Aucune nouvelle, aucune piste, la petite Lucy Appleyard s'est volatilisée laissant ses parents dans un immense désarroi.
Un sang d'encre -titre de la collection aux Presses de la cité- est bien l'expression qui convient à ce roman d'Andrew Taylor paru en 2003.
Quoi de plus atroce pour une maman d'aller chercher sa fille de quatre ans chez sa nounou et, en lieu et place de l'ambiance tranquille des habituels jeux, de fins de journée, de trouver une maison en pleine effervescence, grouillant de policiers et de voisins. Lucy a disparu.
Dans sa petite tête rêveuse d'enfant de quatre ans, elle a chipé le porte-monnaie de la nounou dans l'intention d'aller s'acheter la boîte de magie tant convoitée.
Trois minutes d'inattention de la nounou et Lucy se retrouve dans la cour de la maison, seule, hésitant à franchir le portail interdit. Juste le temps et l'opportunité qu'attendait Eddie. Depuis plusieurs semaines, avec sa compagne Angel (comme quoi il ne faut jamais se fier aux apparences, même d'un prénom !), il connaît sur le bout des doigts l'emploi du temps de la petite fille et de ses parents. Et même si l'enlèvement n'était pas programmé ce jour-là, il a réussi au-delà de toutes les espérances d'Eddie et Angel la tyrannique.
Remises en question
A partir de ce moment, les policiers sont sur la brèche. Même Michaël, le père de Lucy, policier lui aussi, se lance dans une recherche désespérée malgré l'interdiction de sa hiérarchie, le considérant trop. impliqué pour effectuer un travail objectif. Quant à Sally, première femme pasteur de l'Eglise anglicane de la petite communauté de quartier de Kensal Yale et mère de Lucy, elle se retrouve en proie à des interrogations et des doutes qu'elle n'aurait jamais crus possibles sur l'essence même de sa foi.
Les interventions du parrain de Michaël, ecclésiastique lui aussi et comme la majorité, opposé à l'ordination des femmes, ne font qu'envenimer une situation déjà tendue à l'extrême.
Pour tout arranger, au lieu de les rapprocher dans l'épreuve, les relations entre Sally et son mari se détériorent rapidement, mettant à nu une tension latente depuis plusieurs mois.
Ange ou démon ?
Dans cette histoire a double face - celle des ravisseurs et celle des victimes – les personnalités ressortent avec une virulence teintée d'une palette aux mille nuances, soulignant là tout le talent de l'auteur.
Si l'on a rapidement catalogué Angel parmi les « méchants », Eddie lui est présenté comme un pédophile, certes, et donc condamnable à 200% ; mais par de nombreuses facettes, tant dans son comportement que dans son caractère, l'auteur arrive à le rendre presque sympathique, en tout cas susceptible de provoquer la pitié du lecteur.
Incroyable et d'autant plus dérangeant que l'actualité bien réelle celle-là, n'épargne pas enfants et parents.
On ne peut néanmoins que saluer Andrew Taylor pour la finesse d'analyse des personnalités multiples de tous les protagonistes ainsi que le rythme tantôt lancinant, tantôt haletant de l'intrigue. .
Tel un morceau de musique bien orchestré, les pianissimos s'entremêlent aux fortes pour se terminer en un crescendo fortissimo.
Fabienne Huart
« Les quatre fins dernières » de Andrew Taylor aux Presses de la Cité, 18,90 euros
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