dimanche 11 mai 2025

Roman – Le train des Terres oubliées

Le Transsibérien a toujours fait rêver les amateurs de voyages incongrus. Mais cela ne semblait pas suffisant pour Sarah Brooks, autrice anglaise spécialiste de l'Asie. Elle mélange le mythe du train reliant Pékin à Moscou à une dystopie ayant transformé une partie de la Sibérie en région interdite après l'apparition de mutations. 

Le voyage, de la Chine vers la Russie, est vécu de l'intérieur par l'intermédiaire de plusieurs des passagers ou employés : la fille d'un des artisans du train hermétiquement clos, décidée à venger son père, une petite fille, née dans un wagon et qui depuis ne l'a plus quitté, un cartographe, explorateur curieux d'un nouveau monde, la Capitaine, marquée après un voyage dramatique. Des vies qui se croisent et interagissent dans un huis clos inquiétant. Encore plus quand entre en scène Eléna, une créature des Terres oubliées, plus vraiment femme, pas encore monstre. 

Reste le meilleur du roman : la description de ce monde mystérieux où les arbres se déplacent et où les lacs ont des couleurs inimaginables. Un formidable voyage, dans tous les sens du terme.  

« Comment voyager dans les Terres oubliées », Sarah Brooks, 10/18, 456 pages, 9,90 €

samedi 10 mai 2025

BD - "Le marin céleste" vogue sur les cieux loin de la mort bleue


Les albums édités par Daniel Maghen sont rares. Mais systématiquement d'une beauté fulgurante. Il est vrai que son premier métier est galeriste. Il cherche donc des artistes qui ont le potentiel pour proposer des compositions originales qui plairont aux collectionneurs. Olivier Roman coche toutes les cases et signe donc "Le marin céleste", gros album écrit par Rodolphe. 

Toujours sur la planète Sprague, on découvre Popeye, commerçant qui va de ville en ville proposer ses trouvailles. Il se déplace dans un drôle d'engin, entre l'avion et la montgolfière. Il profite de la vie, heureux, entre fouilles archéologiques, vente sur les marchés et bon temps auprès de sa fiancée, Prune. Tout irait pour le mieux si de mystérieuses herbes bleues ne se mettaient à proliférer au sol. Une végétation exubérante et agressive. Rien ne leur résiste, ni maison ni végétation. Encore moins les hommes. 

Popeye et Prune, aidés par des insectes humanoïdes, premiers habitants de Sprague, vont prendre la tête de la révolte pour repousser la vague bleue. 

Le scénario, original et plein de surprises, permet au lecteur de mieux comprendre comment fonctionne cette planète à part. Son histoire (arrivée puis départ des grands anciens...) y est en partie dévoilée. Et comme Rodolphe sait parfaitement jouer du suspense et des rebondissements, il a certainement de quoi écrire deux ou trois autres histoires ayant pour cadre Sprague. Quant à Olivier Roman, il semble très à l'aise dans ce monde imaginaire, aux habits originaux, aux machines uniques et aux animaux entre rêve et réalité. On en redemande !    

"Le marin céleste", Daniel Maghen éditeur, 88 pages, 19 €

vendredi 9 mai 2025

Thriller - Sharko, en vers et contre tous

Le nouveau roman de Franck Thilliez ne fait pas dans la poésie. Dans « A retardement », il est surtout question de folie et de bestioles visqueuses, de celles qui peuplent nos pires cauchemars.


A plus de 60 ans, Frank Sharko, le policier d’élite imaginé par Franck Thilliez souffre-t-il d’un petit coup de mou ? A Lucie, sa compagne, il dément énergiquement (malgré son souffle court, ses nuits agitées et ses genoux douloureux) : « Quand je serai à la retraite, j’aurai tout le temps de me poser, OK ? De faire des siestes comme les vieux ou d’arracher ces saloperies de mauvaises herbes. » Faut pas lui faire remarquer qu’il n’est plus un poulet de première jeunesse, ça a le don de l’énerver le Sharko. Alors il continue à chasser les méchants (qui eux semblent de plus en plus jeunes) même s’il laisse les courses et bagarres à son second, Nicolas Bellanger, de plus en plus au centre des intrigues imaginées par le maître du thriller français. 

Dans « A retardement », le groupe de Sharko est de garde pour la dernière semaine de l’année. Il est mobilisé après la disparition d’une Parisienne, envolée en traversant le parc des Buttes-Chaumont. Au même moment, un schizophrène est interné dans une unité de malades difficiles de banlieue. Il sera suivi par Eléonore Hourdel, psychiatre renommée. Deux débuts sans directs, permettant de suivre une enquête qui s’enlise et de découvrir le quotidien dans une UMD, endroit au coeur du roman. Quelques jours plus tard, les deux mondes se rencontrent. Sharko et Nicolas vont enquêter sur le meurtre sauvage d’un quinquagénaire. Mort de cinquante coups de tournevis au niveau de l’abdomen, la bouche remplie de soude. L’homme serait le père de la psychiatre. 

Le roman bascule dans l’horrible lors de l’autopsie. Une étrange découverte est faite dans l’intestin du mort : Les visages des deux policiers « se plissèrent de dégoût lorsque, du bout des doigts, le légiste tira de là un organisme blanchâtre, écrasé comme un haricot, présentant de nombreux replis de la forme de ceux de l’intestin où il était logé. » Un ténia plus connu sous le nom de ver solitaire. «Les coups de tournevis avaient atteint la bestiole à certains endroits, la tuant également. » Ce que ne savent pas encore les flics contrairement au lecteur, c’est que le mystérieux patient d’Eléonore Hourdel a tenté de s’éventrer, persuadé que des vers sont en train de le dévorer de l’intérieur. 

La folie est omniprésente dans ce gros roman noir. Dans l’entourage d’Eléonore, évidemment, mais aussi dans le passé de Sharko et le quotidien de Nicolas, homme blessé au bord de la rupture. Même si A retardement peut se lire indépendamment de autres titres, il est cependant fortement conseillé de plonger dans les autres titres de Sharko. Car c’est dans ce volet feuilleton (on dit plutôt série de nos jours), que réside le plus grand intérêt de l’oeuvre de Thilliez. 

« A retardement », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 456 pages, 22,90 €

jeudi 8 mai 2025

Roman fantastique - « La Dissonance », invisible, passionnante

Il y a du Stephen King de la grande époque dans ce roman de Shaun Hamill. La destinée magique et fantastique de quatre adolescents délaissés.

Véritable tour de force que ce roman de Shaun Hamill. Seulement son second et déjà un texte qui devrait compter dans les décennies à venir. En imaginant et en édictant les règles de la Dissonance, l'auteur texan a tout simplement créé une nouvelle forme de magie, de fantastique urbain.

Avant de plonger dans ces mondes alternatifs où rares sont ceux qui voient et ont des pouvoirs, le lecteur fait connaissance des quatre amis, héros involontaires, voués à sauver le monde. Les mondes exactement.

Encore ados en cette année 1996. Hal est le prototype du « petit branleur », jamais sérieux, toujours trop arrogant. Pas de père, une mère volage et absente, il s'en tire toujours par une pirouette. Quitte à y laisser quelques plumes (ou des dents dans les bagarres). Erin, blonde, belle, rêve d'une vie normale. Mais ses parents vivent dans un mobil-home et sont sur le point de divorcer. Athena, jeune Noire très intelligente, sait que si elle veut réussir, elle devra batailler dix fois plus que les autres. Enfin Peter, orphelin, introverti, est élevé par son grand-père Elijah Mash, un professeur d'université toujours plongé dans ses vieux livres.

Quatre rejetés par les autres jeunes, qui se sont trouvés et vont passer leur première soirée pyjama. C'est là qu'un petit livre apparaît dans le couloir de la vieille demeure du professeur Marsh. Il est écrit en « dissonnant », langage magique qu'Athena maîtrise immédiatement comme Erin et Peter. Pour Hal c'est du chinois. Mais après avoir prononcé une formule, Athena envoie le quatuor dans les bois environnants. Il se retrouve aux prises avec des araignées géantes, cauchemardesques, agressives. C'est Hal, armé d'une épée magique, qui les sauvera.

Le début de la saga est précédé du quotidien des trois survivants, de nos jours. Malgré leurs pouvoirs, ils semblent faire toujours partie des ratés, des laissés pour compte. C'est dans ce contexte morose que l'auteur développe les psychologies compliquées, voire toxiques, de ces héros dont on rêve pourtant à s'identifier.

Un pavé qui se dévore, sans le moindre temps mort, avec rebondissements, trahisons, morts violentes, exploration de mondes inconnus et final à grand spectacle. Une fois ce roman refermé, La Dissonance fera partie de votre existence et ne la quittera plus jamais. Ici et maintenant. Demain et ailleurs.

« La dissonance » de Shaun Hamill, Albin Michel Imaginaire, 640 pages, 24,90 €

mercredi 7 mai 2025

Thriller - Dans les bois du Vallespir, l'ours menace Angèle

Clinique psychiatrique, meurtriers jugés déments, fête de l'ours et femme à la dérive : tel est le cocktail gagnant de ce thriller se déroulant dans le Vallespir et signé Alexandra Julhiet.


Plus un personnage est dans le doute, au bord de la dépression voire de la folie, plus le thriller est généralement réussi. Angèle, la narratrice de ce roman d'Alexandra Julhiet est au bord du gouffre. Pourtant c'est une femme forte. Installée à Paris depuis des années, elle est analyste pour une société renommée. Donnez-lui de tonnes de documents sur un sujet précis, elle lit l'ensemble et en tire des conclusions que son patron vend à prix d'or. Rationnelle, efficace sans la moindre faille. Jusqu'à la fin de son couple. Trompée par un mari qui l'abandonne dès qu'il est démasqué. Seule dans son grand appartement, elle déprime. Cauchemarde. C'est un suicide (un homme saute du dernier étage d'un immeuble devant ses yeux) qui l'achève. Et un message retrouvé écrit sur la glace de sa salle de bains, « Va crever !». 

Son boss l'oblige à prendre quelques jours de repos. Elle va chez son père, psychiatre à la retraite. Ce dernier, qui perd un peu la tête, décide de profiter de la présence d’Angèle pour aller dans le Vallespir, assister à la fête de l'ours à Saint-Martin-d'Inferm, village fictif, sorte de contraction des trois cités qui célèbrent le plantigrade à la fin de l'hiver. C'est dans ce village, où son père possède une vieille maison, que le drame se noue. 

L'autrice, connue comme scénariste à la télévision, signe son second roman et parvient rapidement à passionner ses lecteurs. Certes l'intrigue semble un peu cousue de fil blanc, mais on tremble quand même pour cette femme, prête à tout pour découvrir la vérité sur son passé, son enfance, ses origines. 

Et puis il y a la description de cette fête de l'ours, folklorique mais aussi triviale, excessive. Angèle ne cache pas son malaise dans la foule avinée : « L'atmosphère semblait joyeuse et bon enfant, moi je la trouvais lugubre, comme si un désastre était sur le point d'arriver. L'un des ours, une masse de plus de deux mètres, tanguait dans la foule à la recherche  d'une bagarre. Un autre profitait de son anonymat pour mettre des mains aux fesses des jeunes filles qui réagissaient en gloussant, inconscientes du danger. » Angèle va subir les assaut d'un ours dans les bois, pas loin d'une clinique psychiatrique. Dans cet établissement, des meurtriers, jugés non responsables de leurs crimes en raison de leur démence, vivent en semi liberté. Le père d'Angèle y a travaillé quand elle était enfant. Du moins c'est ce qu'elle croit se souvenir. Une histoire sur la mémoire, le mal, l'hérédité et la famille. Sans oublier Angèle, lumineuse héroïne qui va enfin sortir des limbes de l'oubli.  

« La nuit de l'ours » d'Alexandra Julhiet, Calmann-Lévy, 380 pages, 20,90 € 

Jeunesse - Jouer aux détectives et aux voleurs


John, 12 ans, sera détective. Ou voleur. Pour l'instant son choix n'est pas arrêté. Orphelin depuis quelques mois, il vit caché dans le faux plafond d'un grand musée de New York. Il espère encore que sa mère va revenir le chercher. Etrange personnage que ce jeune héros imaginé par Tom Phillips. 

Vivant à la marge de la société, il est avant tout un grand rêveur. La réalité va pourtant le rattraper quand on l'accuse d'avoir volé un rubis égyptien d'une grande valeur. Il ne devra son salut qu'à sa rencontre avec l'inspecteur Toadius McGee, plus grand détective du monde. Le choix est fait : il sera détective et arrêtera « La phalène mauve », célèbre voleur au nom inspiré par un papillon. 

Un récit enlevé, plein de rebondissements, aux personnages intrigants et étonnamment humains. Un petit bijou d'intelligence et d'humour, sans oublier un petit soupçon de leçon de vie.     

« L'étrange ligue des détectives et des voleurs », Tom Phillips, PKJ, 336 pages, 16,90 €

mardi 6 mai 2025

Polar – Les mensonges de l'Hydre


Au royaume des fake news, l'Hydre est la reine. Une sorte de secte, aux disciples persuadés de détenir la vérité. En réalité ils ne font que mentir, maquiller la réalité, tenter de faire peur pour que la société s'écroule face à des vagues de paranoïas de plus en plus fortes. Simon Lacroix, étudiant parisien, est persuadé avoir infiltré l'organisation. Il compte en faire son sujet de thèse. Mais il n'aura pas le temps de la finaliser. Il est retrouvé mort au pied de son immeuble. Suicide par défenestration ? Son père est sceptique et va mobiliser la brigade criminelle. 

Une enquête hors norme pour le commandant Sénéchal, héros récurrent de Sébastien Le Jean. 

Un flic en pleine déprime. Après une grosse bourde (lire Le grand effondrement), on veut le priver de terrain. Alors il va s'accrocher à cette affaire pour sauver sa carrière. Un polar réaliste qui fait froid dans le dos car au final, on a l'impression que tout le monde manipule... tout le monde.

« La conspiration de l'Hydre », Sébastien Le Jean, Folio Policier, 336 pages, 9,50 €

jeudi 1 mai 2025

BD - Cap vers Uranus, la grosse gazeuse gelée

Suite de l'exploration du système solaire avec le quatrième tome consacré à Uranus. Cette série concept, écrite par Bruno Lecigne allie fiction et pédagogie. Dans le premier tome, un vaisseau extraterrestre est découvert. Une délégation de scientifiques de plusieurs nationalités, monte à bord et grâce à l'aide du pilote extraterrestre, va pouvoir visiter toutes les planètes de notre système solaire sans les délais de voyage. 

Uranus étant assez peu accueillante (pas de surface, c'est une planète gazeuse, avec sous l'atmosphère un océan infini et en son centre un noyau solide), l'album dessiné par Alberto Foche se consacre surtout sur les relations, de plus en p)lus tendues, entres les Terriens et les aliens. Il sera beaucoup question d'émotions, de mort et de sacrifice. En gros, tout ce qui définit la vie chez nous. Pas chez eux...  L'intrigue avance assez vite avec cet album charnière. 

Système Solaire - Tome 04 - Uranus

Et si c'est essentiellement le côté scientifique qui vous intéresse, vous trouverez votre bonheur avec le cahier pédagogique en fin d'ouvrage, rédigé par les chercheurs de l'Observatoire de Paris PSL. Ainsi la formation d'Uranus n'aura plus de secret pour vous et vous pourrez égrener les noms des nombreux satellites de la planète découverte en 1781 par William Herschel.

"Uranus", Glénat, 64 pages, 15,50 €

mercredi 30 avril 2025

BD - Coup de foudre improbable dans le nouveau monde d'Ales Kot et Tradd Moore

La science-fiction n'empêche pas les sentiments. Dans un futur apocalyptique, Ales Kot et Tradd Moore racontent un coup de foudre aussi bizarre qu'improbable. Mais avant de faire connaissance avec les nouveaux Roméo et Juliette de la Nouvelle Californie, petit rappel de la situation. En 2037, plusieurs bombes atomiques ont pulvérisé simultanément les grandes agglomérations américaines. Le pays est en ruines. 

Une guerre civile se déclenche, les USA se partagent en plusieurs zones plus ou moins indépendantes et sûres. La Nouvelle Californie s'en tire le mieux. Grâce à un mur qui assure sa sécurité au Sud. Mais c'est au prix d'une politique implacable. Toute infraction est punie par les Gardiens, des flics surarmés qui officient en direct à la télévision. La nouvelle téléréalité qui se transforme en tribunal populaire, le coupable, une fois capturé, est au centre d'un dernier sondage où les téléspectateurs se transforment en juges. Deux choix : épargner ou supprimer. La mort en direct. 

Parmi les Gardiens, Stella Marris est la plus célèbre. Une jeune femme, petite fille du président, qui a la particularité de toujours épargner ses prisonniers, même si le public réclame la mort. Un état policier combattu par quelques idéalistes dont Kirby, fils d'un vétéran, hacker de génie. La flic et l'anarchiste. La rencontre est torride. Et comme Kirby est désigné ennemi public numéro 1, Stella doit choisir entre l'ordre et l'amour. 

Une incroyable cavale, dans ce pays qui a tout l'air d'être sorti de l'esprit tordu de Trump, alimente ce comics au dessin très original, tout en courbes et plein de couleurs, de Tradd Moore. Le côté fleur bleue est peut-être un peu trop présent, mais les amateurs de combats, duels et grosses bastons ainsi que les purs et durs en matière de science-fiction qui pousse à la réflexion en auront quand même pour leur argent.    

"The new world", Hi Graphics, 176 pages, 24,95 €

dimanche 27 avril 2025

BD - Duel au sommet dans le Clovd pour gagner Excalibur



Dessinateur génial, Florent Maudoux poursuit son bonhomme de chemin, loin des modes, avec constance et sérieux. Après l'exploration de Freaks' Squeele (sept albums), il a développé cet univers entre fantastique et science-fiction dans Rouge puis Funérailles. Des personnages et des décors (la terre ravagés après une extinction de masse due à la pollution, aux maladies et aux guerres...) que l'on retrouve dans sa nouvelle série intitulée "CLOVD". Le Clovd c'est ce monde d'après, où des monstres se cachent dans les ruines, où des maraudeurs cherchent à vous dévorer et où les rares survivants se sont scindés en clans. Rivaux souvent. Parfois alliés pour se défendre. 

Au début du second tome de cette saga avant-gardiste ambitieuse (le premier est sorti en novembre 2023), on découvre comment Katelyn s'échappe d'un bunker souterrain. A la surface, deux ans plus tard, elle croise la route de Funérailles et d'Isatis. Elle a aussi adopté deux enfants. Le petit groupe va rejoindre le grand regroupement annuel des clans dans un très bizarre parc d'attraction. Loin des dangers, c'est le défoulement maximum. Avec au final un combat entre clans pour savoir qui aura le droit de tenter de retirer Excalibur d'une solide enclume. 

Découvrir une série de Florent Maudoux c'est plusieurs "effets wahou" assurés. D'abord son dessin. Précis, lumineux, bourré de détails, aux décors fouillés et imaginatifs. Ce sont des ruines mais elles sont incroyablement belles sous son pinceau. Les femmes guerrières, souvent charnues comme la rousse et rayonnante Isatis, méritent aussi le détour. Elles sont les égales des hommes, avec souvent un petit plus côté empathie et volonté de trouver des arrangements avant d'en venir aux mains. Mais elles n'hésitent pas à plonger dans la mêlée quand il le faut. 

Et justement, la grande réunion des clans va être perturbée par l'attaque de Lucifer, le chef des Missionnaires, un clan agressif et expansionniste. On se laisse alors charmer aussi par cette histoire, où la violence, si elle est présente, n'est pas automatiquement mise en vedette, seule solution pour s'en sortir. C'est un futur imaginaire, mais on aurait bien besoin, de nos jours, de l'intelligence d'Isatis et de ses amis. 

"Clovd" (tome 2), Label 619 - Rue de Sèvres, 112 pages, 18,90 €