lundi 30 juin 2008

BD - Adler, un électron libre, comme René Sterne


René Sterne, comme son héros Adler, a toujours privilégié sa liberté au succès ou au conformisme. Après quelques années dans les habits étriqués de professeur, il a changé de voie. A l'image de sa compagne, Chantal de Spiegeleer, il est devenu auteur de BD. Son héros, Adler, est un aviateur allemand qui a préféré déserté quand Hitler s'est révélé sous son vrai jour. Un déserteur aventurier et vagabond. Sterne, mort il y a deux ans à 54 ans, lui a consacré dix albums. Dans une édition intégrale de très belle facture, voici les cinq premières aventures d'Adler. Un dessin épuré, des scénarios très humains, l'occasion de redécouvrir ce grand auteur qui aurait du reprendre le dessin de Blake et Mortimer à la suite de Ted Benoît.

« Adler » (intégrale, tome 1), Le Lombard, 47 euros 

dimanche 29 juin 2008

BD - Triste futur décrit dans "SOS Bonheur"


Pour les 20 ans de la collection Aire Libre de chez Dupuis, la maison d'édition belge ressort quelques uns de ses fleurons. Après Cosey et avant Gibrat, voici l'intégrale de SOS Bonheur, récit d'anticipation de Van Hamme mis en images par Griffo qui signait sa première BD réaliste. Le scénariste, longtemps cadre dans une multinationale, a profité de son expérience pour imaginer une société déshumanisée ou l'Etat providence offre à tous son lot de bonheur. Bonheur officiel, bonheur programmé. En quelques courts chapitres puis un long récit, les auteurs expliquent que ce beau rêve peut se transformer en cauchemar absolu. A l'ère du tout numérique, ce récit vieux de 20 ans, est toujours d'actualité. 

« SOS Bonheur » (intégrale), Dupuis, 32,50 euros

samedi 28 juin 2008

BD - Amour captif


Un homme, une femme. Ils sont voisins. Tous les deux divorcés, avec enfants à charge. Le matin, le père conduit sa voisine à l'école. Il se trouve que c'est l'institutrice de sa fille. Elle lui plaît. Il n'ose pas lui dire. Jusqu'au jour où ils arrivent en retard. Dans la classe, un homme cagoulé, ceinturé d'explosifs, a pris en otage cette classe de maternelle d'une banlieue chic. L'homme et la femme, otages eux aussi, vont passer 48 heures ensemble. 48 heures de peur et de passion. 

Cette nouvelle de Jean-Philippe Djian (qui reparaît en même temps chez Folio), est adaptée par Jean-Philippe Peyraud. D'un faits divers encore dans les mémoires, ils font une superbe histoire d'amour.

« Mise en bouche », Futuropolis, 19 euros 

vendredi 27 juin 2008

BD - Pico Bogue se raconte dans "La vie et moi"


Méfiez-vous des petits rouquins, ils sont souvent très insolents. C'est le cas de Pico Bogue, petit garçon imaginé par Dominique Roques et Alexis Dormal. Les deux auteurs, qui sont mère et fils, cela ne s'invente pas, ont un peu réinventé l'univers du Petit Nicoles, l'impertinence en plus. Pica est donc l'aîné de la famille. Avant l'arrivée de sa petite sœur Ana Ana, il était « fils unique. » et d'expliquer à un copain de classe « Tu sais ce que ça veut dire, fils unique ? Que mes parents m'adoraient comme un dieu ! » 

Pourtant il l'aime quand même cette petite sœur, parfois un naïve, toujours gentille comme quand elle lui offre des abricots secs, par exemple. Pico Bogue, pose des questions, mais a souvent réponse à tout. Quelle que soit la situation où, à priori, sa mère ou son père ont raison, il veut avoir le dernier mot. Et c'est tout le charme de cette série de gags car Pico, malgré sa petite taille et ses mots d'enfants, tient des raisonnements que de grand philosophes ne renieraient pas. 

Un décalage étonnant au début, séduisant ensuite, hilarant parfois. Un nouveau héros qui bénéficie d'un dessin très fluide : Alexis Dormal, après avoir étudié la réalisation au cinéma et à la télévision en Belgique, est passé par l'école Emile Cohl de Lyon.

« Pico Bogue », (tome 1), Dargaud, 10,40 € 

mercredi 25 juin 2008

BD - Loups sibériens

Aux âges de pierre, en pleine Sibérie, Touna nait la nuit où son père est tué par une meute de loups affamés. Touna petite fille maudite, abandonnée par sa mère en pleine forêt et recueillie par une louve encore couverte du sang du père de la fillette. De nos jours, Mara est une jeune chercheuse membre d'une expédition à la recherche d'enfants-loups découverts dans des tribus isolées en pleine Sibérie. 

Ce récit fantastique se déroulant à deux époques différentes nous donne l'occasion de découvrir un dessinateur italien virtuose. Encore un, pourrait-on se dire tant l'émergence de talents a été importante, notamment chez les Humanoïdes Associés. Mario Milano a fait son apprentissage aux éditions Bonelli. Il a aujourd'hui un trait réaliste entre ceux de Milo Manara et de Griffo. 

L'histoire, mêlant science-fiction et fantastique, est issue de l'imagination de Patrick Galliano qui s'est déjà illustré avec Lothario Grimm et L' appel des dieux. Une série innovante et prometteuse.

« Touna Mara », Les Humanoïdes Associés, 12,90 € 

mardi 24 juin 2008

BD - Duel en 60 pages


Richard Guérineau, dessinateur réaliste au trait nerveux et aux cadrages très cinématographiques, a connu le succès avec le Chant des Stryges scénarisé par Corbeyran. Il a voulu, le temps d'un album, s'échapper de cette ambiance contemporaine et fantastique pour signer un album de 60 pages dans un genre qu'il affectionne depuis sa jeunesse : le western. Il s'est associé à Henri Meunier pour raconter cette histoire de duel dans une petite ville de l'Ouest américain. 

Le shérif Jude Stanton est respecté. Le calme est revenu à Westwood City. Mais parfois un pistollero arrive en ville et refuse de se plier à l'exigence du shérif de déposer ses armes dans son bureau. Cela se règle alors au colt. Un matin, un jeune homme débarque en ville, deux cadavres sur son second cheval. Deux hors-la-loi, recherchés « mort ou vif ». Il s'installe à l'hôtel, sans rendre ses armes. 

Le shérif va lui réclamer ses colts et découvre qu'il a le même nom qu'un tueur abattu quelques mois plus tôt. Qui est ce fantôme énigmatique, si sûr de lui ? Ce duel sera-t-il celui de trop ? 

Un bijou graphique que l'on peut également apprécier dans une édition luxe en noir et blanc.

« Après la nuit », Delcourt, 13,95 € (20 € en noir et blanc) 

lundi 23 juin 2008

BD - Fantastique urbain dans "La légende du Changeling"


Pierre Dubois ne vit pas dans notre monde. Ce grand spécialiste des elfes, lutins et autres petits peuples de la forêt a définitivement tiré un trait sur la modernité et notre monde dédié à la technologie. Son combat contre l'oubli des légendes anciennes lui donne l'occasion de signer de plus en plus de scénarios de bande dessinée, support sans limite pour représenter ces êtres et mondes imaginaires. 

Cette fois, il s'est associé à Xavier Fourquemin dessinateur français à l'imagination débordante. « Le Mal-venu », premier tome de la Légende du Changeling débute dans cette campagne anglaise de la fin du 19e siècle. La misère est de plus en plus présente et la famille Jobson est obligée de quitter ce pays de bocages pour les bas-fonds de Londres. Un monde totalement nouveau pour le jeune Scrubby Jobson. 

Cet enfant, qui a beaucoup appris auprès d'un ermite, le chasseur sauvage ou homme vert. Mais que valent les enseignements d'un sorcier dans cette ville en proie au crime, en pleine révolution économique et sociale ?

« La légende du Changeling » (tome 1), Le Lombard, 13 € 



dimanche 22 juin 2008

BD - Guy Lefranc va-t-il sauver Londres en péril ?


Guy Lefranc, héros contemporain de Jacques Martin, après une longue éclipse, est de plus en plus présent grâce à une politique de reprise agressive. Francis Carin et Patrick Weber imaginent les aventures du reporter en parallèle à Taymans et Drèze qui eux se placent résolument dans une veine nostalgique. Ce 19e tome intitulé « Londres en péril » s'insère chronologiquement entre « Le Maître de l'atome » et « L'ouragan de feu ». 

Dans cette ambiance de fin de seconde guerre mondiale, des attentats frappent plusieurs quartiers de Londres. Il ne semble pas y avoir d'explication logique pour Scotland Yard. C'est Lefranc qui découvre le lien entre ces explosions. Les dates correspondent à des défaites importantes de l'armée nazie. Et sur le plan de Londres, si l'on rejoint les différents lieux frappés, ont obtient une croix gammée dont le centre est le quartier populaire de Pimlico. 

Lefranc va se rendre outre-Manche et se battre contre des nazis qui veulent venger leur führer. Une histoire qui manque un peu de densité, un dessin fidèle au maître, mais sans casser des briques : on reste sur sa faim. Mais l'ensemble est distrayant et prenant.

« Lefranc » (tome 19), Casterman, 9,50 € 

vendredi 20 juin 2008

Polar historique - Terreur à l'abbaye

Plusieurs meurtres inexplicables sèment le trouble dans l'abbaye des Clairets. La mère abbesse Plaisance de Champlois mène l'enquête.


Toute l'intrigue de ce roman policier historique d'Andrea H. Japp se déroule en 1308 dans les murs de l'abbaye des Clairets placée sous la responsabilité de la jeune mère abbesse Plaisance de Champlois. Sauf le premier chapitre. Nous sommes en 1209 au cours du sac de Béziers . Les croisés, pour lutter contre l'hérésie cathare, vont massacrer une grande partie de la population. A leur tête Arnaud Amalric. Un homme très puissant et très déterminé. Il participe à la curée tout en ne quittant pas une croix rapidement maculée de sang. « Arnaud Amalric plaqua la croix contre lui, comme s'il redoutait qu'on la lui arrachât. Il s'émut fugacement se la pression du long Christ d'argent contre son torse. Ils ne firent qu'un durant un court instant. » Cette croix est au centre de l'intrigue de ce roman, suite de Monestarium paru en 2007. Le lecteur y retrouve de nombreux personnage, mais il n'est pas obligé de lire ce précédent titre pour apprécier ce petit monde à part.

Un meurtre peu avant vigiles

Andrea H. Japp prend beaucoup de soin à décrire les différents protagonistes de cette histoire qui pourrait apparaître complexe avec ses nombreux termes passés d'usage (une notes en bas de page sont légion). Mais on se surprend à adopter le rythme de vie des moniales rythmées par les prières à différents heures, des laudes (avant l'aube, entre 5 et 6 heures) aux complies (dernier office du soir vers 18-20 heures en passant par sexte (vers midi). C'est d'ailleurs très tôt le matin, peu avant vigiles (vers 3 heures) que Thibaude Santenet découvre Blanche de Cernaux, jeune novice, morte, la tête fracassée par un fer à repasser. Le corps est pendu par un pied à un chandelier et une croix est tracées sur son front. Emoi dans

l'abbaye. Plaisance se rend sur place ainsi que quelques soeurs ayant des postes importants.

Les deux apothicaires

On retrouve autour de la scène du crime Hermione de Gonvray, l'ancienne apothicaire qui va prochainement quitter l'abbaye, Plaisance ayant découvert son secret. Elle est accompagnée de Mary de Baskerville, sa remplaçante, mystérieuse et perspicace, arrivée depuis moins d'une journée en compagnie d'Arnoldus de Villanova. Ce dernier plus connu sous le nom d'Arnaud de Villeneuve dit le « Catalan » est médecin. Il fut un temps menacé par l'Inquisition, mais il a conquis son rachat en guérissant le pape Boniface VIII.

Qui a tué Blanche ? Pour quelle raison ? La mise en scène signifie-t-elle qu'on se trouve en présence d'un rite satanique ? Ces questions vont tourmenter les héroïnes de cette enquête policière peu banale. D'autant que d'autres meurtres seront commis dans l'édifice. L'ambiance va se détériorer, Plaisance ayant accepté quelques semaines plus tôt d'accueillir un groupe de "monstres" errant sur les routes. Il est composé d'un enfant loup, de deux nains et de Claire, une fillette ne supportant pas la lumière du jour. Le suspense est à son comble quand Arnaud Amalric refait son apparition, à la recherche de cette fameuse crois de perdition...

L'intrigue imaginée par Andrea H. Japp puise ses racines dans les croyances les plus profondes. Dans ce monde de femmes et de pureté, la mort va frapper, les plaies seront difficiles à cicatriser.

« La croix de perdition », Andrea H. Japp, Calmann-Lévy, 20,90 €

jeudi 19 juin 2008

BD - Trop rare énergie


Nävis, dernière petite humaine, naufragée sur une planète hostile, passe ses journées entre l'amusement avec son fauve adoré Houyo et l'éducation dispensée par son robot Nsob. Un robot qui a depuis quelques temps une baisse de régime. Une perte d'énergie qui n'est pas du goût de la bouillonnante petite fille. Elle branche l'engin sur le générateur principal et la machine... explose. 

Seule solution pour Nävis : rejoindre l'épave et y dénicher des pièces de rechange. Mais c'est très dangereux car le mal absolu règne dans les couloirs délabrés : un robot détraqué qui tue toute forme de vie pour lui soutirer la moindre parcelle d'énergie. Le trio va recevoir l'aide d'autres robots restés loyaux aux humains. Histoire très actuelle écrite par Morvan, l'énergie étant de plus en plus rare et chère, nos portefeuilles peuvent en attester depuis quelques mois. Il y greffe une intrigue jouant beaucoup sur la force de l'amitié. 

Munuera, au dessin, s'en donne à cœur joie dans les décors forestiers et tropicaux et les machines aux formes alambiquées. Une série à l'univers de plus en plus riche, pour les plus jeunes, mais idéale pour se « préparer » à découvrir des BD plus adultes comme Sillage, où on retrouve la même héroïne, mais plus vieille de 15 ans.

« Nävis » (tome 4), Delcourt, 12,90 € 

mercredi 18 juin 2008

BD - La brousse ou la vie pour le Choucas de Lax


Lax, tout en adaptant des classiques du polar dans la collection Casterman Rivages Noir, y va de ses histoires personnelles de détective blasé et malchanceux. Son Choucas est plus digne de la Série Noire. Une collection qu'il affectionne particulièrement, la dévorant quand il n'est pas sur une enquête. 

Le Choucas lit beaucoup... Il voyage de plus en plus également. Dans le précédent album il sillonnait le Népal. Cette fois, il va au Mali puis au Burkina Faso. Mais tout débute en France, à Paris. La police se sent de plus en plus « libre ». Les bavures pour délit de faciès sont de plus en plus fréquentes. Mais ce n'est pas la défense et de la veuve et de l'orphelin noirs qui pousse le Choucas à prendre l'air, mais une banale fuite de lavabo. Il se retrouve malgré tout embringué dans une affaire de fugue d'un jeune adolescent. Benoît, originaire du Mali, adopté très jeune, ressent de plus en plus sa différence. 

Surtout quand il croise une patrouille. IL décide donc de rejoindre le pays de ses ancêtres, au grand désespoir de ses riches parents. Commence un périple au pays de la bière de mil épique et dangereux. Une façon très habile pour dénoncer une certaine ambiance dans les grandes villes.

« Les tribulations du Choucas » (tome 2), 13 € 

mardi 17 juin 2008

BD - La guerre à nos portes


Depuis quelques années les tensions communautaires en Irlande du Nord ont quasiment disparues. Mais il n'y a pas très longtemps, vivre à Belfast c'était un peu comme se balader dans un camp militaire assiégé. Kris l'a vécu à 14 ans. Heureux de décrocher un mois de séjour linguistique pour perfectionner son anglais, il part pour l'Irlande avec son copain Nicolas. Après avoir fait un stock de chocolat et de préservatifs, les deux compères se lancent dans un périple de 24 heures via Paris, Londres et l'Ecosse. Arrivés sur place, ils sont accueillis par une famille de catholiques, pauvres mais joyeux. Le paradis. Mais pour un seul jour. 

Car Kris découvre avec effroi qu'il n'est pas prévu qu'il reste dans cette famille. Il est récupéré par une famille de protestants. Riches, froids et déprimants. Les eux copains peuvent cependant passer leurs journées ensemble, jusqu'au jour où la tension remontant, les déplacement entre les quartiers devient impossible. Kris va fuguer, traversant toute la ville à ses risques et périls. 

De ces vacances inoubliables, le scénariste en a tiré un récit romancé, mêlant souvenirs personnels et faits divers réels, illustré par Vincent Bailly qui a utilisé une large palette de couleurs pour retranscrire toutes les ambiances de ces « Coupures irlandaises ».

« Coupures irlandaises », Futuropolis, 16 € 

lundi 16 juin 2008

BD - Long et mystérieux coma


Dix années de coma. Dix années de perdues pour Zack Kosinski. De 10 à 20 ans, il est resté dans un lit médicalisé. Son père, un chercheur, a été quelques temps à son chevet. Puis il a disparu. A 20 ans, Zack se réveille. Le jeune garçon émerge de sa longue absence dans un corps d'adulte, en partie amnésique. Son retour à la vie se déroule sous la férule de son infirmière, la jeune et très belle Tia Brown.

 Zack se pose beaucoup de questions et lentement va découvrir les nombreux mystères existant autour de son cas. Première interrogation, d'où vient la fortune que lui lègue ses parents. Son père a disparu, mais sa mère s'est suicidée. Instalé dans le vaste duplex newyorkais, Zack embauche Tia pour qu'elle s'occupe de lui à plein temps. Et entre les deux jeunes gens, l'amour va compliquer les choses. Au moment où Zack apprend qu'il a des pouvoirs psychiques surnaturels, Tia découvre des micros dans l'appartement. Ils sont espionnés par la CIA... 

Ce troisième volet de la série « Uchronies » de Corbeyran se déroule à New York et est dessiné par Defali avec qui il a déjà travaillé sur « Asphodèle ».

« New York » (tome 1), Glénat, 12,50 € 

dimanche 15 juin 2008

BD - Casterman offre de nouveaux « Rivages » au polar en BD

Nouvelle collection présentant des adaptations en BD de romans policiers. Première fournée avec Jim Thompson, Donald Westlake, Miles Hyman, Lax...


Lancée en 1986, la collection Rivages/Noirs est devenue une référence en matière de littérature policière, détrônant la Série Noire. Une collection de poche dirigée par François Guérif qui va maintenant se décliner en bande dessinée grâce à un partenariat avec les éditions Casterman. Les quatre premiers titres (il devrait ne pas y en avoir une demi-douzaine par an) permettent à quatre dessinateurs confirmés de s'approprier l'univers d'auteurs français et américains. Et logiquement c'est par un roman de Jim Thompson que tout débute.

 Nuit de fureur. Peardale, années 40, quelque part dans l’Amérique profonde. Un homme à l’allure juvénile débarque dans cette petite ville tranquille, pour y suivre de sages études, dit-il à Mme Winroy, la séduisante logeuse qui l’accueille dans sa pension de famille. Mais évidemment, la réalité est tout autre. Carl Bigelow, alias Charlie “Little” Bigger, tueur à gages officiellement reconnu coupable d’au moins seize assassinats, est en repérage pour le compte d’un ponte de la pègre new-yorkaise, afin de préparer la liquidation en douceur d’un escroc repenti. Miles Hyman peint cette Amérique profonde des années 40 avec talent. Il déshabile les quelques femmes de l'histoire avec un brio étonnant. Le héros, froid et sinistre, se bat avec son absence totale de moralité. Il se sait condamné, par la maladie et son employeur, mais honore son contrat quand même. Une désespérance typide des romans de Jim Thompson adapté par Rodolphe.


 Pierre qui roule.
New York, juin 1969. Fraîchement sorti de prison, John Dortmunder se voit proposer un “coup” par l’un de ses anciens complices, Kelp, spécialiste du vol de voitures : profiter d’une exposition d’art africain à New York pour dérober le clou de la manifestation – une émeraude d’une valeur d’un demi-million de dollars – au bénéfice d’un obscur état africain dont la pierre précieuse constitue le totem. L'adaptation de Lax (auteur du Choucas) est aussi délirante que le récit original. Elle souligne à la perfection la démesure progressive des plans imaginés par le sympathique mais très malchanceux cambrioleur. Les dessinateur, plus habitué aux décors parisiens ou exotiques (le dernier Choucas se déroule au Mali après une aventure népalaise), est très à l'aise avec les décors très verticaux de Big Apple.

« Nuit de Fureur » de Jim Thompson (adaptation Matz, dessin Miles Hyman), 16,95 €

« Pierre qui roule » de Donald Westlake (adaptation et dessin Lax), 16,95 € 

samedi 14 juin 2008

BD - Le plus grand, le plus fort et le plus remarquable de tous les héros tricolores !

Tremblez adeptes du langage SMS et du franglais, Superdupont est de retour et il sera sans pitié pour ces massacreurs du français. Le super héros 100 % français, imaginé par Lob et Gotlib et qui a débuté ses aventures sous le pinceau d'Alexis, est de retour après une trop longue absence. 

La mort de Lob a beaucoup nuit à la poursuite des aventures, les lenteurs légendaires de Gotlib et Solé (le dessinateur repreneur) y sont aussi pour beaucoup. Il aura fallu l'arrivée d'un jeune et dynamique scénariste pour relancer les histoires courtes de l'homme au béret. Lefred-Thouron a donc pris le risque de s'associer à deux monstres sacrés de la BD pour animer un personnage de légende. Pas évident, mais à l'arrivée l'ensemble est fidèle à l'esprit d'origine. Superdupont, qui coûte plus cher à l'état en réparation de fenêtres qu'en salaire brut, affronte divers adversaires composant l'axe du mal. 

Du camembert fabriqué avec du lait de chamelle, aux faux académicien français qui dénature notre belle langue, il a fort à faire. Il s'autorise une incursion sur la toile dans un épisode très chaud où il retrouve la belle Georgette qui vend ses charmes par webcam interposée. 

L'occasion pour Solé de dessiner quelques images psychédéliques et des femmes aux rondeurs provocantes. Un régal pour les yeux.

« Superdupont » (tome 6), 9,95 € 

vendredi 13 juin 2008

BD - Ils sont "Seuls" face au clan du requin


« Seuls » fait partie des quelques séries qui marqueront la BD de ces dix dernières années. Dessin léché et efficace de Gazzotti au service d'un scénario particulièrement original de Fabien Vehlmann. Un matin, cinq enfants se réveillent seuls dans une grande ville totalement déserte. Tous les adultes ont disparu. Ils vont devoir apprendre à vivre dans un monde retourné à l'état sauvage. Au volant d'un bus à l'impériale transformé en camping car, ils sillonnent le pays à le recherche d'autres survivants. Ce troisième épisode débute par l'attaque d'une meute de chiens affamés. 

Presque à bout de carburant, les enfants trouveront refuge dans un parc d'attraction à thème (la piraterie) transformé en camp retranché par une vingtaine de survivants commandé par Saul, un adolescent blond, un peu trop fasciné par l'ordre imposé par Hitler en son temps. Saul, après avoir emprisonné Dodji, trop rebelle, tente de retourner les autres membres du groupe. Sa solidarité est mise à mal mais les exactions du chef tyrranique facilite grandement les choses. 

Un épisode au suspense haletant jouant avec nos peurs les plus profondes. Avec une dernière planche donnant enfin une toute petite clé pour comprendre ce qui s'est passé durant la nuit de la disparition.

« Seuls » (tome 3), Dupuis, 9,20 € 

jeudi 12 juin 2008

BD - IR$ : La loge des assassins


Larry B. Max, agent de l'Internal Revenue Service (I. R. S.), les services fiscaux américains, s'attaque à un très gros gibier. Un cardinal placé à la tête de la banque du Vatican semble couvrir des opérations de blanchiment d'argent d'une autre banque italienne liée à la mafia. Une enquête qui mène Larry en Jamaïque, sur les traces d'un ancien officier nazi protégé par l'Eglise. Le vieillard, qui vient de mourir de sa belle mort, aurait des documents compromettants prouvant la collaboration du pape avec le pouvoir d'Hitler. La seconde partie de ce diptyque se passe logiquement en Italie. Larry, un tueur à ses trousses, tente de mettre la main sur des preuves impliquant le cardinal Marcus Scailes. Il devra faire un détour par le Kenya pour découvrir les véritables agissements de cette partie de l'Eglise catholique. Desberg signe un scénario très réaliste et qui fait froid dans le dos. Il y dénonce l'aveuglement religieux, expliquant que les croisades, tout en étant plus modernes, n'ont jamais cessé de faire s'entretuer les fanatiques des différentes confessions. Vrancken au dessin assombrit de plus en plus ses ambiances. Il est vrai que le monde qu'il doit représenté est tout sauf réjouissant.

« I.R.S. » (tome 10), Le Lombard, 10,40 € 

mercredi 11 juin 2008

BD - Zorn, Dirna et des Zombis dans la brume


Des multiples séries imaginées par Jean-David Morvan, Zorn et Dirna n'est peut-être pas la plus connue mais indéniablement une des plus originales. Le scénariste a conçu un monde fantastique où la mort n'a plus la parole. C'est le roi qui a chassé la grande faucheuse, effrayé de sa fin prochaine. Problème, ses sujets sont devenus immortels, mais leurs corps continuent à vieillir. Et quand ils tombent complètement en lambeaux, les âmes se glissent dans le corps d'un bien portant. 

Dans ce monde rempli de charogne où plusieurs esprits cohabitent dans une même enveloppe charnelle, Zorn et Dirna, deux enfants jumeaux, sont les seuls à avoir le pouvoir de donner la mort. Une menace pour certains, la délivrance pour d'autres. Les deux enfants poursuivent leur fuite dans ce 5e tome, escorté par leur père et leur mère qui ont changé d'enveloppe charnelle et de ce fait de sexe. Cela donne une scène d'amour torride où tout est inversé... Un petit groupe qui se retrouvera aux mains d'une communauté de zombis cachés dans la brume. Une bande cruelle et terrifiante poursuivant une impossible vengeance. 

Dessinée par Bessadi, cette série regorge de monstres en tout genre tous plus effrayants les uns que les autres.

« Zorn & Dirna » (tome 5), Soleil, 12,90 € 

mardi 10 juin 2008

BD - Le code sacré du Messager de Richez et Mig


"Le Messager" série politico-mystique de Richez (scénario) et Mig (dessin) revient après une éclipse de trois années. Pour un nouveau cycle en trois tomes avec toujours le père Gabriel en héros involontaire. Le curé américain s'est retiré dans un monastère allemand, faisant vœu de silence. Ailleurs, le destin est en marche. Des savants veulent utiliser le premier ordinateur quantique opérationnel pour décoder les messages secrets de la Torah. Des révélations terrifiantes au moment même où un nouveau pape est nommé et des attentats préparés contre le monde libre. Remarquablement dessiné, très rythmé, cet album devrait relancer l'intérêt des amateurs de la théorie du complot.

"Le Messager" (tome 4), Bamboo, 12,90 euros 

lundi 9 juin 2008

BD - Garrigue et magouilles du Sud


Corbeyran et Berlion se retrouvent et signent une nouvelle BD réaliste (après "Lie-de-vin" et "Rosangella), mais cette fois en deux tomes. La première partie vient de paraître, la seconde est annoncée en septembre. Une mise en place toute en ambiance. 

Dans une petite ville du sud de la France, un homme se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. Meurtre dans la garrigue très énigmatique. Ensuite, les auteurs prennent tout leur temps pour développer les caractères des différents protagonistes, notamment, Martial, gendarme depuis peu à la retraite, et qui a longtemps couvert les magouilles d'amis d'enfance. Mais jusqu'où peut-il aller ? Un polar sombre dans l'esprit, lumineux par ses dessins.

"Garrigue" (tome 1), Dargaud, 13 euros 



dimanche 8 juin 2008

BD - Anciens dieux dans "Le céleste noir"


Les Anciens Dieux sont en colère. Chassés de la Terre, ils se sont longtemps déchirés entre eux. Mais ils viennent de se réconcilier et ont bien l'intention de reprendre possession de leur bien mettant ainsi une fin abrupte au règne humain. 

La trame de cette série, écrite par Cordurié et dessinée par Laci, puise dans les classiques de Lovecraft. Dans ce premier tome, un sorcier fou, une chercheuse américaine et le fameux Céleste Noir sont en vedette. Avec en toile de fond l'armée américaine qui rêve encore de récupérer les formidables possibilités de la magie pour affermir la suprématie de la première démocratie du monde.

"Le céleste noir" (tome 1), Delcourt, 12,90 euros 

samedi 7 juin 2008

BD - Le retour (en petit format) de Ludo

Ludo avait disparu depuis quelques années des pages de Spirou et du catalogue Dupuis. Cette série, écrite par Lapière et dessinée par le duo composé de Bailly et Mathy était pourtant originale, réussie et d'une très grande qualité. Un succès critique qui n'a pas empêché un relatif échec commercial qui a mis entre parenthèse les aventures de Ludo, petit garçon d'une dizaine d'années, confrontés à la réalité tout en étant très influencé par les aventures de son héros de BD préféré, l'inspecteur Castar. Bailly dessine les planches de Ludo, Mathy celles de Castar. 

Deux styles dans un même album avec des histoires croisées souvent interdépendantes. Les nostalgiques salueront donc le retour de Ludo avec une histoire inédite, « Qu'as-tu, Kim ? » dans la collection Punaise. Ils regretteront simplement ce petit format, mais les auteurs en ont tenu compte en simplifiant un peu leur dessin. Une nouveauté sortant en même temps que la réédition du premier tome dans cette même collection, les autres volumes suivront dans l'année.

La classe de Ludo accueille Kim, une jeune Birmane réfugiée car une guerre vient d'éclater dans son pays. Ils partent en classe verte et découvrent que la jeune Asiatique, très tourmentée, est sans pitié pour ses nouveaux amis. Pourquoi une telle méchanceté ? Un autre méchant sévit dans ces pages, un savant qui veut faire fondre le glacier surplombant la ville pour l'engloutir. Une nouvelle mission pour l'inspecteur Castar. Les thèmes sont modernes et actuels, le propos humaniste, avec cette petite touche de poésie qui fait toute la différence.

« Ludo » (tome 7), Dupuis, 9,50 € 

vendredi 6 juin 2008

Roman - Le réveil sensuel d'une épouse

Mariée à 20 ans, Caro se croit rangée à 50 ans. Ce serait sans compter sans un nouvel amour qui réveille ses ardeurs de jeunesse.


Un demi siècle. 50 ans. Est-ce l'âge de la résignation et du renoncement. Le temps du calme et de l'oubli ? Pour Caro, cette étape particulière va prendre une toute autre tournure. Cette professeur de philosophie, mariée à l'âge de 20 ans, remariée à Raphaël, par ailleurs père de ses deux filles, va être bouleversée par une rencontre fortuite. Remplaçant une collègue souffrante, elle doit travailler avec un jeune écrivain, Bruno. A la fin de l'entretien, ce dernier déclare tout de go à une Caro interloquée qu'il faut qu'il l'embrasse car elle l'a "trop chauffé". Hésitation, acquiescement. Le début de la faute, de l’infidélité.

Plaisir sexuel

Ce baiser arraché par un beau parleur, séducteur et surtout plus jeune de 16 ans remet sérieusement en question la vie au quotidien de la cinquantenaire imaginée par Julie Saltiel dans un roman parfois cru tout en étant très philosophique. Et Caro de se dire que la fidélité est "une idée finalement moyenâgeuse qui charrie avec elle toute sortes d'absurdités en nous faisant croire à l'intensité de l'amour unique ou plutôt unifié. Oui, on a besoin de cette fidélité, mais c'est pour mieux la transgresser, la violer, s'en moquer intérieurement."

Après le baiser, la relation entre Caro et Bruno prend une tournure plus classique entre femme mariée et amant. Caresses sous une porte cochère, rendez-vous dans un hôtel dans l'après-midi... Caro redécouvre le plaisir sexuel. Une jouissance qui est décuplée par l'interdit. A moins que cela ne soit tout simplement un cap de passé. Celui de l'expérience, du sexe pour le plaisir, sans passion, mais avec fougue. Reste la différence d'âge. Bruno semble vouloir profiter de Caro immédiatement, avant que le corps de sa maîtresse ne suive plus. A 50 ans tout est possible selon l'auteur, à 55 ans il ne reste souvent que les yeux pour pleurer.

"L'homme de ma vie"

Ce roman, commencé comme une remise en cause d'une femme mûre voulant profiter de la vie, se transforme, quand elle tombe réellement amoureuse de son jeune artiste, en vaste interrogation sur la vie, seul, à deux et pourquoi pas à trois... "Pour aimer mon amant, j'avais besoin de mon mari, pour aimer mon mari mon amant me devenait indispensable. Moi qui avais toujours cru que je cherchais comme tout le monde "l'homme de ma vie" l'unique, le seul, comment en avais-je pu en arriver là ? Pourquoi à cinquante ans les choses ne pouvaient-elles plus se vivre simplement, comme à vingt ?"

Ce roman, qui aura le mérite d'ouvrir les yeux à certaines (et pas uniquement aux cinquantenaires), reste une première œuvre, d'une femme jugeant parfois étrangement les hommes. Une femme cultivée, vivant un peu dans sa bulle d'intellectuelle gâtée, souvent loin de la réalité. Julie Saltiel, Parisienne, Normalienne et agrégée de philosophie ne serait que le pseudo de l'ex-femme d'un haut responsable du parti socialiste ce qui expliquerait le côté caricatural et parfois très "bobo" (bourgeois bohème) de ce récit certainement en grande partie autobiographique.

"La cinquantaine bien tapée", Julie Saltiel, Denoël, 15 €

jeudi 5 juin 2008

BD - La face cachée de Bout d'Homme

Jean-Charles Kraehn s'est révélé au grand public avec sa série Bout d'Homme. Débutée en 1989, terminée au bout de quatre albums en 1994, elle est devenue un des plus gros succès du catalogue Glénat cumulant près d'un million d'exemplaires vendus. 

Ce cinquième tome intitulé "L'épreuve" n'est pas à proprement parlé la suite. L'auteur dans un avertissement avant le début du récit explique qu'il s'agit "d'une parenthèse du tome 4 pendant laquelle Bout d'Homme avait disparu durant deux ans, dans un pays que l'on suppose être le Canada, pour réapparaître dans son village, enfin devenu homme, C'est sa métamorphose que je me propose de vous raconter maintenant..." 

Le jeune garçon est donc au Canada. Il va tenter de trouver la fortune dans le grand Nord. Pour cela il doit rejoindre Port Saint-Servan. En chemin il rencontre un ours affamé, un trappeur sans pitié et un étrange pistollero philosophe. Et puis Bout d'Homme aura des visions, voire une révélation religieuse. Mais que vaut la bonté chrétienne quand il tombe dans les mains d'une bande de voyous exploitant des orphelins des rues ? Une fabuleuse quête initiatique entre le Bien et le Mal.

"Bout d'Homme" (tome 5), Glénat, 13 € 

mercredi 4 juin 2008

BD - Comment évangéliser des Vikings ?

Dans la collection "Sept", ne manquez pas les "Missionnaires". Après les "pirates" et avant les "guerrières", partez sur les traces de ces moines obligés d'aller évangéliser les Vikings. Les tribus du Nord s'enhardissent de plus en plus. Leurs razzia sur les villages côtiers sont sans pitié. Et cela contrarie beaucoup le clergé catholique qui tente de mettre définitivement la main sur les âmes de locaux. 

Combattre les Vikings s'avérant trop risqué, l'évêque décide de les évangéliser. Un véritable suicide à priori, il décide donc d'y envoyer les pires représentants de son armée pacifique. Sept moines sont désignés, comme sept pécheurs s'adonnant au stupre, à la violence, à l'argent ou à la gourmandise. Pécheurs mais humains et par certains aspects identiques aux barbares du Nord. Un terrain d'entente va être trouvé entre les différents intérêts et les sept missionnaires entrevoient la possibilité de recevoir la récompense promise : une charge d'évêque pour chacun. 

Alain Ayroles, le scénariste d'origine lotoise, a imaginé une histoire magique et réaliste, soignant la personnalité de ses sept héros dessinés par Critone.

"Sept missionnaires", Delcourt, 13,95 € 

mardi 3 juin 2008

BD - Vénus H : mère et fille en galère

Réservée aux adultes éclairés, la série Vénus H de Dufaux (scénario) et Renaud (dessin) plonge le lecteur dans un monde où les tabous n'ont plus cours, où la morale est abandonnée dans les vestiaires de ces alcôves réservées aux clients de cette agence de prostituées de luxe. Wanda, blonde, froide, experte dans sa partie, est devenue la favorite d'Oleg Kosca, bras droit de Maître Abel, prince de la débauche et de la drogue. 

Wanda qui a un secret. Il y a quinze ans, elle a eu une fille. Dominique. Incapable de s'en occuper, elle l'a confiée à un couple de fonctionnaires. Mais Dominique semble marcher sur les traces de sa mère naturelle. Elle vient de faire une fugue en emportant un sac bleu d'une grande importance qui cause bien des soucis à Maître Abel. 

Wanda, en apprenant les déboires de sa fille, décide de tout tenter pour la tirer des griffes de cette organisation tentaculaire ne faisant que peu de cas des "fusibles", même s'ils n'ont que 15 ans. Renaud, dessinant en couleurs directes, produit moins rapidement mais ses femmes n'en sont que plus belles et désirables.

"Vénus H" (tome 3), Dargaud, 13 € 

lundi 2 juin 2008

BD - Honneur de militaires

Voici une ambitieuse adaptation en bande dessinée du roman de Jean Raspail "Sept cavaliers" par Jacques Terpant. Le dessinateur qui s'est illustré en son temps dans des récits de guerre quitte un monde mécanique et technologique pour un royaume imaginaire en pleine déliquescence. 

Le Margrave Héréditaire (titre de ce premier tome), retranché dans son château, convoque le colonel-major Sylve de Pikkendorff. Le vieil homme désire qu'il quitte la ville encerclée pour remettre une lettre à sa fille. Sylve n'a plus d'armée. Il partira avec six compagnons, qu'il pourra choisir. Une expédition de sept militaires car il ne reste plus "dans les écuries que sept chevaux frais et vigoureux". 

L'ennemi, qui n'est pas véritablement nommé no montré, semble être les enfants de cette cité, devenus ivres de sang sans explication. Sylve va donc sortir par la porte ouest qui n'est plus gardée et découvrir les horreurs de cette mystérieuse guerre civile. On retrouve dans ces dessins hauts en couleurs toute la profondeur philosophique du texte de Jean Raspail.

"Sept cavaliers" (tome 1), Robert Laffont, 12,95 € 

dimanche 1 juin 2008

BD - Fabrice Tarrin joue la transparence


Repreneur de Spirou pour une seule aventure (Le tombeau des Champignac avec Yann au scénario), Fabrice Tarrin change de style dans ce petit livre autobiographique. Il se dessine en lémurien et nous fait partager ses aventures épiques avec Cyril le canard, Lolita la belle renarde ou Fred, son complice de toujours, sorte de grand chien pataud. A la base, ces histoires courtes, plus crobardées que dessinées, ont servi à alimenter un blog qu'il avait créé sur l'insistance de son amoureuse du moment, Laurel. 

Quelques milliers de visites plus tard, le Lémurien intègre la collection Shampoing créée par Lewis Trondheim. Ce dernier apparaît parfois au détour d'une page car il partage le même atelier que Tarrin à Montpellier. Un peu comme avec Spirou, ce n'est pas le personnage principal qui apporte tout son sel aux histoires mais un faire-valoir. Cyril, le canard, est incroyable. 

Odieux avec les filles, totalement paranoïaque, peintre raté, vivant dans un studio ressemblant plus à une caverne affectée à la culture des champignons, il met de l'animation dans le quotidien de Tarrin quand il passe quelques jours à Montpellier. L'auteur consacre également pas mal de planches à nous raconter ses amours. 

Laurel est absente, mais Lolita est en vedette. Cette jeune graphiste, fille d'un célèbre chanteur, permet à Tarrin d'atteindre momentanément cette gloire derrière laquelle il semble toujours courir. Un journal intime parfois acide, très sarcastique, mais qui est le reflet de la vie de ces presque trentenaires de l'an 2000. Paru en mars dernier, le lémurien poursuit ses aventures sur le net. Actuellement Fabrice revient sur son enfance. Quand sa mère faisait partie d'une secte et qu'il séchait les cours du collège pour tenter de séduire Charlotte Gainsbourg...

« Journal intime d'un lémurien », Delcourt, 13,95 €