vendredi 31 mai 2024

En vidéo - “Iris” redécouvre le désir

Film français de Caroline Vignal avec Laure Calamy, Vincent Elbaz, Suzanne de Baecque, Laurent Poitrenaux.

Moins comique que Antoinette dans les Cévennes, mais tout aussi profond dans son message, Iris et les hommes s’appuie de nouveau sur le duo gagnant formé par Caroline Vignal (scénariste et réalisatrice) et Laure Calamy (comédienne).

Après les grands espaces de la Lozère champêtre, c’est un film résolument urbain qui devrait provoquer quelques remous dans certains couples un peu trop installé dans ses habitudes. Ces habitudes, si pratiques et confortables dans le quotidien, mais qui inéluctablement érode, voire annihile totalement, le désir qui a permis, quand ils étaient jeunes et pleins de sève, à Iris (Laure Calamy) et Stéphane (Vincent Elbaz) de devenir mari et femme et parents de deux filles.

Mais aujourd’hui Iris est triste. Cela fait des années que c’est le calme plat dans la chambre à coucher. Elle aime toujours Stéphane. C’est réciproque. Mais la flamme du désir s’est éteinte. La solution, Iris va la découvrir au hasard d’une rencontre avec la mère d’un élève qui est dans la même classe que sa fille : « Inscrivez-vous sur un site de rencontre. Vous vous sentirez de nouveau désirée ! » Ce qu’Iris fait immédiatement, avec un réel succès. Le film, de populaire, aurait pu virer au graveleux. Écueil évité car ce n’est que du point de vue de l’épouse qui cherche à retrouver confiance en elle, son corps, que l’histoire est racontée.

Iris expérimente, hésite, échoue, jouit, se remet à sourire. Ce qu’elle résume dans un étonnant point de vue à sa fille adolescente de 16 ans « Il ne faut pas toujours dire non. Dire oui, c’est accepter de vivre. » Et c’est ce message, dire oui à la vie, accepter ses envies et oser, qui risque de faire des remous dans les couples courageux qui auront vu ce film ensemble.

 

jeudi 30 mai 2024

Thriller - Franck Thilliez met le cap vers le Grand Nord canadien

Dans la ville imaginaire de Norferville, dans le Grand Nord du Canada, les femmes meurent dans d’atroces souffrances. Un tueur sadique fait de la concurrence au froid mortel. 


Amateurs de frissons, vous serez doublement satisfaits en lisant Norferville, le nouveau thriller signé Franck Thilliez. Des frissons de peur mais également de froid car l’action se déroule dans le Grand nord canadien.

Si le romancier français, champion des ventes, a débuté en racontant les enquêtes de Lucie Henebelle dans le Nord de la France, rejointe par Franck Sharko, il quitte cette fois le cadre de l’Hexagone pour plonger son nouveau duo d’enquêteurs dans le Québec profond, typique et peu accueillant.
Les premières scènes se déroulent pourtant près de Lyon. C’est là que le détective et criminologue Teddy Schaffran est sur la piste d’un serial killer. Au moment où il le met hors d’état de nuire, cet homme profondément blessé après la mort de sa femme (il a perdu un œil dans l’accident), apprend que la police canadienne vient de retrouver le corps de sa fille atrocement mutilé dans la forêt à proximité de la ville minière de Norferville. Teddy quitte tout pour récupérer le corps de celle qui ne lui parlait quasiment plus depuis des années.

Un début de roman coup de poing, qui présente aussi l’autre protagoniste : Léonie Rock, flic à la Sûreté du Québec et envoyée sur place pour tenter de trouver le meurtrier. Elle a été désignée car elle est métisse, à moitié Innu par sa mère, la tribu d’autochtones qui vit désormais dans une réserve. Elle aussi a un passé compliqué. Revenir à Norferville est une épreuve. Elle devra faire face à des démons du passé et tenter de ne pas céder à la facilité de la vengeance.

Une fois la psychologie des deux héros bien campée, place à l’action, à l’intrigue. Aux intrigues plus exactement tant les ramifications de ce premier meurtre vont s’étendre à toutes les couches de la population de la ville. Il y a dans cette cité qui ne vit que pour les mines de fer à ciel ouvert qui défigurent le paysage, plusieurs communautés antagonistes. Les autochtones, de la tribu des Innus, spoliés de leur terre, enfermés dans une réserve, abreuvés d’alcool et de drogue pour annihiler toute révolte. Les mineurs, forçats tenus à l’écart, loin de leurs familles restées au Sud, ne quittant que rarement leurs baraquements sordides. Et enfin les cadres de la mine, riches, opulents, maîtres des lieux avec les quelques commerçants. Mais au-dessus, il y a avant tout la police locale, tenue par une main de fer depuis pus de 20 ans par Paul Liotta, un Blanc suprémaciste appréciant d’humilier les Innus.

Une chaudière prête à exploser. Même si les températures ne dépassent que rarement les moins 15 °C. Pour preuve, quand Teddy va voir le corps de sa fille entreposé provisoirement sur la glace de la patinoire de la ville, il constate que « paradoxalement il fallait chauffer l’endroit pour garder une température d’environ moins 8 °C, idéale pour la conservation du corps. » Le froid omniprésent dans ce roman. Si Léonie sait combien sa morsure peut être douloureuse, voire mortelle à brève échéance, Teddy est ignorant des dangers et souvent il sera à deux doigts d’y laisser la vie. Notamment quand il croira voir le fantôme de sa femme s’éloigner dans les bois : « Elle lui faisait des signes et reculait dans les bois au fur et à mesure que lui avançait. Teddy n’arrivait pas à résister à la tentation de la suivre. La forêt murmurait, bruissait. La forêt l’appelait pour lui présenter ses monstres. » Et des monstres, il y en a en quantité dans cette région isolée. Le Wendigo, légende indienne, le blizzard, tueur insidieux et aussi certains hommes, prêts à tout pour satisfaire leurs instincts sadiques.

Sans répit, avec une multitude de rebondissements et un final en apothéose, Norferville prouve que Franck Thilliez sait exporter sa science de l’horreur.

« Norferville », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 456 pages, 22,90 € (« La faille » vient de sortir en poche chez Pocket, 528 pages, 9,20 €)

mercredi 29 mai 2024

Littérature étrangère - « La mémoire des mers » entre pétrole et baleines

Histoire familiale, fable écologique et quête personnelle : le nouveau roman de Petra Rautiainen raconte avec brio une partie cachée de la Norvège. 


L’image de la Norvège, pays éclairé qui a décidé de faire profiter toute sa population de la manne du pétrole, sort un peu écornée de ce roman de Petra Rautiainen. L’or noir permet à cette contrée d’être parmi les plus riche et progressiste, mais cela reste un trésor issu d’une énergie fossile, limitée et aux conséquences écologiques catastrophiques.

La mémoire des mers, sous couvert d’une histoire familiale tragique, explore les toutes premières conséquences négatives de la recherche du pétrole dans les mers du Nord de l’Europe. Pourtant, la narratrice, Aapa, est l’employée zélée d’une compagnie pétrolière. Née dans le nord du pays au sein de la minorité kvène, elle vit désormais en Floride. Elle écrit les scénarios de documentaires destinés à présenter positivement l’action des multinationales. De la pure propagande.

L’action se déroule au début des années 80 et les premiers rapports dénonçant le réchauffement climatique à cause des gaz à effet de serre sont rendus publics. Son boulot n’en devient que plus important…

Elle va revenir en Norvège, dans le village où elle a grandi, pour un documentaire où intervient un des plus grands foreurs du pays, Henrik. Car comme elle le sait parfaitement, « la réalité n’est pas constituée de faits, elle est composée d’histoires. » Henrik a qui elle reproche d’être responsable de la mort accidentelle de sa mère ? Tuée en 1959 par une baleine devenue folle.

Reste à savoir pourquoi le cétacé est devenu agressif. Ce passé hante Aapa. Ses rêves en souffrent : « Le sommeil est semblable à la mer. Il vous appelle vers le rivage ou vous emporte vers le grand large. Il vous porte à la surface ou vous plonge en ses abîmes. Dans le monde nocturne, je suis sous la mer et une vague blanche déferle au-dessus de moi comme une queue de baleine. Elle se jette sur moi. » Un roman total, organique et glacial. Comme cet océan arctique qui pourtant, très bientôt, ne gèlera plus du tout en été.

« La mémoire des mers », Petra Rautiainen, Seuil, 256 pages, 21,50 € (« Un pays de neige et de cendres » vient de sortir en poche aux éditions Points, 320 pages, 8,30 €)

mardi 28 mai 2024

Un beau livre : Cathares


Grand spécialiste des Cathares, Michel Roquebert travaillait sur une vaste encyclopédie. Il n’a pas pu aller au bout de ce chantier colossal, somme de toutes ses connaissances.

C’est son élève, disciple et ami Patrice Teisseire-Dufour, bien connu dans l’Aude, qui a repris le flambeau, complétant les 215 entrées et effectuant un long et rigoureux travail de vérification et de synthèse.

À l’arrivée cette encyclopédie est le livre parfait (sans le moindre jeu de mot…) pour découvrir l’histoire des Cathares, l’importance de ce mouvement de pensée, le tout enluminé de gravures de Marie-Amélie Giamarchi.

« Cathares, encyclopédie d’une résistance occitane », Privat, 256 pages, 29,90 €

lundi 27 mai 2024

Un polar du Sud : L’orange était sanguine

Ancien policier, Patrick Caujolle a sans doute puisé dans quelques-uns de ses souvenirs pour écrire ce nouveau polar, son 5e. L’action se déroule à Toulouse mais l’essentiel de l’intrigue a pour cadre Perpignan et la Catalogne sud.

Le capitaine Bastide va donc tenter de découvrir qui a tué un certain Habib Gacem à Toulouse. Rapidement il va suivre une piste au Perthus dans le milieu de la prostitution et à proximité de Barcelone dans des plantations d’orangers.

C’est direct, percutant, très actuel et en prime on parle un peu de foot et même du village fantôme de Périllos dans les Pyrénées-Orientales.

« L’orange était sanguine », Patrick Caujolle, Cairn, 274 pages, 12 €

dimanche 26 mai 2024

Une revue BD : Métal miaulant…


Pour son retour à la tête de Métal Hurlant, Jean-Pierre Dionnet coordonne un spécial… chats. L’animal préféré des décérébrés du net dans la revue de BD et de science-fiction ?

Pas si étonnant que cela tant les félins, par leurs attitudes mystérieuses et ambiguës sont encore ce qui se rapproche le plus des aliens.

On retrouve au sommaire quelques solides signatures (Jean-Claude Denis, Cestac, Olivia Clavel ou Panaccione) et des auteurs moins connus mais qui méritent le détour comme Bon Op’t Land, Manolo Carot, ou Seera sur un scénario désopilant de Jean-Luc Cornette.

« Métal Hurlant, spécial chats », Les Humanoïdes Associés, 290 pages, 19,95 €

samedi 25 mai 2024

Un témoignage : "Le couteau" de Salman Rushdie

Le 12 août 2022, un homme tentait d’assassiner Salman Rushdie alors qu’il prend la parole à Chautauqua aux USA. Gravement blessé, l’écrivain revient pour la première fois sur cette attaque. Le couteau, sous-titré « Réflexions suite à une tentative d’assassinat » est une plongée saisissante dans l’esprit d’un homme qui s’est vu mourir. Mais le livre aborde surtout l’après.

Si Salman Rushdie, tétanisé, ne s’est quasiment pas défendu, d’autres personnes, sur scène et dans la salle, ont volé à son secours. « A Chautauqua j’ai connu le pire et le meilleur de la nature humaine […] La possibilité d’assassiner un vieil étranger pratiquement sans raison », mais aussi « le courage, l’altruisme, la volonté de risquer sa vie pour venir au secours de ce vieil étranger gisant au sol. »

« Le couteau » de Salman Rushdie, Gallimard, 272 pages, 23 € 

vendredi 24 mai 2024

Polar - M. J. Arlidge mène la vie dure à son héroïne Helen Grace

 Policière exemplaire et d’une rare efficacité, Helen Grace est acculée. Menacée par un psychopathe, elle doit découvrir qui assassine à la hache des citoyens au-dessus de tout soupçon. 


Helen Grace semble indestructible. La policière de Southampton imaginée par M. J. Arlidge vit dans Quand le chat n’est pas là… sa 11e aventure. Cet écrivain britannique, par ailleurs producteur de séries télé, maîtrise à la perfection l’art du feuilleton. Une héroïne récurrente humaine et de plus à plus à fleur de peau, quantité de personnages secondaires tout aussi attachants, des rebondissements à foison : le lecteur en a pour son argent. L’auteur, pour relancer la série, n’hésite pas à mettre son héroïne en position de plus en plus délicate.

Tout en menant une nouvelle enquête, elle devra surveiller ses arrières car un psychopathe qui lui a échappé manipule des hommes faibles pour l’éliminer. De plus, son chef, ne supporte plus son indépendance et sa réussite. La discréditer est devenu sa principale occupation.

Mais en attendant, Helen doit veiller sur les citoyens. Or, un crime effroyable vient de remonter d’un cran la paranoïa des habitants de la ville du sud de l’Angleterre. Une femme a été tuée, le crâne fracturé d’un coup de hache, dans son lit. Quelques bijoux ont été dérobés.

Tout en développant des intrigues annexes (Charlie, l’adjointe d’Helen, est persuadée que son mari la trompe, Emilia la journaliste est prête aux pires actions pour un scoop…), M. J. Arlidge lance les enquêteurs sur plusieurs pistes, du collègue harceleur au cambrioleur violent et sadique. Des impasses qui font douter Helen, d’autant que de nouveaux meurtres sont commis (un ado et une autre femme au foyer) et qu’elle se retrouve après un accident, mise à pied, quasiment renvoyée de la police.

Même si parfois c’est presque un peu trop gros, ce polar reste d’une efficacité radicale. On est avec Helen, on veut savoir comment elle va pouvoir se sortir de cette situation quasi désespérée, tout en se demandant qui est ce tueur à la hache.

« Quand le chat n’est pas là… » de M. J. Arlidge, Les Escales, 480 pages, 22 €

jeudi 23 mai 2024

BD - Nyota, sauveur d’étoiles

La planète explorée par Nyota, jeune cadet en formation au Poste de surveillance des étoiles, n’a pas de nom. Juste un matricule : AL-X2. Dans cette série destinée aux plus jeunes, imaginée par Pierre Joly et dessinée en couleurs directes par Lucile Thibaudier, Nyota vient de terminer ses examens. Il pense avoir réussi et va enfin pouvoir intégrer ce corps d’élite qui sillonne l’espace pour secourir des planètes en danger.

Patatras, il n’est finalement pas reçu. Il reste à la base, déçu, quand il reçoit un appel au secours en provenance de la planète AL-X2. Seul en poste, il décide de se précipiter au secours des habitants qui subissent les assauts de leur étoile devenue beaucoup trop chaude.

Il embarque dans un vaisseau de nettoyage (le Waship, excellente trouvaille) en compagnie d’un droïde d’entretien, Jean-Michel. Ensemble ils vont faire preuve de beaucoup de courage pour sauver la population sans nuire à l’étoile.

Une BD avec des bouts de science, quelques planches plus didactiques refermant cette première aventure.

« Nyota » (tome 1), Jungle, 48 pages, 13,50 €

mercredi 22 mai 2024

BD - Connaissance du système solaire


Si des scénaristes imaginent de nouvelles planètes, d’autres se contentent de l’existant. Mais le lecteur, dans tous les cas, se retrouve embarqué dans de formidables voyages stellaires. Bruno Lecigne, scénariste passé par la télévision (Cassandre…), ancien éditeur des Humanoïdes Associés, a mis en place une série pour mieux connaître les planètes de notre système solaire.

Mais tout en apportant rigueur scientifique et quantité d’informations véridiques, il a ajouté une trame imaginaire pour mieux faire rêver.

Avant de rejoindre Mars et Jupiter, les deux premiers tomes parus, tout débute sur la Lune. Les Chinois découvrent un vaisseau spatial accidenté. Tout l’équipage est mort excepté Clarke, Alien mystérieux qui propose aux Terriens de bénéficier de sa technologie pour aller sur les autres planètes gravitant autour du Soleil. Une aubaine pour les scientifiques (menés par un Français).

Ils vont pouvoir marcher sur Mars (dessins de Fabien Bedouel), puis descendre en profondeur dans l’atmosphère orageuse de Jupiter et explorer un océan souterrain du satellite Europe (dessins de Xavier Dujardin et Afif Khaled).


L’avantage c’est que si les données scientifiques vous semblent un peu rébarbatives, vous pouvez toujours les zapper et vous contenter de l’intrigue. Car Clarke semble cacher son jeu, même s’il avoue assez rapidement qu’un autre vaisseau alien a disparu dans les parages.

Huit albums au total sont prévus pour explorer notre système solaire, le dernier (parution 2027) étant consacré au Soleil.

« Mars » et « Saturne », Glénat, 64 pages, 15,50 €


mardi 21 mai 2024

BD - Deux vies opposées sur Thellus


Très ambitieuse série lancée par la scénariste Simona Mogavino pour les éditions Glénat. Elle a imaginé une planète et ses différents mondes. Sur Thellus, elle va raconter deux vies, deux destins. Ceux d’Eva Samas (dessins de Carlos Gomez) et de Kad Moon (dessins de Laura Zuccheri).

La vie sur Thellus a basculé le jour où un vaisseau spatial s’est écrasé sur cette planète primitive peuplée d’Humains peu développés. Les « Maîtres » (les rescapés du crash), ont pris le pouvoir asservissant les autochtones. Les deux albums paraissent en même temps.

Pour plonger dans les secrets de Thellus, on suit les aventures d’Eva et de Kad. La première, fille d’un mineur d’or, devient chasseuse. Pour le compte des Maîtres, elle a pour mission de tuer tout habitant de plus de 50 ans, de récupérer le sang, de le mélanger à de l’or pour le transformer en sérum qui permet aux Maîtres de vivre quasiment indéfiniment. Capturée, elle est enfermée dans les entrailles du vaisseau spatial. 


A l’autre bout de Thellus, Kad Moon, fils d’un maître, doit fuir. La révolte gronde. Son père est assassiné, Kad trouve refuge dans une forêt dense remplie d’étranges créatures.

Deux vies, deux ambiances. Sombre et violente pour Eva, avec des dessins très noirs de l’Argentin Carlos Gomez. Verte et foisonnante pour Kad. Mais tout aussi violente car les nombreuses bêtes qu’il croise sont affamées. Sans compter les rebelles, assoiffés de vengeance après des siècles d’esclavage. C’est d’une très grande beauté plastique, l’intrigue étant assez complexe, avec deux styles de dessin complémentaires. Les amateurs de noirceur apprécieront l’univers brossé par Carlos Gomez. En opposition, la verdure et la nature explosent de vitalité sous le pinceau de Laura Zuccheri.

Deux autres albums devraient sortir avant un 5e et ultime titre qui clôturera les aventures d’Eva et de Kad sur Thellus.

« Thellus » (Eva Samas et Kad Moon), Glénat, 56 pages, 14,95 €


lundi 20 mai 2024

Cinéma - “Comme un lundi” ou le supplice du travail infini

Les Japonais aiment le travail. Mais pas au point de répéter à l’infini une semaine intense. « Comme un lundi », une boucle temporelle cinématographique rigolote sur le milieu du travail au bureau. 

Tous les films sur le thème de la boucle temporelle ne se ressemblent pas. Heureusement.
Depuis Un jour sans fin, de nombreuses versions ont été proposées aux cinéphiles. Action, ados, SF, humour… il manquait dans cet édifice infini la comédie de bureau. Ce sont les Japonais, grands travailleurs devant l’éternel, qui ont décidé de se lancer dans ce projet de travail répétitif. Dans les bureaux exigus d’une petite agence de communication, ils sont sept à plancher sur une nouvelle campagne publicitaire pour une improbable soupe miso effervescente. Une occasion en or pour la jeune et ambitieuse Yoshikawa (Wan Mariu) de se faire remarquer par une société plus en vue. Elle postule pour un poste d’assistante d’une grande publicitaire et si ce projet est concluant, elle devrait enfin accéder au Graal professionnel.

Ce lundi 15 octobre, au matin, elle se réveille au bureau. Toute l’équipe, hormis le patron, Nagahisa (Makita Sports), a été rappelée le dimanche pour proposer de nouvelles idées le lundi. Avant d’aller les présenter, deux des employés demandent à Yoshikawa d’éviter de prendre un taxi. Ce qu’elle fait. Accident, présentation ratée. De retour de l’hôpital, ils lui expliquent qu’ils sont dans une boucle temporelle d’une semaine. Une semaine à finaliser le dossier. Et se réveiller le lundi… 15 octobre à devoir tout recommencer.

Le film de Ryo Takebayashi, malgré des moyens limités (une seule pièce, peu de comédiens, encore moins d’action), a le grand mérite de plonger le spectateur au cœur d’une petite entreprise japonaise. On découvre les habitudes des uns et des autres.

Puis le problème de la boucle devient obsédant. Les semaines passent et tous parviennent à prendre conscience de l’anomalie temporelle. Grâce à un petit signe, tout simple, sorte de clé mnémotechnique aux grands pouvoirs. Tous, sauf le patron. Or les employés sont persuadés que c’est lui, apeuré d’avoir bientôt 50 ans, qui est à l’origine de cette boucle temporelle. Mais comment la rompre s’il ne le veut pas, si le déni est plus fort que l’évidence ?

Une histoire qui débute comme un documentaire, se poursuit en comédie enlevée pleine de ces trouvailles comme dans The Office, série parfaite sur le travail de bureau et se prolonge par une réflexion philosophique sur le pouvoir d’aliénation des tâches répétitives. Original et jamais vu. Voilà pourquoi on ne peut que vous conseiller d’aller voir Comme un lundi. Tous les films sur le thème de la boucle temporelle ne se ressemblent pas. Heureusement.

Film de Ryo Takebayashi avec Makita Sports, Wan Marui

dimanche 19 mai 2024

En DVD - “Moi capitaine”, terrible odyssée africaine

Moi capitaine, qui vient de sortir en DVD chez Pathé, est un film quasi documentaire de Matteo Garrone sur les migrants en provenance d’Afrique, persuadés de trouver l’eldorado en Europe.

Le drame des migrants en provenance d’Afrique et tentant de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée se résume souvent par une suite de nombres. Le nombre de clandestins arrivés et parqués dans des camps. Le nombre de ceux qui sont secourus par les ONG (organisations non gouvernementales) alors que leur embarcation est en difficulté. Et puis le plus terrible, le nombre de ceux qui sont morts durant la traversée. Ils seraient 26 000 a s’être noyés depuis 2015. Pour raconter cette hécatombe, Matteo Garrone, cinéaste italien engagé, a décidé de ne pas se contenter de la dernière partie du périple, mais de raconter dès le départ, cette étincelle qui donne la force, le courage, la déraison, à des jeunes Africains de tenter le tout pour le tout.

Un film de deux heures, où la partie maritime ne fait que 20 minutes. Avant, on apprend à connaître le personnage principal, Seydou (Seydou Sarr), Sénégalais de 16 ans, passionné de musique, persuadé qu’il deviendra célèbre en Europe et que « des Blancs viendront lui demander des autographes ». Cette prédiction, est de son cousin, Moussa (Moustapha Fall), son compagnon d’aventure.

Contre l’avis de sa mère et de nombreux adultes qui savent parfaitement que les partants ont plus de chance de mourir en cours de route que de devenir riches, ils accumulent les petits boulots pour se concocter un pactole. Car aller illégalement en Europe est un business comme un autre pour des passeurs sans foi ni loi. Le début du voyage, jusqu’au Mali, ressemble à une délivrance pour les deux amis.

Tout se complique lors de la traversée du Sahara. À pied. Presque sans eau. Seydou va comprendre que survivre sera compliqué. Et encore plus de voir ses compagnons mourir d’épuisement. Arrivé en Libye, il va connaître la prison, l’esclavage. L’entraide aussi avec certains qui comme lui, ont conservé une part d’humanité. Jusqu’à la traversée où Seydou, mineur, sera bombardé capitaine du chalutier rouillé supposé les amener, lui et la centaine de malheureux, en Sicile.

Toute la force du film de Matteo Garrone réside dans le fait qu’après la séance on ne pensera plus « migrants » dans une globalité très abstraite, mais de Seydou, Moussa, Bouba… Des hommes et des femmes qui s’accrochent à un espoir, une foi dans l’Humanité. A nous, de ce côté de la rive, de ne pas les décevoir.

Film italien de Matteo Garrone avec Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawadogo


samedi 18 mai 2024

Thriller - Ne pénétrez pas dans le « Triangle noir »

 Un policier en plein doute et un psychologue en dépression mènent en parallèle la même enquête : stopper les meurtres rituels commis par les membres de l’organisation dite du Triangle Noir.


Les Vosges, la forêt, l’hiver, la neige… Il y a de quoi déprimer en découvrant le cadre du nouveau roman de Niko Tackian. C’est d’ailleurs ce que fait Pierre Martignas vivant seul dans un chalet isolé au cœur des bois. Une erreur de diagnostic a ruiné sa carrière d’expert auprès de la police. Depuis il boit et fait des cauchemars. Cauchemars aussi pour Max Keller, policier à Strasbourg. Il ne se remet pas d’un traumatisme familial en étant enfant. Depuis il pourchasse inlassablement, au détriment de sa santé et parfois en franchissant la ligne de la légalité, les tortionnaires d’enfants.

Deux destins qui vont s’intéresser à la découverte, dans une coupe forestière, de deux corps d’adolescents. Ils ont été affamés, torturés et certains de leurs organes ont été enlevés alors qu’ils étaient toujours en vie. Signe distinctif découvert sur leur peau, marquée au fer : un triangle avec trois points à l’intérieur. Pour Max, alors qu’un autre jeune vient d’être enlevé, « Quelque chose rôdait dans la forêt. Quelque chose qui allait hanter ses jours et ses nuits jusqu’à ce qu’il trouve un moyen de l’arrêter. » Dans la neige et le froid, loin de toute civilisation, cernés d’arbres comme autant de monstres menaçants, Pierre et Max vont affronter le Mal à l’état pur.

Ce thriller de Niko Tackian, même s’il présente le sempiternel combat entre le Bien et le Mal est pourtant très éloigné de tout manichéisme. Car il y est aussi question de rédemption, de culpabilité ou de désir de vengeance. Les deux personnages principaux, quasiment sans se croiser, ont le même but. Personnel, pour retrouver dignité et confiance en soi. Plus général en voulant sauver des enfants, trop souvent victimes des folies des adultes. Une intrigue prenante mais définitivement emplie d’une implacable noirceur.

« Triangle noir » de Niko Tackian, Calmann-Lévy, 400 pages, 19,90 €

vendredi 17 mai 2024

BD - La fréquence cardiaque de Bourhis


Hervé Bourhis, dessinateur et scénariste passionné par les musiques actuelles, ose lui aussi à passer au je dans l’album Mon infractus. Vous avez bien lu infractus. Car étrangement, c’est comme cela que prononce sa médecin traitant alors que d’ordinaire cette faute, très commune, est rarement commise par le personnel soignant.

C’est en juin 2022, alors qu’il n’a que 48 ans, que le cœur d’Hervé Bourhis lui lance un sérieux avertissement. Passage aux urgences, pose de stents et une année de rééducation.

L’occasion pour le dessinateur de faire un petit retour sur sa vie. Tout le monde le pousse à raconter ce pépin de santé. Il le fera un peu, mais préfère, de loin, parler de ce qui lui a permis de tenir durant sa convalescence : son désir de retourner dans des bars pour mixer de la musique avec des copains. Voilà comment on passe la maladie à la fête. Car c’est un grand bonheur pour Hervé Bourhis de trimbaler des kilos de vinyles et de tenter de faire danser les buveurs d’un soir.

Il raconte ses débuts derrière les platines, ses soirées d’anthologies, sa décision de lever le pied et cette envie irrépressible qui le prend alors qu’il devrait se ménager. En se moquant ouvertement de tous les donneurs de leçons ou profiteurs de pathologies rares qui ont transformé le tout en business éditorial juteux, il dessine des planches dynamiques et revisite les pochettes de ses disques cultes.

« Mon infractus », Glénat, 96 pages, 20 €

jeudi 16 mai 2024

BD - Le cadeau de Frédéric Bihel


Même démarche vers l’autofiction que Gwen de Bonneval pour Frédéric Bihel. Il a cependant privilégié la forme sur le fond. Les dessins de cet album intitulé Les crayons sont d’une étonnante beauté et sérénité.

Étonnante car c’est d’un violent traumatisme dont il est question dans ces pages alternant dessins gris au crayon à papier et jolies compositions en couleurs.

Frédéric Bihel, avec sa mère, a voulu retrouver les lieux de son enfance. Première étape dans un petit village de Dordogne. Il se souvient de sa rentrée à la maternelle, son premier copain, fils de paysan qui lui a fait découvrir les joies des découvertes de la nature encore sauvage par endroits. Ou ses premiers tours de roue à vélo, sans les petites roues stabilisatrices.

Puis il s’installe à Limoges dans un appartement. C’est là qu’il va découvrir l’école buissonnière. Un matin, au lieu de descendre et rejoindre l’école (sa mère est déjà au travail), il monte au grenier et y passe la journée. Il le fera une semaine.

Quelques jours qu’il raconte selon ses souvenirs, notamment de cette fameuse boîte de crayons de couleur, puis y reviendra, adulte, toujours avec sa mère. Ce passage, nœud de l’album et de la vie du jeune Frédéric Bihel transforme cet album nostalgique en boule d’émotion.

La fin est rayonnante, comme si l’auteur, en dessinant ces planches, en mettant ses souvenirs sur le papier, se libérait d’une charge émotionnelle qui était devenue trop lourde à porter.

« Les crayons », Futuropolis, 120 pages, 23 €


mercredi 15 mai 2024

BD - Le petit Gwen réclame des comptes

Sacré travail d’introspection effectué par Gwen de Bonneval. Le scénariste et dessinateur de BD, après avoir beaucoup imaginé des existences, des vies, des situations, a voulu s’attaquer à un sujet différent : lui-même. Mais au lieu d’utiliser le « je », il a privilégié le « nous ».

Car il y a plusieurs Gwen de Bonneval. L’enfant de 6 ans, l’adolescent boutonneux, l’étudiant, le jeune père, l’artiste installé… Il est à lui tout seul une bande de « je » et passe d’une époque à l’autre, racontant sans fard ni pathos les maltraitances quand il était jeune, le harcèlement à l’école, les doutes du jeune adulte. Il dresse aussi le portrait de ses proches. Sa mère, lunatique, parfois violente, son père, le plus souvent absent ou ce grand-père, ancien aide de camp du général de Gaulle après la Libération, témoin de l’Histoire de France mais peu disert sur cette expérience pourtant unique.

Et puis ce roman graphique (dont ce n’est que la première partie) a un fil rouge : les inquiétudes du Gwen de Bonneval du présent. Face au dérèglement climatique, à la folie du monde il ne peut que s’alarmer. Pour lui, ses proches. Une longue psychanalyse intelligente et édifiante où tout lecteur ayant l’esprit ouvert pourra, en partie, se reconnaître.

« Philiations », Dupuis, 224 pages, 26 €


mardi 14 mai 2024

Cinéma - Retrouvé, “Le tableau volé” sème la zizanie

 Film de Pascal Bonitzer avec Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte


Cela n’arrive qu’une fois dans la vie professionnelle d’un commissaire-priseur : redécouvrir le tableau disparu d’un grand peintre. André (Alex Lutz), est un jeune et ambitieux commissaire-priseur travaillant pour une grosse structure. Quand il reçoit l’appel d’une avocate de Mulhouse lui demandant si ce tableau a une quelconque valeur, il est sceptique.

La photo envoyée par portable est incomplète et mal éclairée. Ce serait un Egon Schiele. Selon André, cela ne peut qu’être un faux. Il va sur place avec son ex-épouse Bertina (Léa Drucker), experte, et tombe de haut. Car le simple ouvrier de 30 ans, vivant encore avec sa mère, a réellement en sa possession une authentique toile volée par les nazis au début de la guerre.

La trame générale du film de Pascal Bonitzer n‘est que le prétexte pour présenter les différents protagonistes de l’histoire. André, trop froid et impliqué dans son travail, multipliant les signes extérieurs de réussite (montres de luxe, voitures de sport). Bettina, volage, insatisfaite, mystérieuse. L’avocate (Nora Hamzawi), simple, toujours bienveillante pour son client, Martin (Arcadi Radeff), heureux au début puis désespéré quand il apprend la véritable histoire et provenance du tableau…

Reste la véritable vedette, la stagiaire, Aurore (Louise Chevillotte). Elle cherche une revanche sur la vie, sur les malheurs de son enfance. Une intrigue parallèle qui la rend, de loin, la plus humaine de toute la galerie brossée par Pascal Bonitzer, même si elle ment comme elle respire. L’ancien scénariste n’a rien perdu de son brio pour imaginer des vies, ciseler des dialogues et amener l’évidence dans une intrigue qui parfois part dans des méandres compliqués.

Le tableau volé décrit avec justesse le tableau des mœurs sociales de notre époque.

 

lundi 13 mai 2024

En DVD et blu-ray - “Chasse gardée” à base de chevrotine et de rigolade

La campagne, son calme, son air pur, ses forêts… et ses chasseurs. Une comédie sur un sujet clivant, mais traité avec intelligence par Antonin Fourlon. 

 


Quatre-vingt-dix minutes de franche rigolade à base de tirs nourris et de clichés gentiment démystifiés. Chasse gardée (qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez Seven 7) n’est pas le brûlot que l’on aurait pu croire, dénonçant les « mauvais » chasseurs empêchant les « gentils » néoruraux de profiter de la nature et du calme dominical pour un brunch réussi.

Antonin Fourlon, scénariste de cette comédie et coréalisateur avec Frédéric Forestier, résume plus humblement son objectif dans des notes de production : « C’est un film dans lequel nous apprenons à vivre ensemble, à faire des compromis en essayant de trouver les choses qui nous lient. C’est, en résumé, le fond de cette histoire. C’est plutôt un film de réconciliation entre les chasseurs que j’ai fréquentés qui sont souvent moqués et eux-mêmes qui brocardent les néoruraux qui ne connaissent rien à la campagne, au sauvage. » Le fameux « en même temps » qui dans ce cas précis permet de faire passer plusieurs messages.

Chasse gardée fait partie de ces films qui n’auraient jamais pu voir le jour sans le confinement. Simon et Adélaïde (Hakim Jemili et Camille Lou) n’en peuvent plus de leur petit appartement parisien. Ils ont deux enfants et rêvent d’espace. Quand ils découvrent une maison à vendre, pas trop loin, vraiment pas chère, avec un terrain, dont un bois, ils sautent sur l’occasion. L’été se passe, heureux, calme.

Mais en septembre, les voisins s’activent dans la forêt à quelques dizaines de mètres de la maison. Ils préparent l’ouverture de la chasse. Du jour au lendemain, le jardin paradis devient le jardin champ de bataille. Les chasseurs sont menés par Bernard, interprété par Didier Bourdon. L’ancien membre des Inconnus n’a pas hésité à endosser de nouveau le treillis car son rôle est beaucoup moins caricatural que le célèbre sketch de la galinette cendrée. Ces chasseurs sont surtout des bons vivants, qui ramènent rarement du gibier à la maison et qui cherchent avant tout à créer du lien dans le petit village. Mais quand le couple de Parisiens tente d’interdire la chasse dans le bois, c’est la guerre !

Cette comédie de fin d’année devrait plaire à toutes les générations et tous les milieux sociaux. Les urbains riront des chasseurs, les ruraux des néo-bobos, les vieux des jeunes à trottinette, les jeunes des anciens et leurs chansons moisies. Mais au final, tous riront à l’identique même si ce n’est pas forcément au même moment et pour les mêmes raisons.

Film d’Antonin Fourlon et Frédéric Forestier avec Didier Bourdon, Hakim Jemili, Camille Lou.

 

dimanche 12 mai 2024

Romans historiques - Camille Flammarion et l’aliéniste

 Ces deux polars historiques de Roland Portiche et Jean-Luc Bizien se déroulent à la fin du XIXe siècle. D’un côté l’astronome Camille Flammarion, de l‘autre l’aliéniste Simon Bloomberg. Et quelques spirites ! 

Le roman écrit par Roland Portiche avec Camille Flammarion, l’astronome, pour héros se déroule en 1895. Celui signé Jean-Luc Bizien relate des faits de l’année 1888. Moins de dix ans d’écart entre deux polars historiques qui laissent une jolie place au fantastique et notamment à cette pratique très en vogue à la fin du XIXe siècle, le spiritisme.

Dans L’astronome et les spectres, première enquête extraordinaire de Camille Flammarion, ce scientifique qui a véritablement existé et remporté un succès immense en publiant des ouvrages de vulgarisation, va partir à l’aventure, en compagnie de Jules Verne, en Guyane française, pas loin du bagne où vient d’être enfermé le capitaine Dreyfus. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, affrontant des esprits qui prennent la forme de spectres, le romancier raconte le quotidien du héros. Marié à Sylvie depuis des décennies, il vit essentiellement dans sa maison de campagne, là où il a fait installer une immense lunette pour admirer les astres. Il vient de recruter la jeune et téméraire Gabrielle comme secrétaire. Et en fait également sa nouvelle maîtresse malgré les 35 ans d’écart.

C’est dans son antre à Juvisy dans la banlieue parisienne qu’il organise des séances de spiritisme. Il y a déjà parlé avec Galilée ou Victor Hugo décédé quelques années auparavant. C’est au cours d’une de ces séances que l’esprit de Gabrielle est enlevé par les mystérieux spectres. C’est pour la libérer que Camille Flammarion va monter cette expédition vers la Guyane française. Le roman, de parisien et très ancré dans la réalité historique, prend un tour plus aventureux et fantasque.

Dans la forêt impénétrable, Camille et ses amis vont croiser le chemin des « démons », créatures de plus de trois mètres : « Une silhouette apparut dans l’oculaire. Sa forme était humaine, mais son visage évoquait une bête sauvage. » L’archéologue de l’expédition devine le portrait craché « d’un ancien dieu assyrien, Pazuzu. Il était redouté de tous à cause de son pouvoir malfaisant et destructeur. » Une partie fantastique brillante et digne des grands feuilletons de l’époque.

Disciple de Freud

À l’opposé, Simon Bloomberg est un pragmatique. Aliéniste à Paris en 1888, il veut soigner les déments en les comprenant. Il expérimente les premières intuitions d’un jeune étudiant autrichien qui deviendra célèbre : Freud. Un roman déjà publié en 2009 (directement en poche chez 10/18) mais qui ressort car deux autres titres sont annoncés. Le personnage principal est beaucoup plus torturé que Camille Flammarion. L’épouse de Bloomberg a disparu. C’est elle qui s’adonnait au spiritisme. Au point de perdre la raison.

Pour le volet purement policier du roman, l’auteur utilise un duo de flics très réussi : Desnoyers, vieux de la vieille un peu fatigué et son adjoint, Mesnard, adepte de la recherche d’indices et des déductions tirées de l’examen des scènes de crime.

En rajoutant une touche de romantisme (une jeune et jolie Anglaise embauchée par Bloomberg pour devenir la gouvernante de sa demeure extraordinaire), on obtient un roman qui aurait lui aussi passionné les foules s’il avait été publié sous forme de feuilleton dans les journaux de l’époque.

« L’astronome et les spectres » de Roland Portiche, Flammarion, 384 pages, 21 €

« La chambre mortuaire » de Jean-Luc Bizien, L’Archipel, 304 pages, 21 €

samedi 11 mai 2024

Roman - « Le carnaval sauvage » et ses violentes vendanges

Certaines traditions locales perdurent. Même si elles vont trop loin dans les humiliations. Ce roman de Pierre de Cabissole se déroule dans l‘Hérault et décrit le drame de Maria, victime expiatoire du « Carnaval sauvage ». 


Les premières lignes d’un roman donnent souvent le ton. L’envie d’aller plus loin aussi. Les cinq premières pages du roman de Pierre de Cabissole, Le carnaval sauvage, sont d’une rare force.

On est plongé dans ce déchaînement de violence qui marque le récit de Maria : « Aujourd’hui, les monstres sont bien réels : ils sont là, devant moi. Il en est sorti de partout. Des cancrelats hors les trous d’un mur, dégringolant les uns sur les autres. Ils me saisiront par la taille - leurs pattes immondes, immenses -, me soulèveront du sol et m’emmèneront. Je hurlerai, par réflexe uniquement, mais ils cogneront, ils cogneront plus fort que les cris et ils me feront disparaître dans quelque trou lugubre d’où on ne revient jamais. » La suite est encore plus destructrice.

Mais qu’a fait Maria pour mériter un tel sort ? Retour en arrière, quelques jours plus tôt. Après trois années d’études à Lyon, la jeune femme revient dans son village natal dans l’Hérault. Elle veut se faire quelques sous en participant aux vendanges. L’envie aussi de revoir Agnès, la fille qu’elle aime tant. Cette réapparition va causer quelques tourments au sein de la jeunesse locale. Au plus mauvais moment.

Car à la fin de la cueillette du raisin, la tradition veut que les jeunes hommes, habillés comme des bêtes, masqués, chahutent les jeunes femmes habillées de blanc. Une tradition violente, expiatoire, incontournable.

L’occasion pour certains de régler quelques comptes avec Maria, cette intello qui ose revenir au pays et tenter de conquérir le cœur d’Agnès qui ne sait plus trop où elle en est. Un roman dense, sanglant, sans demi-mesure, comme cette tradition qui s’apparente un peu à certaines fêtes de l’Ours du Vallespir.

« Le carnaval sauvage » de Pierre de Cabissole, Grasset, 216 pages, 20 €

vendredi 10 mai 2024

Littérature française - De mère en mère avec Marianne Rubinstein et Anne Brochet

 Marianne Rubinstein et Anne Brochet évoquent beaucoup leurs mères dans « Bord de mère » et « L’armoire de vies », deux récits de vie.

Née en 1966, Marianne Rubinstein a traversé la fin du siècle dernier avec la chance de vivre dans un monde où les femmes étaient de plus en plus libres. Son récit, où elle se compare à sa mère, une scientifique en avance sur son temps, raconte l’émancipation des femmes dans cette France pas toujours aussi progressiste qu’on pourrait le penser.

Longtemps, Marianne Rubinstein a vécu dans l’ombre de sa mère. Comme si elles étaient reliées par des fils invisibles. « De nouveau, ta vie et celle de ta mère s’entremêlent, même si tu t’éloignes en partant vivre à Paris. Tu lui as présenté un de tes professeurs qui est devenu son nouveau compagnon et tu as rencontré chez elle un homme qui te plaît, ce qu’elle n’accepte que dans la mesure où cela t’aidera à tourner la page. » Et de constater, lucide : « Le problème n’est pas tant que les mères veuillent du mal à leurs filles, mais que les filles veuillent à ce point leur faire plaisir. »


Autre relation mère-fille dans le récit d’Anne Brochet. La comédienne, qui vient souvent dans les Pyrénées-Orientales, ouvre son quotidien par l’intermédiaire de ses armoires de toilette. De l’intime, avec longue litanie de marques, parfois disparues, d’Obao à Oil of Olaz. Dans le petit miroir, elle admire ses cheveux, coupant parfois sa frange pour ne plus ressembler à sa mère.

Constatant les dégâts, cette dernière rugira : « Tu t’es gâchée ! » Anne Brochet, dans un récit intimiste parfois très touchant, raconte ses amours, ses angoisses et la joie d’être deux fois mère à son tour. Et d’avouer « Ce qu’on aime le plus, les enfants et moi, c’est traîner dans la salle de bain. C’est notre âtre […] Je leur propose d’y habiter et de louer les autres pièces pour arrondir les fins de mois. Ils hésitent, se demandent si je plaisante. Une part de moi aimerait bien cette vie triangulaire autour d’une armoire de toilette. »

« Bord de mère » de Marianne Rubinstein, Verticales, 110 pages, 15,50 €
« L’armoire des vies », Anne Brochet, Albin Michel, 140 pages, 17,90 €

jeudi 9 mai 2024

Un essai : Femmes de polars

 

François Rivière s’est imposé comme un grand spécialiste de la littérature policière. Critique dès son plus jeune âge, il a signé nombre de biographies et d’études sur les maîtres du roman policier. Dans cet essai très personnel, malicieusement intitulé De l’assassinat considéré comme une affaire de femmes, il revient sur ses relations avec plusieurs grandes romancières.

Il est donc beaucoup question d’Agatha Christie (même s’il ne l’a jamais rencontrée), mais aussi de Patricia Highsmith, P. D. James et surtout Ruth Rendell. C’est cette dernière qu’il a le plus côtoyée, devenant un ami, souvent invité chez elle pour parler littérature et politique. Les amateurs de thrillers psychologiques et autres polars anglo-saxons adoreront.

« De l’assassinat considéré comme une affaire de femmes », Calmann-Lévy, 200 pages, 18,50 €

mercredi 8 mai 2024

Un périple : Darwin par Moatti

 


Tiré de faits historiques vérifiés, le voyage de Darwin autour du monde à bord du navire HMS Beagle, de 1831 à 1836, a donné à Michel Moatti, romancier originaire de Montpellier, une formidable matière transformée en roman d’aventures. Pour raconter ce périple, l’auteur s’est appuyé sur le livre de Darwin, Le voyage du Beagle, mais a aussi imaginé les carnets de Morgan Moss, cartographe du bord.

Darwin vivra souvent très mal ce voyage. Il n’avait pas décidé de partir. C’est le capitaine Robert FitzRoy qui l’a engagé, presque de force, juste pour lui tenir compagnie… intellectuellement. Mais le jeune scientifique anglais en a profité, entre les crises, pour affiner ses observations et débuter sa grande œuvre sur l’origine des espèces.

« Darwin, le dernier chapitre », Éditions Hervé Chopin, 464 pages, 21 €

mardi 7 mai 2024

Une intégrale : Les aventures de Jack Aubrey

 


Jack Aubrey, célèbre héros de romans maritimes, est né à Collioure. Exactement, son auteur, Patrick O’Brian, a écrit les nombreux romans dans la ville catalane. Une œuvre qui a connu un succès mondial, avec de multiples adaptations au cinéma.

Les éditions Omnibus - Presses de la Cité remettent les aventures du marin britannique en lumière en proposant l’ensemble des romans (dont le dernier inachevé) dans ces 5 énormes volumes de plus de 1 000 pages chacun. Les passionnés adoreront. Ceux qui découvrent cet univers n’en manqueront pas une miette.

« Les aventures de Jack Aubrey » par Patrick O’Brian, Omnibus, cinq tomes de 31 à 33 €

lundi 6 mai 2024

Un guide : Randonnées et vins

 


Après les bières, les éditions Helvetiq s’attellent désormais à la découverte des meilleurs vignobles de France, épaulées par l’auteur et œnophile Damien Courcoux. Il a signé Randos vins en France, un guide qui s’adresse à celles et ceux qui aiment déguster un bon verre de rouge, de blanc ou de rosé après une longue promenade. Cinquante vins bio vous sont ainsi proposés dans toute la France.

Dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales, trois randonnées sont associés à trois domaines : Ansignan et le domaine du Château Gastigno, Peyriac-de-Mer et le château Montfin, Cassagnes et le domaine Modat.

« Randos Vins en France », Helvetiq, 296 pages, 29,90 €

dimanche 5 mai 2024

BD - Dragons au combat contre les avions allemands


 Étonnante uchronie que cette nouvelle série de fantasy imaginée par Nicolas Jarry et David Courtois : Si l'Allemagne a bien déclaré la guerre au monde libre en 1939, la bataille dans les airs est encore plus spectaculaire. En plus des Spitfire face aux Messerchmitt 109, des dragons s'affrontent pour les deux camps.

Le premier tome de cette série qui en comptera quatre se penche sur le destin d'une famille britannique. Le père est un as de l'aviation. Il a des dizaines de victoires à son actif. Il forme par ailleurs son fils, l'aîné, qui sera son coéquipier. A terre, la mère s'inquiète pour ses deux plus jeunes enfants. Alexandra, à peine adolescente et Michaël, le petit dernier.

Alexandra, la narratrice, explique son premier contact avec une femelle dragon. Elle est liée à la bête fabuleuse. Elle devrait pouvoir devenir la « pilote » de cette redoutable machine de guerre. Mais sa mère refuse et l'envoie se réfugier avec son frère, aux USA. Pile au moment où les Allemands déclenchent leur grande offensive aérienne. L'avion du père est abattu, le bateau des enfants coule.
Par chance, ils arrivent à se réfugier sur un phare isolé. C'est de là qu'Alexandra va apprendre à maîtriser son compagnon ailé. Dessiné par Vax, cet album, histoire complète qui présente la série, mélange combats aériens de fer, de feu et d'écailles. Des compositions graphiques époustouflantes. Comme quoi la guerre, parfois, c'est presque joli...

«Guerres et dragons» (tome 1), Soleil, 64 pages, 15,95 €

samedi 4 mai 2024

BD - Espagne, terre atomique pour Guy Lefranc

 


Roger Seiter, le scénariste de cette 35e aventure du reporter Guy Lefranc s'est inspiré d'un véritable fait divers pour la trame du scénario.
Au début des années 60, en pleine guerre froide, les USA maintenaient en permanence plusieurs bombardiers en vol avec des bombes H dans les soutes pour répondre à toute attaque soviétique. Les avions partaient des USA, traversaient l'Atlantique et se tenaient en permanence à proximité des frontières de l'Est. D'autres avions, basés en Europe, étaient chargés de ravitailler en vol les bombardiers qui faisaient des veilles de 24 heures.

Lors d'un plein, au-dessus de l'Espagne, un B52 explose en vol, cinq bombes H tombent à proximité d'Alméria. Un reportage du feu de Dieu pour le journaliste Lefranc, en vacances dans la région. Exactement il est à la recherche d'une ancienne combattante républicaine qui a connu son oncle, engagé dans les brigades internationales pour protéger la jeune République.

Double enquête donc pour le héros imaginé par Jacques Martin et qui désormais est dessiné par plusieurs repreneurs, Régric pour ce Bombes H sur Alméria. Sa recherche de la vérité sur la mort de son oncle se croisera finalement avec la récupération d'une bombe. Dessin fidèle à l'original, intrigue réglée au millimètre : ce 35e titre d'une série idéalement relancée tient toutes ses promesses de nostalgie doublée d'une bonne dose de vintage.

«Guy Lefranc» (tome 35), Casterman, 48 pages, 12,50 €

vendredi 3 mai 2024

Cinéma - “Frères” abandonnés au cœur de la forêt

Tiré d’une histoire vraie, le combat de deux frères inséparables qui ont survécu 7 ans en forêt. 

 


La vie est parfois plus incroyable que les plus alambiqués des scénarios de cinéma. Olivier Casas, pour son second film, n’a rien imaginé. Il s’est contenté de mettre sur grand écran l’histoire de Michel de Robert, un homme rencontré dans un café et qui a bien voulu lui confier le secret le liant à son frère.

En 1948, Patrice et Michel, deux frères de 4 et 5 ans, sont dans un centre de vacances en Charente-Maritime. Ils vivent collés l’un à l’autre. Leur mère Marielle (Alma Jodorowsky) oublie d’aller les chercher. Ils vont passer quelques jours de plus dans le centre jusqu’à un dramatique fait divers. Patrice, persuadé que les gendarmes vont le mettre en prison, s’enfuit. Il se réfugie avec son petit frère dans la forêt.

Loin de toute civilisation, coupés du monde civilisé, par tous les temps, les deux enfants vont survivre durant 7 ans. Ce n’est qu’une fois Patrice adolescent qu’il a voulu retrouver la civilisation. De cette aventure incroyable, Olivier Casas a tiré la matière d’un film fort et émouvant. Il a donné un peu plus de chair au récit en recréant le lien existant entre les deux frères, une fois adultes, installés dans la vie.

Patrice (Mathieu Kassovitz) est psychiatre. Michel (Yvan Attal) architecte. Le premier ne s’est jamais remis de cette escapade. Quand Michel apprend qu’il a disparu du jour au lendemain, il a un mauvais pressentiment et va tout mettre en œuvre pour le retrouver et le sauver à son, tour. Les deux « sauvages » renouent avec la vie en forêt, mais au Canada, encore plus loin de toute civilisation.

En faisant le parallèle entre la vie au grand air des enfants et des adultes, le réalisateur capte l’attention du spectateur. Il le sort de l’intrigue rectiligne, ajoute une dimension psychologique importante à cette amitié fraternelle à l’épreuve de toutes les difficultés. Qui peut aussi se révéler destructrice. Patrice n’a jamais véritablement trouvé sa place dans la société et Michel, en accordant trop d’importance à son frère, met en péril sa famille.

Le début du film, un peu lent, aux images trop appliquées, sont heureusement chassées dès que la forêt et la nature (de France comme du Canada), entrent dans le champ de la caméra. Une bouffée d’air pur envahit la salle obscure, la vie simple, les rires d’une existence dure mais enchantée, le chant des oiseaux ou du vent, nous démontrent combien on passe trop souvent, happés par nos vies urbaines et pressées, à côté de l’essentiel.


Film d’Olivier Casas avec Mathieu Kassovitz, Yvan Attal, Alma Jodorowsky.

 

jeudi 2 mai 2024

Cinéma - Une jeune avocate face à sa “Première affaire”


La justice en France n’est pas en très bonne santé. Le sujet est simplement effleuré dans Première affaire, film de Victoria Musieldack. La jeune cinéaste ne s’intéresse pas au côté social du problème, mais plutôt à celui dit de société. Car quel que soit le nombre de juges ou de greffier, il restera toujours des affaires de meurtres avec victimes et suspects.

Tout commence généralement par une garde à vue. Nora (Noée Abita), jeune avocate engagée dans un cabinet spécialisé dans le droit des affaires, se retrouve bombardée avocate d’un jeune majeur, Jordan (Alexis Nieses), suspecté d’avoir tué à coups de barre de fer une jeune voisine. Elle découvre un monde nouveau. La tension de l’attente, la rudesse du policier chargé de l‘enquête, Alexis (Anders Danielsen Lie), les silences, le doute. Mais elle doit avant tout rassurer son client, tout faire pour le faire libérer.

Cette Première affaire de droit commun, est une véritable révélation pour la fragile Nora. Pleine d’empathie, elle aborde la garde à vue avec un point de vue très différent. Cela lui vaudra quelques retours de bâton de son patron, de sa propre famille et même de la mère du suspect. Une œuvre au noir, dans les couloirs sombres, sales et puants d’un commissariat et d’une prison du Nord de la France.

Si l’embryon de romance entre l’avocate et le flic semble presque hors sujet, il donne cependant matière pour mieux appréhender la solitude de Nora. Noée Abita, radieuse, l’incarne avec justesse et fragilité. Et élève le niveau de son jeu avec la métamorphose de Nora au fil de l’évolution du dossier. Le petit oiseau fragile du début peut-il se transformer en redoutable oiseau de proie ?

Film de Victoria Musiedlak avec Noée Abita, Anders Danielsen Lie, Alexis Neises


mercredi 1 mai 2024

En vidéo, “Ces messieurs de la Santé”

Si Raimu a beaucoup fait pour populariser le cinéma de Marcel Pagnol dont on célèbre cette année les 50 ans de sa mort, il a également été un comédien de cinéma aux rôles multiples et variés. La preuve avec la sortie en vidéo de la version restaurée par Pathé de Ces Messieurs de la Santé, film de Pière Colombier.


En 1934, habitué des succès populaires, il adapte cette pièce de théâtre traitant des carambouilles d’un escroc de la finance. Le casting, grandiose, est mené tambour battant par ce monstre sacré du cinéma. Cette comédie satirique oubliée mérite d’être célébrée à sa juste valeur.


En supplément dans le DVD et le blu-ray, À l’ère des grandes affaires : entretiens autour du film avec Jean Garrigues, Didier Griselain et Isabelle Nohain-Raimu.