Une vétérinaire doit faire face à une recrudescence de serpents dans la campagne anglaise. Dont certains sont très dangereux.
Pour vaincre ses pires phobies, le meilleur moyen reste de les affronter de face. Ou d'une façon détournée, en regardant un film ou en lisant un livre. On ne peut donc que conseiller ce thriller de Sharon Bolton à toute personne souffrant d'ophidiophobie ou peur des serpents. Vous aurez l'occasion au fil des pages de frissonner de peur à chaque confrontation et aussi d'en apprendre beaucoup sur ces reptiles souvent méconnus et injustement diabolisés.
L'héroïne de ce thriller se déroulant dans l'Angleterre profonde, de nos jours, les serpents elle connaît bien. Clara, vétérinaire à la SPA locale, en a manipulé au cours de ses études, notamment quand elle faisait des stages en Australie. Dans son petit village, ce sont surtout les couleuvres qui prolifèrent. Mais depuis quelques temps des vipères font aussi parler d'elles. Un vieillard a été retrouvé mort dans son jardin et dans les premières pages, elle doit sauver une fillette d'une vipère ayant trouvé refuge dans son berceau.
Une mise en bouche assez light quand on compare à la suite. En pleine nuit, Clara est appelée par des voisins car des serpents grouillent chez le médecin. Elle explorera la maison en compagnie de Matt, le chef de la police locale. Et si ce sont essentiellement des couleuvres qu'elle chasse, dans la chambre du toubib elle fait une inquiétante découverte. Le serpent, en position d'attaque, la tête dressée, « avait des tâches orange caractéristiques le long du dos. » Clara se retrouve nez à nez avec un taïpan, originaire de Papouasie Nouvelle-Guinée, considéré comme le serpent le plus dangereux du monde.
Avec une bonne dose d'inconscience et aidée de Matt qui ne sait pas encore le risque qu'il prend, elle capture la bête. « Matt lui a cogné le côté de la tête avec le manche de la hache. Le taïpan a fait volte-face pour l'attaquer plantant ses crocs dans le bois. Je me suis jetée en avant et, sans m'arrêter pour réfléchir – sinon jamais je n'aurais été capable de le faire -, l'ai attrapé des deux mains autour du cou. Le serpent a relâché sa pression sur le manche et s'est débattu pour se libérer, mais je le tenais serré. » Comment ce serpent ne vivant pas sous des climats tempérés s'est-il trouvé dans cette bourgade anglaise ?
Un « monstre » cherchant l'oubli
Rapidement Clara est persuadée que cette recrudescence est l'œuvre d'un humain. Et elle va tenter de mieux connaître ce petit village dans lequel elle cherchait tranquillité et oubli. Car l'héroïne de Sharon Bolton a elle aussi de bonnes raisons de vouloir se faire discrète. Bébé, elle a été défigurée dans un accident. La moitié du visage ravagée par des cicatrices, elle préfère la compagnie des animaux aux humains la considérant comme un monstre de laideur. Remuant le passé, notamment une nuit de 1958 où l'église a brûlé, elle se sent épiée, observée, menacée. Jusqu'à cette attaque en pleine nuit chez elle. « Et là, quelque chose qui n'offrait pas du tout la sensation d'une main humaine mais plutôt d'une substance faite de vase et d'os décomposé s'est mis à me caresser la cuisse, en remontant, tandis que son regard remontait, lui aussi... » Le roman prend alors un tour plus dramatique, plus personnel.
Sharon Bolton, comme souvent les romancières anglaises, maîtrise parfaitement son sujet, imposant une atmosphère de plus en plus angoissante, jusqu'à ce final qui devrait définitivement chasser votre peur des serpents... ou la réveiller pour des années et des années.
« Venin », Sharon Bolton, Fleuve Noir, 20,90 € (Le précédent thriller de Sharon Bolton, « Sacrifice », vient d'être publié en édition de poche chez Pocket, 7,80 €)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire