mercredi 31 août 2011

BD - Les rugbymen par Béka et Poupard : l'ovale qui rit

Rugby et rentrée riment cette année avec antipodes. Les héros de la BD des Rugbymen de Beka et Poupard ne sont pas sélectionnés pour la coupe du monde de rugby mais débutent malgré tout leur nouvel album dans l'hémisphère sud. Une histoire courte se déroulant sur les plages de rêve d'une petite île des Fidji. Ils partent à la recherche d'un joueur clé de l'équipe adverse, Sossatoulépla. Ils devront affronter une partie de sa famille, la nourriture locale et le rituel du Kava. 

Une mise en bouche exotique pour la BD la plus villageoise de la rentrée. A Paillar, les joueurs sont des stars, sur et hors du terrain. Tous plus caricaturaux les uns que les autres, ils se partagent la vedette, du demi de mêlée irascible au pilier massacreur en passant par le coach aux méthodes d'antan. 

Une franche rigolade qui fait rire large : les amateurs qui sont heureux de retrouver des private jokes de spécialistes et les néophytes, enchantés de découvrir les dessous de ce sport de contact en vedette ces deux prochains mois.

« Les Rugbymen » (tome 9), Bamboo, 10,40 € 

mardi 30 août 2011

Roman - Lisbonne la magnifique dans "Eléctrico W" de Hervé Le Tellier chez Lattès

Roman d'amour et du souvenir, « Eléctrico W » de Hervé Le Tellier se déroule entièrement à Lisbonne. Une ville omniprésente dans un texte où la mémoire joue un grand rôle. Vincent, le narrateur, est journaliste pour un grand hebdomadaire français. Il est en poste depuis peu à Lisbonne. Essentiellement pour pour oublier son histoire d'amour parisienne avec Irène qui vient de s'achever. 

Durant une semaine, il est rejoint par un photographe, Antonio, originaire de Lisbonne. Les deux hommes vont se livrer au jeu des confidences. Antonio va donc raconter comment il a du abandonner son premier amour, une jeune fille surnommée Canard. Vincent, comme pour conjurer son propre désespoir sentimental, va tout faire pour retrouver Canard, reformer ce couple heureux s'étant rencontré sur la ligne du tramway Eléctrico W. Cela se complique quand l'amie actuelle d'Antonio vient le rejoindre à Lisbonne. Une fiancée qui n'est autre qu'Irène...

Hervé Le Tellier, membre de l'Oulipo, fervent admirateur de Pérec, a débuté ce roman il y a 20 ans. Il l'a longuement laissé mûrir, donnant aux années l'occasion de polir ces souvenirs. Les rencontres sont merveilleuses, la ville rayonnante et les situations cocasses. Le tout est bien plus qu'un guide amoureux de la capitale portugaise.

« Eléctrico W » de Hervé Le Tellier, Lattès, 18 € 

lundi 29 août 2011

Roman - De "Tuer le père" à "La petite" : filiations compliquées pour Amélie Nothomb et Michèle Halberstadt

Entre « Tuer le père » d'Amélie Nothomb et « La petite » de Michèle Halberstadt, un point commun, la difficulté d'accepter ses parents.

D'un côté un garçon abandonné par sa mère, de l'autre une fillette se sentant incomprise. Les personnages principaux de « Tuer le père » d'Amélie Nothomb et de « La petite » de Michèle Halberstadt ont des bleus à l'âme. Cela donne deux romans à fleur de peau, explorant l'inconscient des enfants, de la famille et de la formation au dur métier d'adulte.

Ne dérogeant pas à la règle établie depuis quelques années, Amélie Nothomb se met en scène dans son roman de rentrée. Mais ce n'est qu'une petite introduction, quand elle rencontre dans un club deux magiciens de renommée internationale. Joe Whip et Norman Terence, l'élève et le maître. Joe est littéralement chassé du foyer familial par sa mère. 

Entre l'enfant et son nouvel amant, elle préfère celui qui lui donne le plus de plaisir. Joe est un enfant taciturne, passant son temps à faire des tours de cartes. Un homme le remarque et lui conseille d'aller voir Norman Terence, le meilleur magicien de Reno. Joe, du jour au lendemain, trouve un foyer, un père, une famille. Norman va lui apprendre ses secrets. Joe est d'autant plus heureux que Christina, la jeune compagne de Norman, tout en endossant le rôle de mère, va également hanter ses nuits de jeune adulte. « Christina était extrêmement mince de visage et de corps. Sans que son squelette apparaisse jamais. Ses cheveux, sa peau et ses yeux avaient la couleur du caramel. » Le classique trio va déboucher sur un coup de foudre pour Joe, « car sitôt qu'il vit sa beauté, il l'aima, de la toute-puissance du premier amour. » Mais comment passer à l'acte sans trahir la confiance de son mentor ?

Le roman va ensuite se poursuivre avec la description de cette vie de bohème, une partie se passant au cours du festival de Burning Man, immense regroupement hippie au centre du désert. Christina va y présenter son spectacle de fire dancers. Et c'est dans ces passages que l'on retrouve la magie de l'auteur de « Stupeurs et tremblements », quand elle raconte les excès, la folie de ce lieu unique. Ou quand elle s'attarde sur l'art de Christina : « Regarder de grands danseurs provoque le même émoi que regarder une bûche enflammée : le feu danse, le danseur brûle. C'est le même mouvement, aussi hirsute qu'harmonieux. »

« Petite fille quelconque »

Cette intensité du feu, on la retrouve dans « La petite », ce court et dense roman de Michèle Halberstadt. Cela débute par cette phrase coup de poing qui reste longtemps en mémoire : « J'ai 12 ans et ce soir je serai morte ». La narratrice va détailler cette vie, entre mère exigeante, père absent et copines d'école inexistantes. Cela va la conduire à faire ce geste suicidaire à priori impossible pour une enfant de 12 ans. Pourquoi en est-elle arrivée là ? Que se passe-t-il dans la tête d'une petite fille ? Comme une longue confession, le roman donne les clés de ce drame.

Introvertie, se sentant laide et repoussante, la petite tient un journal intime. Elle converse avec une amie imaginaire, Laure. « Laure était celle que j'aurais voulu être. Un elfe gracile, doux et mutin, un modèle pour une petite fille désespérément quelconque. » Problème à l'école et manque total de communication en famille : « De toute façon comment aurais-je pu dire à mon père que je me sentais étrangère à tous, même à lui ? Ma tanière s'était transformée presque à mon insu en une cellule dans laquelle je m'enfermais davantage chaque jour et dont j'aurais été incapable de produire la clé. » Paradoxalement, ce roman au thème grave se révèle d'un optimisme étonnant. Ce n'est pas le classique happy end, mais quand on le referme, on se sent rasséréné, la phrase du début s'estompe, Michèle Halberstadt a bouclé la boucle.

« Tuer le père » de Amélie Nothomb, Albin Michel, 16 €

« La petite » de Michèle Halberstadt, Albin Michel, 12,90 € 

vendredi 26 août 2011

BD - "Langoustines breizhées" pour Léo Loden

Léo Loden, le privé marseillais imaginé par Arleston et dessiné par Carrère ne rate plus une occasion de quitter le vieux port pour explorer une autre partie de la France. 

Ce 20e tome, co-écrit par Nicoloff, se passe essentiellement en Bretagne. Léo, accompagné de Tonton Loco, va donner un coup de main à un collègue, sosie officiel de Johnny Hallyday (du moins en Bretagne...) et principal moteur comique de l'histoire en raison de sa bêtise sans limite. 

Erwann Keradec doit retrouver une journaliste enlevée alors qu'elle s'apprêtait à publier un article sur le trafic de clandestins en provenance d'Afrique. On retrouve toute la verve d'Arleston (jeux de mots compris) avec une bonne dose d'action. Côté dessin, Serge Carrère n'a cessé de fluidifier son trait. 

Ainsi, par moment (notamment les personnages féminins), on a l'impression d'avoir du Jean-Louis Mourier sous les yeux. Il pourrait sans problème dépanner le dessinateur des Trolls de Troy en cas de retard ; Arleston appréciera...

« Léo Loden » (tome 20), Soleil, 9,95 € 

jeudi 25 août 2011

BD - "Grand Prix" de Marvano chez Dargaud : vitesse et politique

La politique a toujours aimé le sport. Un vecteur important pour passionner les foules, les faire vibrer, glorifier la nation, un régime. Dans les années 30, Hitler a parfaitement compris le phénomène et parmi les nombreuses occasions de mettre en avant l'efficacité du national-socialisme, la course automobile en est une excellente. 

C'est ce pan de l'histoire de Mercedes ou Audi qui est raconté dans « Grand Prix » de Marvano, auteur belge, graphiste reconnu ayant parfaitement retranscrit l'élégance des courbes de ces bolides d'argent. La technologie allemande est dominante, mais pour ce qui est des pilotes, c'est plus compliqué. D'autant que certains sont loin de la ligne politique officielle. 

Exemple avec Rosemeyer. Brillant au volant, il est sarcastique en dehors des pistes. Il aime par dessous tout se moquer du Furher, l'imitant et le caricaturant. Le milieu automobile regorge également d'ingénieurs juifs se demandant de plus en plus de quoi sera fait leur avenir avec la mise en place des lois raciales. 

Un éclairage particulier de l'Histoire où l'enthousiasme des pilotes gommait les errances des politiques.

« Grand Prix » (tome 2), Dargaud, 13,95 € 

mercredi 24 août 2011

BD - « Les Quasi » de Val et Neuray : familles en recomposition

En pleine rentrée littéraire, le secteur de la BD propose lui aussi quelques nouveautés s'inspirant de la mode française de l'autofiction. Dans cette veine, « Les Quasi » de Val (scénario) et Olivier Neuray (dessin) est exemplaire. Il s'agit tout simplement de l'histoire d'amour entre deux quadra divorcés : un homme, dessinateur, et une femme qui n'est autre que la scénariste. 

Ils se rencontrent à la fête de l'école. Jim y tient le stand crêpes. Michou est consternée par sa maladresse. Coup de foudre pas immédiat, mais presque. En fait le problème ce sont les enfants. D'un côté comme de l'autre. Quatre gamins qui ne veulent pas voir leur environnement familial changer, notamment par l'arrivée de deux « quasi-frères » ou « quasi-sœurs ». 

Découpé en chapitres plus ou moins longs, cette première partie met en avant les manœuvres des quatre rejetons pour faire capoter cette belle histoire d'amour. Jim et Michou, paradoxalement, vont encore plus s'aimer face à ce déchaînement hostile. C'est toujours très juste, sans apitoiement ni caricature. La vie, la vraie !

« Les quasi » (tome 1), Glénat, 12,50 € 

mardi 23 août 2011

Roman - "La Loi du plus fort" de Frédéric Chouraki : la revanche de l'écrivain

« Ecrivain confidentiel et dilettante endurci », Samuel Eisenberg, portrait craché de l'auteur, Frédéric Chouraki, est dans une situation financière compliquée. Une bête histoire de travaux dans son studio, acheté en copropriété, risque de le mettre à la rue. Il n'a plus le choix : il va devoir travailler ! Une amie journaliste le présente au directeur (et jusqu'à présent seul employé) d'une agence de publicité installée à la Défense. Samuel aura pour mission de vendre des encarts publicitaires de sociétés françaises dans des journaux... indiens. Un travail improbable pour un patron qui l'est encore plus : « Jonas Wolf l'avait reçu en short de tennis Fred Perry et polo assorti maculé de sueur. Samuel aurait dû y déceler les premiers signes du désastre. » Très rapidement, la collaboration va virer au cauchemar. 

Ce sont les parties les plus sérieuses du roman, décrivant minutieusement le harcèlement d'un « chef » sur son subordonné. Une sanguine du marché du travail à la réalité crue. Finalement ce stage intensif dans le quartier des affaires ne sera pas si inutile pour Samuel. « Il s'aime en tueur raffiné. A chaque négociation c'est un peu de sa vie qu'il met en jeu. Ses derniers principes volent en éclats. Il désire en mettre plein la vue à son patron, lui prouver qu'il le surpasse déjà dans l'art de la magouille et du boniment. »

Mais ce roman de Frédéric Chouraki vaut aussi par sa description de la vie quotidienne d'un écrivain parisien. Il y a beaucoup de considérations et discussions futiles en terrasse, des rencontres improbables et des histoires de sexe. Car être en couple n'empêche pas de s'offrir quelques extras. Samuel et son ami Arsène sont à l'écoute des « garçons implorants ». « Une fois consommés, les garçons deviennent des objets entomologiques servant à nourrir leur propre relation. A leur manière, ils sont fidèles. » Et pour finir, sachez que malgré son titre très martial (« La loi du plus fort »), ce roman finit bien et s'achève sur une splendide leçon d'optimisme.

« La loi du plus fort » de Frédéric Chouraki, Denoël, 16,50 € 

lundi 22 août 2011

Roman - "Dans un avion pour Caracas" de Charles Dantzig : à l'ami disparu

Roman puissant et à la forme inhabituelle, « Dans un avion pour Caracas » de Charles Dantzig est une ode à un ami disparu.

Charles Dantzig a si bien réussi son coup qu'en refermant son roman, on se demande encore si ce Xabi Puig existe véritablement. Un prénom basque et un nom catalan pour un intellectuel imaginaire mais semblant si réel. Charles Dantzig, le temps d'un voyage entre Paris et Caracas, va dresser le portrait de cet auteur lui ressemblant tellement. Caracas car Xabi a disparu dans la capitale du Venezuela. Il avait décidé d'écrire un livre, un brûlot plus exactement, sur Hugo Chavez, le dictateur populiste tenant le pays sous sa coupe. Xabi semble s'être attaqué à plus fort que lui...

Dans un avion, un long-courrier notamment, on a le temps de réfléchir, de se permettre une introspection qui a d'autant d'intérêt et de signification qu'on est peu de chose, corps immobile dans une carlingue d'acier en mouvement dans les cieux. Charles Dantzig profite de ce voyage au-dessus de l'Atlantique pour nous parler de Xabi Puig, son ami. Il va le rejoindre, ou du moins le chercher. Et avant de raconter les circonstances de sa disparition, il va en dresser le portrait en alternant scènes du passé, extrait de ses ouvrages, tranches de vies et réflexions. Le lecteur, comme pris dans le doux ronron de l'avion, va lui aussi voyager, au plus près de cet « ami » de l'auteur.

Voyage et nourriture

Beau parleur, rapidement célèbre et très médiatique, Xabi Puig fait partie de ces personnages bénéficiant d'une sorte d'aura. On entre en admiration face à tant de brio, de facilité, d'intelligence. Pourtant il n'est pas totalement intégré à l'intelligentsia parisienne. Ses origines provinciales ressortent parfois. Il est Catalan, originaire de Perpignan, devenu pourtant intellectuel planétaire, un spécialiste des mots, un philologue.

Roman gigogne, « Dans un avion pour Caracas » se permet d'emprunter nombre de chemins détournés. Des solos d'écriture pour mieux amener un aspect de la personnalité de Xabi, voire de l'auteur. Charles Dantzing est coutumier du fait. Il aime piocher dans des faits insignifiants les bases d'une théorie implacable sur la beauté, l'amitié, la folie ou autre sujet universel. Petit exemple avec la nourriture. « Ce qui est bon ne voyage pas. Je n'ai jamais mangé de bon cassoulet hors du Lauragais, de bon couscous hors du Maghreb, de bonne salade d'œufs en dehors de New York. Seul le dégueulasse est universel : le café d'avion. Xabi ne s'intéresse pas à ce qu'il mange et déteste les conversations sur la nourriture comme on peut en avoir dans son Perpignan natal. »

Rupture douloureuse

On apprend que Xabi, loin d'être fidèle, a vécu un grand amour avec une artiste contemporaine. Elle a beaucoup profité de sa notoriété pour mettre en avant ses créations. Elle vient de le quitter et la décision de Xabi de partir au Venezuela n'est peut-être pas totalement étrangère à cette rupture qu'il semblait vivre mal. Car au fond, « pourquoi vouloir attaquer les tyrans étrangers ? Est-ce mieux que le temps où on les approuvait ? Quelle est cette passion des intellectuels, naguère de gauche, aujourd'hui à droite, de ne jamais s'intéresser à leur pays ? » « La France je m'en occuperai quand elle sera en guerre », a écrit Xabi.

Réflexion sur l'amitié, l'amour et l'engagement, ce roman de Charles Dantzig a la puissance des grandes œuvres, celles qui, tout en étant ancrées dans le temps présent, peuvent survivre aux modes. Un prix littéraire (Goncourt ou Renaudot) dans quelques semaines ne serait que justice.

« Dans un avion pour Caracas » de Charles Dantzig, Grasset, 19 € 

samedi 20 août 2011

BD - Aria et "Les rescapés du souvenir" par Weyland chez Dupuis

D'une pure saga fantastique, Aria a dévié au fil des ans vers un fond plus humain et psychologique, moins aventureux. La belle blonde imaginée par Michel Weyland dans les pages de Tintin et qui entretemps a migré vers celles de Spirou, se penche à nouveau vers son passé. Aria est en plein doute. Ce soir, c'est la fête au village. Elle va être honorée pour ses actes héroïques. Elle n'a cependant pas le cœur aux réjouissances. Elle s'inquiète du temps qui passe, de ces jours calmes, trop calmes à son goût. En rencontrant une sorcière elle va pouvoir revivre son enfance, pour comprendre le traumatisme qui la pousse sans cesse à partir à l'aventure.

C'est une véritable psychanalyse de l'héroïne que Weyland propose à ses lecteurs, entre démons de l'enfance et problèmes avec les parents. Étonnant mais convaincant...

« Aria » (tome 33), Dupuis, 11,95 € 

jeudi 18 août 2011

BD - IRS 13 de Desberg et Vrancken au Lombard : L'or de Yamashita

Larry B. Max a perdu un peu de son auréole de héros parfait et incorruptible dans le précédent diptyque. La seule femme qu'il ait jamais aimé, Gloria, a été assassiné par Phoenix, son dealer. Il le pourchasse jusqu'à Bangkok. 

C'est là que débute le 13e album de ses aventures, toujours dessinées par Vrancken et écrites par Desberg. Larry B. Max est sur le point de tuer Phoenix quand il est assommé. Quelques heures plus tard, l'agent de l'IRS (fisc américain) est aux mains de Master Ianfu, un des chefs des triades chinoises. Il offre la tête de Phoenix (au propre...) en échange de la collaboration de Larry dans la recherche de l'or de Yamashita. Ces tonnes de lingots ont été volées par les Japonais durant la seconde guerre mondiale. 

Une partie du trésor revient à Ianfu. Larry va être obligé de se plonger dans les archives de la CIA. Des démarches compliquées et risquées. Ce nouveau cycle est très sombre. Larry, de plus en plus implacable, va jouer sa vie et son boulot dans la recherche de la vérité.

« IRS » (tome 13), Le Lombard, 11,95 € 

mardi 16 août 2011

BD - "Yerzhan" de Hautière et Efa chez Delcourt : Baïkonour, année zéro

A Baïkonour, dans un futur proche, la ville a perdu son auréole de cité de l'espace. C'est devenue une zone pénitentiaire russe. La population est partagée entre ceux qui collaborent avec les militaires et ceux qui les rejettent. En l'occurrence des islamiste de plus en plus vindicatifs et armés. 

Entre les deux, Yerzhan ne peut pas choisir. Le jeune homme est totalement désenchanté. Il rejette autant la violence de ses amis que la docilité de son beau-père. Il va pourtant devenir le héros de cette série en aidant une jeune fille à s'évader du quartier de haute sécurité de la prison. Elle est jeune, belle mais très dangereuse. Une tueuse née semblant déterminée à retrouver la liberté. 

Un scénario faisant la part belle à l'action signé Hautière et dessiné par Efa, un auteur espagnol au trait réaliste très efficace. Une dose de politique, un peu de fantastique et beaucoup de « baston » pour un premier tome très prometteur.

« Yerzhan » (tome 1), Delcourt, 13,50 € 

dimanche 14 août 2011

BD - « Le périple de Baldassare » de Joël Alessandra : à la recherche du Livre maudit

Adaptation du roman éponyme d'Amin Maalouf, « Le périple de Baldassare » de Joël Alessandra est un appel au voyage, à la réflexion et à la tolérance. « C'est un récit comme je les adore, un peu carnet de voyage, un peu journal intime et récit historique » explique Joël Alessandra dans une postface richement illustrée d'aquarelles présentant les monuments des principales villes traversées par Baldassare, de Gibelet à Constantinople en passant par Tripoli et Alep. Nous sommes en 1665 au Liban. Baldassare est bouquiniste. 

Il acquiert par hasard le livre maudit, celui qui révèle le centième nom de Dieu. Il le vend à un noble Français et pris de remord décide de le récupérer. Baldassare va donc se rendre à Constantinople avec ses jeunes neveux et une jolie veuve dont il tombera amoureux au cours de ce voyage long de plus de deux mois. Le Moyen-Orient, riche et compliqué est parfaitement décrit dans cet album parsemé d'aquarelles d'une extraordinaire beauté.

« Le périple de Baldassare » (tome 1), Casterman, 14 € 

jeudi 11 août 2011

BD - "Clopinettes" de Gotlib et Mandryka chez Dargaud : délires seventies

Dans les années 70, alors que les journaux pour jeunes étaient les seuls débouchés pour les dessinateurs de BD, certains, visiblement marqués par l'esprit de mai 68, tentaient de casser les codes. Pilote, dirigé par Goscinny, était en pointe et comptait dans son équipe ce qui fera la crème de la BD adultes quelques années plus tard, de Brétecher à Druillet en passant par Moebius, Mandryka et Gotlib. 

Ce sont des œuvres de jeunesse de ces deux derniers qui sont exhumées par les éditions Dargaud. « Clopinettes », séries de gags ou d'histoires courtes, sont parues entre 1970 et 1973. Un dessin de Mandryka s'affranchissant totalement du style franco-belge et des textes de Gotlib d'une rare loufoquerie. 

Pour cette édition ultime, les deux auteurs qui ont fait pas mal de chemin depuis (ils ont créé L'Echo des savanes première formule) offrent 33 pages inédites dont 16 dessinées pour cet album. Fables express, non-sens absolu, calembours tirés par les cheveux : si vous êtes hermétique à « l'humour glacé et sophistiqué » dixit les auteurs, passez votre chemin.

« Clopinettes », Dargaud, 19,95 € 

mercredi 10 août 2011

BD - « Déluge » de Pona et Hervas chez Soleil : SF aquatique

Ceux qui rêvent encore d'un futur prospère et heureux devraient se remettre en cause. Les auteurs de BD l'ont bien compris et chaque nouvelle série ne présente la Terre dans l'avenir que blessée par les éléments déréglés. 

« Déluge » de Pona (scénario) et Hervas (dessin) annonce la couleur dès le titre. La pluie, tombant continuellement, a submergé les continents. Il ne reste que quelques zones en surface. Le reste de l'humanité vit dans des villes submergées. Ou dans des sous-marins comme le héros, Jason, un nomade des mers, sorte de paria du futur traité de sous-race par les Humains. 

Jason sent la bonne affaire quand il assiste au crash d'un vaisseau spatial. Cherchant quelques chose à récupérer, il tombe sur Normaée, une femme clone cybernétisée venue sur terre pour une mission bien précise. Une première partie très agréable, avec un héros frondeur, individuel et plus humain qu'il n'y paraît. Normaée apporte la dose de glamour semblant nécessaire à ce type de BD. Sous le crayon de Hervas, c'est un plus non négligeable.

« Déluge » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

lundi 8 août 2011

Thriller - La mort fait tomber les barrières

Un homme condamné par la maladie va perdre les pédales en voulant vivre pleinement ses dernières semaines. Un roman très noir de Neil Cross.

Kenny va mourir. Une tumeur récemment détectée. À l'évolution foudroyante. Il ne lui reste plus que quelques semaines à vivre. Moins de deux mois. Une fois le choc de l'annonce passé, Kenny va se remettre en question. Ce peintre, vivant seul dans un cottage perdu au fond des bois en Angleterre, dresse une liste de quatre noms. Quatre personnes importantes à un moment de sa vie. Quatre personnes à qui il voudrait dire merci.

Ce livre de Neil Cross débute comme un roman psychologique légèrement déprimant. Parmi les noms il y a un marchand qui est intervenu dans une affaire d'enlèvement d'enfant par un pédophile. L'enfant également, que Kenny n'a pas réussi à aider. Il a croisé le pédophile mais n'a jamais été capable de se souvenir de son visage. Il y a également Mary, l'amour de sa vie. Et enfin Callie Barton. C'est la recherche de cette dernière qui va totalement changer le cours du récit.

Disparue sans laisser de traces

Callie est la seule petite fille qui a accepté d'être amie avec Kenny en primaire. Il en a été follement amoureux. Une année scolaire. Et puis à la rentrée, elle n'était plus là. Depuis, il pense souvent à Callie, se demande ce qu'elle est devenue et qu'auraient été leurs vies s'ils étaient resté en relation. Tout en se battant contre les premières défaillances physiques (nausées, vertiges, pertes de connaissance), il va remonter le temps, pour finalement tomber sur un avis de recherche au nom de Caroline Reese, le nouveau nom de Callie. « Le mari d'une femme disparue, Caroline Reese, 34 ans, domiciliée à Bath, a lancé aujourd'hui un appel plein d'émotion invitant son épouse à prendre contact avec sa famille afin qu'il puisse « commencer à ramasser les morceaux de sa vie ». L'appel du mari, Jonathan Reese, survient six semaines après le non-retour de Callie chez elle à la fin d'une soirée passée avec des amies. » Kenny apprend également que Jonathan a été soupçonné un temps d'avoir fait disparaître sa femme.

Face-à-face violent

Le condamné se sent alors comme investit d'une mission : faire avouer à Jonathan le meurtre de sa femme. N'ayant plus rien à perdre, il enlève le mari, l'attache et l'enferme dans une pièce sombre de son cottage-atelier. Un long face-à-face s'engage entre les deux hommes. Kenny va se durcir, atteindre des sommets de violence car son temps est compté pour obtenir ces aveux : « Il était certain que cela ne prendrai pas longtemps; il avait déjà surpris Jonathan en train de marmonner et de sangloter, tourmenté par la faim et la peur. Il ne pourrait pas supporter ce traitement bien longtemps encore. Personne ne l'aurait pu. » La moitié du roman de Neil Cross est composé de ce duel entre Kenny et Jonathan. Une situation allant crescendo dans la souffrance, la torture et la violence entre deux hommes agonisant chacun de leur côté.

On est happé par ce huis clos ténébreux, à la recherche d'une vérité qui finalement arrivera en fin de volume, mais aux conséquences totalement différentes de ce qu'avait imaginé Kenny dans son délire de condamné.

« Captif » de Neil Cross, Belfond, 18 euros 

dimanche 7 août 2011

BD - La poussière des anges de Damien Marie et Karl T. chez Vents d'Ouest : violent

Si vous avez aimé « La cuisine du diable », ne manquez pas cette « Poussière des anges » de Damien Marie et Karl T.. C'est en fait la suite des amours très contrariées d'Anthon' et Anne. Le jeune gangster, six ans plus tard, est toujours là pour protéger la jeune femme. Mère d'un garçon après un viol, elle est sous la protection de Bugsy, mafiosi régnant en maître sur une partie de New York. Mais la fin de la prohibition le pousse à changer ses plans et la concurrence est de plus en plus rude. Notamment avec la communauté noire dirigée par Mme Queen, la « Blanche Neige » de ce premier tome. 

Meurtres, enlèvements, règlements de compte : il n'est pas toujours évident de rester en vie dans cet univers de violence extrême.

« La poussière des anges » de Damien Marie et Karl T., Blanche Neige, tome 1. Vents d'Ouest. 9,95 € 

vendredi 5 août 2011

BD - Le désespoir du singe de Peyraud et Alfred chez Delcourt : dramatique

Elle était très attendue la troisième et dernière partie de cette série écrite par Jean-Philippe Peyraud et dessinée par Alfred. Il a fallu patienter quatre ans pour connaître le dénouement des amours de Josef, peintre raté dont le cœur balance entre sa fiancée Joliette et la belle Vespérine, chef des insurgés. Précédemment, les deux jeunes femmes étaient persuadées que Josef avait trouvé la mort. 

Il est cependant en vie, secouru par un nomade. Il tentera de rejoindre la capitale en train alors que les insurgés lancent une grande offensive. Tout se jouera dans ce train, lancé à grande vitesse, chargé d'explosif. Josef devra choisir une nouvelle fois entre Joliette et Vespérine. Le dessin d'Alfred, sombre tout en restant élégant est idéalement mis en valeur par les couleurs très ténébreuses de Delf. Espérons qu'une intégrale donnera une seconde chance à ce récit ambitieux.

« Le désespoir du singe » de Peyraud et Alfred, Le dernier vœu, tome 3. Delcourt. 14,95 € 

jeudi 4 août 2011

BD - Les Vélo maniacs de Garréra et Julié chez Bamboo : comique routier


Vous avez aimé le Tour de France, vous apprécierez le 7e recueil de gags des Vélo maniacs. Ce ne sont pas des coureurs professionnels, mais ils s'entraînent quand même très souvent. Ils avalent du goudron (au propre comme au figuré pour certains) et si leurs résultats ne sont pas à la hauteur des attentes de leur coach, ils prennent quand même beaucoup de plaisir à pédaler comme des ânes sur des kilomètres. 

Un plaisir certainement partagé par le scénariste, Jean-Luc Garréra et le dessinateur Alain Julié. Pour se moquer avec tant de talent de ces sportifs il faut les aimer et surtout les comprendre... Vélo trafiqué, dopage, ravitaillement, tentative de séduction des pin-ups remettant les trophées, amorce de reconversion au VTT : il y a mille bonnes raisons de rire à « boyau » déployé en feuilletant cet album qui offre également un gag « cross-over » avec les Rugbymen de Béka et Poupard.

« Les Vélo maniacs » de Julié et Garréra, tome 7. Bamboo. 10,40 € 

mercredi 3 août 2011

BD - "Drakka" de Brrémaud et De Felici chez Ankama : vampirique

Drakka, nouvelle série écrite par Frédéric Brrémaud et dessinée par Lorenzo de Felici est un subtil mélange de deux genres très particulier : monde mafieux et univers vampirique. Dans un futur proche et apocalyptique, un chef de gang est en train de mourir. Avant de passer l'arme à gauche, il prévient son fils, la Hyène : il n'est pas le seul héritier de l'empire. Il a eu un bâtard, Drakka, avec une femme-vampire. Il devra partager. 

Hors de question pour la Hyène bien décidé à trucider son demi-frère. Ce dernier survit dans une ville en ruine, cherchant vainement de la nourriture. 

Une fois mis en place les personnage, place à la bagarre. Si Drakka n'a pas encore tous ses pouvoirs de vampires, il est aidé par les derniers représentants de son espèce et ce qui s'annonçait comme une promenade de santé pour la Hyène se révèle beaucoup plus périlleux. Les amateurs de baston se réjouiront de 20 pages d'anthologie.

« Drakka » de Brrémaud et De Felici, Le sang du vioque, tome 1. Ankama. 14,90 €

mardi 2 août 2011

BD - "La belle image" de Cyril Bonin d'après Marcel Aymé : classique

« Lorsque j'ai découvert de roman de Marcel Aymé, j'eus le sentiment d'une rencontre. » Cyril Bonin, dessinateur de Fog, grand amateur des années folles, a tout fait pour adapter ce récit entre chronique sociale et fantastique.

Les éditions Futuropolis lui ont fait confiance et à l'arrivée cet album a le double avantage de faire découvrir aux jeunes générations un univers romanesque et de prouver que la BD peut s'émanciper de certains clichés qui lui collent encore à la peau. Raoul Cérusier, publicitaire anodin, marié, père de famille, change de visage du jour au lendemain. 

Même s'il y gagne au change (devenu beau, les femmes se retournent sur son passage), il perd tout d'un coup, travail, amis et femme. C'est cette dernière qui lui manque le plus. Il essaie donc de la séduire. Problème, si elle cède, il est l'amant qui le transforme en mari trompé... Une subtile réflexion sur l'amour, la fidélité et la passion.

« La belle image » de Cyril Bonin d'après Marcel Aymé. Futuropolis. 16 € 

lundi 1 août 2011

BD - Andy et Gina de Relom : subversif

Andy et Gina, frère et sœur, ne sont pas gâtés côté famille. Le père, alcoolique radin n'a gardé de sa femme que la tête. Sans maison ni revenus, vivant dans une voiture volée, ils ont mangé la peau du visage de la pauvre femme.

Par chance, ils trouvent dans le véhicule un sac de billets et un pistolet. Un nouveau départ. Avec cette fortune, le père paie un corps de rêve à sa femme. 

Devenue jeune et accorte, elle garde cependant quelques cicatrices la faisant un peu ressembler à la créature de Frankeinstein. 

Relom, dans ces histoires courtes, pousse l'horreur au maximum, la petite Gina, peste sadique, en faisant toujours autant baver à Andy, petit garçon naïf (aimant se déguiser en fillette...). Savant fou, licorne, quéquettes volantes, dealer de crack, biche carnivore et scolopendre géant viennent donner encore plus de sel à cette série qui révèle enfin qui est le véritable père d'Andy et Gina.

« Andy et Gina » de Relom, No speed limit, tome 5. Fluide Glacial. 10,40 €