Matteo Garrone, le réalisateur de « Gomorra », abandonne la réalité pour une vaste fresque tirée de trois contes italiens. Histoires dotées d’une distribution prestigieuse.
Trois royaumes, trois histoires tragiques pour une reine et deux rois. « Tale of tales » de Matteo Garrone (présenté en compétition au dernier festival de Cannes) est le méli-mélo de trois histoires indépendantes les unes des autres. Trois légendes où le fantastique a toujours son mot à dire.
A Selvascura, la reine (Salma Hayek) se désespère de ne pas avoir d’enfant. Elle est prête à tout pour sentir la vie pousser en elle. Avec son mari, elle accepte une nouvelle fois de recevoir un sorcier. Il explique qu’une nouvelle vie implique une mort pour l’équilibre du monde. La reine tombera enceinte si elle mange le cœur d’un monstre marin cuisiné par une vierge et chassé par son mari. Le roi tue la bête (et meurt dans l’opération), une servante passe aux fourneaux, la reine déguste. Le lendemain elle enfante d’un garçon, Elias. La servante aussi, Jonah. Des jumeaux qui aiment à se retrouver ensemble. Mais cette complicité rend la reine folle. Elle tente de supprimer Jonas. Ses ennuis débutent.
Puce savante
A Roccaforte, le roi (Vincent Cassel) vit dans la débauche et la luxure. Un jouisseur qui tombe amoureux d’une douce voix entendue dans une ruelle au pied des murailles de son château. Il est persuadé qu’il s’agit d’une enfant de 16 ou 17 ans et la convoite. Mais derrière la porte ce sont deux sœurs très âgées, aux corps prématurément vieillis par les travaux. Comment vont-elles faire pour bénéficier malgré tout des faveurs du roi ? La mystification se termine mal.
Enfin à Altomonte, le roi (Toby Jones) veut préserver sa jolie fille. Cette dernière rêve du chevalier servant. Un pari idiot de son père va la conduire droit dans les bras d’un ogre bestial (Guillaume Delaunay).
Le film, malgré deux heures, semble fluide grâce au montage judicieux où chaque royaume et conte alternent. Les décors sont d’une extraordinaire beauté. Tant dans les châteaux qu’aux alentours, soit dans des vallées verdoyantes ou des montagnes rocailleuses. La distribution très internationale permet de faire passer l’anglais comme langue commune de tournage. Salma Hayek sort des sentiers battus dans le rôle de cette reine aveuglée par l’amour filial. Vincent Cassel en noceur insatiable est parfaitement crédible et Toby Jones, roi lunatique et renfermé, joue la folie avec une facilité déconcertante.
Souvent nommé jamais primé, « Tale of tales » n’a qu’un seul défaut : être trop original dans une production cinématographique très formatée ces dernières années. Mais si les drames sociaux français vous fatiguent, que les biopics manquent d’originalité à vos yeux et que les super héros vous laissent de marbre, ce film vous plaira forcément.
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Bestiaire fabuleux
Film adapté d’un célèbre ouvrage italien, “Le Conte des Contes” de Giambattista Basile, « Tales of tale » regorge de sorcières et autres animaux fantastiques. Ils sont trois à bénéficier de quelques minutes à l’écran.
Trois bêtes monstrueuses qui ont bénéficié des dernières innovations techniques pour être incroyablement réelles.
Tout d’abord le monstre marin. Sorte de salamandre géante, il sommeille calmement avant l’attaque du roi de Selvascura. Son cœur donnera naissance aux jumeaux (mais de mères différentes) Elias et Jonah.
Ils devront unir leurs forces pour combattre dans une sombre galerie souterraine une gargouille volante. Monstre hybride entre la chauve-souris et le dragon, il sera vaincu et se transformera en belle princesse.
Dernière bestiole du film, la puce du roi d’Altomonte. Insecte savant, nourrit du sang royal, il va grossir au point de se transformer en énorme animal de compagnie. Le roi l’aime de tout son cœur. Plus que sa fille ? Cette dernière se le demandera certainement après être passée entre les mains de l’ogre.
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