Caroline Vié, critique de cinéma, signe un premier roman plein de malice sur un milieu qu'elle connaît parfaitement
Mais qui est cette brioche, personnage principal du roman ? Le lecteur, au fil des pages, tentera de mettre un nom sur cette star américaine, objet de tous les fantasmes de la narratrice. Tout le roman est bâti comme une longue lettre s'adressant directement à l'être adulé, jamais nommé, dont le nom est remplacé par trois points de suspension. Un jeu souvent amusant, parfois énervant tant il se complique et devient dramatique sur la fin.
La narratrice de « Brioche » est journaliste critique de cinéma. Un milieu que connaît très bien Caroline Vié, l'auteur, pour s'y être fait une signature depuis quelques années. On sent qu'une bonne partie du roman est directement inspiré de souvenirs réels. Interviews à la chaîne sous le dictat d'attachés de presse hystériques, invitation à des premières en province ou des festivals moins bling bling que Cannes : ces passages réjouiront les cinéphiles curieux des coulisses. C'est croqué avec humour et malice. Mais ce n'est que l'enrobage de l'histoire.
Coup de foudre
En fait, cette pigiste, toujours prête à dire oui à son rédacteur en chef, a un peu décroché de la réalité. Tout commence lors d'une séance de promotion d'un film où ce mystérieux acteur a le premier rôle. Il renverse son coca light sur le cachemire de la journaliste. S'excuse platement sans se rendre compte qu'il vient de déclencher une machine infernale nommée coup de foudre. En cours d'entretien, elle constate, mais sans oser lui dire de vive voix, « Ta beauté m'est apparue comme une évidence. J'ai compris ce que signifiait le mot perfection. Tu en étais le synonyme, mieux l'incarnation. Je ne voyais plus que la forme de tes lèvres charnues comme la guimauve des petits nounours en bombec. Je t'ai contemplé. Tu ressembles à une brioche. »
Cinéma et folie
Parmi les indices, la star a dix kilos de trop. Des rondeurs qui vont faire dérailler la critique. Elle ne vivra plus que dans l'attente d'une nouvelle rencontre. Passent quelques mois. Enfin le retour. Nouvelle rencontre. Joie, il la reconnaît. Mais cela ne va pas plus loin.
La journaliste, qui habituellement évite ces voyages organisés, accepte une invitation dans un festival exotique. Ce n'est pas la qualité de la sélection qui l'a décidée, simplement le fait que sa brioche préférée serait présente.
Après, sans trop en dévoiler, leurs relations se compliquent. Elle a enfin sa star pour elle toute seule. Mais pas sans quelques larmes. De lui : « Que tu as de la chance, mon amour, tu fais partie de cette rare catégorie que les larmes embellissent. Elles ne te défigurent pas. Elles coulent le long de tes cils recourbés laissant de longues traces salées sur tes joues. »
Ce premier roman de Caroline Vié parle de cinéma et de folie, deux sujets très semblables finalement.
Michel LITOUT
« Brioche » de Caroline Vié, Lattès, 17 €
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