Les archéologues fouillent les ruines pour tenter de découvrir les occupations de nos ancêtres. De nos jours, il est plus simple d’analyser les statistiques Google pour obtenir un instantané des occupations de nos contemporains. À prendre avec des pincettes cependant. En France, les chiffres de cet été (juillet et août) placent dans le trio de tête trois occurrences : “résultat bac”, “ramadan 2013” et “royal baby”. Un chercheur, dans quelques siècles, en déduira peut-être que la majorité de la population française était musulmane, niveau bac et passionnée par la royauté (ou les bébés...).
Autre indication fournie par le moteur de recherche, les questions formulées directement. En tête cet été “comment bien bronzer ?” suivi de “comment bronzer rapidement ?” Comment en est-on arrivé là surtout ! Bronzer n’est quand même pas compliqué. Il suffit de se mettre au soleil. Point. Tous les autres trucs et astuces répertoriés sur les blogs et sites de beauté ou de santé ne sont que fariboles.
Google met en évidence une certaine population, accro au clavier. Sûrement pas le vraui pays. Espérons-le car au rayon des recherches de lectures, les académiciens ont du souci à se faire. Première position pour le recueil de phrases cultes de Nabilla, suivi comme son ombre par le roman de Laetitia Millot. Comment, vous ne connaissez pas cette romancière pleine de talent ? Normal, avant de s’attaquer à l’Académie elle va conquérir Hollywood après son rôle dans... “Plus belle la vie”.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
jeudi 5 septembre 2013
BD : Les Copines sympas de Cazenove et Fenech
Scénariste vedette des éditions Bamboo, Christophe Cazenove ne se contente pas de ses séries stars, des Sisters aux Pompiers. Il déborde de projets et pour « Mes cop's », il a décidé de choisir le dessinateur par concours. 150 courageux ont accepté de dessiner l'un des cinq gags tests mettant en scène Jessica et ses multiples amies. Huit finalistes sont sortis du lot et c'est finalement Philippe Fenech, le Montpelliérain, qui a remporté la mise. Le dessinateur de Ulysse quitte la mythologie pour entrer de plain-pied dans notre quotidien fait de mode, potins et de nouvelles technologies. Enfin, le quotidien de jeunes filles de 16 à 18 ans, le cœur de cible d'une BD qui ne prend pas ses lectrices pour des quiches. Ces 40 premiers gags sont autant de portrait de nanas aux personnalités fortes et remarquables, de l'intello à la gothique en passant par la timide ou l'énervée. Une radiographie de la jeunesse à couettes (même si elles n'en portent plus) des années 2000. Cazenove utilise tous les travers de ces ravissantes idiotes pour se moquer d'elles. Même si souvent, ce sont les garçons, pauvres soupirants aux techniques de drague désuètes, qui sont les dindons de la farce.
« Mes cop's », Bamboo, 10,60 €
mercredi 4 septembre 2013
Livre : "Moment d'un couple", roman de Nelly Alard sur un triangle tragique
Un homme, deux femmes. Nelly Alard s'attaque au classique triangle amoureux. Son plus : des personnages trop intelligents pour être victimes de leurs pulsions. A moins que...
Nelly Alard, également comédienne et journaliste, dresse le portrait de toute une génération dorée, trop longtemps persuadée d'être à l'abri de la passion. Car Juliette, après un premier moment de rejet, décide de se battre pour conserver l'amour du père de ses enfants.
La lutte de deux « femelles »
Lui, journaliste politique, séduit en pleine interview par cette jeune élue plein d'avenir, regrette son infidélité. Mais il est trop tard et surtout Victoire, sous des airs de femme politique sûre d'elle, aux idées progressistes et modernes, est une véritable folle, menaçant de se suicider en public si Olivier ne quitte pas Juliette. Alors, dans ce milieu érigeant la non-violence, le commerce équitable, la tolérance et le bio en autant de chapelles, Juliette va se transformer en femelle prête à tout pour conserver son mâle. « C'est la lutte de deux femelles, une curée, un carnage (…) des femelles avant tout et quand elles ont des petits c'est pire, quand elles ont des petits, c'est là qu'elles deviennent dangereuses, c'est là qu'elles ont la rage, c'est là qu'elles peuvent tuer. » Victoire n'abdiquera pas. Au contraire, elle va harceler Olivier, puis Juliette, comme pour prendre une revanche sur cet amour renaissant.
L'amour, il en est beaucoup question dans ce roman à l'écriture nerveuse et hachée, comme scandée aux moments dramatiques. A l'image de cette belle réflexion de Juliette sur la date de péremption d'un « Je t'aime ». « On ne peut pas dire je t'aime puis cinq minutes après je ne t'aime pas, mais quinze ans plus tard oui, quelle est la durée de vie implicite du mot je t'aime ? » S'il est parfois un peu trop « Parisien » (voire carrément bobo critiqueront les plus acerbes), ce roman aborde malgré tout un thème immortel. Quels que soient le milieu ou l'époque, la passion fusionnelle dans un couple ne dure qu'un temps. C'est cet après qui est le plus compliqué à admettre et à gérer. Juliette en est l'exemple parfait.
Michel LITOUT
« Moment d'un couple », Nelly Alard, Gallimard, 20 €
mardi 3 septembre 2013
ÇA BRUISSE SUR LE NET : @robase moyenâgeux
Un temps, j'ai cru à une blague du Gorafi, le site qui distille de fausses informations iconoclastes. Sauf que l'article de l'arobase moyenâgeux vient du journal La Croix, titre de référence dans le milieu des moines copistes (même s'ils ne sont plus très nombreux depuis l'invention de Gutemberg et de l'imprimante multi-fonctions). Appelé aussi « a commercial » l'arobase a connu une seconde vie en raison de sa disponibilité. Un peu perdu dans le clavier des PC, il est facile à trouver sur les Mac (actuellement, en haut à gauche). Les développeurs ont donc mis l'@ à toutes les sauces. La touche est devenue une des plus utilisées puisque qu'elle permet également de composer le symbole # popularisé avec les hashtags.
On peut aussi lire l'histoire à l'envers, façon uchronie à la Philippe K. Dick. L'@ est évident sur les claviers Mac car Steve Jobs, avant Apple, a inventé la machine à voyager dans le temps. Il a vu l'importance de l'@ dans le futur, l'a intégré à ses ordinateurs pour devenir l'homme le plus riche du monde, avant de souffler l'idée à un moine copiste. Mais ça, j'ai du le lire sur le Gorafi...
lundi 2 septembre 2013
ÇA BRUISSE SUR LE NET : Boris, slip, espèces
Boris, fringant arabophone au charme incontestable, tape dans l'œil de Nicolas Sarkozy. Conseiller diplomatique du ministre de l'Intérieur, il est propulsé fort logiquement ambassadeur après 2007 (souvenez-vous, Sarko président). Irak, Tunisie. Premier coup d'éclat, monsieur l'ambassadeur pose en slip de bain, pectoraux et biscoteaux luisants, sur le réseau social Copains d'Avant. La toile rit. Les Tunisiens, eux, le prennent en grippe. Première conférence de presse du représentant du pays des Droits de l'Homme dans le pays fraîchement libéré de Ben Ali. Boris rétorque sèchement aux journalistes locaux : « Je ne répond pas aux questions débiles. » Et question débilité, Boris se pose un peu là, lui qui est allé défendre Kadhafi sur les plateaux de télévision français. Bref, Boris quitte son poste d'ambassadeur en 2012 (souvenez-vous, Hollande président) pour se reconvertir dans les affaires. Dans ce cadre, le susnommé Boillon est pris par la patrouille, fin juillet à Paris dans le train de Bruxelles, 350 000 euros en liquide dans ses valises. Somme colossale, non déclarée évidemment... Un bon client je vous dis.
dimanche 1 septembre 2013
Livre : Dans un avion pour Caracas avec Charles Dantzig
Retrouvez la critique complète à cette adresse.
vendredi 30 août 2013
BD : Paris, la ville souterraine du final de "Catacombes"
La capitale est une des plus belles villes du monde. Une cité millénaire aux multiples secrets. Paris et ses catacombes sont les véritables vedettes de cette série écrite par Jack Manini et dessinée par Michel Chevereau. L'histoire se déroule à deux époques différentes, au cours de ces moments où le quotidien se transforme en Histoire : la Libération et Mai 68. En 44, Jeanne, résistante, disparaît dans ces souterrains abandonnés et dangereux. 24 ans plus tard, en pleine révolution étudiante, son fils Antoine cherche toujours à comprendre ce qui est arrivé à sa mère. La troisième et dernière partie laisse de côté le pan « fleur bleue » du récit pour explorer le côté obscur des catacombes. Entre fantastique, légende urbaine et vengeance, si l'intrigue s'appuie sur un rebondissement déjà maintes fois utilisé (gémellité), elle déroute par sa fin à mille lieues du politiquement correct.
« Catacombes » (tome 3), Glénat, 13,90 €
jeudi 29 août 2013
BD : Afrique décimée dans "Nu-Men" de Fabrice Neaud
La bande dessinée de science-fiction a encore de beaux jours devant elle. Notamment quand des auteurs comme Fabrice Neaud s'en emparent. Dessinateur réaliste exigeant, il s'est illustré en dessinant, sur plusieurs années, son journal que l'on pourrait presque qualifier d'intime. Dans « Nu-Men » il projète toute notre société dans une cinquantaine d'années. La surpopulation, notamment de l'Afrique, a été en partie résolue par l'apparition de nouvelles maladies. Un virus combinant le sida et ebola a fait le vide autour de lui. Dans ce futur très technologique, les militaires et les chercheurs sont main dans la main. Ils ont mis au point une combinaison permettant à des soldats d'élite de faire des sauts dans le temps et l'espace. Sur ce décor, trois personnages sont mis en lumière. Anton, soldat bodybuildé, Suzy, une fillette aux pouvoirs infinis et Emma, un médecin, prise entre le marteau et l'enclume. Une série brillantissime à mettre en parallèle avec le « Aâma » de Frederik Peeters.
« Nu-Men » (tome 2), Soleil Quadrants, 13,95 €
mercredi 28 août 2013
Livres : Japons made in France par Amélie Nothomb et Thomas B. Reverdy
Si Amélie Nothomb nous emmène dans le Japon de son enfance, Thomas B. Reverdy explore un pays marqué par la catastrophe de Fukushima.
Le Japon fascine toujours autant les écrivains français. Deux exemples en cette rentrée littéraire avec le nouveau roman d'Amélie Nothomb et celui de Thomas B. Reverdy. Si le premier est très subjectif, emmenant le lecteur dans les pas d'une star de la littérature revenant sur les lieux de son enfance, le second, implacable de réalité, montre un pays écartelé entre traditions et malédiction scientifique.
Amélie Nothomb raconte comment elle vit réellement ce retour au Pays du Soleil levant, à mettre en parallèle avec les images qu'elle offre à la caméra. Elle joue un rôle. Son rôle d'écrivain fantasque et hyper sensible. En réalité elle est souvent indifférente à ces décors et surtout perdue. Pour avoir des séquences encore plus fortes, la réalisatrice filme ses retrouvailles avec sa nounou. Une vieille dame un peu gâteuse. Elle ne sait même pas que son pays a été frappé par une catastrophe nucléaire sans précédent. Et l'auteur de la laisser dans l'ignorance. « Si son cerveau n'a pas enregistré le drame, c'est que sa capacité de souffrance était saturée. A quoi bon infliger Fukushima à cette femme qui a vécu les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ? » La ville martyre est incontournable. Il faut y filmer l'écrivain. Mais c'est au-dessus des forces d'Amélie Nothomb, malade physiquement face à « des moignons de maisons qui se dressent dans le néant. »
Le Japon de 2012 (année du voyage) n'a plus rien à voir avec le pays de l'enfance, réinventé dans les souvenirs d'une romancière beaucoup plus sensible que l'image propagée auprès du public. Finalement, tout à l'air factice, même cette « nostalgie heureuse »...
Le pays interdit
Il part donc au nord, dans cette zone interdite où nul ne le retrouvera. Il deviendra un de ces ouvriers chargé de « nettoyer » la zone ravagée par le tsunami et contaminée par la fuite. « Ils allaient faire ce qu'ils faisaient déjà à Tokyo, ils seraient même mieux payés pour le faire : débarrasser les choses que personne ne voulait toucher. » L'histoire de Kaze est vécue à travers la recherche de Yukiko, sa fille, revenue des USA avec Richard, un détective privé chargé de retrouver le père « évaporé ». La richesse du roman est dans cette triple évocation. La vision japonaise est donnée par Kaze, l'occidentale par Richard alors que Yukiko, immigrée de retour au pays, nuance l'impression d'ensemble. Un roman remarquable de finesse dans l'analyse des sentiments des uns et des autres.
Michel LITOUT
« La nostalgie heureuse », Amélie Nothomb, Albin Michel, 16,50 €
« Les évaporés », Thomas B. Reverdy, Flammarion, 19 €
mardi 27 août 2013
BD : Amérique musulmane dans "Jour J, Colomb Pacha"
Et si... Si les musulmans avaient conservé l'Espagne avant l'Inquisition. Christophe Colomb, au lieu de chercher des fonds auprès de la Reine d'Espagne, aurait affrété des caravelles pour Allah. La série Jour J de Pécau et Duval, les scénaristes attitrés, propose une des uchronies les plus originales de la collection. Colomb, converti et rebaptisé Abdel, prend possession des Amériques au nom d'Allah le miséricordieux. Mais comme dans la véritable Histoire, les autochtone ne se laissent pas faire. Ils ne font pas le poids face aux fusils des colons. Mais les scénaristes compliquent encore le récit en faisant intervenir un troisième groupe, preuve que l'Amérique, tout en n'étant pas encore découverte, était très fréquentée. Violent et parfois presque trop manichéen, cet album est dessiné par Emem. Il abandonne les décors futuristes de Carmen McCallum pour un Nouveau Monde sauvage et vierge. Ses corps-à-corps sont étonnants de virilité et de brutalité.
« Colomb Pacha, Jour J », Delcourt, 14,30 €
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