mercredi 9 novembre 2022

BD - Indiana Mickey

Les personnages de Walt Disney redeviennent très modernes depuis que des dessinateurs renommés en animent de grandes aventures pour Glénat. 

Alexis Nesme pour la seconde fois s’amuse à plonger Mickey, Donald et Dingo dans une ambiance terrifiante. Partis à la recherche d’un explorateur, ils débarquent sur une île peuplée de créatures inquiétantes. Et pour trouver le trésor du crâne de diamant, ils devront affronter des pièges dignes d’Indiana Jones. 

D’une beauté graphique époustouflante, cette aventure a de plus bénéficié d’une prépublication dans le Nouveau Journal de Mickey.

« Terror-Island », Glénat - Disney, 15 €

De choses et d’autres - Un peu de covid pour finir l’année ?

Cela fait plusieurs mois que je ne vous ai pas parlé, dans cette chronique, de la pandémie de covid. Pourtant, la crise sanitaire est loin d’être terminée. Souvenez-vous, tout avait débuté en Chine. Un pays toujours obnubilé par sa politique zéro covid. En clair, dès qu’un cas est détecté, la réaction est démesurée, pour empêcher toute propagation.

Des millions de personnes confinées et des restrictions de liberté sans commune mesure avec notre propre confinement.

Cette semaine, une femme ayant le covid est passée par le parc d’attractions Disney de Shanghai. Résultat, les autorités ont bouclé la structure, avec à l’intérieur les 6 000 chanceux qui avaient acheté un billet pour profiter des animations mises en place pour Halloween.

J’imagine leur réaction. Dans un premier temps, ils sont contents. La journée d’amusement va se prolonger un peu plus longtemps que prévu. Et puis, l’inquiétude monte. Un vrai cauchemar. Car la police empêche quiconque de quitter les lieux. Combien de temps vont-ils devoir rester cloîtrés avec fantômes et autres monstres ? Et si la maladie était virulente ? Et si le virus avait muté, les transformant tous en zombies ?

Finalement, l’enfermement n’aura duré que 24 heures. Et il suffisait de faire un test et d’être négatif pour sortir libre.

Parfois, je rêve qu’une telle mésaventure arrive à un public que je ne tiens pas en haute estime. Genre les spectateurs d’une corrida, obligés de regarder l’agonie des animaux durant de longues heures, les supporters de l’OM ou du PSG, privés de ravitaillement en liquide mousseux, voire les députés de la majorité relative, contraints de voir l’opposition profiter du blocage pour faire adopter une motion de censure.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 4 novembre 2022

mardi 8 novembre 2022

BD - Paris est magique


Le Paris des Merveilles est une série de romans signés Pierre Pevel. Un monde de fantasy, où le monde magique d’Ambremer communique avec le Paris du début du XXe siècle. 

Etienne Willem s’est approprié ce monde pour en signer une adaptation BD parfaite. Ceux qui connaissent déjà cet univers retrouvent Louis Griffont, un mage luttant contrer les forces maléfiques. 

Ce premier tome est une sorte de mise en situation, l’occasion de présenter les protagonistes, une belle et mystérieuse cambrioleuse et une très méchante entité démoniaque.

« Le Paris des Merveilles » (tome I), Bamboo Drakoo, 14,90 €

De choses et d’autres - Députés fantômes

Pas très sérieux, ce qui se passe, en ce moment, à l’Assemblée nationale. Les députes discutent du projet de budget 2023. Beaucoup d’argent à la clé, mais un investissement minimum de la part des élus de la majorité gouvernementale, se transformant, en cette période d’Halloween, en fantômes de la démocratie.


Durant la nuit de vendredi à samedi dernier, les débats autour du budget de la mission outre-mer ont pris un tour assez fantastique. Dans un premier temps, les élus de gauche (majoritaires dans les DOM-TOM), annoncent qu’ils ne voteront pas ce budget, jugé insuffisant. Mais au fil des débats, ils s’aperçoivent que si le ministre est bien présent pour défendre son texte, les élus de Renaissance ont déserté l’hémicycle. Conséquence, de nombreux amendements sont déposés, tous adoptés par une large majorité des présents.

De 300 millions, la somme totale est passée à 380 millions. Une belle rallonge, votée pour, entre autre exemple, fournir « 30 millions d’euros pour l’aide alimentaire à destination des foyers ultramarins », « renforcer le parc des Ehpad » ou, de façon plus anecdotique, « créer une allocation de 45 000 €, afin d’accueillir des apprentis au service militaire adapté en 2023 ». Résultat final : le budget est voté sans coup férir.

En réalité, les élus macronistes n’ont pas participé au débat, car ils savent parfaitement que le 49.3 sera utilisé par la Première ministre. Et que les amendements seront tous effacés. Voilà comment on douche les espoirs de nos compatriotes d’outre-mer, mais surtout, qu’on montre, avec une rare morgue, que les débats parlementaires ne servent absolument à rien, quand, la majorité des députés se transforment en véritables ectoplasmes.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 3 novembre 2022

lundi 7 novembre 2022

Roman d'espionnage - Les « Paysages trompeurs » des nouveaux barbouzes


Le second titre de la toute nouvelle collection Espionnage des éditions Gallimard résonne étrangement. Les espions qui traversent ce récit de Marc Dugain semblent tous un peu en bout de course. L’un des personnages a cette réflexion : « On fait un drôle de métier, à contre-courant de notre époque, qui est celle de l’exhibitionnisme, où chacun veut exister dans le regard des autres. Nous, vivants ou morts, on est des ombres, on fait le boulot et on disparaît ensuite sans bruit, sans reconnaissance. »  Trois d’entre eux vont décider de quitter les rangs, devenir indépendants, retrouver leur libre arbitre, exister. 

Le premier à abandonner ses illusions se nomme Ben. Tireur d’élite d’un commando des forces spéciales françaises, il bascule en pleine opération en Afrique. Il couvre ses camarades qui vont délivrer des otages des mains de terroristes. Mais quand il découvre le visage fin et délicat d’une jeune femme dans la lunette de son fusil, il décide de ne pas tirer pour l’éliminer. Cela coûtera la vie aux otages et à tous ses amis. Seul survivant avec une sacrée culpabilité sur les épaules. 

Dans sa cavale il sera rejoint par un producteur de films documentaires (sa couverture) et sa maîtresse, ancienne du Mossad. Ils vont tenter de dérober une centaine de millions à des narcos en passe de les blanchir en Iran. Ce roman d’espionnage alterne moments d’action (l’attaque en Afrique, le vol du pactole des trafiquants de drogue) et des explications plus spirituelles sur les motivations de ces hommes et femmes qui mettent leur vie entre parenthèses, en danger permanent, pour des causes qui souvent les dépassent. 

Et comme c’est Marc Dugain qui est à la manœuvre, en plus d’un réalisme à toute épreuve, le style fait plus penser à une étude savante entre philosophie et analyse de la société qu’à un simple roman de gare avec un fond d’espionnage. De la grande littérature, mais en prise directe avec l’actualité. 

« Paysages trompeurs » de Marc Dugain, Gallimard, 19 €


Littérature - « Vivre vite », le roman des ‘si’ de Brigitte Giraud remporte le prix Goncourt

Le prix Goncourt 2022 a été attribué à Brigitte Giraud pour son roman "Vivre vite" (Flammarion), dans lequel elle revient sur la mort de son mari dans un accident de moto en 1999.

Comment évacuer la culpabilité ? Comment se persuader que non, si mon mari, Claude, est mort dans un accident de moto, ce n’est pas de ma faute ! Vivre vite, roman et récit signé de Brigitte Giraud explore ce thème douloureux. A la base, la romancière est persuadée que « par ma volonté, j’avais préparé, sans le savoir, les conditions de l’accident. » Le roman, lauréat du Goncourt 2022, revient 20 ans après les faits sur l’enchaînement fatal. Et l’autrice de se demander comment elle aurait pu éviter ce cauchemar.

Elle va donc chercher à comprendre, en listant tout ce qui a conduit au drame, savoir s’il était évitable. « Si je n’avais pas voulu vendre l’appartement. Si mon frère n’avait pas garé sa moto pendant sa semaine de vacances. S’il avait plu. » Au total une quinzaine d’interrogations et autant de chapitres pour au final se demander « si les journées qui ont précédé l’accident ne s’étaient pas emballées dans une suite d’événements tous plus inattendus les uns que les autres, tous plus inexplicables. » Ce cheminement Brigitte Giraud le partage avec le lecteur, lui permettant de se glisser dans son esprit bourré de culpabilité « qui m’a obsédée pendant toutes ces années. Et qui a fait de mon existence une réalité au conditionnel passé. » Construction d’un récit inhabituelle, brillante et angoissante à la fois. On sait comment cela se termine, on ose espérer que oui c’était évitable. Et pourtant.

Infimes modifications

Ce texte, roman autobiographique d’une étonnante sincérité, raconte aussi les moments de bonheur. Car Brigitte et Claude, jeune couple qui vit à Lyon, ont tout pour s’épanouir. Il vit de sa passion, la musique. Elle commence une carrière de romancière prometteuse. Ils ont un petit garçon et viennent d’acheter une maison avec jardin dans le quartier où ils vivent depuis quelques années.

Cette maison qui semble être le déclencheur du malheur. Elle est omniprésente au début du récit, 20 ans aprèsle drame. Brigitte va la vendre, tirer un trait sur ce rêve immobilier, bâti à deux, mais qu’elle a longtemps traîné comme un boulet. La maison qui a un garage. Où le frère de la romancière gare une moto exceptionnelle. Moto surpuissante que le mari emprunte pour aller au travail. Et le soir, au retour, il en perd le contrôle et se tue. Sans maison, pas de garage, pas de moto, pas d’accident. Mais d’autres infimes modifications du déroulé de la journée auraient pu aussi éviter le pire. Écouter une dernière chanson plus courte. Ne pas retirer de l’argent à un distributeur. Donner une information cruciale à son mari à propos de son fils. Avoir un téléphone portable… Si…

Mais avec des si, ce texte n’aurait pas vu le jour et le lecteur serait privé de cette matière incandescente pour s’interroger, à son tour, sur le chemin de sa vie et les différentes bifurcations prises ou évitées en fonction de ce « conditionnel passé », véritable maître de notre existence.

« Vivre vite » de Brigitte Giraud, Flammarion, 20 €

dimanche 6 novembre 2022

BD - Eclaircie chez Margaux Motin

Dessinatrice talentueuse, star de l'illustration et conteuse hors-pair, Margaux Motin se dévoile dans le tome 2 de la série Le printemps suivant. Rien ne va plus dans son couple. 

Pacco, le père de ses enfants, fait la tête. Et un peu plus même : Margaux va-t-elle devoir vivre sans lui ? Comment le retenir ? Dans la première histoire, elle se souvient de ce barbecue en famille. La petite Margaux joue dans le jardin. Et quand elle se sent menacée par une guêpe (phobie qui la poursuit aujourd'hui encore), elle se réfugie sur les épaules de Papa. Papa qui déménage peu de temps après. Le divorce brise le coeur des petites filles. 

Des tranches de vie universelles dans des décors de toute beauté. 

"Le printemps suivant" (tome 2), Casterman, 22 €

Cinéma - Pétaouchnok, presque un « western » entièrement tourné dans les Pyrénées-Orientales

Le film Pétaouchnok, tourné dans les Pyrénées-Orientales, sort ce mercredi 9 novembre dans toutes les salles de France. L'occasion de découvrir une comédie d'aventure dans les paysages magnifiés des Pyrénées.

Les habitants des Pyrénées-Orientales reconnaîtront quelques endroits du département dans le film Pétaouchnok d'Etienne Leduc avec Pio Marmaï et Philippe Rebboh. Par exemple le café où la compagne de Ludo travaille est à Tautavel. C’est là que les scènes de village ont été tournées. Le ranch est celui de Las Caneilles à Tautavel aussi. On distingue aussi les tours du Moulin à Vent de Perpignan. Mais l’essentiel du film se déroule en pleine nature. De longues semaines passées dans la montagne, dans les environs des Angles. On est rapidement subjugué par la beauté des paysages.

Que cela soit dans les prairies dans les hauteurs, avec simplement quelques pics en décor ou au cœur de forêts qui semblent aussi profondes et sauvages que le grand nord canadien ou le long d’un cours d’eau, toutes les images sont belles et dépaysantes. Mais ce n’est pas un clip publicitaire pour la montagne.

Au contraire, Pétaouchnok c’est une vision réaliste et sincère d’une région qui sait encore être sauvage, pas toujours hospitalière, mais où les sensations sont démultipliées.

samedi 5 novembre 2022

BD - L’Eden perdu de Paco Roca

Une simple photo de famille. Prise sur une plage de Valence durant les années 40, après la guerre civile. Cette photo est presque le dernier vestige qui reste de la jeunesse d’Antonia, la mère de Paco Roca. 

Autour de cette photo, où elle pose, enfant, avec sa mère, sa sœur et ses deux frères, l’auteur espagnol va tisser un récit émouvant d’une fillette tentant de comprendre la vie dans une famille dysfonctionnelle. 


Sa mère, très croyante, n’agit qu’en fonction de Dieu. Le père, cruel et violent, est un véritable tyran. Dans cet environnement toxique, elle a pourtant quelques moments de joie, comme cette journée passée à la plage. Les sorties avec sa grande sœur, Antonia. La découverte du cinéma… 

Un très bel album de plus de près de 180 pages racontant la vie de misère de la classe populaire espagnole, oppressée par le régime dictatorial de Franco. Une leçon d’Histoire et surtout d’Humanité. 

« Retour à l’Eden », Delcourt, 22,95 €

Cinéma - Destination Pétaouchnok

 Rarement un film met autant en valeur le territoire des Pyrénées-Orientales où il a été tourné. « Pétaouchnok » d’Édouard Deluc avec Pio Marmaï et Philippe Rebbot en vedette doit beaucoup aux Pyrénées. L’histoire de deux chômeurs, persuadés qu’ils peuvent s’en sortir en proposant ce que leur région offre de mieux : ses paysages, la grandeur de ses montagnes. Ils vont se lancer dans le raid à cheval loin de la civilisation. Le film raconte leur première excursion, forcément mouvementée car totalement improvisée. Un séjour inoubliable pour la dizaine de participants, les autres personnages de ce film choral qui sort partout en France ce mercredi 9 novembre. Édouard Deluc et Pio Marmaï ont répondu à l’Indépendant lors de leur venue à Perpignan pour l’avant-première du film.

D’où vous est venue l’idée de ce film ?

Etienne Deluc : J’avais un désir de western esthétiquement mais c’est vrai que ça croise la comédie d’aventure et sociale. J’ai aussi apporté quelques idées d’Amérique latine où je traine pas mal mes basques, notamment les ponchos. C’est une esthétique un peu hybride mais on est dès le début plongé dans une ambiance western.

Comment avez-vous approché le personnage très borderline de Ludovic ?


Pio Marmaï : Ludo c’est quelqu’un qui est assez proche de moi. Edouard a écrit cette partition en pensant à moi donc il y a sans doute des échos dans ma logorrhée que je peux avoir quand j’interprète ce personnage. Il y a aussi quelque chose dans l’énergie, quelqu’un qui avance quoi qu’il arrive. Pourtant cela m’a demandé beaucoup de travail dans l’apprentissage du texte, de tenue, de précision dans la langue comme rarement j’ai fait. Paradoxalement, même si on a l’impression qu’il y a une sorte de foutraque et d’énergie, un peu chaotique par moment, c’était quand même un travail assez intense.

ED : Il y a aussi une forme de tension dans le personnage de Ludo qui est liée aux enjeux. Il y a des enjeux très forts par rapport à son ex-femme, sa fille. Au début du film c’est compliqué pour lui mais il peut gagner énormément. Il sent qu’il porte sur ses épaules non pas une ambition démesurée de faire fortune mais de retrouver un peu d’équilibre, notamment sentimental qui le tient en vie.

Est-ce compliqué de tourner avec des chevaux ?


PM : Moi je ne montais pas avant ces deux dernières années mais j’ai enchaîné les films avec les chevaux comme Les Mousquetaires (sorties en avril et décembre 2023) ou Tempête (sortie le 21 décembre). Après il y a différentes techniques de monte. Ce ne sont pas les mêmes selles quand on fait un film du XVIIe siècle ou contemporain. Pour être un bon cavalier il faut être capable de s’abandonner à l’animal et c’est quelque chose que j’ai appris à faire. Je suis plus proche des sports mécaniques, comme la moto. Ça c’est très concret car c’est moi qui dirige totalement le véhicule et pas inversement. Alors que monter un cheval cela demande une écoute, un rapport à soi et à l’existence que je n’aurais pas été capable de faire il y a quelques années. Mais c’était une très belle découverte. Tout ce que j’ai fait c’est essayer de m’adapter à un nouveau partenaire de jeu car sur le coup, dans le film, c’est un véritable partenaire, ce n’est pas un simple cheval de cinéma qui se déplace d’un point A à un point B, c’est très différent, on passe beaucoup de temps dessus dans des endroits qui sont quand même gigantesques, on fait beaucoup de plans larges, on se rend compte aussi de l’immensité à certains égards des Pyrénées.

ED : Pour 20 secondes à l’image il faut rester quatre à cinq heures sur le cheval. Sur certains plans on découvre des kilomètres et des kilomètres de vallée, on doit refaire la prise trois fois car il y a 11 chevaux et des mules et que tout ne se passe pas forcément bien. Il faut que les comédiens rencontrent les chevaux et au début ça a été un peu rocambolesque, la rencontre n’a pas pris entre chaque personnage et chaque cheval, il y a eu des petits incidents et le film raconte ça : « Tu parles bien à ton cheval si tu veux qu’il t’amène quelque part car il est sensible, il est comme toi. » C’est une donnée, on ne fait pas ce que l’on veut avec un cheval.


Quels types d’incidents ?


PM : Un trauma crânien, une épaule démise, mais ça c’est la base, tu veux faire du cheval, il faut que tu t’éclates le visage sur un caillou, c’est comme ça que ça rentre (rires). Le groupe est censé être des néophytes et c’est toujours plus simple de faire semblant de ne pas savoir monter. Si tu ne sais pas monter et que tu joues quelqu’un qui ne sait pas monter, tu vas au clash, ça c’est sûr. Mais ce n’était pas grave, personne n’est mort…


Pour le réalisateur, le plus compliqué à gérer entre les chevaux et les comédiens ?


ED : Globalement c’était très enthousiasmant. J’ai essayé de ne jamais oublier la chance que j’avais de faire le film que j’avais envie de faire dans des paysages pareils avec des comédiens qui donnent autant et généreusement. Ça se sent et je crois que le film il vibre de plein de choses que j’avais envie de raconter. Je pense que ce qui imprime le cœur des spectateurs c’est l’envie des comédiens de partager cette matière. Mais après c’est compliqué car on a une cinquantaine de techniciens, des ours, des chines, des comédiens, des comédiennes, il fallait le porter, ça c’est sûr, mais c’est jamais très simple de faire un film. Là, il était particulièrement compliqué à plein d’endroits mais je sentais bien qu’il se passait quelque chose et qu’après ça allait rester.


Vos meilleurs souvenirs de ce tournage ?

ED : Tout n’a pas été léger, il y a eu des coups de fatigue, mais tout était volontaire et globalement généreux. Moi j’ai pris un plaisir four dès le début du tournage au conseil régional quand j’entendais Pio faire ses trucs presque à la Lois de Funès. Il était incroyable, ses gestes, les sons qui sortaient se sa bouche, c’était fou et moi j’essayais de pas rire trop fort, avec en contrepoint la tête de Philippe. Le duo était là et j’avais totale confiance en eux et c’était encore plus beau de les voir en vrai. Il y a eu pleines de scènes savoureuse comme celle d ela valise avec Camille Chamoux. La scène du lac n’a pas été simple car ils rentrent dans une eau à 12 degrés mais je sentais qu’elle allait être très belle, elle dit quelque chose du rapport à la nature. Pour moi c’est très important tout en ayant ce soupçon de comédie de fantaisie puisque Pio entre dans l’eau cul nu et en santiags. La scène de la tente entre Pio et Philippe fonctionne très bien : il y a de la fantaisie, de l’émotion, ils sont beaux tous les deux ; je suis gâté.


Comment avez-vous formé ce duo ?


PM : Avec Philippe, il y a quelque temps qu’on avait envie de travailler ensemble car on fait partie des gens qui sont assez honnêtes. On s’est rencontré il y assez longtemps et on s’est vite dit qu’on avait envie de fabriquer un objet ensemble. Le fait qu’Etienne ait déjà tourné plusieurs films avec Philippe a fait que ce trio a pris de l’épaisseur, du sens. Mais il ne faut pas se rater, on n’a pas 36 occasion de faire des duos au cinéma. On ne va pas faire 15 duos avec Philippe dans notre vie. Je fais toujours attention à ça, de ne pas gâcher les choses.

Le tournage semble avoir été assez éprouvant : bivouac, pluie, humidité… comment ça c’est passé ?


ED : C’est un film d’aventure, ils ont signé pour ça ! Mais bien sûr que c’était un investissement physique réel. On montait à 2000 mètres d’atitude, soit à cheval, soit à pied soit en voiture pour rejoindre les décors. Etre à cheval toute la journée ou se baigner dans un lac c’est costaud. La pluie on a eu à la fois des orages magnifiques qu’on a voulu filmer, notamment la scène de casting de Camille Chamoux et d’Olivia Côte. On les voit jouer, on a l’impression qu’ils s’amusent mais c’est un boulot physique au-delà du talent que ça demande.


PM : ça reste du cinéma. C’est un luxe, on n’est pas dans une mine, il faut se rappeler les choses. Mais c’est pas la même chose quand tu tournes au milieu de nulle part, que tu as deux heures de trajet pour y arriver, que tu as des tempêtes, des blessures et que tu tournes dans un bureau en région parisienne. Mai quand tu es au milieu des Pyrénées, il y a déjà une dimension de décor simplement qui dépasse la séquence en elle-même que tu est en train d’incarner car quoi que tu fasses, ce qui est derrière toi, en fond, va parle quinze fois plus que soi on joue quelque chose dans cette pièce qui n’est pas dingue. Il y a quelque chose qui transcende une simple séquence de cinéma. On peut simplement se reposer sur ce que l‘on regarde, c’est assez agréable, ça joue beaucoup. En plus on sortait du covid. On a la chance de refaire des films et en terme de respiration c’était quand même un luxe.
ED. C’est tellement beau. Et on cherche à la filmer cette beauté. On se rendait régulièrement d’être dans des endroits incroyable, magnifique, qu’on était tous ensemble et qu’on avait une chance folle.


D’où venait cette envie de filmer les Pyrénées ?


ED : J’ai commencé l’écriture du film pour la cordillère des Andes car ma femme est Argentine et j’y passe du temps. Le première idée que j’avais eu c’était deux zigotos à l’aéroport de Santiago du Chili qui arrivaient en retard pour accueillir un groupe de touristes et traverser la cordillère et très vite en écrivant le scénario j’ai eu besoin de donner une réalité sociale à mes personnages. Après j’ai eu une envie d’ours et je suis parti en repérage dans les Pyrénées et très vite je suis entré dans la vallée de la Cerdagne, du Capcir et c’était acquis que c’était là que je voulais tourner, c’était sublime. Et j’aimais bien le côté transfrontalier avec l’Espagne. Je récupérais quelques chose de mon fantasme d’Amérique latine aussi. Après c’était presque des choix cornéliens entre deux décors magnifiques. On a essayé de rendre grâce à la majesté des décors.
PM : J’ai été très sensible au travail de Jeanne Lapoirie à l’image qui a réussi à nous montrer les Pyrénées dans toute leur majesté. A l’image, on sent vraiment un souffle et le film propose un dépaysement assez joyeux !


D’où vient le nom du film, Pétaouchnok ?


ED : Au début du projet c’était déjà un peu là. Ça racontait quelque chose d’une promesse d’aventure, de perdition, de lointain et de comédie dans la façon que ça sonne. Quand j’ai décidé du combo, les deux personnages, les ponchos, la traversée des Pyrénées à cheval, c’était assez net pour moi que ça devait appeler Pétaouchnok.


Vous envisagez une suite ?


ED : On ne demande que ça que le public réclame la beauté de ce duo, après je ne suis pas sûr qu’on satisfasse la demande parce qu’on réfléchira à deux fois avant de se fourvoyer dans une suite qui n’aurait pas de sens. On n’en est pas là, moi je voudrais juste que le public soit curieux de ce film. Quand on va chercher un film il vous donne d’autant plus c’est pourquoi c’est bien que les gens aillent en salle, la démarche change tout. On les invite à voir une comédie, d’aventures, de mésaventures, globalement les gens rient pas mal dans la salle, on a de très bons retours. Mais il y a plus que ça et si derrière les gens sont sensibles à notre poésie, humanité et ont envie d’un Pétouchnok 2 bien sûr qu’on le fera. Mais on était très contents de travailler ensemble car ça avait du sens.