Irlande secrète, Irlande mystérieuse, Irlande sombre. Ce thriller de Julie Parsons explore le côté obscur de l'Île émeraude
Quand il arrive dans la région de Cape Clear, à l'extrême sud de l'Irlande, Adam se fait très vite des amis. Il est vrai que ce jeune Anglais, blond, grand et avenant, a un charme indéniable. A la recherche de petits boulots, il s'embarque sur des chalutiers et c'est en revenant d'une sortie en mer qu'il découvre Trawbawn. Une grande bâtisse, entourée de jardins savamment entretenus par Lydia Beauchamp. Lydia est une vieille femme bien seule depuis le suicide de son mari, Alex, et le départ de sa fille Grace. Lydia et Grace Beauchamp, deux femmes écorchées, séparées par une génération mais tourmentées toutes les deux par un passé qu'elles tentent d'enfouir dans les années mais qui revient inexorablement à la surface.
Douloureuses naissances
Lydia et Grace sont donc les deux héroïnes de ce thriller verdoyant de Julie Parsons, néo-zélandaise installée en Irlande depuis presque un demi-siècle. Lydia était une jeune infirmière anglaise pleine de vie jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte d'un chirurgien marié.
Elle garde l'enfant, Grace, et refait sa vie en Irlande,. trouvant un boulot dans un hôpital psychiatrique. C'est là qu'elle rencontre Alex, un patient doux et dépressif. Ils se marient, Grace a ainsi une véritable famille. Un concours de circonstance fait qu'ils échouent dans la grande demeure de Daniel Chamberlain, à Trawbawn. A la mort de ce dernier, Lydia hérite de la propriété quelle bonifie en ouvrant au public les magnifiques jardins.
Tout irait pour le mieux si Grace, à l'âge de 16 ans, ne tombait à son tour enceinte. L'adolescente refusant de dévoiler le nom du père, Lydia fait le nécessaire pour que ce bébé ne soit pas un frein à l'ascension sociale de sa fille. Placée dans une institution, dès que le petit Daniel vient au monde, il est adopté par un couple stérile. Grace, tenant sa mère pour responsable, quitte le foyer familial et poursuit, seule, ses études à Londres. Brillante enseignante, elle se marie et a une petite fille, Amelia, aujourd'hui âgée de 16 ans.
Le lecteur découvre au fil des événements ces parcours de femmes blessées et comprend que Lydia et Grace ne se sont plus parlées depuis 28 ans, autrement dit la naissance de Daniel.
Regrets éternels
Adam, pivot du roman, va quitter son rôle de gentil garçon pour se transformer en ange de la mort, outil d'une vengeance mûrement réfléchie. Il va s'immiscer dans la vie de ces deux femmes déchirées de tristesse malgré le temps passé.
Ainsi, Grace, après une journée de travail,« s'offrirait le luxe de se souvenir. De son bébé à elle, son petit garçon. Arraché à elle à six semaines. Lorsqu'il avait été capable d'ouvrir ses yeux bleus laiteux et de la fixer, une minuscule ébauche de sourire flottant autour de ses petites lèvres molles. Ce soir, où Amelia n'était pas là et où elle avait la maison pour elle seule, elle regarderait le dessin du bébé et elle laisserait libre cours à ses larmes ». Et au même moment, dans sa grande maison vide, Lydia endure un véritable calvaire: « La douleur était devenue intolérable. Une souffrance atroce montait des profondeurs de son être. Elle avait envie de gémir, de sangloter. De supplier qu'on la pardonne, qu'on la comprenne. Mais il n'y avait personne pour entendre ses suppliques".
Julie Parsons utilise ce roman policier pour décortiquer et expliquer comment le passé et les regrets peuvent vous consumer lentement, de l'intérieur.
« Le sablier d'or », Julie Parsons, Calmann-Lévy, 20 €
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