Paranoïaque Yvan Attal ? Pas plus que tous les Juifs, selon lui. Il l'explique à son psychanalyste (Tobie Nathan) dans les séquences lien rouge entre les différents sketches, censés se pencher sur les grands préjugés sur les Juifs. C'est la partie la plus sérieuse, comme un documentaire, où il met beaucoup de lui, non sans humour quand il explique que c'est sa femme qui est obsédée par les Juifs, plus que lui par l'antisémitisme. Pourtant il ne parle que de ça à son thérapeute. Le premier sketch porte sur la légende selon laquelle les Juifs sont partout. Il y a comme des airs de ressemblance avec la réalité quand on découvre la présidente d'un parti d'extrême droite (Valérie Bonneton) danser avec un ancien SS dans un bal à Vienne, en Autriche. Son mari (Benoît Poelvoorde), numéro 2 du parti, agit dans l'ombre pour remporter l'élection présidentielle. Il tente surtout de la rendre plus présentable aux yeux des électeurs. Profondément antisémite, il est persuadé qu'ils sont partout. Et constatera que c'est une réalité, notamment dans sa propre famille.
Un premier chapitre porté par les deux acteurs dans des rôles particulièrement difficiles à jouer, notamment celui de Valérie Bonneton. Problème récurrent des films à sketches, certains sont moins forts que d'autres. Passons donc sur le thème "Les Juifs sont riches", un peu trop caricatural pour savourer le dialogue d'anthologie entre deux talmudistes (Gégory Gadebois et Denis Podalydès) sur une question toute simple portant sur deux ramoneurs, l'un propre, l'autre sale. Brillant comme l'humour juif (qui reste le meilleur du monde, n'en déplaise à certains) et la force de la réflexion quand on doute.
La croix de Norbert
Le comique pur s'apprécie aussi dans le sketch sur la mort de Jésus. Car un des grands reproches faits aux Juifs, c'est d'avoir tué le Christ. Alors le Mossad, toujours à l'affût de coups tordus, va tenter de réécrire l'histoire en envoyant Norbert (Pierre Lellouche), son meilleur agent, dans le passé pour éliminer Jésus avant qu'il ne devienne le Christ. On rit beaucoup aux péripéties de cet agent trop sensible à la beauté des femmes et à ses chefs, naïfs, mais pas trop.Et puis dans ce film, forcément pessimiste (les derniers événements sont malheureusement là pour confirmer cette vision de l'avenir), il y a une perle. En se demandant si les Juifs n'en font pas trop avec le Shoah, Yvan Attal et Emilie Frèche, la co-scénariste, offrent un rôle en or à Poppeck.
Patrick Braoudé de son côté interprète un président de la République incroyablement ressemblant à François Hollande. Même si sa grande idée se révèle finalement une grosse bêtise. Au final, le film est d'une grande sagesse, disant les choses simplement, démontant par l'humour ou l'absurde ces clichés ridicules. Mais au combien destructeurs depuis des siècles...
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Yvan Attal : "Un film sur l'antisémitisme !"
À 50 ans, Yvan Attal a enfin décidé de faire le film qui lui trotte depuis des années dans la tête. Il y a eu l'affaire Ilan Halimi, puis les massacres de Merah. "Entre le moment où j'ai écrit ce film, où je l'ai donné à lire et aujourd'hui, il s'est quand même passé des choses, se souvient Yvan Attal. L'antisémitisme est un tel sujet, c'est devenu tellement tendu, que pour certains il est très difficile d'en rire." Entre comédie et tragédie, il veut surprendre le spectateur, comme s'il jouait avec la température de l'eau, passant du chaud au froid sans prévenir. L'effet est saisissant. Et salvateur parfois. Car rire c'est salutaire, mais trop souvent cela ne sert qu'à cacher larmes et douleurs. Et Yvans Attal d'enfoncer le clou en déclarant : "C'est un film sur l'antisémitisme ! Qui existe depuis des millénaires, qui se transforme pour exister différemment aujourd'hui et qui malheureusement, je le crains n'est pas terminé." Une fiction rattrapée par la réalité. Son passage la semaine dernière dans l'émission de Laurent Ruquier sur France 2 a provoqué une vague de message antisémites sur Twitter et autres réseaux sociaux. Comme pour lui donner doublement raison...
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