Le commissaire Martin, héros de ce polar français d'Alexis Lecaye, passe par tous les états dans ces 360 pages.
Zonant dans son appartement en vieux survêtement, le commissaire Martin est en pleine dépression. Dans sa précédente aventure ("Dame de coeur"), il avait failli mourir. Il garde encore des séquelles physiques de cet ultime afrontement. Mais c'est surtout au niveau du moral que cela dérape. L'arrêt maladie se prolonge. Pourtant côté vie privé il a tout pour être heureux. Sa compagne, Marion, attend un enfant de lui. Et sa fille est elle aussi enceinte et vit chez lui depuis quelques semaines. Deux femmes actives, énergiques, optimistes mais qui se trouvent totalement désarmées face aux noires pensées de leur "homme".
Tueuse implacable
Côté boulot, c'est l'adjointe de Martin, Jeannette, qui a pris les rênes du service. Et du boulot, il y en a. Les cadavres continuent de fleurir en différents lieux de la capitale. En premier lieu celui d'un détective privé retrouvé dans un chantier. Tué de deux balles. Des balles introuvables puisque retirées du corps avec des instruments chirurgicaux par le tueur. Une tueuse exactement. Le lecteur le sait puisqu'il a assisté à la scène. La jeune femme, sortie pour faire un jogging, a vite remarqué qu'elle était suivie. Ce que le détective ne pouvait pas savoir, c'est qu'il avait pris en filature une redoutable tueuse. Quand elle a découvert l'identité et la profession de sa victime, la tueuse a décidé de faire un peu de ménage. Forcément un "client" a payé le détective pour la suivre. Qui ? Elle ne le sait pas. Méthodiquement elle a recherché dans les archives du privé et a relevé nom et adresses des dix derniers contrats. Elle va torturer puis tuer ces hommes et femmes pour découvrir qui s'intéresse à elle. Chaque nuit elle part en chasse et laisse un cadavre derrière elle.
Jeannette, la première parvient à identifier le premier cadavre et a l'intuition que ces morts sont liées entre elles. Une affaire qui a le don de redonner le goût de l'enquête à Martin. Du jour au lendemain il va faire une croix sur son état dépressif, remettre son bleu de chauffe et se lancer sur les traces de ce tueur mystérieux. Mais il sera stoppé dans son élan. Un soir, il discute avec la psychologue de la PJ. Le lendemain, elle est retrouvée dans le coma, sauvagement frappée dans son bureau. Or, il semble être le dernier à l'avoir vue et se retrouve très vite principal suspect. Malgré ses dénégations il est suspendu et devra, en dehors de tout cadre légal, tenter de se disculper et arrêter la tueuse.
Omniprésence féminine
Si le polar imaginé par Alexis Lecaye, dans sa structure et son intrigue, reste dans le classique, ce roman sort de l'ordinaire sur la dimension psychologique des personnages. Martin en premier lieu. Ses errements, doutes et remises en cause apportent une dimension principale à ce héros par ailleurs sans peur et sans reproche. Et il est presque le seul homme de cet univers dominé par les femmes. Celles qui ont le beau rôle comme Jeannette, Marion ou sa fille, et la "méchante" de service, tueuse implacable, froide, calculatrice, au passé trouble et traumatisant. Le lecteur, au fil des meurtres, découvre ses motivations. Et ne peut s'empêcher d'être attiré par cette beauté fatale.
"Dame de pique", Alexis Lecaye, Editions du Masque, 20 €
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