mercredi 7 mars 2012

Iznogoud entre en campagne

Iznogoud, personnage de bande dessinée emblématique, revient sur le devant de la scène dans un album dont le scénario est signé Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.

Iznogoud, Tabary, Goscinny, Canteloup, Vassilian, Président, IMAV

Lassé de ne pouvoir devenir calife à la place du calife, Iznogoud a une idée géniale pour enfin accéder au pouvoir suprême : il va se faire élire président ! Le fil conducteur de ce nouvel album des aventures du personnage le plus ignoble et méchant de la bande dessinée est directement tiré des événemebnts qui ont secoué les pays arabes en 2011. Mais si la démocratie tient une place prépondérante, ce n'est pas au détriment de l'humour. Et Iznogoud va vite se rendre compte que pour être élu, il faut être aimé du peuple. Hors, les premiers sondages le créditent d'un petit 0%. « Pour l'instant c'est encore faible, constate Iznogoud, mais la bonne nouvelle c'est qu'on ne peut que remonter. »



Scénaristes inspirés

Anne Goscinny, fondatrice des éditions IMAV, est à l'origine de cette reprise d'Iznogoud. Et c'est elle qui a choisi les nouveaux scénaristes. « Je revendique la paternité du casting. Je me suis demandé « Qui me fait rire ? » Or je n'ai pas le rire facile. Mais la réponse s'est imposée assez rapidement, c'est Nicolas Canteloup et ses auteurs qui me font marrer le matin sur Europe 1. Parce qu'ils ont du talent, qu'ils ne sont jamais ni grossier ni méchant. J'ai trouvé que leur humour coïncidait bien avec les codes que mon père avait mis en place » Restait à les convaincre de se lancer dans une aventure nouvelle, alors qu'ils étaient déjà surchargés de travail (chronique quotidienne à la radio et à la télévision, spectacles en tournée...). Le personnage d'Iznogoud étant si riche, si proche de leur univers, ils ont accepté « naturellement » d'en reprendre l'animation.

« Ce personnage il est très étrange, admet Anne Goscinny. Tout le monde le connait. Il a acquis une popularité incroyable sur la base d'une seule formule. Cela a un côté un peu magique. Laurent Canteloup et Laurent Vassilian connaissaient le personnage mais n'avaient pas précisément l'univers et les calembours en tête. »



Une excellente reprise

A la lecture de ces 48 pages riches et mouvementées, on peut dire que la greffe a parfaitement pris. Les gags, clins d'oeils, références détournées sont incessantes. Une seule lecture ne suffit pas à en faire le tour. Sans trop en dévoiler, sachez qu'Iznogoud, au niveau machiavélisme, est presque battu par le mage Lâkan, une sorte de magicien qui par sa seule parole, parvient à changer la mentalité des gens. Le bourreau, par exemple, ne veut plus tuer mais monter sur les planches.

Clin d'œil aussi aux nouvelles technologies. La mode à Bagdad c'est d'avoir un bouc coiffé d'un fez. Il parle, permet d'avoir des amis. C'est le fez-bouc. Et pour qu'il n'y ait pas de jaloux, Twitter aussi jouera un rôle dans l'histoire. Et au final, comme de bien entendu (on ne change pas une formule qui marche), Iznogoud ne sera pas « calife à la place du calife » et encore moins président...

Michel LITOUT

« Iznogoud président » au éditions IMAV, 11 euros.

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