vendredi 24 mai 2013

Livre - "La muraille de lave", Indridason sans Erlendur...


Quand un de ses amis d'enfance lui demande d'intervenir discrètement dans une affaire de chantage, Sigurdur, policier, ne sait pas dire non. Il se rend au domicile d'une femme, une échangiste, bien décidée à rembourser ses dettes en faisant chanter la belle-sœur de l'ami de Sigurdur adepte de ces parties fines. Sur place, le policier découvre la femme le crâne fracassé. Visiblement, il a été précédé par quelqu'un qui a trouvé une solution plus expéditive.
Nature hostile, hommes refermés sur eux-mêmes... Ce polar islandais d'Arnaldur Indridason, au cours sinueux et multiple, débute avec la violence d'un torrent pour s'achever avec la force d'un immense fleuve emportant tout sur son passage. Notamment le secteur bancaire du pays. (Points, 7,90 €)

jeudi 23 mai 2013

Billet - Les çonneries du brouhaha du multimédia

Bienvenue dans le monde du multimédia. La rédaction de l'Indépendant n'échappe pas à cette évolution du métier de journaliste. En ce moment, tous les journalistes sont en formation. Apprendre à écrire pour le net, faire des tweets, des vidéos... Et pour motiver les troupes, chaque reporter a reçu un superbe smartphone dernière génération. Le nouveau couteau suisse de l'aventurier de l'information locale.
Comme toujours avec un jouet neuf, il faut du temps pour en saisir toutes les subtilités. Par exemple, côté sonnerie, c'est un peu la cacophonie à la rédaction. Car ces smartphones, en plus de permettre de recevoir des appels, font également du bruit quand un SMS arrive et même un email (enfin, pour les utilisateurs les plus futés).
Conséquence la salle de rédaction (un open space sans aucune séparation, même pas d'armoires...) se transforme en auditorium ouvert à tous les sons préenregistrés dans ces machines de l'enfer. Les machos, et ils sont nombreux, ont choisi majoritairement le sifflement. Toutes les deux minutes on lève la tête en se demandant qu'elle est la jolie fille qui suscite une telle admiration. Perdu, c'est un simple SMS, certainement moins affriolant que la beauté espérée. Le « toc toc » à la porte retentit aussi souvent que le dring dring du facteur. Chez les sportifs, le bruit caractéristique du décapsulage d'une bouteille de bière aura certainement un beau succès. Et puis il y a les poétiques, ceux et celles qui se démarquent. Un refrain de Joe Cooker ou de Barry White, le « cuicui » d'un moineau ou les cris de ces mouettes, parfaitement reproduits. On se croirait dans une BD de Franquin. Vivement l'été et le bord de mer... 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Amour de filles dans la BD qui a inspiré "La vie d'Adèle"

La présentation en compétition officielle à Cannes du film d'Abdellatif KECHICHE "La vie d'Adèle" est l'occasion de ressortir cette critique (publiée en 2010) de la BD "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh, la BD originale dont est librement inspiré le scénario. 


Clémentine est une adolescente qui se cherche. Elle découvre le lycée, une certaine indépendance, les garçons, la drague. Et un jour, en marchant dans la rue, c'est le coup de foudre. Pour Emma, une fille aux cheveux bleus. Ce long récit de Julie Maroh est une étude tendre et sensible sur la difficulté d'aimer et d'accepter ses différences. Car Clémentine, va longtemps garder en elle cet amour immense. L'éducation stricte de ses parents, notamment son père, fait qu'elle se sent coupable, comme anormale, amorale. Elle tentera même d'avoir des relations avec des garçons. Mais le fantôme d'Emma revient sans cesse dans ses rêves. 
Emma qui fera le premier pas. Mais elle aussi mettra du temps avant de laisser libre cours à ses sentiments. 
Témoignage sur la jeunesse des années 90, ce roman graphique nous permet de découvrir une dessinatrice talentueuse maîtrisant parfaitement la narration de cette histoire d'amour qui finit mal.
« Le bleu est une couleur chaude », Glénat, 14,99 €

mercredi 22 mai 2013

Billet - Achats compulsifs, du plus petit au plus gros

C’est plus fort qu’elles : les femmes ne peuvent pas résister quand elles sont sous l’emprise du démon de l’achat compulsif. Et sur internet rien ne les arrête. Produits de beauté, biens culturels... elles craquent dès que le compte en banque affiche un montant confortable.
Vous êtes sceptique? Prenez Yahoo! Ce géant de l’internet américain a mis à sa tête Marissa Mayer. Intelligente, compétente, mais femme avant tout. Quand elle apprend qu’elle dispose de quelques milliards de dollars sur le compte de la société, elle craque. Et cherche à acheter coûte que coûte une grosse babiole inutile et surestimée. Elle jette son dévolu sur Dailymotion. Mais Arnaud Montebourg, juste pour la contrarier (il sort d’une rupture sentimentale douloureuse), fait capoter l’affaire.
Déprimée, Marissa retrouve le sourire en surfant sur les Tumblr, tous plus hilarants les uns que les autres. Elle dépose un peu plus d’un milliard de dollars sur la table et rachète cette plateforme de blogs. Sa pulsion assouvie, elle ose même l’annoncer en publiant un Gif!

P. S.: Cette chronique, écrite au second degré, ne pourra en aucun cas être utilisée par une avocate sans scrupule engagée par mon épouse dans le cadre d’une procédure de divorce pour cause de misogynie avérée. Le budget du foyer est parfaitement géré par ma tendre moitié. Les seuls achats compulsifs existants sont à mettre à mon crédit (découvert plus exactement...) comme l’achat de l’intégrale de San Antonio chez Bouquins (11 tomes) alors que j’ai déjà la collection complète en poche...

Billet - Mauvais points sur Twitter pour Hollande, créateur de bashing

T
out le monde pratique le Hollande bashing. Une invention de l'ère numérique. Ce terme désigne le fait que l'action du président de la République soit dénigrée en permanence sur les réseaux sociaux. Tant par la presse que les anonymes. Difficile de savoir s'il s'agit d'une impression ou de la réalité. Evident par contre, la cote du « président normal » a sérieusement chuté chez les twittos depuis sa conférence de presse. Paul Larrouturou, journaliste au site internet d'Europe1, ose cette question : « Pourquoi avez-vous choisi de ne pas vous exprimer personnellement sur Twitter ? » François Hollande, sourire en coin, retrouve sa répartie d'antan pour moquer cette interrogation et fait pouffer le gouvernement et les confrères journalistes : « Serait-ce là la preuve de mes mauvais sondages ? Je n'aurais pas twitté comme il convenait ? » Bon, d'accord, il faut savoir détendre l'atmosphère dans ce genre de rendez-vous. Et Twitter est souvent drôle. Mais là on a senti comme un mépris, un profond dédain pour les habitués des réseaux sociaux. Pourtant, Twitter est un outil très utilisé par les services de communication du président. La preuve ? Sur le pupitre de François Hollande figure d'un côté l'adresse Twitter de la présidence (@elysee) et de l'autre le hashtag-référence à l'événement (#ConfPR). Donc si sa sortie contre Twitter amplifie le Hollande bashing, qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même. Et s'il n'a pas saisi le principe de Twitter, il peut toujours mettre @valtrier à contribution. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Les clandestins n'ont rien à perdre

Gabriel et Maria n'ont plus rien à perdre. L'adolescent originaire du Vénézuela, avec sa petite sœur, a fait le grand saut. Il a quitté la misère et les bidonvilles pour le rêve américain. Entassés dans un container, ils ne verront pas la statue de la Liberté. Une opération de la police des frontières met fin aux rêves de renouveau. Gabriel est capturé, Maria blessée. Pourtant l'intervention d'un flic ripou va changer la donne. Il a remarqué la détermination de Gabriel. Il lui propose un marché : la sécurité et la nationalité américaine pour la fillette en échange de sa collaboration. 
Gabriel n'hésite pas une seconde. Maria devient la fille adoptive d'une riche « gringo ». Lui se transforme en garde du corps de ce Ricain magouilleur, bien décidé à s'enrichir en vendant des armes aux cartels sud-américains.
Le scénario de Marazano est dur, réel, crédible... Gabriel irradie l'album de sa présence, de son nihilisme. Ennio Bufi, dessinateur italien de Geronimo Stilton, s'aventure avec énormément d'efficacité dans le réalisme.
« Clandestino » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €

mardi 21 mai 2013

BD - Wendy ou les tribulations d'une espionne en Afrique


Le personnage de l'espionne fatale a encore de beaux jours devant lui. Pour preuve les aventures de Wendy écrites par Duval et dessinées par Quet. La jeune Anglaise vit en Normandie. On est en 1915 et pendant que les soldats s'étripent dans les tranchées, d'autres combats plus feutrés se déroulent dans les rares pays épargnés par la Grande guerre. Première scène très mouvementée au Portugal. Wendy parvient à récupérer des documents secrets sur la trahison d'un officier anglais en Afrique. 
Après un passage en France - histoire pour nous d'admirer la belle en robe de soirée - elle s'embarque pour l'Afrique. La région du Nyassaland exactement, entre Kenya et Mozambique. C'est là, dans cette savane encore peuplée de gibier recherché par les riches gâchettes occidentales, qu'elle va être confrontée à ce qui se fait de mieux en matière d'espionnage et de trahison. 
Une ambiance très coloniale et mystérieuse pour une série qui fait la part belle aux paysages vierges et scènes animalières. Une chasse au léopard inoubliable clôture ce premier tome très prometteur.
« Wendy » (tome 1), Delcourt, 13,95 €

lundi 20 mai 2013

Billet - La question façon UMP

 

L'interactivité est une des forces d'internet. L'internaute, pour tout et n'importe quoi, est mis à contribution. Les sondages se multiplient comme des petits pains. Des pains au chocolat dans le cas de l'UMP. Sur son site, le parti de droite a ouvert une rubrique « Question de la semaine ». Il s'agit d'interroger les Français sur l'action du gouvernement de François Hollande. Une leçon pour tous les apprentis sondeurs qui cherchent à savoir comment orienter des réponses. Cette semaine, l'UMP demande on ne peut plus sérieusement : « En augmentant massivement les impôts, dépenses publiques et cotisations, en étranglant les entreprises, en supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires, François Hollande est-il responsable de l'aggravation de la crise ? » Et en remontant le temps, on découvre que toutes les questions sont de cet acabit.
Résultat, ils sont nombreux à se moquer du parti de Jean-François Copé sur Twitter sous le hashtag #FabriqueUnSondageUMP. Le genre de question qui contient déjà la réponse. « Hollande étant le pire président de l'histoire du monde entier, Sarkozy vous manque-t-il rien qu'un tout petit peu ? » est le faux sondage le plus partagé.

Mais le plus comique dans l'affaire, c'est le résultat du  véritable sondage sur la responsabilité du président dans l'aggravation de la crise. Hier, ils étaient 91 % à répondre... non. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - La jeunesse perdue de Dent d'ours

Avoir 10 ans en 1930 en Silésie. Max, Werner et Hannah sont des camarades inséparables. Malgré les vociférations des nazis, ils profitent de leur jeunesse et de leur passion commune pour l'aviation. Gamin, ils fabriquent des maquettes de planeurs en rêvant un jour de monter dans un modèle plus grand. Adolescents, ils ont enfin la possibilité de concrétiser leur rêve. Mais l'école de pilotage est aux mains des caciques du parti d'Hitler. Si Werner et Hannah sont acceptés, Max est refoulé. Max est Juif. La belle amitié sera brisée par le fanatisme de quelques adultes. Les parents de Max, persécutés, se réfugient aux USA. Quelques années plus tard, Max est enfin devenu pilote. Sur un porte-avions US, il chasse les kamikazes japonais au-dessus du Pacifique. Mais il devra renouer avec son passé européen et se lancer dans une mission périlleuse où ses serments d'amitié seront mis à rude épreuve. Un récit de Yann, parfaitement ciselé pour Henriet, dessinateur d'exception. Il dessine les enfants comme seul MiTacq et sa patrouille des Castors a su le faire. Les avions et combats aériens donnent un côté très Buck Danny à un triptyque promis à un beau succès.
« Dent d'ours » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

dimanche 19 mai 2013

Billet - iTunes fait péter les ventes

Les 45 tours ont vécu. Exit la musique physique, place à la musique dématérialisée. Le Top 50 d'aujourd'hui est tout simplement représenté par les ventes sur
iTunes, la plateforme d'Apple. On peut voir quasiment en direct l'évolution des goûts de la planète entière. Car les classements des ventes de singles sont proposés par pays. Depuis la semaine dernière, le duo (mystérieux et français) Daft Punk caracole en tête. Une remarquable neuvième place aux USA, la première en Angleterre, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Norvège... Mais en France alors ? Daft Punk, dès la sortie de Get Lucky, se place en tête des ventes. Mais depuis trois jours, les rois de la musique électronique se contentent de la seconde position. Un autre phénomène, typique d'une certaine « exception française », fait des ravages dans les oreilles. Numéro 1 des ventes, devant Daft Punk, Pink et toutes les stars américaines : « Et quand il pète il troue son slip » ! Une parodie interprétée par l'humoriste Cartman, entendue sur D8 en mars. Grimé en blond peroxydé, il devient Sébastien Patrick, caricature de l'ancien rugbyman du Sud-Ouest, devenu imitateur et animateur télé. La chanson, aux paroles aussi explicites que le titre, est bien partie pour devenir le tube de l'été, un futur classique des banquets bien arrosés. Et le plus dramatique, c'est que pour écrire cette chronique, j'ai dû l'écouter plusieurs fois. Total, j'ai l'air et la phrase en tête. Impossible de m'en défaire. Et quand il....
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.