Il est devenu une marionnette des Guignols alors qu’il n’a jamais été exposé aux yeux du public. Pas étonnant cependant quand on sait que c’est lui qui est à l’origine de l’émission, dernière survivante de la grande époque de Canal +, celle de Nulle Part Ailleurs avec Gildas et De Caunes, des Nuls et autres comiques devenus stars sous d’autres projecteurs.
Alain de Greef a quitté la chaîne cryptée par la petite porte. Quelques mois avant l’éjection sans ménagements de son mentor, Pierre Lescure. Cet ancien monteur du temps de l’ORTF explique dans ce livre comment il s’est retrouvé embarqué dans l’aventure Canal+, première chaîne privée française, première également à être payante. Et il n’en revient toujours pas d’avoir eu tant de temps pour mettre en place le projet piloté par André Rousselet sous les bons auspices de François Mitterrand.
L’humour avant tout
Devenu directeur des programmes, il s’est plus spécialement occupé des plages en clair, véritable vitrine de la chaîne, et surtout seul espace de liberté et de persiflage dans un paysage audiovisuel français (PAF) très calme et sage. Ce livre est l’occasion pour Alain de Greef de revenir sur quelques moments clés de l’histoire de Canal+ mais surtout de livrer sa vision, voire ses recettes, pour permettre de redonner un minimum de souffle au PAF et par la même occasion d’intérêt pour les téléspectateurs et les annonceurs.
Première idée forte, privatiser France 2. Ce n’est pas la conséquence d’une vision très libérale de l’audiovisuel mais au contraire la seule solution, pour contrer l’hégémonie de TF1.
Recettes pour un PAF malade
Car à la base, l’immense erreur de ces dernières années aura été de privatiser la première chaîne, la plus florissante, la plus forte. En vendant ce pan du patrimoine audiovisuel français à Francis Bouygues, le gouvernement de l’époque signait par la même occasion l’affaiblissement du service public. Face au rouleau compresseur TF1, la petite M6 ou les chaînes câblées, voire les petites nouvelles de la TNT, ne feront jamais le poids. Seule France 2 est en position de concurrencer le mammouth. En la privatisant, un second opérateur privé pourrait enfin faire de l’ombre au groupe Bouygues. Un argument comme un autre et qui a l’avantage de clairement exposer le véritable problème du PAF : TF1 n’a plus de concurrent et depuis trop longtemps.
Parmi les autres propositions faites par Alain de Greef, d’autres semblent beaucoup plus favorables aux opérateurs privés quand il revendique la suppression de toute publicité sur les chaînes du service public. Il va plus loin en préconisant comme dans certains pays nordique de supprimer totalement la publicité visant les enfants de moins de douze ans. Si en plus on libère complètement la publicité sur les chaînes commerciales, les nombreuses coupures devraient avoir pour conséquence automatique un glissement du public publiphobe vers le service public ou les chaînes à péage. Des recettes qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays. Pourquoi la France serait-elle l’exception télévisuelle européenne victime depuis trop longtemps d’un certain « mieux-disant culturel » ?
« Vous regardez trop la publicité », Alain de Greef avec Gilles Verlant, Flammarion, 15 €
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