samedi 30 avril 2011

BD - "Chambre obscure" de Cyril Bonin : course après un trésor familial

Pourquoi Alma a-t-elle dérobé un tableau de famille ? Et pourquoi a-t-elle embauché deux cambrioleurs pour faire croire à un larcin plus important ? Ces questions restaient en suspens à la fin de la première partie de « Chambre obscure », œuvre en solo de Cyril Bonin (Fog). Alma s'enfuit vers la vieille propriété vendéenne. A ses trousses la jeune Séraphine, sa nièce, flanquée de l'inspecteur Alcide Leblanc, sorte d'Hercule Poirot, le charme et la fougue en plus. Arrivés à destination, ils vont tous devoir collaborer afin de découvrir où se cache le trésor familial.

Hommage aux feuilletons du début du 20e siècle, cette BD a un petit air suranné bien sympathique.

« Chambre obscure » (tome 2), Dargaud, 13,95 € 

vendredi 29 avril 2011

BD - Israël s'envole dans Mezek, l'histoire de l'armée de l'air par Yann et Juillard


André Juillard, loin de se reposer sur ses lauriers et de se contenter de ses séries à succès (Les 7 vies de l'épervier et Blake et Mortimer), met son trait réaliste à l'élégance inégalée au service d'histoires fortes. Ce Mezek en est l'exemple parfait. Yann, scénariste souvent caustique, est cette fois très sérieux, voire dramatique, avec en toile de fond la création de l'État d'Israël et de son aviation.


Les pilotes se faisant rares, Israël paie des mercenaire pour piloter des Mezek, version tchèque des messerschmitts allemands. Björn, Suédois, vole tous les jours sur un Mezek et forme les futurs pilotes de l'armée juive. Une trame historique, une autre sentimentale, sont perturbées par les manœuvres politiques et les démons du passé.

Violent et instructif : un album qui sort du lot en ce début d'année.

« Mezek », Le Lombard, 15,95 € 

jeudi 28 avril 2011

BD - Parker et Badger de Cuadrado : pas si blaireaux


Planquez vos abattis, Parker et Badger sont de retour. Le duo de héros le plus improbable de la BD actuelle (un nigaud, chômeur professionnel, et un blaireau se faisant passer pour un chien...) sont toujours en froid avec leur concierge, le très susceptible M. Gomez chargé de récupérer l'argent du loyer.

Au début de ce 8e recueil de gags, Parker et Badger sont enfermés depuis 15 jours dans leur appartement de crainte de tomber sur Gomez. Quand un jeune scout sonne à leur porte, ils pensent enfin pouvoir sortir de cette galère. Pas de chance, Théo, sous des airs de gentil bébé joufflu, se révèle être un monstre de méchanceté et de duplicité. Un nouveau personnage imaginé par Cuadrado spécialiste des tordus. Théo aime le chantage, le poker et la dénonciation. Parker et Badger vont vite regretter d'avoir ouvert au petit monstre.

On retrouve aussi dans ces pages Nicolette, folle ramenée des USA et Bastos, le psychopathe chasseur d'animal errant. Le meilleur ami de Badger...

« Parker & Badger » de Cuadrado (tome 8), Dargaud, 10,45 € 

mercredi 27 avril 2011

BD - Le dernier tour de l'île de la Réunion


Poursuite de la découverte du côté obscur de l'île de la Réunion avec le second tome de « La Pès Rekin », écrit par Stéphane Presle et dessiné par Jérôme Jouvray. Ce département français d'outre-mer est le cadre de la rencontre entre deux écorchés de la vie. Phil, vieux, méchant et malade, survit en pêchant des requins. Pour attraper les prédateurs de la mer, il capture des chiens errants pour s'en servir d'appâts. Une nuit, il est tombé sur Nelson, adolescent en cavale.

Phil a besoin d'un associé pour maintenir son activité clandestine. Le gamin, malgré son passé fait de violence, a des difficultés. « A quoi ça sert d'être riche si c'est pour faire des cauchemars tous les soirs. Même en rêve je trucide des clébards... » confie-t-il à son nouveau mentor. Phil lui dévoile alors son dernier but dans la vie (malade il se sait condamné) : retrouver la seule femme qu'il n'a jamais aimé. Il ne sait pas où elle habite exactement. Ils prennent un annuaire et entreprennent un dernier tour de l'île.

Sans aucune sensiblerie, cette histoire présente la Réunion sous son vrai jour : violente et sans pitié, truqueuse ou assistée.

« La pès rekin » (tome 2), Futuropolis, 15 € 

mardi 26 avril 2011

BD - Une CX, des héritiers


Vu de loin cela ressemble à un très mauvais soap opéra (pléonasme ?). Quand on regarde de plus près les producteurs (Fabcaro, James et BenGrrr), on se doute que c'est de la parodie dure et sans concession. Et très rapidement on se laisse envahir par cette famille déchirée dans une succession qui tarde. A la base, il y a Harold et Cynthia, les parents. Harold est un peu gâteux et semble près de la sortie. Ses enfants, tous adultes, se déchirent ce futur héritage. Et notamment le joyau, la CX diesel...

Trois frères et une sœur, tous plus différents les uns que les autres. Avec cependant un point commun (en dehors de leur mère, pour le père c'est moins sûr), une bêtise crasse. Brandon, gérant d'une boite de nuit, semble détenir le pompon. Adepte des lettres anonymes (rédigées sur le papier à en-tête du Chunga Night), il a un mauvais goût qui force le respect. Bill, son frère, célibataire, est l'amant de Jessifer, femme de Brandon, qui a également couché avec l'autre frère, Jean-Mortens, le facteur et peut-être Harold.

Plus qu'une famille, c'est une ménagerie hilarante dont l'histoire est découpée en gags d'une demi-planche.

« Amour, passion & CX diesel », Fluide Glacial, 10,40 € 

lundi 25 avril 2011

Polar - Lennox au coeur de Glasgow la sombre

Lennox, ancien militaire canadien, est devenu détective privé en Écosse. Il collabore avec la police, mais ses clients sont souvent des malfrats.


Au début des années 50, en Écosse, la victoire sur l'Allemagne c'est presque du passé, mais les conséquences de l'effort de guerre sont toujours présentes. Par exemple Lennox, détective privé, ancien militaire canadien, a toutes les difficultés du monde pour trouver du bon café à Glasgow, la capitale économique de l'Écosse. Par contre, pour s'attirer les ennuis, il semble être un expert.

Craig Russell, l'auteur de ce roman policier aux délicieux airs rétro (l'action se déroule en 1953), prend son temps, avant de mettre en place l'intrigue, de bien dresser le portrait de ce cabossé de la vie. Célibataire, vivant dans un petit appartement, Lennox tente de faire des économies pour se payer un hypothétique billet de retour pour le Nouveau Monde. Reste à retrouver l'envie. Pas évident quand on a perdu toute estime de soi : « La mauvaise graine. La guerre n'avait fait que la nourrir. Il existait nombre d'adjectifs pour décrire l'état dans lequel les hommes revenaient de la guerre : changés, désabusés, morts. L'adjectif que j'utilisais, moi, pour me qualifier était « sale ». J'étais revenu sale de la guerre et je ne voulais pas retourner au Canada avant de me sentir de nouveau propre. Sauf que, plus le temps passait, et plus les gens que je fréquentais devenaient sales. » Parmi ces clients, un certain John Andrews. Cet industriel a demandé à Lennox de retrouver sa femme, Lillian, disparue depuis quelques jours. Lillian qui se révèlera être beaucoup plus complexe qu'une simple femme au foyer.

Lennox est également sollicité par un des jumeaux McGahern, petite frappe tentant de se faire une place dans le milieu écossais. Frankie veut savoir qui a descendu son frère Tam. Lennox décline l'offre. Et pour bien se faire comprendre, donne une trempe à Frankie. Problème, ce même Frankie McGahern est retrouvé assassiné le lendemain. La police soupçonne Lennox. Les véritables ennuis vont alors aller crescendo pour le héros. Après un tabassage en règle par des policiers pas tendres et une nuit au poste, il doit rendre des comptes aux trois « rois » de Glasgow. Ce sont les parrains de la mafia locale. Il parvient tant bien que mal a se dédouaner. En contrepartie, il doit découvrir qui a descendu les jumeaux McGahern...

« Je suis un connard cynique »

Le lecteur, en suivant Lennox dans ses recherches, visite Glasgow, ses bordels, ses bars, ses quartiers résidentiels et ses quais. Il apprend aussi à mieux connaître le personnage principal et narrateur. C'est un drôle d'oiseau. Rarement de bonne humeur, toujours sur le fil du rasoir. Avec une méchante aptitude à se fâcher avec tout le monde à force de mettre son nez où il ne faut pas et à faire du mauvais esprit. Il en a parfaitement conscience : « Je suis un connard cynique. Je l'admets. Je ce que j'ai vu, ce que j'ai fait m'a transformé en un être que je n'aime vraiment pas et ma façon de gérer tout cela consiste souvent à commencer la journée avec un air méprisant ou une blague aux dépens de quelqu'un d'autre. » Pas facile de vivre avec Lennox. Même lui a des difficultés...

Virage en épingle à cheveux et changement radical de style pour Craig Russell avec ce premier roman de la série de Lennox-Glasgow. Il laisse l’Allemagne de Hambourg et son personnage fétiche Jan Fabel pour passer à l’Écosse, et plus précisément à la Glasgow des années 50. C'est un peu l'archétype du roman noir. Pas grand monde ne sort indemne de ce polar publié dans la remarquable collection : Robert Pépin présente...

« Lennox », Craig Russell, Calmann-Lévy, 20,50 € (également disponible au Livre de Poche)

dimanche 24 avril 2011

BD - Les dérives du pouvoir

La collection Troisième Vague du Lombard semble avoir accouché d'une nouvelle pépite. Sisco, écrit par Benec et dessiné par Legrain, après deux premiers épisodes menés tambour battant, poursuit son exploration des coulisses du pouvoir.

Sisco c'est ce flic de haut vol, chargé de la sécurité du président de la République. Un peu en disgrâce, il est puni et affecté à la surveillance de la fille du président. Ce n'est pas une sinécure de suivre à la trace cette étudiante adorant le gin-fizz, l'exhibitionnisme dans les boites de nuit à la mode et la cocaïne.

Elle n'est pas spécialement sympathique, mais quand on essaie de l'assassiner, Sisco retrouve ses réflexes et fera tout pour la protéger. Une histoire palpitante et très édifiante, servie par le dessin de plus en plus abouti et maîtrisé de Legrain.

« Sisco » (tome 3), Le Lombard, 11,95 € 

samedi 23 avril 2011

BD - Spécial Branch, les premiers experts


Roger Seiter, scénariste accompli ayant percé avec la série « Fog », n'a pas son pareil pour ciseler des intrigues captivantes dans l'Angleterre de la fin du 19e siècle. « Spécial Branch », illustrée par Hamo, relate les débuts de la police scientifique britannique. Première enquête pour Robin Molton et sa soeur Charlotte, médecin. Un vieux bateau est en train d'être démantelé dans un port près de Liverpool. Entre les deux coques, les ouvriers découvrent un cadavre desséché dans un tapis. 

Mort depuis une vingtaine d'années, cet homme a été abattu d'une balle dans la tête. Sa réapparition semble gêner quelques personnalités haut placées. Les recherches de Robin et Charlotte n'en sont que plus délicates. 

Une série qui démarre très bien, avec ce qu'il faut de mystère, de trouvailles et d'ambiance brumeuse typique de cette Grande-Bretagne du passé.

« Spécial Branch » (tome 1), Glénat, 13,50 € 

jeudi 21 avril 2011

BD - Milady vue par Agnès Maupré


Agnès Maupré, dessinatrice de bande dessinée, en lisant « Les trois mousquetaires » d'Alexandre Dumas, découvrait un roman complexe, bien loin de l'image de simple aventure de cape et d'épée. « La vie tragique de Milady m'a particulièrement captivée » explique-t-elle. L'espionne du méchant cardinal va l'obséder au point qu'elle prend vie sur des carnet de croquis puis devient le personnage principal du premier tome de cette nouvelle série. 

Milady, femme bafouée, tente de refaire sa vie en Angleterre. Elle y deviendra Mme de Winter. Rapidement veuve, par sa faute, elle paiera son erreur en devant élever un enfant qu'elle ne désirait pas. Finalement, le cardinal de Richelieu la sortira de son exil pour la transformer en redoutable espionne. Elle croisera D'Artagnan qui, tout en étant son ennemi, succombera à ses charmes. 

Un portrait de femme tout en nuances par une auteure complète, Agnès Maupré avouant son admiration pour Johann Sfar. Son dessin, esquissé, aérien, donne encore plus de force à cette femme forte en apparence, fragile intérieurement.

« Milady de Winter » (tome 1), Ankama éditions, 14,90 €

BD - Folie papale

Le Vatican, avant d'être le lieu de toutes les vertus, a été l'antre de la perversité. En l'an 1504, Jules II règne en maître sur la chrétienté. Il s'est « marié » à Adolsi, son jeune amant. Ce dernier, pour augmenter sa mainmise sur le vieux pape lui fait boire une potion. Envoûté, Jules II le proclame Papesse. 

La famille de Jules s'inquiète de l'héritage et fait assassiner la papesse. La vengeance de Jules sera effroyable. Du sang, du sexe et des trahisons, tels sont les principaux ingrédients du second tome de cette série de Jodorowsky et Theo. Heureusement, l'arrivée de Michel-Ange dans la vie de Jules va adoucir son courroux. Un pan de l'histoire souvent mouvementée du Vatican mis en lumière par un grand scénariste qui n'a rien perdu de son mordant et de sa capacité à interpeller ses lecteurs. 

Theo, le dessinateur dessine les jeunes hommes nus avec une précision aussi anatomique que sensuelle.

« Le pape terrible » (tome 2), Delcourt, 13,95 € 

mardi 19 avril 2011

polar - Deux p'tites tours et puis s'en vont


San-Antonio est de retour, de nouveau en format poche, comme au plus beau temps, quand Frédéric Dard proposait trois romans par an au Fleuve Noir. 

Cette fois ce sont les éditions Fayard qui publient les nouvelles aventures dues à la plume du fils, Patrice. « Deux p'tites tours et puis s'en vont » aborde un sujet d'actualité brûlant : le terrorisme islamique. La menace plane sur la France et pour tenter de déjouer un attentat en préparation, notre sémillant héros se rend aux USA. 

Il a dans ses bagages Bérurier, incognito grâce à un passeport belge. Cela donne quelques dialogues surréalistes, moitié argot, moitié englishe. 

Patrice Dard fait voler en éclat toute idée de politiquement correct. Un défouloir idéal pour les dépressifs et qui devrait être remboursé par la sécu ! (Fayard, 6,90 €) 

lundi 18 avril 2011

BD - Course aux diamants


La collection Rivages de Casterman propose enfin l'adaptation d'un roman de Tony Hillerman. Le romancier américain récemment disparu a su faire l'osmose parfaite entre intrigue et traditions indiennes.

 « L'homme squelette » adapté par Will Argunas est une longue course aux diamants dans les gorges du Grand Canyon. Une première partie pour planter le décor et présenter les personnages, une seconde pour que le drame se joue dans ces décors grandioses. 

Ce roman graphique de 100 pages est fidèle au récit original, donnant en plus ce sentiment d'immensité (des décors et des esprits) spécifique à l'œuvre de Tony Hillerman.

« L'homme squelette », Casterman Rivages, 18 € 

samedi 16 avril 2011

BD - Vampire et bidonville


Nosferatu, le premier vampire, est de retour. Il avait pourtant été vaincu en 1945 par un de ses disciples. De nos jours, près d'un immense bidonville de Bombay, ce sont deux jeunes parias qui lui donnent l'occasion de renaître de ses cendres. 

Nosferatu est affamé. Il cherche plus particulièrement du sang d'assassin, « les bourreaux ont un goût si particulier ». Au même moment, les autres vampires se mobilisent pour contrer le retour de Nosferatu, bien décidé à se venger. Une aubaine pour une organisation œuvrant pour l'éradication de cette race aux canines acérées.

 Olivier Peru et Stefano Martino revisitent le mythe de Nosferatu, lui donnant un cadre idéal avec ce bidonville regorgeant de miséreux prêts à tour pour s'en sortir.

« Nosferatu » (tome 1), Soleil, 13,50 €

vendredi 15 avril 2011

BD - L'esprit Donjon est de retour avec Ralph Azham de Trondheim


Présenté comme « le projet le plus ambitieux de Lewis Trondheim depuis Donjon », Ralph Azham permet au créateur de Lapinot de faire un retour remarqué à l'heroic fantasy.

Ralph Azham, albinos aux cheveux bleus, est considéré comme un bon à rien dans son village. Pourtant il aurait du être l'Elu. Mais il a été recalé. Il a bien un pouvoir, mais à quoi peut bien servir la capacité de savoir combien on a d'enfants ? Ralph, souffre-douleur, devenu très philosophe, va pourtant se révéler plus utile qu'il n'y paraît quand arrive la Horde, des soldats venus piller le village.

Un premier tome très dense, avec des personnages tout sauf superficiels. C'est très prometteur et donne l'occasion à Brigitte Findakly, la coloriste, de magnifier le dessin de son compagnon dans la vie.

« Ralph Azham » (tome 1), Dupuis, 11,95 € 

jeudi 14 avril 2011

BD - "Marche ou rêve", questions de jeunes


Deux jeunes auteurs, passés par les blogs, ont mis en commun leur sensibilité pour réaliser ces 80 pages entre amour et mort. Laurel a signé le scénario. Elric les crayonnés. Puis Laurel a encré et colorié les planches alors que Elric se chargeait du lettrage. Une collaboration concluante car ces créateurs sont encore en pleine recherche de leur style. Il ont travaillé sans contrainte, avec un plaisir et une soif d'apprendre qui illumine les planches. L'histoire est celle de Harold. Il a 19 ans, une fiancée, Claire, mais n'arrive pas encore à franchir le pas question sexe. En plein été, il va passer une semaine chez sa grand-mère. Il y rencontrera une jolie rousse, Mathilde, un demi-frère et quelques chatons. Harold en plein doute sur l'orientation qu'il doit donner à sa vie. Encore rêveur, il a tendance à fuir face aux responsabilités. Une BD initiatique dans laquelle nombre de jeunes adultes pourront se reconnaître.  
« Marche ou rêve », Dargaud, 12,95 €

mercredi 13 avril 2011

BD - Les soldats sacrifiés de "Death Squad"


La guerre, quelle idiotie. Cela vient peut-être du fait que les guerres sont l'œuvre de soldats. Et qu'y a-t-il de plus bête qu'un soldat ? Des soldats du Death Squad répond immédiatement Mike, le scénariste et dessinateur de ces strips ridiculisant les glorieux conquérants des planètes inconnues. Les Death Squad sont généralement débarqués en milieu hostile. Leurs ennemis, des extraterrestres monstrueux, des virus virulents et autres plantes carnivores. Reste que les plus grandes pertes ce sont eux-même qui se les provoquent. Car dans le genre manchots avec des armes de destruction massive, difficile de faire pire. Carbonisés par un missile, transpercés de flèches, bouffés par un poulpe mutant à double mâchoires rétractiles, écrasés par un container de vivres ou dissous par une mine antipersonnel bactériologique : les troupes rétrécissent au fil des pages de ce recueil qui n'épargne rien à des militaires d'élite. On admirera l'imagination de Mike pour créer des aliens originaux. Ils ont quand même souvent des points communs : de grandes dents et une méchanceté naturelle. 
« Death Squad », Delcourt, 10,50 €

mardi 12 avril 2011

BD - Jérôme et les braqueurs


Détective privé de proximité. Jérôme K. Jérôme Bloche a trouvé sa voie, sa spécialité. Le héros rêveur et maladroit de Dodier se spécialise dans les intrigues de la vie quotidienne. Ainsi, dans le 22e titre de la série, il accepte de rendre service à Madame Zelda, sa voisine. La voyante est inquiète : une de ses amies ne donne plus signe de vie. Jérôme enfourche son Solex et va sonner à la porte de ce petit pavillon de banlieue. 
A travers une fenêtre, il aperçoit la vieille dame étendue au pied des escaliers. Il entre par effraction et appelle les secours. Cinq secondes plus tard il est maîtrisé par des hommes du GIGN. Une nouvelle fois, Jérôme plonge dans les ennuis. 
Cette vieille dame est la mère de Mathias, l'ennemi public numéro un des années 80. Il vient de s'évader avec la complicité de son fils. La police le recherche... ses anciens complices aussi. Jérôme prendra pas mal de coups dans ces 56 pages rondement menées. Mais malgré l'adversité il n'abdiquera pas et démêlera cette histoire de magot caché, permettant même l'arrestation de quelques méchants...

« Jérôme K. Jérôme Bloche » (tome 22), Dupuis, 11,95 €

lundi 11 avril 2011

Livre - Les quatre vérités de Madame Wolinski

Maryse Wolinski, avant de devenir une romancière reconnue, a été surtout la femme du dessinateur. Des années d'amour et quelques secrets.




 Maryse Wolinski, féministe convaincue, a la particularité de vivre depuis quarante ans avec un des plus affreux misogyne de Paris. Georges Wolinski, dessinateur de presse et de BD, était déjà tout auréolé de succès quand la jeune journaliste stagiaire du Journal du Dimanche le croise dans les couloirs du quotidien. Maryse Wolinski, dans ce récit plein de sincérité, d'amour et de tendresse, revient sur cette rencontre et les premières années de vie commune. Et l'auteur s'adresse directement à son homme. Wolinski avait la réputation d'être un veuf joyeux. Sa femme, morte dans un accident de la circulation, lui avait laissé deux petites filles. Il collectionnait les conquêtes. Pourtant, il reconnaît rapidement que Maryse sera la femme de sa vie. La petite fille blonde, copie conforme des personnages qu'il dénudait sans vergogne dans ses BD, mettra du temps à l'apprivoiser.

Amour et soumission

Un jour, allant à l'encontre de toutes les bonnes résolutions prises par Maryse, féministe désirant vivre libre, il accepte de l'épouser. Un mariage presque clandestin, mais qui marque, paradoxalement, un véritable tournant dans la vie du couple. Après la cérémonie, « des amis nous avaient envoyé des corbeilles de fleurs que nous avons étalées dans un champ près d'une maison que tu louais. Nous nous sommes allongés au milieu et nous avons fait l'amour jusqu'à ce que les étoiles nous avertissent que la nuit était tombée. » Cette relation, passionnelle, charnelle, n'empêche pas parfois de grosses fâcheries. Maryse ne supporte pas la vulgarité de certains dessins, notamment quand les femmes ne sont que des objets du désir. Elle a même souvent été tentée de partir, de quitter cet homme pouvant devenir épouvantable. Peine perdue : « Malgré mes résolutions, j'étais prise au piège de l'amour et de la soumission. »

Libido et virilité

Véritable confession parfois très personnelle, ce texte de Maryse Wolinski atteint l'universel quand il aborde le problème du désir et de la vieillesse. Tout couple se reconnaîtra en partie dans ces inquiétudes sur la virilité de monsieur ou la perte de libido de madame... Car la romance, commencée il y a quarante ans, a moins d'intensité qu'aux premiers jours. Georges est devenu un vieux monsieur. Toujours amoureux, mais vieux. Maryse fait tout pour contrer les ravages du temps. Sans grand succès. « Notre amour est aussi inoxydable que ma génération vers laquelle je t'entraîne en t'interdisant gentiment de vieillir. Mais je le sais aussi, dès que j'ai un moment d'inattention, tu en profites pour vieillir un peu. » Reste que si le corps de Georges Wolinski a vieilli, sa main continue de dessiner sa femme sous la forme d'une jeune fille blonde, peu vêtue. La preuve en image avec la couverture de ce livre réellement bouleversant par moment.

« Georges, si tu savais... », Maryse Wolinski, Seuil, 16 €

Roman - Les quatre vérités entre virilité et libido de Madame Wolinski

Maryse Wolinski, avant de devenir une romancière reconnue, a été surtout la femme du dessinateur. Des années d'amour et quelques secrets.



Maryse Wolinski, féministe convaincue, a la particularité de vivre depuis quarante ans avec un des plus affreux misogyne de Paris. Georges Wolinski, dessinateur de presse et de BD, était déjà tout auréolé de succès quand la jeune journaliste stagiaire du Journal du Dimanche le croise dans les couloirs du quotidien. Maryse Wolinski, dans ce récit plein de sincérité, d'amour et de tendresse, revient sur cette rencontre et les premières années de vie commune. Et l'auteur s'adresse directement à son homme. Wolinski avait la réputation d'être un veuf joyeux. Sa femme, morte dans un accident de la circulation, lui avait laissé deux petites filles. Il collectionnait les conquêtes. Pourtant, il reconnaît rapidement que Maryse sera la femme de sa vie. La petite fille blonde, copie conforme des personnages qu'il dénudait sans vergogne dans ses BD, mettra du temps à l'apprivoiser.

Amour et soumission

Un jour, allant à l'encontre de toutes les bonnes résolutions prises par Maryse, féministe désirant vivre libre, il accepte de l'épouser. Un mariage presque clandestin, mais qui marque, paradoxalement, un véritable tournant dans la vie du couple. Après la cérémonie, « des amis nous avaient envoyé des corbeilles de fleurs que nous avons étalées dans un champ près d'une maison que tu louais. Nous nous sommes allongés au milieu et nous avons fait l'amour jusqu'à ce que les étoiles nous avertissent que la nuit était tombée. » Cette relation, passionnelle, charnelle, n'empêche pas parfois de grosses fâcheries. Maryse ne supporte pas la vulgarité de certains dessins, notamment quand les femmes ne sont que des objets du désir. Elle a même souvent été tentée de partir, de quitter cet homme pouvant devenir épouvantable. Peine perdue : « Malgré mes résolutions, j'étais prise au piège de l'amour et de la soumission. »

Libido et virilité

Véritable confession parfois très personnelle, ce texte de Maryse Wolinski atteint l'universel quand il aborde le problème du désir et de la vieillesse. Tout couple se reconnaîtra en partie dans ces inquiétudes sur la virilité de monsieur ou la perte de libido de madame... Car la romance, commencée il y a quarante ans, a moins d'intensité qu'aux premiers jours. Georges est devenu un vieux monsieur. Toujours amoureux, mais vieux.

 Maryse fait tout pour contrer les ravages du temps. Sans grand succès. « Notre amour est aussi inoxydable que ma génération vers laquelle je t'entraîne en t'interdisant gentiment de vieillir. Mais je le sais aussi, dès que j'ai un moment d'inattention, tu en profites pour vieillir un peu. » Reste que si le corps de Georges Wolinski a vieilli, sa main continue de dessiner sa femme sous la forme d'une jeune fille blonde, peu vêtue. La preuve en image avec la couverture de ce livre réellement bouleversant par moment.

« Georges, si tu savais... », Maryse Wolinski, Seuil, 16 €

mercredi 6 avril 2011

BD - L'amour ambulant du "Magasin sexuel" de Turf


Turf a définitivement tiré un trait sur sa Nef des fous et s'est lancé dans une nouvelle aventure, plus actuelle mais toujours empreinte d'une douceur et d'une poésie trop souvent absentes des productions BD actuelles. « Magasin sexuel » a pour cadre le petit village des Bombinettes. 234 âmes, une spécialité alcoolisée (la Bombinette) et un maire récemment divorcé et très vieux jeu. Raymond Orloff (comme le rôti), belles moustaches de Gaulois, crâne dégarni, ventre rebondi, veille à la tranquillité de sa petite communauté. Il est presque victime d'une attaque quand il constate, le lundi, jour de marché, qu'un nouvel étal fait son apparition : un sex-shop ambulant. Passé son premier effroi, il tombe sous le charme la vendeuse, Amandine, jeune et réaliste, pas spécialement portée sur le sexe mais avouant qu'au moment d'entrer dans le monde du travail, « entre vendre des sextoys ou des courgettes, j'ai vite fait mon choix ! ». Adorable Amandine qui donne tout son charme à cette BD. Une héroïne comme on aimerait en rencontrer plus souvent dans la vraie vie.

« Magasin sexuel » (tome 1), Delcourt, 14,95 €

BD - L'amour ambulant à base de sextoys


Turf a définitivement tiré un trait sur sa Nef des fous et s'est lancé dans une nouvelle aventure, plus actuelle mais toujours empreinte d'une douceur et d'une poésie trop souvent absentes des productions BD actuelles. 

« Magasin sexuel » a pour cadre le petit village des Bombinettes. 234 âmes, une spécialité alcoolisée (la Bombinette) et un maire récemment divorcé et très vieux jeu. Raymond Orloff (comme le rôti), belles moustaches de Gaulois, crâne dégarni, ventre rebondi, veille à la tranquillité de sa petite communauté. Il est presque victime d'une attaque quand il constate, le lundi, jour de marché, qu'un nouvel étal fait son apparition : un sex-shop ambulant. 

Passé son premier effroi, il tombe sous le charme la vendeuse, Amandine, jeune et réaliste, pas spécialement portée sur le sexe mais avouant qu'au moment d'entrer dans le monde du travail, « entre vendre des sextoys ou des courgettes, j'ai vite fait mon choix ! ». 

Adorable Amandine qui donne tout son charme à cette BD. Une héroïne comme on aimerait en rencontrer plus souvent dans la vraie vie.

« Magasin sexuel » (tome 1), Delcourt, 14,95 € 

mardi 5 avril 2011

BD - Le Découpeur frappe, Midi-Minuit veille


Jean-Charles Gaudin, s'il n'a pas le succès d'Arleston, est tout de même un des scénaristes les plus productifs des éditions Soleil. Et ses séries durent, preuve que le public est au rendez-vous. Meilleur exemple avec les Arcanes de Midi-Minuit qui en est à son 8e titre, presque un exploit chez l'éditeur toulonnais particulièrement prompt à interrompre la vie d'un héros ne touchant pas rapidement un large public. Jim et Jenna, les héros de ces histoires entre SF et fantasy, ont la particularité de ne jamais être vus ensemble. En fait il s'agit d'une seule et même personne, pouvant laisser la place à son double simplement grâce à un miroir. Si cette trouvaille était mise en avant dans les premières enquêtes, c'est moins vrai pour cette « Affaire Trinski ». Les deux agents sont envoyés dans une province du Royaume victime du coup d'Etat du chef des armées. Il terrorise la population. De même que le Découpeur, tueur sanguinaire armé de deux sabres et exterminateur de la résistance. Jim et Jenna auront fort à faire pour mettre hors d'état de nuire ces deux terreurs. Trichet, au dessin, aime les femmes sensuelles aux courbes généreuses. Un vrai plaisir pour les yeux...

« Les Arcanes du Midi-Minuit » (tome 8), Soleil, 13,50 €

lundi 4 avril 2011

BD - Derib et les Ahlalâââs au sommet du 9e art


Buddy Longway, Red Road : Derib s'est imposé dans le monde du 9e art avec des sagas réalistes au long cours. Pourtant cet auteur suisse a débuté dans la plus pure tradition de la BD franco-belge pour enfants, avec gros nez et jeunes héros positifs. En s'imposant dans le western social, il n'a pas totalement oublié ses premières amours et les éditions du Lombard nous donnent l'occasion de redécouvrir ce talent caché en rééditant « L'impossible ascension », première et seule aventures des Ahlalâââs. Ces microscopiques personnages, poilus et au langage limité, ont fait leur apparition dans le bref mais très remarqué Achille Talon Magazine. Le crâne lisse d'Achille Talon, tel est l'objectif de ces alpinistes experts. Ils vont, en 46 pages pleines de rebondissements, s'attaquer à ce sommet de la BD humoristique. Ils devront affronter une mite, un moustique, une coulée de blanc d'œuf et les mains de leur hôte qui n'apprécie guère ces démangeaisons. Étonnante et farfelue, cette BD prouve que Derib a plus d'une corde à son arc. Dommage que la suite, l'ascension du mont Lefuneste, autrement plus abrupt que son voisin tout en rondeurs, n'ai jamais vu le jour...

« Les Ahlalâââs », Le Lombard, 19,95 €

BD - Au sommet du 9e art


Buddy Longway, Red Road : Derib s'est imposé dans le monde du 9e art avec des sagas réalistes au long cours. Pourtant cet auteur suisse a débuté dans la plus pure tradition de la BD franco-belge pour enfants, avec gros nez et jeunes héros positifs. 

En s'imposant dans le western social, il n'a pas totalement oublié ses premières amours et les éditions du Lombard nous donnent l'occasion de redécouvrir ce talent caché en rééditant « L'impossible ascension », première et seule aventures des Ahlalâââs. Ces microscopiques personnages, poilus et au langage limité, ont fait leur apparition dans le bref mais très remarqué Achille Talon Magazine. 

Le crâne lisse d'Achille Talon, tel est l'objectif de ces alpinistes experts. Ils vont, en 46 pages pleines de rebondissements, s'attaquer à ce sommet de la BD humoristique. Ils devront affronter une mite, un moustique, une coulée de blanc d'œuf et les mains de leur hôte qui n'apprécie guère ces démangeaisons. Étonnante et farfelue, cette BD prouve que Derib a plus d'une corde à son arc. 

Dommage que la suite, l'ascension du mont Lefuneste, autrement plus abrupt que son voisin tout en rondeurs, n'ai jamais vu le jour...

« Les Ahlalâââs », Le Lombard, 19,95 €

samedi 2 avril 2011

Thriller - Carré de dames pour Alexis Lecaye

Quatrième enquête pour le commissaire Martin imaginé par Alexis Lecaye. Il est aux prises avec le gourou d'une secte et un ennemi invisible.



Il les aura toutes faites. Débutant par la « Dame de cœur », Alexis Lecaye boucle son carré avec la « Dame de trèfle ». Quatre romans policiers pour imposer un style et des personnages. Le lecteur retrouve donc le commissaire Martin, son équipe et ses emmerdes. Car ce flic de haut vol, plus près de la cinquantaine fatiguée que de la quarantaine épanouie, accumule les ennuis personnels. Un métier prenant, des horaires impossibles et une réticence à entrer dans un moule auront eu raison de son couple. Marion l'a quitté. Avec le bébé. C'est cet enfant qui a tout compliqué. Déjà père d'une Isabelle âgée aujourd'hui de 20 ans et elle aussi jeune maman, Martin semble avoir paniqué face à ces nouvelles responsabilités. C'est dans cet état d'esprit que le lecteur fidèle retrouve son héros. Car ne nous y trompons pas, la série des « Dames » s'apparente fort au feuilleton, même si les « méchants » changent à chaque titre.

Fugitive et stripteaseuse

La « Dame de trèfle » c'est peut-être Camille, à moins que ce ne soit Armony. La première, caissière dans un petit magasin parisien, s'enfuit dès qu'elle aperçoit sur le trottoir Jean-René, un Canadien, père de sa fille. Dans sa fuite, elle monte durant quelques instants, par la force, dans la voiture d'Armony. Cette stripteaseuse n'a pas la vie facile en ce moment. En plus de se produire dans un peep-show, elle vit dans sa voiture, expulsée de son appartement dont elle n'arrive plus à payer le loyer. Camille lance un SOS à Armony. Elle lui confie les numéros de téléphone de ses enfants et de son avocat. Puis elle quitte la voiture. Les destins de ces deux femmes vont désormais être liés, pour le meilleur et le pire.

Martin intervient le lendemain, quand Camille est retrouvée, grièvement blessée au pied d'un pont dans une mare de sang. Suicide ? Jeannette, l'adjointe de Martin a des doutes. Ils sont rapidement confirmés par le fait que le sang n'est pas d'elle. La machine policière se met en marche pour identifier la victime de ce qui semble être une tentative de meurtre.

Quasiment au même moment, après une journée d'hésitation, Armony se décide enfin à contacter la police car personne ne répond aux numéros de téléphone. Mais elle n'a décidément pas de chance puisqu'elle tombe sur un jeune flic mal luné, qui met en doute ses déclarations et qui, pour couronner le tout, la met en garde à vue. Armony, au bout du rouleau, tente de se suicider dans sa cellule crasseuse.

Secte et ennemi invisible

L'avancée d'une enquête policière dépend parfois de peu de choses. Cette fois c'est Jeannette qui va relier le témoignage d'Armony et la tentative de meurtre sur Camille. Un peu trop tard malheureusement. Armony s'est évaporée dans la nature. Et il n'y a pas que les policiers qui la recherchent, le Canadien, gourou d'une secte, est sur sa piste lui aussi. Il sait qu'elle seule pourra lui livrer un indice pour récupérer les enfants.

Un roman policier captivant à plus d'un titre. L'intrigue est prenante mais on est surtout fasciné par les différents personnages. Armony en premier lieu, Jeannette aussi alors que le Canadien fait froid dans le dos. Pour la bonne bouche gardons le commissaire Martin. Il est un peu moins efficace car submergé de doutes. Il aime toujours Marion mais n'hésite pas à répondre aux avances d'une amie de sa première femme. Un piège en fait, fomenté par un mystérieux ennemi. Martin va devoir enquêter tout en étant lui même suspecté par la Police des polices de tentative de meurtre. Pas facile, mais pas insurmontable pour un héros digne de ce nom...

« Dame de trèfle », Alexis Lecaye, Le Masque, 20 €

Polar - Carré de dames

Quatrième enquête pour le commissaire Martin imaginé par Alexis Lecaye. Il est aux prises avec le gourou d'une secte et un ennemi invisible.


Il les aura toutes faites. Débutant par la « Dame de cœur », Alexis Lecaye boucle son carré avec la « Dame de trèfle ». Quatre romans policiers pour imposer un style et des personnages. Le lecteur retrouve donc le commissaire Martin, son équipe et ses emmerdes. Car ce flic de haut vol, plus près de la cinquantaine fatiguée que de la quarantaine épanouie, accumule les ennuis personnels. Un métier prenant, des horaires impossibles et une réticence à entrer dans un moule auront eu raison de son couple. Marion l'a quitté. Avec le bébé. C'est cet enfant qui a tout compliqué. Déjà père d'une Isabelle âgée aujourd'hui de 20 ans et elle aussi jeune maman, Martin semble avoir paniqué face à ces nouvelles responsabilités. C'est dans cet état d'esprit que le lecteur fidèle retrouve son héros. Car ne nous y trompons pas, la série des « Dames » s'apparente fort au feuilleton, même si les « méchants » changent à chaque titre.

Fugitive et stripteaseuse

La « Dame de trèfle » c'est peut-être Camille, à moins que ce ne soit Armony. La première, caissière dans un petit magasin parisien, s'enfuit dès qu'elle aperçoit sur le trottoir Jean-René, un Canadien, père de sa fille. Dans sa fuite, elle monte durant quelques instants, par la force, dans la voiture d'Armony. Cette stripteaseuse n'a pas la vie facile en ce moment. En plus de se produire dans un peep-show, elle vit dans sa voiture, expulsée de son appartement dont elle n'arrive plus à payer le loyer. Camille lance un SOS à Armony. Elle lui confie les numéros de téléphone de ses enfants et de son avocat. Puis elle quitte la voiture. Les destins de ces deux femmes vont désormais être liés, pour le meilleur et le pire.

Martin intervient le lendemain, quand Camille est retrouvée, grièvement blessée au pied d'un pont dans une mare de sang. Suicide ? Jeannette, l'adjointe de Martin a des doutes. Ils sont rapidement confirmés par le fait que le sang n'est pas d'elle. La machine policière se met en marche pour identifier la victime de ce qui semble être une tentative de meurtre.

Quasiment au même moment, après une journée d'hésitation, Armony se décide enfin à contacter la police car personne ne répond aux numéros de téléphone. Mais elle n'a décidément pas de chance puisqu'elle tombe sur un jeune flic mal luné, qui met en doute ses déclarations et qui, pour couronner le tout, la met en garde à vue. Armony, au bout du rouleau, tente de se suicider dans sa cellule crasseuse.

Secte et ennemi invisible

L'avancée d'une enquête policière dépend parfois de peu de choses. Cette fois c'est Jeannette qui va relier le témoignage d'Armony et la tentative de meurtre sur Camille. Un peu trop tard malheureusement. Armony s'est évaporée dans la nature. Et il n'y a pas que les policiers qui la recherchent, le Canadien, gourou d'une secte, est sur sa piste lui aussi. Il sait qu'elle seule pourra lui livrer un indice pour récupérer les enfants.

Un roman policier captivant à plus d'un titre. L'intrigue est prenante mais on est surtout fasciné par les différents personnages. Armony en premier lieu, Jeannette aussi alors que le Canadien fait froid dans le dos. Pour la bonne bouche gardons le commissaire Martin. Il est un peu moins efficace car submergé de doutes. Il aime toujours Marion mais n'hésite pas à répondre aux avances d'une amie de sa première femme. Un piège en fait, fomenté par un mystérieux ennemi. Martin va devoir enquêter tout en étant lui même suspecté par la Police des polices de tentative de meurtre. Pas facile, mais pas insurmontable pour un héros digne de ce nom...

« Dame de trèfle », Alexis Lecaye, Le Masque, 20 €