mercredi 13 avril 2022

De choses et d'autres - Pénélope pique la place d'Ulysse

Petite révolution dans le monde de la critique cinématographique : le journal Télérama, bible des cinéphiles exigeants, a décidé de bouleverser, en profondeur, son système de notation des films. Depuis les années 50, en plus des critiques écrites et étayées, le journal place à côté du titre un petit pictogramme (il y en a 5 de disponibles) pour dire si l’œuvre est excellente (Bravo !) ou à fuir (Hélas). Ces indications passaient par le visage d’un petit personnage nommé Ulysse.

Or, désormais, Ulysse est parti à la retraite et a laissé la place à… Pénélope. Une femme à la place d’un homme, voilà bien une tendance générale qui ne se dément pas. Et même dans la réalisation des visages stylisés de la nouvelle critique de Télérama, une femme est à l’honneur. Le dernier Ulysse était dessiné par Riad Sattouf, la nouvelle Pénélope est croquée par Pénélope Bagieu.

En présentant Pénélope, l’hebdomadaire culturel a refait l’historique de son système de notation. On découvre, alors, assez étonné, que pendant longtemps, en plus des critiques artistiques, le journal, issu d’un groupe de presse chrétien, émettait également des réserves dans le domaine moral. Le plus étonnant, une certaine « Centrale catholique du cinéma » donnait aussi des avis, peu conciliant. Il était recommandé de « s’abstenir de voir » certains films, d’autres, sans doute moins sulfureux, étaient simplement « à ne pas voir, sauf pour de sérieuses raisons. »

Voilà une formulation qui me laisse assez dubitatif. Surtout quand elle concerne un film comme « Le Rebelle » (1950) de King Vidor, avec Gary Cooper, qui aurait, selon certains, sa place au Panthéon du cinéma américain.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 24 mars 2022

mardi 12 avril 2022

De choses et d’autres - Va falloir se réinventer !

Le débat de ce soir est très attendu, mais pas autant que le résultat du second tour. Il y a des priorités incontournables. Enfin, pas pour tout le monde. La vie politique française est plus compliquée que deux chiffres (57 % d’un côté, 43 % de l’autre, c’est mon pronostic) et alors qu’on assiste à un choc frontal de deux conceptions de la vie démocratique totalement incompatibles, des politiciens semblent toujours hors sols.

Prenons Les Républicains, par exemple, ils sont peu enclins à entrer dans la mêlée pour les législatives, car beaucoup attendent avant de voir si, par hasard, ils ne recevraient pas un coup de fil de Matignon, dans une semaine, pour se tenir prêt à, si besoin, enfin, vous comprenez… Les ralliements vont être la nouvelle tendance du printemps 2022.

Chez les socialistes, aussi, le téléphone est vérifié toutes les cinq minutes. Pour beaucoup, c’est la dernière chance de continuer à exister. Certains anticipent d’ailleurs, comme Julien Dray, qui vient de créer son propre mouvement intitulé « Réinventez ! » Avec un point d’exclamation ! Important le point d’exclamation. Il représente, sans doute, la moitié du budget facturé par la boîte de communication qui a vendu le nom du mouvement au sénateur socialiste.

Ce dernier affirme, dans Le Point, qu’il n’est « candidat à rien » et ne cherche qu’à aider « la relève ». Alors pourquoi ne pas choisir une solution plus simple : démissionner de ses mandats, prendre sa retraite et aller cultiver son jardin. Car pour que la relève trouve sa place, il en faut, justement, des places libres.

Mais ce raisonnement ne semble pas effleurer l’esprit des politiques de l’ancien monde qui vont tenter de survivre au nouveau monde 2.0

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 20 avril 2022

lundi 11 avril 2022

De choses et d’autres - Le débat qu’on redoute

Marine Le Pen désire que le débat télévisé de ce mercredi se déroule « sans outrance ». Un internaute, sans doute un peu taquin, en découvrant l’information, en conclut que la présidente du Rassemblement national ne participera pas au débat, meilleure solution pour qu’il n’y ait pas de dérapage verbal en direct.

En réalité c’est Marine Le Pen qui s’inquiète de la trop grande agressivité d’Emmanuel Macron à son encontre. Quand la dédiabolisation arrive à vous faire croire que même votre adversaire pourrait être plus méchant que vous…

Car les outrances, jusqu’à maintenant, elles ont essentiellement été lancées par le camp de l’extrême droite. Il paraît que les deux candidats se préparent activement à ce duel télévisé.

L’enjeu est crucial car ils savent que le public, dans son canapé, sera au rendez-vous et s’attend à une revanche de 2017. Tendance bagarre de rue à côté de laquelle un match de MMA fait office de réunion du 3e âge, section macramé. Ils sont comme ça les électeurs de 2022, ils en veulent pour leur bulletin. Il y a cinq ans, le second tour de la présidentielle s’apparentait à un match de catch truqué avec un bon, un méchant et une fin écrite à l’avance.

En 2022, les scénaristes (appelés aussi éditorialistes ou chroniqueurs sur les chaînes infos), à force de noircir le bilan de l’un et d’édulcorer le projet de l’autre ont tellement brouillé les cartes qu’il devient compliqué pour les citoyens de base de comprendre tout l’enjeu du second tour.

Car question « outrances », si Marine Le Pen est élue, n’ayez crainte, elle saura se rattraper après son débat pacifié.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 19 avril 2022

dimanche 10 avril 2022

De choses et d’autres - Voter du haut de son balcon

En ce jour de Pâques, il est souvent question de balcon. Une petite expression pour souligner le beau temps permettant de profiter pleinement de ce premier jour férié de la longue série de mai-juin.

Le balcon, surélevé par excellence, permet aussi d’avoir une vision plus générale d’une situation. On n’est pas nez sur les problèmes, on arrive à les évaluer de façon plus globale. On ne peut que conseiller à tous les électeurs qui ont encore un doute sur le bulletin à glisser dans l’urne dans moins d’une semaine, de trouver un balcon et de véritablement voir ce que cache la candidature de Marine Le Pen.

Pas toujours facile de distinguer ce qui se dissimule derrière les incessantes opérations de dédiabolisation de la leader de l’extrême-droite française par toute une partie des médias. D’après vous, qui sera le premier chef d’État invité à Paris ? Pas le chancelier allemand, trop européen. Au mieux on aura droit à Orban, le Hongrois autoritaire et peu partageur du pouvoir, au pire Poutine qui se remettra en selle internationalement à moindres frais.

Et comme Premier ministre, un homme nouveau qui pourrait infléchir un peu les lignes trop extrêmes du programme Le Pen ? Que nenni, on aura droit à Philippe De Villiers, l’homme du Puy du Fou et de la réécriture de l’Histoire. À moins que ce ne soit Jordan Bardella qui remplace Jean Castex (j’imagine déjà la passation de pouvoirs).

Bardella, car il le mérite bien après tant de sacrifices : ne pas oublier que cet homme est le président par intérim, et totalement bénévole, du Rassemblement national depuis plus d’un an, le salaire étant toujours versé à l’ancienne présidente, une certaine Marine Le Pen… qui pourtant refuse de se présenter comme candidate RN.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi de pâques (18 avril 2022)

samedi 9 avril 2022

De choses et d’autres - Le crypto-paradis

Si vous trouvez que l’atmosphère en Europe et même en France devient difficile à supporter, si vous avez des envies d’évasion et de tropiques, dites-vous qu’il y a de l’espoir ailleurs. Encore faut-il que votre portefeuille soit confortablement garni de cryptomonnaie.

D’ici quelques mois, une île de l’archipel du Vanuatu dans le Pacifique sud va devenir un petit paradis réservé aux investisseurs de ces monnaies qui font fi des états. Lataro, îlot désertique de quelques kilomètres carrés a été entièrement acheté par une société qui l’a renommé Satochi Island. Satoshi comme Satoshi Nakamoto, le créateur du Bitcoin.

L’île a pour vocation de devenir la capitale mondiale des cryptomonnaies. Un premier tour de table a été lancé et 50 000 investisseurs, selon la société, ont décidé de soutenir le projet. Sur place, pas d’argent liquide. Tout se paiera en cryptomonnaie. Des habitations modernes seront construites et ce qui n’est pour l’instant qu’une forêt vierge, se transformera en petit paradis touristique. Forcément, cela fait rêver. Mais attention, beaucoup pensent que Satoshi Island restera à l’état de projet.

D’autres initiatives de ce style se sont révélées être au mieux des rêves irréalisables, au pire de savantes escroqueries. Alors avant de transformer votre livret A en Bitcoin (s’il est plein cela représente… 0,5 bitcoin), attendez au moins de savoir s’il y aura l’eau courante et l’électricité sur place.

Sans oublier le tout à l’égout. Vous savez, ces choses parfois plus utiles que l’argent et qui malheureusement ne fonctionnent pas du tout en mode virtuel.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 4 avril 2022

vendredi 8 avril 2022

De choses et d’autres - Reconquête, pas coquette !

Mieux vaut en rire. Même si en définitive cette péripétie indirecte de la campagne électorale peut aussi donner envie de pleurer, et pire encore, pousser des électeurs désespérés à faire l’impasse sur une élection définitivement au ras des pâquerettes.

Dans le département de l’Ardèche, le tout nouveau parti d’Éric Zemmour, Reconquête, a décidé d’exclure deux de ses responsables : Francine et Didier Floch. Le couple a été rattrapé par son passé dans le monde de la pornographie. Car Francine Floch a longtemps été connue des spécialistes sous le pseudonyme de Joséphine de l’île Maurice. Simple chanteuse dans son île d’origine dans l’océan Indien, en France elle a tourné dans une quarantaine de films X, tous réalisés par son mari, Didier.

Forcément ce passé sulfureux dans le sexe est mal passé auprès des instances nationales d’un parti qui met la famille au premier rang de ses préoccupations. L’exclusion semblait inévitable. Dans Reconquête il n’y a pas coquette.

Grosse colère donc des évincés qui espéraient représenter le parti aux prochaines législatives. Francine avait déjà tenté, en 2007, d’obtenir une investiture. Mais pour l’UMP à l’époque. Elle n’a pas été retenue, sans raison officielle, mais elle suppute que son métier de l’époque (actrice porno) a pesé dans la balance. Elle a donc tenté de repartir à la conquête de la circonscription avec l’étiquette Reconquête. Encore un coup pour rien.

Sauf si toute cette tragicomédie avait pour but de se faire un peu de pub à moindre frais.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 2 avril 2022

jeudi 7 avril 2022

De choses et d’autres - Égalité parfaite

Dans les bizarreries des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, le vote dans la commune de Leménil-Mitry en Meurthe-et-Moselle décroche le pompon. Toute petite entité ne comptant que quatre inscrits sur les listes électorales, la participation de 75 % a provoqué une arrivée ex æquo digne de la grande époque de l’école des fans de Jacques Martin.

Dans ce village où tout le monde doit se connaître, personne n’est d’accord. En dehors de l’électeur qui a boudé l’urne mise à sa disposition, dimanche dernier, les trois autres ont choisi trois candidats différents. Une voix pour Macron, une autre vers Le Pen et la dernière à destination de Zemmour. Résultat: ils ont tous recueilli 33,33 % des suffrages exprimés. Impossible de faire une commune plus divisée.

Se pose, désormais, la question du second tour. L’électeur de Zemmour va-t-il rejoindre Le Pen qui pourrait ainsi prendre le dessus (localement) sur le président sortant ? Mais que va faire l’abstentionniste ? S’il apporte son soutien au candidat de La République en Marche, on pourrait, dès lors, assister à une nouvelle égalité parfaite. Je ne doute pas que les sondeurs, observateurs politiques et autres experts de la chose politique, vont placer Leménil-Mitry en bonne place dans la liste des bureaux tests.

Pas la peine d’attendre 19 h et les premières tendances (venues de l’étranger) ou 20 heures et l’annonce officielle : il suffira de savoir comment ont voté les quatre électeurs de la commune de Meurthe-et-Moselle pour connaître le nom du locataire de l’Élysée pour les cinq prochaines années.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 16 avril 2022

mercredi 6 avril 2022

De choses et d’autres - Tout sauf…

Il semble loin le temps où l’élection du président de la République incarnait la rencontre entre un homme (ou une femme) et le peuple. Il y a 5 ans, l’élection d’Emmanuel Macron surfait encore, un peu, sur ce précepte, même si quantité de voix s’étaient portées sur son bulletin au nom du principe « tout sauf Le Pen ».

Paradoxe, un quinquennat plus tard, cette maxime est valable désormais dans les deux camps. Pour beaucoup de votants au premier tour - et plus encore au second - le choix ne s’établit pas en fonction de la carrure gouvernementale de Marine Le Pen, encore moins de son programme, mais du simple fait que le plus important pour eux, est le « tout sauf Macron ». 

Plus question d’élection présidentielle, mais de rejet présidentiel. Les Français traînent la réputation de peuple râleur, mais jusqu’à présent, lors des grands rendez-vous démocratiques, ils savaient faire la part des choses.

Le 24 avril, nombre d’électeurs ne glisseront pas dans l’urne le bulletin de celui ou celle qui a leur préférence, mais qu’ils détestent le moins. Un choix par défaut. Tout en restant persuadés que ce sera mieux qu’avant, car différent. Nul besoin d’être voyant extralucide pour se douter que la démarche n’engendrera que déception, le soir du 2e tour. La logique et surtout l’intelligence voudraient que chacun choisisse en fonction de ses préférences, pas de ses dégoûts.

Alors, relisons bien les programmes des deux finalistes, regardons le bilan de l’un et les projets de l’autre et choisissons en évitant toute réaction épidermique. En France, nous votons démocratiquement. Pendant qu’un pays d’Europe subit les assauts d’un dictateur soi-disant « élu ».

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 14 avril 2022

mardi 5 avril 2022

De choses et d’autres - Rancune familiale

Si Marine Le Pen est élue présidente de la République, le 24 avril prochain, sa nièce Marion Maréchal ne fera pas partie du futur gouvernement. Elle est comme ça, la patronne de l’extrême droite française : un peu rancunière et pas sensible aux sirènes du népotisme. Rancunière, pas de doute. Car la petite nièce qu’elle a presque élevée a osé la trahir pour Zemmour, le félon, parti au combat avec 18 % d’intentions de vote et qui s’est retrouvé, au final, avec un petit 7 %. Marion devra patienter.
Par contre, le côté rejet du népotisme de la part de Marine Le Pen est beaucoup moins convaincant. Il ne faut pas oublier comment elle est arrivée à la tête du Front national. Si Marine est désormais quasiment devenue une marque commerciale, à la base c’est le nom de Le Pen qui lui a le plus servi pour gravir les échelons.

Marine, après Jean-Marie... La fille de son père, comme une digne héritière de la bourgeoisie française, a repris l’entreprise familiale (racisme en gros, antisémitisme certifié) et a tenté, durant des années, avec le même programme, plus brun que bleu, de vivre grassement en se faisant élire partout où la proportionnelle lui permettait de l’emporter sans prendre trop de risques.

Quand elle a décidé de tenter le jackpot (l’Elysée, carrément), elle a dû polir son image, renier le père et ses outrances. Mais 32 années dans le sillage du Front national (elle a adhéré en 1986) laissent forcement des traces. La preuve, elle a conservé le nom de Le Pen, ce que n’a pas fait la nièce, redevenue une simple Maréchal.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 13 avril 2022

lundi 4 avril 2022

De choses et d’autres - La persévérance paye toujours...

La persévérance est souvent une qualité qui fait défaut. Encore plus en ces temps modernes où la moindre réponse doit être obtenue de façon instantanée et immédiate. Il faut savoir donner du temps au temps, selon la maxime popularisée par Mitterrand. Prenez cet homme vivant dans l’Allier. Depuis 1976, il faisait, chaque semaine, le même rituel. Plus de 2300 fois d’affilée. Toujours en vain.

Et puis, il y a deux semaines, il a enfin compris pourquoi il s’obstinait à jouer les mêmes numéros au loto. Les six mêmes numéros : 33, 38, 41, 44, 49, numéro chance 7 ; plus tard, il se retrouvait à la tête d’un pactole de 15 millions d’euros.

Si, dans sa tête, il continue à compter en anciens francs, il a virtuellement sur son compte en banque 9,8 milliards. Même si ça paraît immense, cela reste quand même très en deçà de la prime promise au PDG de Peugeot.

Encourageons ceux qui savent attendre, patiemment, malgré les messages de découragement.

Mais oui, cher électeur de Mélenchon, dans 3 présidentielles, en 2037, ton candidat s’il continue à progresser sur le même rythme, sera enfin qualifié au second tour.

Et toi, militant de l’extrême droite française, toujours dans 3 présidentielles, ton parti aura enfin perdu son étiquette infamante depuis la création du « Rassemblement de la Reconquête républicaine », fusion des ultimes débris de la partie à droite de l’échiquier politique français.

Oui la persévérance est importante. Prenez la démocratie ou les droits de l’Homme, si l’on n’était pas des millions, régulièrement, à s’engager pour ces justes causes, il y a longtemps qu’on serait tous en plein cauchemar.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 15 avril 2022

dimanche 3 avril 2022

De choses et d’autres - Un cap difficile à franchir

Depuis quelques mois, j’affiche au compteur des âges un 60 qui devrait m’honorer. D’ordinaire, c’est le cap de la sagesse et de la reconnaissance. Mais en ce lendemain de premier tour qui prend des airs de jour de la marmotte (comme Robin Williams dans le film Un jour sans fin, on a l’impression de revivre, à l’identique, le second tour de 2017), j’ai de plus en plus honte de mes 60 ans.

La faute aux jeunes. Ils protestent, ce lundi, contre le vote de tous ceux qui, comme moi, ont plus de 60 ans et ont mis outrageusement Macron en tête au détriment de Mélenchon, leur chouchou. Il est vrai, qu’au final, le leader, désormais incontestable de la gauche, manque de créer la surprise et d’éliminer Marine Le Pen. Il lui manque 400 000 voix. Pas grand chose quand on sait qu’Anne Hidalgo en a recueilli plus de 600 000.

Face à cette cruelle désillusion, certains jeunes regrettent que le Covid n’ait pas fait plus de ravages dans la population la plus âgée, voire préconisent une euthanasie familiale active et sélective. Par exemple, le tonton Philippe (85 ans et qui doit son prénom à l’admiration de ses parents pour le maréchal) à la logorrhée raciste et antisémite, dans les rares moments de clairvoyance que lui laisse son dernier ami, Alzheimer.

Mais ce serait trop simple et très injuste, car, tout en étant, depuis peu, dans la mauvaise tranche d’âge (j’ai plus de 60 ans pour ceux qui ne suivent pas), de toute ma vie, je n’ai jamais voté pour l’extrême-droite. Par conviction personnelle et aussi pour ne pas salir la mémoire de mon père, résistant de la première heure, face à l’envahisseur nazi.

Par contre, j’avoue avoir parfois voté à droite. Déjà deux fois (en 2002 et en 2017). Et, sans doute, une troisième fois dans deux semaines.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 12 avril 2022

samedi 2 avril 2022

De choses et d’autres - 12 moins 10

Des millions de votes après, il n’en reste que deux. C’est la dure loi de notre démocratie. Le président sera celui qui aura récolté le plus de voix au final. Et pas au premier tour, mais au second, après l’élimination des dix losers qui n’ont pas réussi à se qualifier.

Jean Lassalle, le berger béarnais, va retourner garder ses brebis dans les Pyrénées. Peut-être va-t-il proposer un poste à Renaud Dely, éditorialiste à Radio France, qu’il a traité de chien durant une de ses interventions ?

Éric Zemmour calcule déjà à combien il va falloir qu’il vende son prochain livre politique pour rembourser ses dettes. Il hésiterait entre deux titres : « Impossible d’être président » ou « Ils m’ont volé ma France ».

Rien ne change pour Valérie Pécresse : elle reste à côté de son téléphone et continue à espérer, sans doute jusqu’à son dernier souffle, le coup de fil de Sarkozy lui expliquant qu’il veut bien la soutenir.

Chez Anne Hidalgo, surnommée depuis son score historiquement bas : la reine des catacombes, la sérénité est finalement ce qui ressort de la débâcle. Le pire étant passé, l’avenir ne peut être que souriant pour le parti socialiste, quel que soit son nom ou son positionnement politique à l’avenir.

Philippe Poutou pointe de nouveau à Pôle Emploi (peut-être France Travail dans quelques semaines…). Il aurait bien aimé prolonger son CDD de deux semaines mais son dilettantisme lui a été fatal.

On ne sait pas ce qu’a fait Fabien Roussel hier soir, trop occupé à digérer son entrecôte et à cuver son vin…

Yannick Jadot est à l’arrêt complet. Comme une éolienne sans vent un barrage sans eau ou un panneau solaire de nuit.

Reste Mélenchon. Il est bien sur le podium. Mais la présidentielle ce ne sont pas les Jeux Olympiques. Pas de médaille pour le 3e et direction les oubliettes de l’Histoire…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 11 avril 2022, lendemain du premier tour de l’élection présidentielle

vendredi 1 avril 2022

Cinéma - Trois contes sur les femmes japonaises

Tel un Rohmer asiatique du XXIe siècle, le réalisateur oscarisé de « Drive my car » livre trois contes féminins sur le hasard et les coïncidences.


Primé à Cannes et revenu des USA avec l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, Ryûsuke Hamaguchi est de nouveau à l’affiche avec un film délicat, intelligent et d’une grande finesse psychologique. Contes du hasard et autres fantaisies est composé de trois histoires indépendantes les unes des autres. Seul point commun, hasard et coïncidence jouent un grand rôle dans ces tranches de vie de femmes japonaises.

Chaque récit, après une petite présentation des protagonistes, s’articule autour d’une longue discussion, très travaillée, où l’émotion se fraie un chemin au gré des confidences. On se croirait dans un film de Rohmer, influence que revendique, sans problème, le réalisateur japonais, « J’ai l’œuvre d’Éric Rohmer en tête, quasiment à chaque fois que je fais un film » explique-t-il dans une interview.

Amies d’enfance

Le premier conte, Magie, raconte comment deux femmes se font des confidences sur leurs amours. La première avoue avoir rencontré un homme qui lui plaît. mais il semble fragile, après avoir été trompé par sa précédente compagne. La seconde, qui, elle, a té infidèle, lui donne des conseils. Mais sont-ils sincères, puisque la fameuse compagne volage, c’est elle ? Une mise en bouche qui évite, avec brio, l’écueil du simple vaudeville.


Dans La porte ouverte, il est question de sexe. Une étudiante, qui admirait un professeur d’université qui semblait très coincé, découvre, dans un de ses romans, des passages extrêmement explicites. Elle va aller les lui lire, dans son bureau, avec l’idée de le séduire. Mais ce dernier, sans cacher son émotion, va rester inébranlable, réclamant sans cesse que la porte de son bureau reste ouverte, comme pour ne jamais rien cacher de sa vie. Sans doute la partie la plus pessimiste du film.

Enfin, le 3e conte, sans doute le plus original et brillant, raconte des retrouvailles. Natsuko (Fusako Urabe), 40 ans, revient dans la ville de province où elle a fait ses études, il y a 20 ans, pour une réunion d’anciennes élèves. Elle espère y retrouver son amour de jeunesse. Elles ont vécu quelques mois ensemble, puis la belle est partie vivre avec un homme. Elle ne la voit pas à la réunion, mais le lendemain, en reprenant le train pour Tokyo, elle la croise dans la gare.

Elles vont longuement discuter de ce passé commun. Du moins, ce qu’elles croient au début, car 20 ans plus tard, les deux femmes persuadées de rencontrer des amis d’enfance discutent en fait avec une parfaite inconnue.

Mais la magie du hasard opère, malgré tout, et ces deux femmes japonaises, peu heureuses, vont trouver mutuellement une raison d’aller mieux. Un rayon de soleil d’un incroyable optimisme qui réjouit le cœur du spectateur.

"Contes du hasard et autres fantaisies", film japonais de Ryûsuke Hamaguchi avec Kotone Furukawa Kiyohiko Shibukawa, Katsuki Mori, Fusako Urabe, Aoba Kawai