jeudi 31 mars 2011

BD - Le Sud désolé par Emmanuel Lepage



Emmanuel Lepage, formidable dessinateur de BD est également un peintre aimant croquer ses sujets in-situ. Ses aquarelles, notamment de l'Amazonie, sont très cotées. Ce Breton de 44 ans, aimant les voyages, s'est embarqué sur le Marion Dufresne pour deux mois de voyage aux Terres australes françaises. Cet album de plus de 150 pages raconte ce périple. Une partie reprend les dessins exécutés à bord du navire et sur ces confettis glacés uniquement peuplés d'animaux. Ils sont intégrés dans une BD plus classique racontant le voyage, les rencontres, la vie à bord et sur ces bases coupées de tout. Un reportage dessiné se transformant en témoignage sur la passion d'hommes et de femmes sacrifiant beaucoup pour cette zone de la planète jadis surnommée les îles de la Désolation.

« Voyage aux îles de la Désolation », Futuropolis, 24 €

BD - Le Sud désolé


Emmanuel Lepage, formidable dessinateur de BD est également un peintre aimant croquer ses sujets in-situ. Ses aquarelles, notamment de l'Amazonie, sont très cotées. Ce Breton de 44 ans, aimant les voyages, s'est embarqué sur le Marion Dufresne pour deux mois de voyage aux Terres australes françaises. 

Cet album de plus de 150 pages raconte ce périple. Une partie reprend les dessins exécutés à bord du navire et sur ces confettis glacés uniquement peuplés d'animaux. Ils sont intégrés dans une BD plus classique racontant le voyage, les rencontres, la vie à bord et sur ces bases coupées de tout. 

Un reportage dessiné se transformant en témoignage sur la passion d'hommes et de femmes sacrifiant beaucoup pour cette zone de la planète jadis surnommée les îles de la Désolation.

« Voyage aux îles de la Désolation », Futuropolis, 24 € 

mercredi 30 mars 2011

BD - L'imagination des voyous


Si les Belges aiment les jeunes scouts, en France ce sont plutôt les voyous qui avaient de nombreux fans. Le trio le plus connu reste les fameux Pieds Nickelés qui ont vécu des centaines d'aventures sous la plume de Pellos. 

Depuis quelques années les éditions Vents d'Ouest reprennent dans de gros volumes de 350 pages en noir et blanc les meilleures aventures de ces bandits toujours sans le sou mais jamais avare d'imagination pour extorquer bijoux, argent et autres valeurs à des bourgeois pingres. Ce 9e titre est malheureusement le dernier de la collection. 

Vous y retrouverez des titres allant de 1967 à 1980 et mettant en scène nos héros sur les tréteaux, à l'ORTF, artisans, et l'énergie, aux grandes manœuvres, au cirque et dans le Grand Nord.

« Le meilleur des Pieds Nickelés » (tome 9), Vents d'Ouest, 17,99 €

mardi 29 mars 2011

BD - Scouts sympas


Cela fait plus d'un demi-siècle que les membres de la Patrouille des Castors ont fait leurs premiers pas dans les pages du journal de Spirou. 

Ecrites par Charlier, dessinées par Mitacq, des enquêtes bon enfant ont marqué plusieurs générations. Les éditions Dupuis remettent ce patrimoine au goût du jour en publiant le premier tome de cette intégrale chronologique. 

Vous retrouverez dans ces 240 pages les quatre premières aventures, du « Mystère de Grosbois » à « Sur la piste de Mowgli ». Le copieux dossier d'ouverture est signé Gilles Ratier et nous fait découvrir les débuts méconnus du jeune dessinateur Michel Tacq. 

Un album et une série incontournables pour les nostalgiques d'une époque où les jeunes garçons avaient un certain savoir vivre et un sens de l'honneur totalement disparu de nos jours.

« La Patrouille des Castors » (Intégrale 1), Dupuis, 28 €

samedi 26 mars 2011

BD - Nuit singulière


Le bac en poche, Mathieu, 18 ans, s'apprête à rejoindre Paris pour y poursuivre ses études. Il va quitter cette ville de province et tous ses copains. L'album de Appollo (récit) et Oiry (dessin) relate cette dernière nuit. 

Il erre, à pied, en compagnie de son pote Christophe, idéaliste qui aimerait devenir écrivain culte et de Jean-Mohamed, surnommé Barjot. Ce dernier a élaboré une théorie qu'il a érigé en mode de vie « La vie est une saloperie. Et il n'y a qu'un moyen de lutter contre cette pute. C'est d'être con. Si tu es un bon gros débile, tu est plus fort que la chierie de la vie ! ». 

Barjot fait rire Mathieu, mais parfois il va un peu trop loin. Notamment quand Mathieu se met à la recherche de Noémie, la petite brune piquante dont il est amoureux secrètement. 

Un roman graphique frais, plein de dérision, d'espoir et d'amour. Sa lecture ne peut que vous faire du bien...

« Une vie sans Barjot », Futuropolis, 16 €

jeudi 24 mars 2011

BD - Le désir et la violence


Jean Dufaux doit certainement être secrètement amoureux de Jessica Blandy. Cette héroïne de BD, qui est pour beaucoup dans sa notoriété en tant que scénariste, avait été mise au placard. Il a décidé, avec l'accord de Renaud, le dessinateur, de la remettre au goût du jour. Pour une trilogie dont « Le désir et la violence » est l'épilogue. 

Jessica est pourchassée. Par deux tueurs (un père et sa fille) et une infirmière. Avec son fils, bel adolescent, elle trouve refuge dans une communauté religieuse très stricte. A côté, les Mormons font figure de pornographes. La belle romancière va devoir reprendre les armes pour se défendre et finalement inverser cette tendance. Ce ne sont plus ses amis qui vont mourir, mais ses ennemis. 

Un album grand format qui permet à Renaud de donner toute sa plénitude à son travail entièrement en couleurs directes. Il a modifié sa technique depuis ses premières armes. C'est beaucoup plus beau. Comme sa redoutable héroïne, toujours aussi désirable.

« La route Jessica » (tome 3), Dupuis, 13,95 € 

mercredi 23 mars 2011

BD - L'œil du monde


Une BD de vikings, avec une jolie capitaine de drakkar, un jeune conteur naïf, un guerrier fort et émotif... Ce qui frappe dans le premier tome de « Aslak », nouvelle série écrite par Hub et Weytens et dessinée par Michalak, c'est la richesse des différents personnages. Leur complexité et leur fort potentiel. 

Waldemar, le roi, veut se distraire. Il en a assez d'entendre toujours la même histoire. Il donne une année à deux frères conteurs pour revenir avec de nouvelles quêtes. Skeggy et Sligand partent à la recherche du maître conteur. Mais Skeggy, le fourbe, s'associe avec Roald le Borgne et tente d'assassiner son jeune frère. 

Ce dernier trouvera aide auprès de la belle Brynhild (qui lui louera son drakkar) et Almarik, un guerrier. C'est ce dernier qui donne tout son sel à l'album. Fort et courageux, il ne supporte pas la vue du sang (il tombe direct dans les pommes). Il a donc tendance à se battre les yeux fermés. 

Cela provoque pas mal de dégâts collatéraux et semble une source inépuisable de gags.

« Aslak » (tome 1), Delcourt, 13,95 € 

Roman - Quand le rouge était symbole politique

En découvrant l'histoire de sa mère, un commerçant toulousain plonge dans l'histoire contemporaine européenne, de l'URSS à la guerre d'Espagne.

Un étonnant grand écart : c'est le premier sentiment que le lecteur a en refermant ce roman de Georges-Patrick Gleize. Tout oppose les deux personnages principaux de « Rue des Hortensias rouges ». Maxence, le riche commerçant toulousain et Mathilde, sa mère, pasionaria rouge qui a abandonné sa famille par amour et idéal. Maxence c'est le côté grand bourgeois, Mathilde celui de la lutte des classes.

Georges-Patrick Gleize, professeur d'histoire, est devenu en quelques années un spécialiste du roman de terroir. Il plante ses intrigues dans le Sud, toujours près de l'Ariège, département où il vit. Une bonne partie de son dernier roman se déroule à Ax-les-Thermes dans les années 30. Mais tout débute à Toulouse. Maxence, riche commerçant toulousain, reçoit la visite d'un enquêteur missionné par un notaire bordelais. Il vient s'assurer qu'il est bien le fils de Mathilde Auzeral. Son unique héritier aussi. Mathilde vient de mourir à Bègles dans la petite maison où elle vivait seule, rue des Hortensias rouges.

Arme et lingots d'or

Sa mère, Maxence ne l'a pas connue. Il était encore au berceau quand elle a abandonné le domicile conjugal. Tout ce qu'il en sait, de la bouche de sa grand-mère, c'est qu'elle « était une écervelée qui l'avait abandonné pour courir le guilledou avec un aventurier de passage. » Intrigué, comme pour retrouver cette maman qu'il n'a jamais connu, il accepte de se rendre à Bordeaux pour s'occuper de la succession. Il découvre le petit intérieur de ce qui semblait être une vieille dame rangée. Elle vivait chichement, entretenant avec soin de superbes hortensias rouges.

La dernière formalité consiste à ouvrir un coffre qu'elle avait à la banque. Maxence y découvre, stupéfait, plusieurs lingots d'or et un révolver de fabrication russe. Et une lettre, d'un certain Fédor, envoyé de Riga. Maxence, voulant absolument tirer toute cette histoire au clair, se rend en Lettonie. Il y rencontre Fédor, un vieillard vivant dans un petit appartement. Il est usé par les années passées dans les camps de Sibérie. Il parle français et se souvient bien de Mathilde. C'est par son récit que Maxence va découvrir la véritable histoire de sa mère.

Bourgeoise et révolutionnaire

Milieu des années 30, Mathilde, fille de bourgeois toulousain, a épousé Jean Auzeral, de 20 ans son aîné. Malade des bronches, la jeune mariée part en cure à Ax-les-Thermes dans les pyrénées ariégeoises. C'est là qu'elle rencontre Fédor Valkas. Ce militant communiste qui a tout sacrifié à sa cause, tombe sous le charme de la jeune Française. Un coup de foudre raconté avec beaucoup de sensibilité par Georges-Patrick Gleize. Mathilde, seule, loin de son mari qu'elle n'aime plus, accepte de déjeuner avec Fédor. « Suspendue à ses lèvres, la jeune femme, les yeux brillants, se gorgeait de ses paroles comme on boit aux sources de la vie. » « Dans les bras de Fédor, Mathilde Auzeral avait dansé jusqu'à l'ivresse. » « Elle avait résisté jusqu'au deuxième tango pour succomber lorsque le souffle de Fédor avait effleuré ses lèvres. » Mathilde découvrait un nouveau monde, fait d'amour et de combat politique.

Elle hésitera longuement avant de quitter le domicile conjugal et rejoindre Fédor, combattant en Espagne. Mathilde sera à Barcelone quand les troupes de Franco mettent en déroute les Républicains. L'auteur raconte la Retirada, cet exode d'Espagnols se réfugiant en France. Puis il y a la guerre, la France envahie par les Allemands, la poursuite du combat de Fédor en URSS. Cette histoire de l'Europe, qui semblait si lointaine à Maxence, se révèle être passionnante car sa mère, loin d'être la dévergondée décrite par la grand-mère, était une pasionaria rouge qui n'a jamais renié ni son amour de Fédor, ni ses idéaux de justice. Un splendide portrait de femme libre.

« Rue des Hortensias rouges » de Georges-Patrick Gleize, Albin Michel, 18 €

lundi 21 mars 2011

BD - Frangins... pour la vie


Difficile quand on déménage de se refaire des copains. Surtout quand on quitte des HLM de banlieue pour une gentille zone résidentielle. Dimitri et Luka sont frères. Ils se détestent mais pour l'occasion, trouveront un terrain d'entente. 

Dimitri est un adolescent en pleine crise existentielle (ses hormones le démangent), Luka, lui, est amoureux de son skate, et totalement dépendant de sa manette de jeux vidéo. Cette série de gags est écrite par Gaston qui a beaucoup fait pour la réputation des Lapins Crétins. Il s'est adjoint les services d'un vieux routier de la BD humoristique, Curd Ridel. 

Mais le créateur du Gowap et de Tandori a abandonné son style léché (à la Peyo) pour un trait plus lâche et brut, comme pour amplifier les horreurs imaginées par ces deux terreurs. 

Une BD très actuelle, pas toujours politiquement correcte, même si la dernière histoire pourrait faire couler une larme aux plus sensibles...

« Mon frère ce boulet ! » (tome 1), Jungle, 9,95 € 

vendredi 18 mars 2011

BD - Inénarrable Jean-Claude


Prototype du demeuré congénital, Jean-Claude Tergal n'avait rien pour devenir un véritable « héros » de bande dessinée. Pourtant il vit dans ce long récit sa 10e aventure. C'est du moins le 10e album relatant ses exploits. Cette fois, « Jean-Claude Tergal ne rentre pas seul ce soir » prévient la couverture. 

Alors ça y est, le brave Jean-Claude va enfin se déniaiser ? Sans dévoiler l'issue de l'album, on peut simplement dire que Jean-Claude, à cause de la ligne Maginot, va rencontrer une femme dans un train. Il ne la quittera pas durant quelques heures, réussissant même à la glisser dans son lit. Tronchet a de plus en plus de sympathie pour son personnage. 

Certes il est complètement idiot, lâche et timide, mais il n'a pas son pareil pour dénoncer certaines injustices. Et puis il a cette extraordinaire propension à rendre complexes les choses simples du quotidien. Un clown burlesque, en liberté dans la vraie vie. 

Irrésistible de drôlerie.

« Jean-Claude Tergal » (tome 10), Fluide Glacial, 10,40 € 

jeudi 17 mars 2011

BD - Violence politique italienne


Très ambitieuse série que cette « Mano » écrite par Thirault et dessinée par Pagliaro. Les auteurs entendent raconter la montée de la contestation violente d'extrême-gauche dans l'Italie des années 60. 

Ce n'est pas une BD historique. Pour comprendre ce qui a provoqué les fameuses années de plomb, ils vont suivre le parcours de cinq jeunes amis, insouciants et idéalistes. Ils sont donc cinq, comme les doigts de la main. 

Leur première action, brûler la grange d'un propriétaire terrien qui exploite des travailleurs immigrés, leur permet de mettre la main sur une petite fortune. Ensuite, ils multiplieront les actions, symboliques quand ils lancent des bombes à eau sur un universitaire fasciste, plus radicales quand la voiture d'un contremaître sadique est détruite dans une explosion. 

Le groupe se séparera temporairement après avoir causé involontairement la mort d'un « ennemi ». 

En plus de la trame politique, Thirault greffe au récit des romances amoureuses complexes entres ces trois garçons et ces deux filles.

« La Mano » (tome 1), Dargaud, 13,95 € 

mercredi 16 mars 2011

Roman français - Fuir la folie rouge

Jean-Pierre Milovanoff a beaucoup écrit sur le Sud de la France. Cette fois il raconte ses racines russes. Où comment fuir un pays devenu fou.



Novembre 37 dans une ville du sud de l'Ukraine. Deux fossoyeurs font des heures supplémentaires de nuit. Ils creusent des fosses communes pour les dizaines de cadavres charriés chaque nuit par la police. Staline est au pouvoir. La terreur règne. Une terreur que Jean-Pierre Milovanoff raconte dans ce court roman, témoignage d'un passé encore très proche et certainement présent dans la mémoire collective de toute la Russie et des anciennes républiques soviétiques.

L'idée de ce roman, presque un témoignage, un récit, l'auteur français l'a eu en retrouvant, dans les affaires de son père récemment décédé, « une mince brochure en anglais, « How I escaped the red terror », signée d'un certain MIKE. » Le père de Jean-Pierre Milovanoff a lui aussi fuit la Russie communiste. Mais bien avant que Staline ne transforme le pays en une vaste machine à dénoncer, à torturer, à emprisonner et à tuer.

Dans ce monde sans pitié, Anton Semionovitch Vassiliev est du bon côté. Membre de la police, le sinistre NKVD, il est craint et respecté. Il fait essentiellement du travail de bureau. Les dossiers des pseudos « espions » et « terroristes » passent tous entrent ses mains. C'est lui qui décide, d'un simple coup de tampon, s'ils iront croupir dix ans en Sibérie ou finiront une balle dans la nuque. Anton doit son statut à son père médecin. Il a soigné un général au bon moment. La famille est donc protégée par le régime. 

Ce n'était pas le cas de leurs voisins, les Milovanoff qui ont préféré fuir en France bien avant le début de la terreur. Anton complice mais pas convaincu. Ce n'est qu'une façon de se protéger, lui et sa mère. Mais quand il apprend que le général bienfaiteur vient d'être condamné à mort, il se doute que tout va basculer. Avec son jeune amant, lui aussi membre du NKVD, il décide de fuir. Ils vont, en quelques heures, mettre en place un plan ingénieux pour franchir ces frontières devenues totalement imperméables.

La cupidité des chefs

Le récit de Jean-Pierre Milovanoff est d'une dureté extrême. Il raconte notamment comment certains petits chefs font du zèle, pour assurer leur situation voire obtenir une promotion à Moscou. Avec l'espoir fou de se rapprocher de Staline. Ainsi le supérieur direct d'Anton, Romanenko, lâche et paranoïaque est devenu expert en la matière : « Avec l'acharnement des démons inférieurs, l'habile Romanenko avait aggravé le cas de l'accusée en impliquant plusieurs personnes de son quartier de manière à constituer à partir d'elle un réseau de terroristes. Le procédé était simple. Toute personne à qui la malheureuse avait adressé la parole un jour ou l'autre, fût-ce pour acheter une demi-livre de betteraves, devenait le membre actif d'une conspiration. » Des délateurs professionnels étaient même payés pour étayer les accusations. Des millions de personnes ont perdu la vie au cours de cette « terreur rouge ».

Et Jean-Pierre Milovanoff d'analyser cette dérive du régime : « Que serait l'histoire du monde sans la cupidité des chefs ? L'idéal de pauvreté des premiers bolcheviks n'a pas résisté à la réalité d'un pouvoir incapable de nourrir la population. » Un témoignage historique toujours d'actualité dans certaines dictatures vacillantes.

« Terreur grande », Jean-Pierre Milovanoff, Grasset, 14 €

mardi 15 mars 2011

BD - A fleur de peau


Quand on est policier, face à des affaires d'enlèvement, tout est bon pour retrouver la victime. Tout, même le paranormal. Malika et Patrick sont un binôme classique d'inspecteurs de police. Moins classique est leur aide épisodique, Dan. 

Cet étudiant à un don. Il peut « sentir » où se trouvent les disparus. Comme une boussole attirée par le Nord. Il ressent également leurs émotions, souvent angoissantes et douloureuses. Écrites par Séverine Lambour, ces trois enquêtes autonomes sont illustrées par Benoît Springer. 

Le duo s'affirme comme un des plus novateurs dans les thèmes abordés, aimant tester les genres à tout va. Dan, surnommé la « Boussole » souffre beaucoup, mais il a un tel potentiel qu'il serait dommage que ses enquêtes s'arrêtent là.

« La boussole », Soleil Quadrants, 17 € 

lundi 14 mars 2011

BD - Rencontre virtuelle


Charles Masson, médecin et auteur de BD, se contente du rôle de dessinateur pour cette étrange histoire de rencontre amoureuse sur le net. 

Le scénario est de Chloé von Arx, une comédienne belge qui signe là son premier album. Léa, décoratrice, désespère de trouver l'âme sœur. Elle écume les sites de rencontre et semble enfin avoir trouvé l'oiseau rare. Noé, coiffeur, a flashé sur elle. Le premier rendez-vous va être épique. 

Noé est venu accompagné de ses deux meilleurs amis : un ersatz du Che Guevara et un illuminé gothique. Bizarrement, Léa lui donne une seconde chance. Mais finalement elle devra se rendre à l'évidence : les fous pullulent sur internet. 

Un album qui laisse un petit goût d'inachevé malgré des personnages forts et attachants.

« L'arche de Noé a flashé sur vous », Futuropolis, 18 €

dimanche 13 mars 2011

BD - Artiste oublié


Qui se souvient de Roland Avellis ? Personne, car ce chanteur n'est jamais monté sur scène sous son vrai nom. Pourtant il a été extrêmement célèbre durant les années 30 et 40. Roland Avellis, alias « Le chanteur sans nom » faisait son tour de chant avec un loup sur les yeux. 

Tombé dans l'oubli, il est remis en lumière par Arnaud Le Gouëfflec dans ce roman graphique dessiné par Olivier Balez. Le scénariste se met en scène dans sa quête de renseignements, avec le fantôme de Roland à ses côtés. 

On découvre alors la véritable personnalité de ce forçat du music-hall, un peu toxicomane, beaucoup escroc. 

Après sa période de gloire, il a été comptable d'Edith Piaf et grand ami d'Aznavour. Une personnalité complexe qui donne toute sa saveur à cette BD très prenante.

« Le chanteur sans nom », Glénat, 20 € 

jeudi 10 mars 2011

BD - Femme aventurière


André Benn, vétéran de la BD franco-belge, après avoir beaucoup oeuvré pour la jeunesse (Tom Appledie, Mic Mac Adam) s'est tournée vers des productions plus adultes. Un changement de ton et de graphisme atteignant son apogée avec le second tome des tribulations de Valentine Pitié. La jeune Canadienne, perdue dans le grand Nord, a survécu en étant adoptée par un chasseur inuit. Une initiation à la vie sauvage racontée dans le premier tome. 

Dans le second, la belle Valentine revient à la civilisation. Elle retrouve la maison familiale parisienne et découvre, en ce XXe siècle balbutiant, l'aviation. Elle tombe amoureuse d'un aviateur et de ses appareils. Jusqu'à devenir la première femme à voler. 

Un album hors normes, à la construction narrative très particulière, comme si le récit était fragmenté en touches de couleurs à la manière des impressionnistes. Une vie exceptionnelle marquée par l'indépendance et la tragédie. Une très grande BD d'un auteur à redécouvrir.

« Valentine Pitié » (tome 2), Dargaud, 13,95 € 

mercredi 9 mars 2011

BD - Femme du passé


Ella Mahé, restauratrice de manuscrits anciens, est embauchée par un musée égyptien afin de remettre en état des livres retraçant la construction du canal de Suez. La jeune femme, avant de débuter son contrat, prend quelques jours de vacances et croise le chemin de Thomas Reilly, un archéologue. 

Elle découvrira dans le premier tome de cette série de Maryse et Jean-François Charles, l'existence d'une mystérieuse princesse des sables, aux yeux vairons, comme elle. Dans le second tome, dessiné cette fois par Francis Carin (le premier était de Taymans), elle en apprend plus sur la sépulture de cette guérisseuse sans visage. L'époque actuelle de l'histoire est dessinée par Charles, les souvenirs par Carin. 

Deux prochains titres sont prévus avant la fin de l'année. C'est l'occasion de raconter les mystères de cette Egypte disparue et qui a longtemps été une civilisation rayonnant sur tout le Moyen Orient. Ella est belle sous le pinceau de Charles, tout comme la princesse mystérieuse et envoutante sous les plumes des dessinateurs invités.

« Ella Mahé » (tome 2), Glénat, 13,50 €

mardi 8 mars 2011

BD - Femme et métisse


Superbe portrait de femme dans cette nouvelle série écrite par Joël Callède et dessinée par Gaël Séjourné. « L'appel des origines » raconte la vie d'Anna, jeune métisse cherchant sa place sans le Harlem des années 20. Elevée par sa tante, employée dans le restaurant familial, elle est une jeune fille sage la journée. La nuit, elle va s'encanailler avec des amis, dansant à n'en plus finir dans les boites de jazz. 

Mais sa différence de couleur, son père était blanc, l'empêche de totalement s'intégrer. Un père absent dont elle ne connaît pas l’identité. Jusqu'au jour où sa grand-mère lui apprend que c'est le « fameux chasseur de fauves Clarence T. Whitmore » récemment disparu en Afrique. 

Anna va tout faire pour le retrouver, quitte à se transformer en actrice et accepter d'aller tourner un film sur la terre de ses très lointains ancêtres. Anna, belle à couper le souffle, devra d'abord rompre tous les liens avec ses amis noirs. 

Séjourné dessine son héroïne avec amour, un peu à la façon de Gibrat dans « Le sursis ».

« L'appel des origines » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,50 € 

lundi 7 mars 2011

Thriller - L'art à vif

L'art moderne autorise-t-il tous les excès ? Une question placée au centre de ce thriller très actuel signé Véronique Chalmet.


Le succès d'un thriller ou d'un roman policier doit beaucoup à la figure du « méchant ». S'il est crédible, la peur et l'angoisse suscitées sont d'autant plus fortes et prenante. Véronique Chalmet dans « Les écorchés » a particulièrement soigné le personnage de Joseph Farkas, tueur sanguinaire déguisé en artiste contemporain. Son astuce, transformer ses victimes en œuvres d'art et augmenter ainsi sa fortune lui procurant de fait une impunité de plus en plus grande. Farkas à qui tout réussit jusqu'à sa rencontre avec la journaliste d'investigation Rebecca Volconte.

A la base, cette reporter franco américaine freelance pour la presse magazine se lance sur la piste d'un trafic d'êtres humains. Des hommes et femmes transformés pour l'occasion en bétail, que l'on découpe en petits morceaux pour approvisionner le marché florissant des transplantations d'organes.

Organes à vendre

Tout débute en Chine, le terrain de prédilection de Rebecca parlant parfaitement le japonais et le mandarin. Avec l'aide de Darwin Lee, autre journaliste américain d'origine chinoise, elle recueille le témoignage d'un ancien policier. Il explique par le détail comment il avait des directives afin d'accroitre le nombre de condamnés à mort. Des hommes et femmes qui étaient exécutés dans des hôpitaux, uniquement pour récupérer et revendre leurs organes. Un véritable système qui profite à tous les nantis du monde, un rein ou un cœur se monnayant plusieurs centaines de milliers de dollars.

Darwin, en Chine, Rebecca à New York, vont comprendre que ce système ne profite pas uniquement aux malades. Josef Farkas fait lui aussi son « marché » par l'intermédiaire des prisons chinoises. Cet artiste est devenu célèbre en transformant des cadavres en œuvres d'art. Après les avoir écorchés, il les fige dans des poses souvent provocantes et les traite afin qu'ils ne se détériorent pas.

Eternité artistique

Il prétend ainsi offrir l'éternité à qui accepte de lui confier son corps. Rapidement devenu une sorte de gourou, il multiplie les « créations ». Mais le lecteur découvre que les plus réussies sont issues de ses « chasses ». Car Farkas, âme noire s'il en est, aime d'abord capturer ses proies puis les écorcher vivantes... Farkas le démoniaque qui donne toute sa saveur à ce thriller par ailleurs très réaliste, offrant un luxe de détail dans un système qui doit en grande partie être véridique.

L'action se déroule en Chine, puis au Kirghizstan, pays accueillant la Fabrique, l'usine de Farkas où il transforme les corps. Rebecca reste à New York, rencontre l'artiste et finalement accepte de le suive au Brésil. C'est dans la forêt amazonienne que Farkas aime le plus chasser. Rebecca ne se doute pas qu'il ne voit en elle qu'une proie de choix...

Véronique Chalmet, par ailleurs journaliste spécialisée en criminologie a su alterner action pure (Darwin en Chine) et réflexion sur les limites de la provocation dans l'art moderne. Et la fascination de nos contemporains pour tout ce qui touche au morbide.

« Les écorchés », Véronique Chalmet, Flammarion, 19,90 €






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samedi 5 mars 2011

BD - Mort d'un président


22 novembre : l'Amérique est sous le choc après l'assassinat du président. Mais qui a tué le président en cette fin d'année 1973 ? Ce nouvel opus de la série « Jour J » qui explique l'histoire en la modifiant, se penche sur les USA. 

Dans cette autre réalité imaginée par Duval et Pécau et dessinée par Wilson, Kennedy n'a jamais été élu. Nixon est sur le point d'entamer son quatrième mandat et envisage, pour mettre fin à la guerre du Vietnam d'utiliser l'arme nucléaire. Un président limité, une armée tout puissante : il faut trouver une solution radicale. Un ancien marine est contacté, il aura la lourde tache d'appuyer sur la gâchette. 

Cet album est passionnant pour ceux qui connaissent un minimum l'histoire des USA. Tout y est inversé, un effet miroir qui nous fait penser que finalement, nous ne sommes pas tant que cela à plaindre...

« Jour J » (tome 5), Delcourt, 13,95 € 

vendredi 4 mars 2011

BD - Les affreux du foot


Le foot déchaîne les passions. Les supporters, parfois, dépassent les bornes. Ceux de ce recueil de gags signés Hipo et JPS pour le scénario et Jack Domon pour le dessin sont tout bonnement infréquentables. Ce sont les pires supporters que l'on peut imaginer. Pas dans le genre hooligans violents, mais dans le genre grossiers, de mauvaise foi et gros buveurs. 

Deux types de gags sont récurrents : quand ils sont en groupe dans les tribunes (le langage est corsé), quand le supporter est seul et obligé de manquer un match pour faire plaisir à sa femme. Il imagine toute une série d'astuces pour être quand même au courant du score. 

Ce n'est pas l'album qui révolutionnera le genre, mais il suffit qu'on connaisse un supporter pour que les gags prennent une saveur supplémentaire.

« Drôles de supporters », Jungle, 9,95 €  

jeudi 3 mars 2011

BD - Choc de civilisations


Les jeunes de banlieue imaginés par Relom dans sa série humoristique « Cité d'la balle » vont devoir se confronter à une réalité qu'ils n'osaient même pas imaginer : la campagne. C'est un véritable choc de civilisations qui est donné à lire. 

Découvrir d'où viennent les œufs (« c'est le caca des poules ! ») ou faire ami-ami avec un cochon quand on est musulman n'est pas une sinécure pour les jeunes plus habitués au béton qu'au fumier. Heureusement, le paysan qui les héberge a une fille. Laëtitia, 16 ans, fan de hard rock et pas hostile au mélange des genres. 

Cette suite d'histoires courtes forme un final une aventure cohérente et complète, truffée de trouvailles, au dessin plus abouti et avec un gag final à faire planer n'importe qui.

« Cité d'la balle » (tome 2), Le Lombard, 11,95 € 

mercredi 2 mars 2011

BD - Diamants et crapauds pour le 30e Jeremiah


Kurdy, le compagnon de galère de Jeremiah, s'illustre une nouvelle fois dans le 30e album de cette série fantastique signée Hermann. Le dessinateur a retrouvé son encre de Chine pour cet album moins couleurs directes que les précédents. 

Cela donne une noirceur supplémentaire à ce récit se déroulant dans les ruines d'une ville qui pourrait être Manhattan. Un ami de Kurdy lui a donné un plan pour récupérer des diamants. Problème, il n'est pas le seul sur la piste et surtout l'immeuble est cerné par des alligators et squatté par des hommes crapauds qui mangent autre chose que des libellules... 

Tension, action, suspense et coup de théâtre rythment cette BD qui ne permettra toujours pas à Kurdy et Jeremiah de toucher le pactole leur permettant de se retirer au calme. C'est heureux pour les lecteurs.

« Jeremiah » (tome 30), Dupuis, 11,95 € 

mardi 1 mars 2011

BD - New York en puzzle


Capricorne est enfin de retour à New York. Le feuilleton fantastico-ésotérique d'Andréas semble entrer dans sa dernière ligne droite. Ce dessinateur qui n'a eu de cesse de casser tous les codes de mises en page au cours de sa carrière s'en donne une nouvelle fois à cœur joie. Car le New York actuel n'a rien à voir avec celui qu'il a quitté. 

Sur chaque gratte-ciels, il manque plusieurs étages. Disparus dans une autre dimension. Les sommets des immeubles semblent flotter au dessus des fondations. Le récit se déroule dans les deux dimensions. Capricorne est dans le New York noir, le Passager dans le rouge. Pour faire fusionner les deux entités, Capricorne va faire appel à des spirites. 

Cette série fleuve et passionnante est un bonheur pour les esthètes.

« Capricorne » (tome 15), Le Lombard, 11,95 €