jeudi 22 août 2013

BD - Anastasia, tsarine déchue

Les soubresauts de la révolution russe est une mine pour les scénaristes maniant le romantisme avec dextérité. Patrick Cothias et Patrice Ordas en font partie, c'est indéniable. En juillet 1918, Lénine fait exécuter toute la famille du tsar. Seule Anastasia, une des filles, échappe à la mort. Du moins dans le récit imaginé par les auteurs français. Placée sous la protection du comte Félix Vodoline, il la fait passer pour une lointaine cousine. 
Au fil des mois, la BD, dessinée par Nathalie Berr, raconte comment la belle héritière se rapproche du fier noble alors que les Rouges volent de victoire en victoire. Protéger Anastasia devient de plus en plus compliqué. Vodoline envisage une fuite en Allemagne. Retrouver une autre femme persuadée d'être Anastasia. Les passages où intervient cette dernière sont très réussis, Nathalie Berr semble parfaitement maîtriser l'imagerie de la folie.

« Nous, Anastasia R. » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 13,90 €

mercredi 21 août 2013

BD - L'odeur du foot dans "IRS Team" de Desberg et Bourgne


Si vous croyez que le foot, comme l'argent, n'a pas d'odeur, n'ouvrez pas le premier tome de cette nouvelle BD écrite par Desberg. On retrouve Larry B. Max, le héros de la série principale, totalement accaparé par une affaire de blanchiment d'argent autour du ballon rond. Il forme une équipe d'élite, le fameux Team, pour s'attaquer à un milieu où brasser des milliards est monnaie courante. 
Dans son équipe, deux « infiltrés » permettent de mieux cerner les pratiques courantes de ce petit monde persuadé d'avoir tous les droits en dehors des lois. Un jeune footballeur brésilien et une charmante call-girl, une WAG (wife and girlfriend) de star sportive dont raffole les tabloïds. Mais l'action se déroule aussi autour des agents de joueurs ou des représentants des fédérations nationales. 
Aldin, un tueur à gages implacable, est l'arme idéale pour faire passer certains messages. Larry, lui, tente de démasquer le cerveau de cette organisation. Une mission risquée. Marc Bourgne, au dessin, se met largement au niveau d'un Vrancken créateur graphique des personnages.

« IRS Team » (tome 1), Le Lombard, 12 €

mardi 20 août 2013

BD - Dessinateurs inspirés dans l'Atelier Mastodonte


Raconter le quotidien d'un atelier de dessinateurs de BD n'est pas nouveau. Le Gang Mazda a fait les beaux jours des pages de Spirou. Dans ce même hebdomadaire, depuis plus d'une année, l'Atelier Mastodonte fait rire et sourire les amateurs de 9e art. A la base c'est une idée de Lewis Trondheim, l'homme qui a toujours trois projets sur le feu. Il propose à des collègues de le rejoindre dans ce local où l'émulation et l'esprit de camaraderie bonifiera les projets de chacun. Yoann, Alfred, Tébo, Bianco, Pedrosa... il y a du beau monde chez Mastodonte. Ils signent à tour de rôle des gags en demi planche, se répondant comme dans l'illustre Tac au tac. Le mélange des personnalités permet de toucher toutes les sensibilités. Poésie avec Bianco, écolo avec Pedrosa, pince sans rire avec Lewis, totalement délirant avec Julien Neel et sa marionnette, Ramuald, véritable vedette américaine de l'album. Sans oublier les « invités », de Bouzard à Stan et Vince en passant par Delaf et même Bilal qui dessine la couverture.

« L'atelier Mastodonte », Dupuis, 14,50 €

lundi 19 août 2013

Roman - Maternités douloureuses dans "Chambre 2" de Julie Bonnie


Chaque accouchement est une histoire différente. Béatrice travaille dans une maternité et raconte ces expériences cachées derrière les portes des chambres.


Premier roman entre réalisme et poésie, « Chambre 2 » de Julie Bonnie parle de maternité. De femmes surtout. Ces mères, heureuses, angoissées, désemparées, qui entrent dans leur chambre seules et en ressortent avec le « fruit de leurs entrailles ». La narratrice, Béatrice, est auxiliaire de puériculture. Un travail comme un autre. Un travail normal. Encore adolescente, Béatrice est devenue danseuse nue dans un spectacle de musiciens déjantés. La scène, la communion avec le public... Elle a tiré un trait dessus. «  Je ne danse plus, je n'explose plus. Je travaille en blouse. Comme tout le monde ici. Je suis interchangeable (…) Je suis un numéro. C'est ce que je suis venue chercher. Devenir tellement normale que personne ne connaîtra ma folie. » Est-elle véritablement folle ? Le lecteur ne cesse de se poser la question tout au long de ce roman cru et sensuel.

Bébé perdu
La femme normale commence sa tournée par la chambre 2. Un rituel, une obligation. Depuis des années une femme délire sur son bébé perdu. Maternité ou asile psychiatrique... Ces êtres à fleur de peau font obligatoirement penser à Béatrice à celle qu'elle a été, dans sa jeunesse. La découverte d'un univers musical et d'une liberté totale. Amoureuse de Gabor, le musicien, elle danse pour lui. Rien que pour lui. Le coup de foudre est réciproque. Béatrice part en tournée avec le groupe et monte sur scène. Elle danse, de plus en plus nue, améliorant au jour le jour son numéro. Des années de vagabondage, avec des enfants à la clé, malgré la vie sur les routes.

Expériences personnelles
Julie Bonnie a beaucoup puisé dans son expérience pour ce premier roman forcément un peu autobiographique. Elle aussi a connu la scène. En première partie de Louise Attaque, avec le groupe Cornu. Elle décrit parfaitement la communion régnant entre les différents membres du groupe, obligés de partager les bons comme les mauvais moments. Et comme son héroïne, un jour, elle a abandonné sa carrière artistique pour travailler dans une maternité. Elle y a croisé des centaines de mères, mais n'en a conservé qu'une petite dizaine dans ce récit très imagé. Le mélange entre le travail à la maternité et les souvenirs de tournée est distillé habilement. Jusqu'à la bascule, l'événement de trop qui ouvre les yeux à Béatrice. Elle trouve enfin sa place dans ce monde sans pitié.
Plus que le parcours d'une femme, « Chambre 2 » explore les multiples voies empruntées par une seule et même personne. Unique... et multiple. Femme et mère comme cette scène inoubliable du second accouchement de Béatrice.
Michel LITOUT

« Chambre 2 », Julie Bonnie, Belfond, 17,50 € (disponible au format poche chez Pocket)

samedi 17 août 2013

BD - Sport et argent, la mauvaise alliance de "Dunk"

Denis Robert,
journaliste d'investigation à l'origine de la découverte de l'affaire Clearstream, a mis entre parenthèse son métier de base, le temps de signer quelques romans d'anticipation. « Dunk », paru en 2009 chez Julliard, est aujourd'hui décliné en série BD avec Franck Biancarelli au dessin et Denis Robert himself à l'adaptation. Dans ce futur proche, tous les peuples se passionnent pour le sport. Et les jeux d'argent qui vont avec. Les mafias ont également compris tout l'intérêt de ce vaste mouvement de numéraires. Mieux que la drogue, le contrôle des sportifs devient très lucratif. Le héros, Steve Moreira est un basketteur émérite. Ce soir, il doit faire perdre son club. Il oublie la consigne. Remporte la partie mais le paie cash : tabassage en règle, genou en mille morceaux. Steve va devoir réviser son plan de carrière. Cela tombe bien, un milliardaire lui fait une proposition alléchante. Pas très optimiste cette histoire. Une toute petite élite semble jouer avec les millions d'Humains. Mais est-ce encore de l'anticipation ?

« Dunk » (tome 1), Dargaud, 13,99 €

vendredi 16 août 2013

BD - "Wunderwaffen" ou les nazis triomphants


Troisième volet de « Wunderwaffen », série de guerre d'uchronie écrite par Richard D. Nolane et dessinée par Maza. Nous sommes en 1946. Le débarquement allié a échoué, les nazis ont eu le temps de mettre au point le moteur à réaction et de se doter d'une flotte aérienne dominatrice. 
Toute l'originalité de cette série tient au fait que les avions en action ont réellement existé. Sous forme de prototypes ou de simples plans. Le souci ensuite, c'est que les héros sont des pilotes allemands. 

Ils n'approuvent pas les idées de Hitler mais sont quand même loyaux. Résultat ils descendent quantité d'avions anglais ou français dans des combats où toute la technologie nazie est glorifiée. On peut craindre que certains nostalgiques du bruit des bottes ne voient que ce côté de la BD. Pourtant dans ce futur imaginaire, la solution finale existe toujours, et les SS ont même trouvé une autre utilisation pour les millions de déportés juifs. En conclusion, vivement que les Alliés remettent l'Histoire en bon ordre et donnent une bonne pâtée à ces tortionnaires sadiques.

« Wunderwaffen » (tome 3), Soleil, 14,50 €

jeudi 15 août 2013

BD - Cosmik Roger, seul dans l'espace


L'astronaute le plus con de la galaxie tire sa révérence. Dans le 7e et dernier recueil de ses histoires courtes prépubliées dans Fluide Glacial depuis une bonne décennie, il cherche une femme pour distraire ses longues traversées solitaires. Roger, toujours en pleine quête d'une planète habitable, va de déception en déception. Trop grosse, trop alien, trop tentaculaire, trop grande... Mo (scénario) et Julien CDM (dessin) multiplient les rencontres, toutes plus improbables les unes que les autres. 
Des onze histoires on peut avoir le coup de cœur pour celle intitulée « Lendemain de cuite ». 
Réveil douloureux pour notre héros. Gros mal de crâne après une soirée très arrosée dans son bar préféré, « Au rendez-vous des anneaux ». Il découvre dans le lit une créature oblongue dotée de bonne dizaine de tentacules et autant d'yeux. Il a trop bu, il ne se souvient de rien. Mais par sympathie accepte de remettre le couvert au petit matin. Et c'est le drame ! La vraie conquête de la veille, canon et normale, était partie acheter des croissants, laissant Roger seul avec son... animal de compagnie. La dernière histoire raconte la mort de Roger. Bien pourrie, comme sa vie. Mais la BD, elle, est bidonnante. On le regrettera.

« Cosmik Roger » (tome 7), Fluide Glacial, 10,80 €

mercredi 14 août 2013

BD - A la recherche de "Jade" dans le Tibet libre

Dans les années 50, au Tibet, les Chinois décident d'annexer ce pays montagneux recouvert de neiges éternelles, de forêts profondes et regorgeant de richesses minérales souterraines. Dans ce cadre historique, Ulysse Malassagne, auteur complet né dans le Cantal, plonge son héros, Harry, jeune Anglais fougueux, dans une course-poursuite effrénée. Aidé d'un jeune Tibétain, il est à la recherche de Jade. Cette mystérieuse déesse tibétaine est censée protéger son peuple. Si elle tombe aux mains de Chinois, cela en serait fini de la résistance. Par monts et par vaux, à cheval, en jeep ou à pied, les deux amis vont déjouer les pièges des troupes d'occupation et retrouver la grotte abritant Jade, mystérieuse et étonnante. Un roman graphique de 100 pages, trépidant, avec quelques références philosophiques et beaucoup d'action. En fin de volume, Malassagne, en quelques pages, retrace le passé de ce pays qui a cessé d'être indépendant depuis plus d'un demi-siècle.

« Jade », Glénat, 14,95 €

mardi 13 août 2013

BD - Maudite maladie synonyme de "Carton blême"


Dans un futur proche, la surpopulation des pays riches pose de plus en plus de problèmes. L'explosion de la délinquance provoque une véritable crise de la police. Les autorités trouvent une solution même si elle est des plus discriminante. Chaque citoyen passe un examen médical et son état de santé est défini selon un barème précis. Si vous avez un résultat supérieur à 20 %, vous avez un carton bleu et pouvez appeler la police en cas d'agression. En dessous de 20 %, le carton blême ne vous protège plus. A quoi bon intervenir pour quelqu'un dont les chances de survie sont si faibles ? Adaptée d'un roman de Pierre Siniac par Jean-Hugues Oppel, cette BD est dessinée par Boris Beuzelin. Il noircit cette société terrifiante. Un serial killer, le tueur au marteau, a parfaitement compris l'avantage des cartons blêmes. Cela fait de la chair à meurtre facilement repérable. Mais si les dés étaient pipés ? Un cauchemar dans l'abomination...

« Carton blême », Casterman, 18 €

BD - Zombies à toutes les sauces avec "Revival"

Le succès de « Walking Dead » a forcément donné des idées à quelques auteurs. Mais « Revival » de
Tim Seeley et Mike Norton est tout sauf une resucée du best-seller de Kirkman. Il ne s'agit pas d'invasion zombie mais de renaissance de quelques morts dans une zone géographique très limitée. Une petite ville du Wisconsin, tranquille, pépère. La première renaissance a eu lieu dans la morgue, en présence d'une journaliste. Le corps, en feu, s'est échappé de l'incinérateur. D'autres sont sortis de terre et sont retournés travailler, comme si de rien n'était. Certains mystiques parlent de miracles, d'autres plus prosaïques de maladie et mettent la zone en quarantaine. Dana Cypress, policière, est chargée de surveiller les agissements des morts-vivants. Cela se complique quand elle découvre que parmi eux se trouve sa jeune sœur, fraîchement assassinée. Dana, en plus de la protéger, va se lancer à la recherche de son meurtrier. Les quatre premiers chapitres plantent le décor. La suite ne saurait tarder car la série est toujours en cours aux USA.

« Revival » (tome 1), Delcourt, 15,50 €