Friedkin, tout laisse à penser que cette grosse production, tournée durant près d'une année en pleine jungle de République Dominicaine, attirera autant de spectateurs que 'French Connection' et 'L'Exorciste', les deux précédents films du réalisateur américain. Même si le casting n'est pas au niveau du projet initial (il devait réunir Steve McQueen, Marcelllo Mastroianni et Lino Ventura), l'histoire reste la même : remake du 'Salaire de la peur' de Clouzot. Le film sera un bide retentissant. Deux semaines à l'affiche, peu d'entrées et une déferlante qui va précipiter sa disparition dans les limbes cinématographiques : la sortie de 'Star Wars'.
Friedkin mettra de longues années pour se remettre de cet échec. D'autant qu'il considère ce film comme sa meilleure réalisation. Aujourd'hui encore il persiste quand il prétend qu'il ne changerait rien au résultat final. Il faudra attendre près de dix ans pour qu'il retrouve son brio dans le palpitant 'Police Federale Los Angeles'.
'Sorcerer' est le récit de la rédemption de quatre bannis. Quatre hommes aux destins tragiques, inéluctables. Il y a un tueur à gage sud-américain, Nilo (Francisco Rabal), un terroriste palestinien Kassem (Amidou), un banquier français véreux Serrano (Bruno Cremer) et un gangster américain Scanlon (Roy Scheider).
Tournage en enfer
Roy Scheider, à la fin des années 70, est un acteur qui monte. Sa performance dans 'Les dents de la mer' l'a propulsé au sommet. Par contre les autres acteurs, européens, sont totalement inconnus aux USA. C'est certainement le principal handicap de ce film injustement oublié. Sa ressortie en DVD et blu-ray dans un coffret riche de bonus et d'un livret de 50 pages, permet enfin à cette œuvre de bénéficier d'une reconnaissance méritée.
Le scénario est basique. Quatre scènes d'ouverture permettent de présenter les héros. L'un tue sans remords, l'autre pose des bombes dans la foule, le troisième a ruiné sa belle-famille et le dernier, pour quelques milliers de dollars, participe au braquage d'une église. Acculés, recherchés, ils n'ont d'autre solution que l'exil. Un pays d'Amérique du Sud, sur un chantier de forage pétrolier. Quand il faut récupérer des caisses de dynamite instable à plusieurs kilomètres, ils sont volontaires pour conduire les camions. Un long et dangereux périple dans la jungle.
Le tournage, éprouvant, a souvent failli être abandonné. Chaleur, humidité, accident : rien n'est épargné aux équipes. Le long-métrage est finalement achevé dans la douleur, pour le résultat que l'on sait…
Film noir sur le destin et la rédemption, 'Sorcerer' a l'étiquette de production maudite. Le coffret offre un long entretien enregistré en février dernier entre William Friedkin, 80 ans, l'œil vif et la parole taquine et Nicolas Winding Refn, le jeune prodige danois dont le "Drive" est directement inspiré des productions de Friedkin.
'Sorcerer', La Rabbia & Wild Side, 19,99 euros le pack DVD, 24,99 le pack blu-ray.
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