Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi matin en dernière page de l'Indépendant.
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
lundi 13 mai 2013
Billet - Un point, c'est tout !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi matin en dernière page de l'Indépendant.
Livre - La mémoire imagée de Gilles Jacob
Gilles Jacob, dans cet exercice de style, déroule les grands et petits moments de sa vie peuplées de stars et de chefs-d'œuvre du 7e art.
Le festival de Cannes débute dans deux jours. Les plus grandes stars, les meilleurs réalisateurs se donnent rendez-vous sur la Croisette pour une quinzaine entre émotion, scandale et révélation. Si Cannes a toujours été le mètre étalon dans la production cinématographique mondiale, elle le doit en grande partie à Gilles Jacob, son président. Il a su détecter des talents naissants tout en maintenant un certain classicisme. Ce fou de cinéma, longtemps critique redouté, livre dans « Les Pas perdus », un patchwork de souvenirs, brefs et incisifs.A la manière de Georges Perec, Gilles Jacob a collecté ses bribes de souvenirs en 496 entrées. Mais si l'écrivain s'est contenté de ses réminiscences d'enfance et d'adolescence, le président du festival de Cannes a balayé plus largement la quasi totalité de sa vie, soit 60 années de culture française. Cela permet de faire un pont entre les générations, de Michel Simon à Lars Von Trier en passant par Deneuve ou Belmondo. Il y a une forte coloration cinéma dans ce livre, mais Gilles Jacob y dévoile aussi son enfance et ces petits riens qui ont marqué les décennies. Dans la première catégorie, l'anecdote de la surprise partie où, en compagnie de Claude Chabrol, il a récolté une cicatrice sur le crâne. « Déguisés en cambrioleurs, nous sommes passés par l'escalier de service, la corniche et la fenêtre du salon entrebâillée, le visage dissimulé derrière un loup noir sous une caquette d'Apache. (…) Un énorme gaillard m'abattit une bouteille de bière sur la tête. » Si Perec s'est souvenu de Pipette, le joueur de rugby à XIII, Gilles Jacob lui préfère « Pierre Albaladejo qu'on appelait M. Drop parce qu'il bottait des deux pieds et qu'il marquait. »
Trou de mémoire
Sorte d'exercice pratique contre l'oubli, ce texte se picore avec délice. Parfois cela s'enchaîne selon une logique numéraire, des « trois grand fleuves russes » au « lundi en huit ». Et puis il y a les passage un peu plus longs comme l'histoire « d'un homme qui vers cinquante ans s'est aperçu que l'endroit au monde où il se sentait le mieux était son lit. Couché, le corps bien calé sous ses oreillers, au chaud sous ses couvertures. (…) Il avait fini par ne plus mettre le pied par terre, sauf pour sa toilette. »
L'auteur se permet même des incursions dans le futur, racontant une cérémonie du festival dans quelques dizaines d'années, sur les hauteurs, la Méditerranée ayant englouti le Palais des Festival. Interrogation aussi sur la mémoire, sa mémoire. Il se souvient de cette fin de soirée ou il n'a plus retrouvé sa voiture. Une absence, un trou. Inquiétant ? Non, car le fait même de s'en souvenir est paradoxalement un bon signe.
Et pour terminer sur une note optimiste, à la 176e entrée, Gilles Jacob se souvient « du fin mot de l'histoire. »
« Les pas perdus » de Gilles Jacob, Flammarion, 15 €
dimanche 12 mai 2013
Billet - Thèse participative
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant.
samedi 11 mai 2013
BD - Libère le tigre qui est en toi avec "Klaw"
Un gringalet régulièrement tabassé par les fortes têtes de son collège : la vie d'Ange Tomassini n'est pas de tout repos. Dans ce futur proche, les relations entre adolescents n'ont que peu évolué par rapport à nos jours. Mais Ange n'est pas aussi faible qu'il en a l'air. Il se persuade, avant de tomber dans les pommes sous les coups, qu'il se transforme en tigre et fait fuir tous ses adversaires. Et si c'était vrai ? Ozanam signe un scénario intelligent et subtil sur l'adolescence, les rapports avec les adultes, le tout saupoudré d'un peu de fantastique. Moins crédible le fait qu'Ange soit le fils d'un ponte de la mafia. Mais c'est nécessaire pour expliquer la fugue du gamin, en compagnie de son garde du corps. Une série dessinée par Joël Jurion, au trait dynamique, aux influences japonaise et américaines dans le découpage. Cela se lit vite, avec plaisir. Et cerise sur le gâteau, le second tome sort à la fin du mois de mai et l'ultime chapitre de ce triptyque sera en vente en librairie en juin. Vite fait, bien fait !
vendredi 10 mai 2013
Billet - Ariel Castro à visage découvert, ange ou démon ?
Hier sa page était toujours publique. Sa photo est beaucoup moins effrayante que celle diffusée par la police. Petite barbe bien taillée, casquette et sourire, il a 38 amis. Il partage certains statuts comme cette photo, un enfant gratte une immense guitare. Il présente la basse sur laquelle il joue dans des groupes latino-américains. Son dernier message date du 2 mai. « Miracles really do happen, God is good :) » Quatre jours plus tard, le véritable miracle tenait à la libération des trois jeunes femmes captives depuis dix ans dans sa maison.
On ne voit pas l'intérieur de cette maison de l'horreur. Mais il en parle le 1er mai. Il explique avoir entendu un « grondement agréable » dans la rue et être sorti admirer une Harley. Sortir dans la rue, Amanda, Gina et Michelle devaient en rêver nuit et jour durant leur long cauchemar. La trace laissée par Ariel Castro sur Facebook est encore plus troublante quand on découvre qu'il est « ami » avec un musicien portant le même nom qu'une des séquestrées. Sur le mur de celui-ci, des centaines de commentaires. Certains croient qu'il est de la famille de Gina (faux) et d'autres l'interrogent : comment a-t-il pu être ami avec ce « sick freaks », ce monstre malade.
Comment savoir ? Comment se douter ?
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.
BD - La belle et le sauvage d'Ignacio Noé
jeudi 9 mai 2013
Billet - 1D en 3D le 28/08
Les « Directioners » (c'est le nom que les fans se donnent entre eux) piaffent d'impatience. Que les autres, imperméables à la musique industrielle et à la plastique juvénile, ne dédaignent à l'avance le long métrage. Tout simplement car il est réalisé par Morgan Spurlock. Ce documentaliste américain s'est fait connaître avec « Supersize me », le film choc sur MacDo. Ne mangeant plus que dans les fast food, il a filmé sa descente aux enfers. Son regard objectif sur l'engouement pour les 1D, phénomène de société, ne plaira pas forcément aux fans, mais ne manquera pas d'intérêt pour les générations futures.
BD - Dépression en couleur dans "Notre seul ami commun" de Boris Mirroir
Boris Mirroir aime tromper son monde. De loin, ces deux albums de BD en couleur et pleins de jolis dessins de personnages à gros nez, tendance anthropomorphisme, semblent être une succession de gentilles scènes. Perdu ! Il s'agit d'une histoire autobiographique. Une période noire de la vie de l'auteur. Il se coupe du monde, boit de plus en plus alors que sa mère est en train de mourir du cancer. Dans la première scène il se rend à l'hôpital. Mais plutôt que de monter dans la chambre de l'agonisante, il reste sur un banc à proximité à écluser bière sur bière. Là il rencontre Mouss, un compagnon d'infortune. Insouciant, à l'écoute, il va tenter de sortir Boris de sa déprime. Notamment en lui présentant Mary. Mais a-t-on le droit d'être amoureux quand sa mère est sur le point de mourir ? Ce triptyque (les deux premiers tomes sont sortis, le troisième annoncé pour juin) est d'une rare noirceur. Dépressifs, détournez votre chemin. A moins que le malheur des autres ne vous fasse oublier le vôtre. Le résultat est d'une virtuosité graphique étonnante, avec des airs de Moëbius mâtinés de Mandryka.
mercredi 8 mai 2013
Billet - Polémique après le clip d'Indochine, "Cachez cette violence..."
Le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) entre dans la danse. « Assez de cette mode de la violence » s'indigne Françoise Laborde. Dans une longue lettre publiée sur le site du Huffington Post, Xavier Dolan lui répond : « vous intervenez dans le débat sur la légitimation de la violence à l'écran avec environ trente-cinq ans de retard. » On ne peut que lui donner raison en voyant le contenu des séries américaines. De toute manière, Collège Boy a déjà été visionné 1 million de fois sur internet. La censure du CSA semble un combat perdu d'avance. Et la lutte contre la violence à l'école peut-elle se passer de la prise de position courageuse d'Indochine ?
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.








