La BD (avec la littérature), peut tout se permettre en matière de scènes grandioses. Là où le cinéma doit dépenser des millions de dollars, un dessinateur inspiré se contente de quelques nuits d'insomnies. L'album « Le reste du monde » de Jean-Christophe Chauzy en est le parfait exemple. Cela commence comme un téléfilm de France 3. Une prof en vacances, abandonnée par son mari au début des vacances, conduit ses deux enfants de 10 et 8 ans, chez des voisins. Ils vont y passer la nuit en compagnie d'un ami un peu plus âgé. Elle va profiter de cette soirée pour remettre en ordre et nettoyer le chalet où ils viennent de séjourner un mois au grand air. Dans deux jours ils seront tous de retour à Paris pour la rentrée scolaire. Une fin d'été très chaude dans cette vallée des Pyrénées. Un orage éclate. Violent, effroyable. Des trombes d'eau, des éclairs et tout à coup un tremblement de terre. Un peu comme le « big one » attendu en Californie. En quelques pages, l'histoire change de registre. Terminé le cadre verdoyant et paisible, place au chaos et à la mort. Pour passer d'un univers à l'autre, le dessinateur va utiliser de grandes images, secouées dans tous les sens, de plus en plus sombres. La suite des 100 pages décrit la lente désagrégation de la société. La mère, après avoir difficilement récupéré ses gamins, constate que la vallée est coupée du monde. Les gendarmes et pompiers tentent de maintenir un semblant d'ordre, mais au bout d'une semaine, sans nouvelles de l'extérieur, la faim pousse les rescapés à s'entretuer. Telle une femelle cherchant à protéger sa portée, la prof va se transformer en redoutable guerrière qui doit choisir entre le rôle de chasseuse ou de proie. Un scénario implacable, une mise en images impeccable : le seul bémol consiste aux deux mots placés après la dernière page, (à suivre)...
« Le reste du monde », Casterman, 18 euros
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