lundi 3 novembre 2014

BD : Chat en liberté


Michel, leslie plée, sauvage, delcourt
Les deux-tiers des Français ont, ont eu ou auront un chat. Leslie Plée, jeune auteur de BD, a un réel don d'observation. Surtout elle parvient à se mettre dans la peau de son animal de compagnie, lui prêtant interrogations, colères et étonnements. Revoici donc pour une seconde salve d'aventures Michel Plée, devenu célèbre après le succès de sa méthode pour « devenir vieux et gros ». Toujours aussi couard et enrobé, le matou doit radicalement changer d'environnement. Sa maîtresse a la bizarre idée, après quelques années en appartement, de déménager à la campagne. La nature ! Voilà quelques chose de nouveau (et de très déstabilisant) pour Michel, parfait chat d'intérieur. En 80 pages, on le suit dans sa découverte de cette « surface verte » sur laquelle il est obligé de poser des « patounes ». « Étant sensible des coussinets » il porte des bottes... Quantité d'animaux vivent dehors, des marrants comme les vers de terre aux plus horribles comme les hérissons, ça pique, ou les chats non castrés, bagarreurs invétérés. On retrouve l'humour pince sans rire du premier album, mais avec une petite dose d'émotion en plus. Michel va devoir aller contre sa nature et se faire des amis. Il s'éloigne un peu de sa maîtresse et doit même défendre son « territoire »... Sacrée aventure !

« Michel, un chat sauvage », Delcourt, 14,95 €

dimanche 2 novembre 2014

BD : Frères d'armes


commandant Achab, Piatzsezk, Douay, casterman
Être flic implique souvent de ne pas pouvoir entrer dans certains moules. Une vie consacrée à la chasse aux malfaisants n'est pas sans conséquence pour son équilibre psychique. Il est loin le temps du commissaire Maigret, placide et pépère une fois revenu sans la douceur de son foyer. Le personnage principal de la série écrite par Piatzsezk et dessinée par Douay est l'antithèse absolue de ce modèle. Edgar Cohen, surnommé le Commandant Achab, a perdu une jambe. Il a quitté les hautes sphères de la PJ pour moisir aux archives entre son chat et sa réserve de cannabis, essentiel pour faire passer la douleur. Il a retrouvé de la vigueur quand un jeune policier l'a rejoint dans son antre. Karim mène une vie saine et équilibrée. Il est cependant taraudé par les circonstances de la mort de son père, policier lui aussi très investi dans son travail. Il est mort dans l'exercice de ses fonctions. Une balle perdue tirée par un collègue qui depuis a bien des difficultés pour remonter la pente : Achab. La cohabitation entre les deux est compliquée dans les premiers temps. Mais à force de patience, Achab va refaire surface et démêler l'écheveau qui a causé sa perte. Et si toute cette histoire n'était que l'arbre qui cachait la forêt d'une plus vaste magouille ? Ce cinquième tome va voir la conclusion de l'enquête avec la révélation du jeu très trouble du propre frère d'Achab, William, un ambitieux arrivé au sommet de la hiérarchie. Mais à quel prix...
« Commandant Achab » (tome 5), Casterman, 14,50 €



samedi 1 novembre 2014

Cinéma : l'amour filial à son paroxysme dans "Vie sauvage" de Cédric Kahn

Librement inspiré de l'histoire de Xavier Fortin et de ses deux fils, en cavale durant onze ans, “Vie sauvage” de Cédric Kahn, tourné en grande partie dans l'Aude entre la Montagne noire et Carcassonne, a la force et la beauté de la nature reine.


Entier. Le caractère de Paco (Mathieu Kassovitz) est entier. Ce père a tout fait pour satisfaire la mère de ses enfants. Rencontrée dans un campement “d’Indiens” comme il y en existe encore quelques-uns dans les Pyrénées, il se marie avec elle sous un arbre, selon un rite très naturaliste. Il adopte son bébé, Thomas, et reprend sa vie de nomade, d’idéaliste en marge de la société. Deux enfants naîtront sur les routes (dans les Cévennes et en Normandie). Deux garçons, Tsali et Okyesa, pour compléter la petite tribu.

vie sauvage, cinéma, cedric Kahn, kassovitz, sallette, fortin
Mais la vie d’errance use. Nora (Céline Sallette), la mère, n’en peut plus de marcher dans la boue et d’avoir froid dans les caravanes embourbées au bout d’un chemin de terre.
La scène d’ouverture du film est d’une tension extrême. Paco prend la voiture pour aller faire quelques courses. Dès qu’il a passé le virage, Nora sort des placards des sacs déjà prêts. Et c’est la fuite. A travers bois, le long des routes, dans un train... Les garçons, qui comprennent ce qui se passe, sont rétifs. Ils tentent de s’échapper. Finalement Nora et ses trois petits embarquent dans un TER et arrivent à destination : la villa cossue de ses parents.

Montagne Noire et sauvage
Paco retrouve rapidement leur trace. Des retrouvailles violentes. La police intervient et un juge confie officiellement la garde des enfants à la mère. Pourquoi ? Demande furibard Paco. Car c’est comme cela. Dans l’attente d’une décision définitive, les enfants sont toujours à la garde de la mère. Un an après, Paco qui vit toujours dans son campement, a fait profil bas. Il récupère ses deux fils pour les vacances scolaires. Mais au lieu de les ramener deux semaines plus tard, il entame une cavale à travers garrigue, bois et vallées. Ils tiendront 11 années dans la clandestinité.
Cédric Kahn, en montant son projet tourné en grande partie dans la Montagne Noire, à Bram et à Carcassonne dans l’Aude, a dû faire des choix pour raconter cette épopée en 1 h 45. Après la séquence d’ouverture, il montre le trio seul dans les bois, se cachant parfois dans des grottes, découvrant cette nature généreuse et parfois sauvage. Un retour aux sources naturaliste, une éducation de la terre nourricière très idéaliste. Une période rose qui dérape dans la dernière partie du film. Les deux garçons sont de grands adolescents. Leur situation s’est stabilisée mais ils sont de plus en plus démangés par cette vie urbaine, pas forcément mieux que la vie sauvage, mais si différente.
Un long-métrage tourné presque comme un documentaire, avec un casting étonnant de vérité. Mention spéciale aux quatre jeunes qui interprètent les enfants de Paco. La seule faiblesse du film (à moins que cela ne soit son plus grand mérite) c’est de ne pas ouvertement choisir son camp. Comme si toute expérience est bonne au final, même si elle implique une très grande souffrance : séparation pour la mère et prison pour le père...


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Trois fois Céline Sallette


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« Vie sauvage » est un film d’hommes. Un père et ses deux fils, liés par une volonté de survivre ensembles malgré les décisions de justice. La place de la mère, relativement ingrate dans cette épopée, est tenue par Céline Sallette. L’actrice révélée dans la série télé « Les revenants » puis le film de François Dupeyron « Mon âme par toi guérie » enchaîne les tournages. A l’affiche du film de Cédric Kahn, elle interprète également l’éducatrice obstinée de « Géronimo », le film de Tony Gatlif. Et en décembre, elle sera la femme du juge marseillais joué par Jean Dujardin dans « La French ». Trois fois à l’affiche en trois mois et presque trois rôles différents dans « Vie sauvage ». Quand elle est jeune, marginale aux longues dreadlocks, sous le charme de Paco le vagabond ; à maturité, mère protectrice qui veut un avenir meilleur pour ses enfants ; puis en mère quasi mystique, priant Dieu pour retrouver le fruit de ses entrailles, déterminée mais plus compréhensive, capable de pardonner. Une formidable performance d’actrice qui prouve l’incroyable potentiel de cette comédienne passée par le théâtre d’Ariane Mnouchkine.

Livre : Stéphane Mandelbaum, le peintre voyou

Dessinateur virtuose aux noirs desseins, Stéphane Mandelbaum est mort assassiné en 1986. Gilles Sebhan revient sur ce parcours sombre et sanglant.

Stéphane Mandelbaum, sebhan, impressions nouvellesLes destins tragiques inspirent Gilles Sebhan. Cet écrivain au parcours hors normes, après s'être penché sur Jean Genet et Tony Duvert, l'écrivain maudit, signe une biographie de Stéphane Mandelbaum. Ce jeune Belge a exposé ses dessins dans quelques galeries avant de basculer dans la violence et la délinquance. A 26 ans, après avoir participé au vol d'un tableau de Modigliano, il est retrouvé assassiné, le visage brûlé à l'acide, dans un terrain vague près de Namur. Lui, qui a dessiné des atrocités absolues, finit comme un de ses portraits, défiguré, horrible.
Il ne s'agit pas à proprement parlé d'une biographie. Comme toujours avec Gilles Sebhan, il y a beaucoup d'autofiction. L'écrivain découvre Mandelbaum en trouvant sur le net la reproduction d'un dessin érotique. Le trait interpelle Sebhan. Il prend rendez-vous avec le galeriste qui vend l'œuvre et rapidement le destin de Mandelbaum va occuper de plus en plus de place dans la vie de l'écrivain. Une obsession qui trouve sa conclusion dans ce livre, entre réflexion sur l'art, les parias et la folie.
Fils d'un peintre juif émigré de Pologne, Mandelbaum a de très sérieux problèmes de comportement. Il ressemble un peu au jeune Steve, héros du film « Mommy » de Xavier Dolan. Hyperactif, parfois violent, rêveur, instable. Stéphane a cependant un bon exutoire : le dessin. Un crayon en main il ne cesse de noircir des feuilles de papier. Un don. Mais ses créations sont rarement montrables. Scènes pornographiques, personnages nazis, séances de tortures dans des camps d'extermination... On retrouve dans son art tout son esprit torturé.

Enfant génial
Mais comme avec Tony Duvert (écrivain tombé dans l'oubli après des écrits pédophiles), Gilles Sebhan a tenté d'aller au-delà des apparences. Avec de nombreux témoignages, des proches comme des amis, on comprend que Mandelbaum, juif errant, est un volcan en pleine activité, menaçant sans cesse d'exploser. « Maître du monde, c'est ce qu'il voulait être » écrit l'auteur au début du livre. Il finira petit voyou, assassiné par ses complices après un partage de butin qui tourne mal.
Aujourd'hui il ne reste que peu de dessins de Stéphane Mandelbaum. Trop sulfureux. De toute manière sa carrière artistique était déjà achevée quand il a basculé dans la délinquance. Il se faisait appeler Malek, comme pour rejeter sa judéité, et ne dessinait plus, « Comme d'autres, le silence était en train de gagner l'enfant génial. Lui qui n'avait cessé de griffonner se trouvait pris au piège du réel. » A l'image de l'histoire de Tony Duvert, Gilles Sebhan entraîne le lecteur dans son enquête, quasi policière. Il mélange témoignages et interprétations personnelles. Et Mandelbaum acquiert alors cette humanité qui a semblé lui faire défaut de son vivant. Seul regret au final, qu'il n'y ait aucune œuvre de Stéphane Mandelbaum reproduite dans l'ouvrage. On comprend le parti-pris, mais on ne peut s'empêcher, après coup, d'aller chercher sur internet ces images terribles.
Michel Litout
« Mandelbaum ou le rêve d'Auschwitz » de Gilles Sebhan, Les Impressions Nouvelles, 13 €



vendredi 31 octobre 2014

BD : amour impossible avec la belle "Héléna" de Jim et Chabane

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Simon a tout du jeune homme normal. A l'aube de la trentaine, employé dans une entreprise pour un travail peu valorisant, il traine encore avec ses amis d'enfance à la recherche du grand amour. Il rencontre Estelle, tombe amoureux. C'est réciproque. Rapidement elle est enceinte et ils décident de se marier. Un destin tout tracé raconté par Jim et dessiné par Chabane. Mais le matin du mariage, sur le parvis de la mairie, Simon aperçoit Héléna. La superbe blonde promène sa fille dans une poussette. Héléna, son amour d'enfance. Il croyait l'avoir oubliée, il n'en est rien. Quand elle lui explique en deux mots qu'elle vient de se séparer du père, Simon a une révélation. C'est elle la femme de sa vie. Alors, sur un coup de tête, quelques minutes plus tard, au lieu de dire oui à une vie de couple sans heurts, il répond « non » au maire. Mariage foutu... Quelques mois plus tard, sans nouvelles d'Héléna, Simon hérite de son père. Une grosse somme et un appartement de rêve. C'est le moment que choisit Héléna pour réapparaître. Le petit garçon timide qu'est toujours un peu Simon se fait violence et l'aborde. Ils passent un étrange contrat qui va bouleverser leurs vies. Très jolie histoire entre deux écorchés des sentiments. Vont-ils enfin se trouver ? Le lecteur croit à la romance mais les auteurs, entraînent leurs personnages dans une tout autre direction, inattendue et qui fait toute l'originalité de cette BD.

« Héléna » (tome 1), Bamboo, 16,90 €

jeudi 30 octobre 2014

DVD : "13 sins", un jeu maléfique

Pour de l'argent, le héros de “13 sins” se transforme de gentil en salaud absolu.
Il est sans doute normal qu’un film qui dénonce la perversion de l’argent soit tourné avec un budget réduit. Daniel Stamm, réalisateur allemand qui s’est spécialisé dans les films d’horreur de série B aux USA, manque cruellement de moyens pour donner une dimension supplémentaire à « 13 Sins », remake d’un film thaïlandais. Décors minimalistes, acteurs de seconde zone et trucages grossiers gâchent un peu le plaisir du spectateur.
13 sins, jeu, stamm, webber, wild sideHeureusement, le scénario ne manque pas d’invention et offre de surcroît son lot de surprises dans les scènes finales. La meilleure façon d’apprécier « 13 Sins » qui sort directement en DVD, c’est encore de se mettre dans la peau d’Elliot (Mark Webber) et de se demander ce que l’on ferait à sa place. Ce futur jeune papa, criblé de dettes, prépare son mariage avec sa dulcinée. Mais alors qu’il croit être convoqué par sa direction pour une promotion, il est viré. Vendeur, on lui reproche sa prudence, sa gentillesse dans un monde capitaliste où pour gagner il faut être sans pitié. Au fond du trou, il reçoit un coup de téléphone sur son portable d’une mystérieuse voix qui lui demande, en échange de quelques milliers de dollars, de tuer une mouche dans sa voiture. Il le fait, presque par automatisme, et se retrouve entraîné dans un engrenage machiavélique. Pour des sommes toujours plus élevées, les challenges deviennent de plus en plus malsains, contraires aux principes de vie d’Elliott. Plus la somme est importante, plus Elliott bascule du côté sombre.
S’il y a quelques bonnes trouvailles comme le bus conduit par un mystérieux clown blanc (totalement adapté à l’actualité du moment...) ou le côté vengeance des années d’humiliation au collège, le tout manque un peu de rythme. Cela reste un bon divertissement pour les amateurs de gore soft.


« 13 Sins », Wild Side Video, 15,99 euros

mercredi 29 octobre 2014

BD : Aller-retour temporel dans "Paradoxes" de Convard et Bidot


paradoxes, convard, Bidot, Glénat
Il est des BD plus exigeantes que d'autres. Si vous avez l'image de « petits Mickeys » pour gamins idiots ou asociaux bas du plafond, n'ouvrez pas le second tome de « Paradoxes », série écrite par Convard et dessinée par Bidot. Il y est essentiellement question de voyage dans le temps, avec anomalies liées à l'interférence du futur sur le passé. Le récit se déroule en fait sur plusieurs niveaux de réalité. Un présent de base montre le professeur Edwel Conrad, éminent chercheur en supra-physique, en train de découvrir le principe qui va révolutionner le monde. Mais en même temps, des hommes venus du futur tuent sa femme. Et un autre Conrad, plus âgé, vient le prévenir. Conrad en fait est omniprésent. Dans le présent pour faire sa découverte, dans le futur pour la développer et dans le passé du futur pour la glisser à l'oreille de son ancien double. Dire que c'est à la portée de tout le monde serait mentir. Il ne faut pas hésiter à faire plusieurs allers-retours pour saisir toutes les nuances de cette histoire en forme de spirale temporelle. Une fois cet écueil passé, c'est passionnant !

« Paradoxes » (tome 2), Glénat, 13,90 €

mardi 28 octobre 2014

BD : Survie dans le temps


betelgeuse, aldebaran, léo, survivants, dargaud
Au fil des ans, avec une régularité exemplaire, Léo continue de bâtir ses mondes imaginaires. Après Aldebaran, Bételgeuse et Antarès (15 albums au total), il a lancé un groupe de survivants dans l'exploration d'une planète sans nom mais tout aussi surprenante que les précédentes. L'originalité de cette nouvelle saison des Mondes d'Aldebaran réside dans les anomalies quantiques frappant régulièrement certains secteurs de la planète. Le petit groupe de réfugiés, 12 jeunes gens présentés dans les pages de garde, en a fait les frais. Quatre d'entre eux ont mystérieusement disparu à la fin du second tome. Cet épisode trois débute par leur réapparition, totalement inchangés, mais cinq années plus tard. Toute la trame de l'album réside dans la difficile cohabitation entre ces deux couples qui ont fait un saut dans le temps en une journée et le reste du groupe qui survit sur la planète depuis de longues années. Le côté SF est renforcé avec la participation à l'exploration de la planète des holorans, des félins à l'aspect humanoïde. Comme toujours avec les BD de Léo, on se retrouve à la fin avec plus d'interrogations qu'au début. Mais c'est bien le signe qu'il maîtrise parfaitement ces univers et la forme du feuilleton.

« Survivants, anomalies quantiques » (tome 3), Dargaud, 11,99 €

lundi 27 octobre 2014

BD : Loisirs révoltants


urban, monplaisir, runberg, ricci, futuropolis
Rien ne va plus dans le beau pays de Monplaisir. Cet immense parc d'attraction pour des vacances de rêves vient de subir une violente attaque terroriste. Plus d'électricité pour alimenter les casinos et autres attractions. Des milliers de touristes sont laissés à l'abandon. Heureusement, il existe une police à Monplaisir. Mais ses membres ne sont pas formés pour maintenir l'ordre. Leur mission est de participer à des chasses à l'homme télévisées, des distractions comprises dans le prix d'entrée. Zacchary, jeune policier, se pose beaucoup de questions. Ce fils de paysan a préféré fuir la misère de l'extérieur pour participer au rêve de cette société futuriste imaginée par Runberg et dessinée par Ricci. Mais il vient de voir un enfant se faire tuer par son « concurrent » et ce dernier, une fois la partie terminée, redevient un citoyen inattaquable. De plus, le chef de la police vient de lui donner l'ordre de patrouiller et de tirer sur tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin à un terroriste. Le troisième tome de cette série de SF fait monter la pression. A l'intérieur de Monplaisir, royaume des manipulations, mais aussi à l'extérieur où les robots sont en pleine révolte.

« Urban » (tome 3), Futuropolis, 13,50 €

dimanche 26 octobre 2014

BD : Fins de sagas pour Cyann et Alter Ego

Si Bourgeon et Lacroix ont mis 21 ans pour boucler « Le cycle de Cyann », les auteurs de la saison deux d'Alter Ego n'ont pas attendu une année entre le premier et quatrième tome. Deux approches différentes mais un point commun : l'excellence.

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Après Isa dans les Passagers du vent puis Mariotte des Sortilèges du bois des brumes, François Bourgeon imaginait en 1994 une troisième héroïne qui allait marquer les bédéphiles : Cyann. Un univers radicalement différent. Exit la BD historique pour le maître du genre et place à la science-fiction. Il s'est associé pour l'occasion avec Claude Lacroix qui a créé de toute pièce un monde-empire foisonnant. Après quelques aléas d'éditeurs, l'ensemble de la saga a rejoint les éditions Delcourt. Et enfin, le sixième et dernier tome vient de paraître en même temps que la réédition des cinq précédents. « Les aubes douces d'Aldalarann » montre une Cyann assagie. La jeune fille de riche, odieuse et futile, a pris de la bouteille au gré de ses mésaventures et saut dans le temps d'une planète à l'autre. La mort de sa sœur a considérablement modifié sa philosophie de vie. Sur une planète hostile, elle devra beaucoup faire d'effort simplement pour survivre. Un ton moins aventureux, plus écologique voire philosophique pour un dernier opus longtemps attendu. Cyann est toujours aussi belle sous le pinceau de Bourgeon et la dernière image pleine d'espoir, comme une promesse de renaissance.

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Pour la saison 2 d'Alter Ego c'est aussi le dénouement. Mais cette fois, le lecteur n'aura pas patienter des années pour connaître le « Verdict ». Moins d'une année pour boucler ces quatre albums soit 240 pages. Il est vrai qu'il y a deux scénaristes, Lapière et Renders, et plusieurs dessinateurs (Béneteau, Reynès, Erbetta) pour épauler Efa chargé des personnages. Le principe de la série n'a pas changé depuis la saison une Chaque album peut être lu indépendamment les uns des autres. Depuis la révélation de l'existence d'Alter Ego, les débat fait rage dans la communauté scientifique. En résumé, il existe un lien entre chaque homme et femme né au même moment sur terre. La bonne santé de l'un permet à l'autre de vivre en toute quiétude. Affabulation ou découverte scientifique majeure ? Rien n'est encore figé. D'autant que le phénomène des Alter Ego donne des idées à des organisations sectaires ou des entreprises sans scrupules. Après trois épisodes aux fins très palpitantes, la conclusion est tout aussi innovante et laisse possible une troisième saison de ce qui est la grande réussite éditoriale de ces dernières années.
« Le cycle de Cyann » (tome 6), Delcourt, 15,95 euros

« Alter Ego, saison 2 » (tome 4), Dupuis, 12 euros.