Une ville engloutie, une famille à l’agonie : les USA en noir.
Première réalisation de l’acteur canadien Ryan Gosling, Lost River sous des airs de film fantastique, est en réalité une fable sociale sur cette partie de l’Amérique qui s’est enfoncée irrémédiablement dans la pauvreté après la crise financière. Tout débute par une envie de maison. Pour élever ses enfants. Billy (Christina Hendriks) accepte de faire un prêt pour acquérir cette villa en bois, plantée dans la banlieue de Detroit, la grande ville de l’automobile devenue un désert industriel. Rapidement elle ne peut plus payer les traites.
Casting de luxe
Son grand fils, Bones (Iain de Caestecker) vole du cuivre dans les bâtiments à l’abandon et le revend à un ferrailleur. Il joue aussi le rôle du père auprès de son petit frère Franky. Convoquée par son banquier, Billy est obligée d’accepter un emploi dans un cabaret proposant des sketches de grand-guignol et d’autres distractions, plus perverses. L’ensemble est sombre, inquiétant, morbide comme cette ville engloutie dans un lac artificiel. Parfois carrément traumatisant.
Pour son premier film, Ryan Gosling (le beau gosse peu bavard de Drive) n’a pas fait dans la dentelle. Il semble s’être directement inspiré de ses pires cauchemars pour écrire le script d’un film crépusculaire. Les personnages secondaires sont au diapason de l’ensemble. Rat (Saoirse Ronan), jeune fille un peu gothique, oublie de vivre pour s’occuper de sa grand-mère (Barbara Steele, légende du cinéma d’horreur du siècle dernier), une handicapée qui regarde en boucle le film super 8 de son mariage. Bones est aux prises avec Bully, petit voyou psychopathe agissant comme un dieu tout puissant sur son territoire en ruines. Bully interprété par Matt Smith, l’acteur anglais méconnaissable, à des années lumière de sa composition en Docteur Who. On trouve également au casting Réda Kateb. L’acteur français personnifie un chauffeur de taxi, plein de désillusion mais encore humain. Presque le seul de toute l’histoire.
Le film, de simplement noir, devient carrément angoissant quand toutes les situations critiques atteignent leur paroxysme en même temps. Un final où l’on se surprend à s’agripper fermement aux accoudoirs de son fauteuil, preuve que Lost River ne laisse pas indifférent, même si parfois ce n’est pas toujours agréable.
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