Dans « La demoiselle des tic-tac », Nathalie Hug raconte le quotidien d'une famille allemande en Lorraine, avant, pendant et après la guerre.
Dans cette cave, qu'elle ne quittent plus que la nuit, elles doivent cohabiter avec des rats et les araignées. Ce sont ces dernières qui terrorisent le plus Rosy. Notamment celles qui ont de très grandes pattes. Les tic-tac comme les surnommait son oncle.
Ensevelie
Second roman en solo de Nathalie Hug, « La demoiselle des tic-tac » est l'histoire poignante d'une jeunesse volée. Martyrisée par sa mère, détestée de sa grand-mère, sans père, Rosy ne trouve du réconfort qu'en compagnie d'Andy, un gamin, son seul ami.
Le roman alterne retours en arrière et scènes actuelles. Rosy et Mutti étaient dans la cave quand un obus frappe la maison de plein fouet. Tout s'écroule. Rosy est seule dans le noir, blessée. Bientôt sans eau. Pour tenir, elle se souvient des rares bons moments et les fait partager au lecteur. Le présent est impitoyable mais elle veut encore y croire. « Je m'autorise un sourire, histoire de profiter de ce bonheur minuscule avant de le ranger dans mes autres jardins pour le revivre, quand le soleil de ma rue fera éclore les fleurs au lieu d'abîmer les morts et que les herbes folles combleront les cratères. Ça ne peut pas être la guerre tout le temps. » Rosy va passer de longs jours enfermée dans la cave effondrée. Mais elle ne sera pas seule, le lecteur sera à ses côtés, vivant avec elle son affaiblissement inéluctable.
C'est dans cette partie, celle de l'enfermement inexorable, que l'on retrouve le style de Nathalie Hug, habituée à écrire des thrillers avec Jérôme Camut. Mais pour tout le reste du roman, on se croirait parfois dans ces romans de terroir historiques fleurant bon la tradition. Heureusement, le personnage de Rosy a quand même beaucoup plus d'épaisseur qu'une petite héroïne avec accent. Son récit vous émouvra car les victimes de la guerre ne choisissent jamais leur camp.
« La demoiselle des tic-tac » de Nathalie Hug, Calmann-Lévy, 15 €