mercredi 5 juin 2013

Billet - Tête à tête avec Najat

Porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem jongle parfaitement avec les réseaux sociaux et les nouveaux moyens de communication. L'atout charme de l'équipe Ayrault n'hésite pas à prendre des risques et innover.
Chaque mercredi elle livre un compte-rendu du conseil des ministres devant les mêmes journalistes accrédités. Trop banal pour cette twitteuse de la première heure. Depuis un an elle organise en plus des porte-parolats décentralisés. Sur le site gouvernement.fr elle explique le « principe de ces rencontres de proximité : une réunion publique ouverte aux habitants. » Elles permettent de « revenir sur l'action du gouvernement et de répondre en direct aux questions ».
Après l'Ardèche, le Lot ou La Réunion, elle s'attaque demain à 19 heures à cette région de France moins concrète mais beaucoup plus vaste : le numérique. Au placard les salles de fêtes surannées ou salons d'honneur rococo de la préfecture, Najat reste dans son bureau, face à l'écran et sa webcam. Cinq internautes ont été sélectionnés pour poser des questions en direct sur le portail du gouvernement.
Interactivité oblige, le citoyen lambda aura également la possibilité d'intervenir sur Twitter en apostrophant @najatvb et en utilisant le hashtag #PPnum. Les questions seront choisies en direct lors de la vidéoconférence.
Gadget ou véritable démocratie ouverte ? Personne n'a encore la réponse, mais le passage par la case numérique semble inévitable. Reste à trouver le mode d'emploi de cette boîte à outils... 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

Roman - Flavia de Luce, mini détective en poche chez 10/18

Flavia de Luce, intrépide fillette anglaise, joue aux détectives amateurs dans ce roman policier signé Alan Bradley. Fillette âgée de 11 ans, Flavia de Luce a un caractère bien trempé. Un peu à l'image d'une Fifi Brindacier que rien n'impressionne, elle n'a pas sa langue dans sa poche et sa formidable intelligence lui permet de se sortir de bien des situations délicates. 
Pourtant, ce que Flavia va vivre en ce début d'été 1950 est beaucoup plus traumatisant que ses bêtises habituelles. En pleine nuit, elle surprend son père en train de se disputer dans son bureau avec un inconnu, un géant roux. 
Quelques heures plus tard, au petit matin, alors qu'elle se rend au jardin cueillir des herbes pour ses potions, Flavia tombe sur l'inconnu agonisant, visiblement empoisonné. Une passionnante enquête pour la détective amateur... (10/18, 7,50 €)

mardi 4 juin 2013

Billet - Taratata, tais-toi

France Télévisions veut faire des économies. Solution retenue : supprimer les émissions dont les audiences sont en berne. Exit « Les mots de minuit » et Taratata. Indifférence totale pour la première, lever de boucliers pour la seconde. Mobilisation éclair sur le net. Une page Facebook et surtout une pétition numérique sur change.org. En quatre jours, déjà 99 000 signatures. Plus que de téléspectateurs diront les mauvaises langues. Car l'émission de Nagui ne fait pas l'unanimité.
Quelques courageux osent émettre des réserves. Comme Juliette, la talentueuse chanteuse toulousaine. Sur son compte Twitter elle avoue son « problème existentiel : vais-je défendre la survie d'une émission qui a toujours refusé de m'inviter depuis 1995 ? »

Son seul passage, c'était à ses débuts, en tant que « révélation ». « Depuis malgré quelques disques d'or et beaucoup de concerts, mon attachée de presse a toujours essuyé des refus. Pas assez en anglais, je suppose... »
Pour beaucoup, le manque d'audience de Taratata est dû à son horaire tardif. Pour quelques uns, c'est aussi une programmation très « branchouille » qui condamne le show. Enfin, comme le remarque ce très caustique twittos : « Je suis vraiment ravi que ma redevance serve à payer les croquettes du chien de Michel Drucker. »

Et du côté de TF1 ils ont tout compris. Ils annoncent « 5 heures de direct pour fêter l'anniversaire de Johnny Hallyday » le 15 juin. D'ici là, Nagui aura peut-être signé sur la Une et paradera à la présentation...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - La page blanche de Boulet et Pénélope Bagieu en Livre de Poche

Cette « Page blanche » réunit les deux blogueurs les plus influents de la scène BD : Boulet et Pénélope Bagieu. A l'arrivée cela donne un roman graphique de 200 pages, tout en finesse, avec un personnage principal dans lequel tout un chacun peut se reconnaître et y puiser une envie de « s'améliorer ». Une jeune femme perdue dans ses pensées sur un banc à Paris. Elle revient à la réalité. Et ne comprend pas. Sa mémoire semble s'être effacée. 
Elle ne se souvient plus de son nom, ni de son passé. En fouillant son sac, elle va retrouver son adresse, ses clés, son téléphone portable. Commence alors une sorte d'auto enquête policière. Elle va reconstituer son quotidien, entre travail dans une librairie et sortie avec des amis de son âge. Rien d'exaltant. 
Une vie banale. A moins de profiter de cette page blanche pour réécrire son existence...
(Le Livre de Poche, 8,10 €)

lundi 3 juin 2013

Billet - A Paris, même les pigeons votent

Paris, ses monuments, son prestige, sa mairie... Que ne ferait-on pour devenir le premier édile de la plus belle ville du monde ? (La modestie est un concept inexistant dès que l'on franchit le périphérique) Tricher par exemple. La primaire organisée par l'UMP s'est transformée en quelques heures en une foire d'empoigne délirante où ne manque que l'intervention de l'inénarrable Cocoe (commission de contrôle des élections)  pour remporter le Gérard de « On veut faire croire qu'on est moderne, mais on reste des buses sur internet ». Nathalie Kosciusko-Morizet avait pourtant un atout secret dans la manche : son frère est le fondateur de PriceMinister, le site de vente entre particuliers. Elle n'a pas su l'utiliser. Au contraire c'est le grand rival, eBay, qui a permis à des internautes irrévérencieux de mettre aux enchères un « vote UMP pour la primaire ». Quasiment gratuit puisqu'il suffit de composer « un poème pro-UMP contre l'adresse email "jetable" permettant de voter de manière sécurisée (évidemment !) pour le candidat ou la candidate de votre choix. » D'autres se sont amusés (et l'ont fait savoir) à voter plusieurs fois, voire au nom de quelques célébrités. Visiblement les 3 euros à débourser ne s'avèrent pas dissuasifs. Un journal d'extrême-droite a même titré en une « Pour 3 euros, payez vous NKM ! » appelant clairement à fausser le résultat.  Quel que soit le verdict de la primaire ce soir, au final, le grand et unique perdant sera le vote électronique par internet. Dommage.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - La parole de Fred

Le 2 avril dernier, quelques jours après la parution de l'ultime aventure de Philémon, Fred a rejoint le monde des rêves éternels. Cet auteur essentiel a marqué 60 ans de la culture BD française. Ce livre reprend les entretiens de Fred avec François Le Bescond publiés durant 5 ans dans la Lettre de Dargaud. Othon Aristides de son vrai nom y raconte son enfance, ses débuts à Hara-Kiri, sa joie de travailler avec Goscinny, la persévérance de ce dernier dans la naissance de Philémon. Beaucoup de tendresse dans ces lignes, de poésie et de modestie. Fred s'y dévoile un peu. Mais pas trop. Comme s'il voulait pour toujours garder une part cachée, derrière ses grosses moustaches. Un livre abondamment illustré avec des extraits de Philémon, des dessins d'humour et d'autres récits moins connus, publiés dans le Pilote de la grande époque.

« Un magnéto dans l'assiette de Fred », Dargaud, 15,95 euros

dimanche 2 juin 2013

BD - Voyage de femmes dans "Sirène" de Daphné Collignon


Une femme, une future mère, un voyage, des questions. Daphné Collignon signe une BD lumineuse malgré les thèmes sombres abordés. Magda, la trentaine, apprend qu'elle est en enceinte. Mais elle vit au Maroc, son amant est loin, absent. Que faire de cet enfant ? Elle demande conseil à une amie et décide de traverser le désert pour trouver des réponses. Elle y croise une autre femme, mystérieuse, muette, inquisitrice. Cette parabole sur les doutes de la maternité se conclue par une lettre très émouvante à la fille (de l'auteur ?). A lire comme un grand poème, tout en savourant les dessins, véritables tableaux du Maroc authentique.

« Sirène », Dupuis, 14,50 euros

samedi 1 juin 2013

Billet - Nicolas Ancion, romancier de fond

Peut-on écrire un roman comme on court un marathon ? Nicolas Ancion, écrivain belge installé près de Carcassonne a tenté l'expérience. Durant 24 heures, il est devenu un romancier de fond. Comme coureur de fond. Mais s'enfermer dans une pièce et écrire un polar en 24 heures chrono est trop simple pour ce manieur de mots, très branché nouvelles technologies. Aidé par la région Languedoc-Roussillon et les éditions Didier, il relève le challenge, mais à New York, loin de ses bases liégeoises ou audoises. Et décide d'en faire profiter tout le monde en publiant, en temps réel, son manuscrit dans un Google doc ouvert. Pour couronner le tout, il commente son travail sur Twitter et Facebook. 

« Courir jusqu’à New York », le roman, est bouclé. Du moins un « premier jet commencé le 29 mai à 16h et achevé le 30 mai à 15h29. » Pas moins de 81506 signes pondus en 24 heures dans divers lieux de « Big Apple » comme l'Institut français de New York. Dans ce texte, il est question de New York mais aussi de Carcassonne, lieu de résidence du héros, Miguel, un fils de réfugié espagnol vivotant aux pieds des remparts. Une lettre en provenance de Barcelone lui apprend l'existence d'une cousine à New York. Sur un coup de tête, il la rejoint. Le début des ennuis...
Le texte, limpide et palpitant, se lit facilement. Il est toujours disponible (durant 15 jours) sur le site des éditions Didier et le blog de Nicolas Ancion. En septembre, il sortira en librairie sous une forme plus classique. Et sans doute un peu remanié. Mais pas beaucoup : Nicolas Ancion est un excellent romancier tout court.

Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

vendredi 31 mai 2013

Billet - RIP Léon Vivien sur Facebook


« Je ne suis plus un homme du vingtième siècle, je suis un soldat de Crécy, un soudard du Moyen Âge, un fantassin sans armure. J'ai peur, Madeleine. Je t'aime. Ils arriv »
Léon Vivien, instituteur, a posté son dernier message sur Facebook le 22 mai 1915 à 12 h 20. L'opération du  Musée de la Grande Guerre s'est achevée dans la boue, les larmes, le sang et la violence. Comme la vie de millions de soldats, des deux camps. Plus de 56 000 personnes ont suivi le destin brisé de Léon et la détresse de sa femme, Madeleine, jeune maman d'un petit Aimé qui ne connaîtra jamais son père. Au cours des  mois d'avril et mai 1915, Léon prend conscience de l'horreur de cette boucherie. Après l'enthousiasme de l'entraînement et la naissance de nouvelles camaraderies, la folie des officiers, la rage des ennemis et les conditions de vie en constante détérioration plombent le quotidien des tranchées. 
La veille de sa mort au combat, Léon, de plus en plus réaliste, raconte comment la troupe est équipée de nouvelles armes : « Des couteaux de boucher ; c'est idéal pour dépecer l'ennemi et ça nous rappelle ce que nous sommes, nous, les biffins : rien de plus que de la viande en uniforme... » En illustration, terminés les sourires de Poilus sûrs de leur force. Les monceaux de cadavres et les champs éventrés par les obus donnent une idée de l'enfer. 
Et puis il y a le dernier message de Madeleine après le statut inachevé de Léon. « Réponds-moi, je t'en supplie... » Toute la détresse d'une génération sacrifiée. Poignant. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 30 mai 2013

Billet - Ma meuf, elle écrit

Ecrire au féminin ? Selon une image assez rancie par les ans, les filles n'arrêtent pas de faire des histoires. Stéphanie Rouget, Nathalie Lenoir et Fanny Desmares l'admettent bien volontiers. Mais chez ces trois-là, les histoires se transforment en scénarios. Elles viennent de lancer un site internet au doux nom de #meufteam. Leur objectif : développer des projets pour le cinéma comme pour la télévision « qui mettent en lumière la femme sous un jour dynamique et moderne. » Mais pas trop sérieusement quand même. Elle se présentent comme des digitals mums qui « utilisent la vie comme matériel d’écriture et s’amusent de tout (surtout d’elles même). » Une chance qu'elles aient de l'humour, car l'image des femmes dans certaines séries télé ne fait pas progresser la cause.
Une mine pourtant, la preuve avec la première production propre de HD1, la chaîne de la TNT.  « Ma Meuf » est une série de 60 épisodes de 3 minutes, programmée du lundi au vendredi à 20H35 à partir du 10 juin. Elle raconte l'histoire de Joseph, apprenti réalisateur, qui filme Margaux, sa copine, depuis leur première rencontre, sans jamais apparaître lui-même à l'écran. Et on voit toute l'utilité de la démarche de la #meufteam : un homme est aux commandes, la femme sa simple marionnette.

L'exercice se solde parfois par une réussite comme « La vie d'Adèle », film récompensé à Cannes. Reste que ce long-métrage est tiré d'une bande dessinée de... Julie Maroh. Une artiste, scénariste et dessinatrice, lesbienne militante, snobée par Abdellatif Kechiche, comme par hasard.  

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.