La recomposition politique ne présente pas que des avantages. Prenez le nouveau Premier ministre Edouard Philippe, homme de droite passé par le PS, fils spirituel de Juppé, énarque, maire du Havre et… barbu. Ne croyez pas que cet ornement soit anecdotique.
Au contraire, dès le lendemain de sa nomination nombre d’analystes politiques ont relevé ce détail, comme si désormais ses joues plus ou moins velues prenaient autant d’importance que le fond de sa pensée. Signe de virilité assumée pour certains, de paternité bienveillante pour d’autres, ces quelques poils ont beaucoup fait parler d’eux. Jusqu’à dire n’importe quoi sur l’émergence d’une nouvelle génération de décideurs plus au goût du jour, dans le coup. Pas des hipsters ni des métrosexuels, mais des hommes politiques qui se soucient simplement de leur apparence et ne se rasent pas tous les matins minutieusement en pensant au futur poste important qu’ils espèrent conquérir.
La réalité est peut-être moins belle. Edouard Philippe porte la barbe depuis qu’il est devenu maire du Havre en 2010 à la place d’Antoine Rufenach. Pour se vieillir. Il l’a reconnu. Également pour changer de tête. Dans son parti quelques mauvaises langues trouvaient qu’avec sa calvitie naissante et ses joues lisses, il ressemblait de plus en plus à son mentor Alain Juppé. Car malgré ses 46 ans, le Premier ministre a désormais le cheveu rare. Bref, il utilise sa barbe pour détourner les regards de son crâne lisse. Pour l’instant, le subterfuge fonctionne à merveille.
(Chronique parue le 22 mai en dernière page de l'Indépendant)
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