Après le concept de reportage dessiné (un reportage sous forme de bande dessinée), place à la BD... sur un reportage. Pour inaugurer la formule, Antoine Dreyfus, journaliste indépendant raconte comment il a tenté d'obtenir une interview de Kim Jong Un, président à vie de la Corée du Nord. Il s'est fait passer pour un industriel désirant investir dans le domaine du chocolat. Un album assez rocambolesque tant ce pays, paradis des paranoïaques, empêche quiconque d'avoir une attitude saine et véridique.
Il est beaucoup question de visa au début du récit dessiné par Fanny Briant. Antoine a raté une interview exclusive car il a oublié de demander ce fameux visa, essentiel quand on a la prétention d'aller dans une dictature (la Syrie en l'occurrence). Pour se rattraper auprès de ses chefs (il travaille à l'époque pour un grand hebdomadaire français), il tente de décrocher une entrevue avec un autre dictateur, Kim Jong Un, président de la très fermée Corée du Nord. Cette fois il demande bien un visa. Immédiatement refusé : pas un seul journaliste occidental ne peut franchir la frontière !
Il a alors l'idée de se faire passer pour un investisseur et d'infiltrer un voyage d'affaires. Il devient donc spécialiste de la fabrication du chocolat, expert en tablettes après un stage intensif dans l'entreprise Cémoi. Pour rejoindre PyongYang, il passe par l'intermédiaire du Catalan Alejandro Cao de Benos, seul Européen dans les petits papiers du dictateur.
Avec une collègue qui connaît un peu le pays, Antoine va raconter cette semaine passée dans une ville déserte, à rencontrer des hommes froids et suspicieux, incapables de s'engager, sans croiser la population, surveillés en permanence, avec la crainte perpétuelle de se faire démasquer. Si vous n'avez qu'une notion vague de la paranoïa, lisez cette BD, vous comprendrez mieux. L'expérience ultime étant de se rendre en Corée du Nord. Mais là, c'est à vos risques et périls. Antoine Dreyfus en est le vivant témoignage.
« PyongYang parano », Marabulles, 128 pages, 23,95 €