jeudi 3 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Cheveux sur le retour

cheveux, blanc, chauveLa recherche mondiale vient d'accomplir un grand pas pour l'avenir de l'Humanité. Nouvelle source d'énergie ? Moteur propre ? Éradication de la famine ?
Non, plus prosaïquement, des chercheurs de l'University College of London, ont découvert la cause de l'apparition de nos cheveux blancs. Une vaste étude sur l'ADN de plus de 6 000 volontaires met en lumière le rôle du gène IRF4 dans le vieillissement des cheveux. Si votre corps contient ce fameux gène, votre toison blanchira rapidement au fil des ans.
L'étude permet également de déterminer l'âge du début de la fin : premiers cheveux blancs vers 35 ans pour les Caucasiens, 39 chez les Asiatiques et seulement 45 pour des Africains chanceux. Chanceux car tout homme normalement constitué ne supporte pas de voir sa chevelure blanchir.
Malgré les déclarations multiples et variées de femmes avouant craquer pour les "poivre et sel", on se sent totalement démuni lorsqu'on commence à remarquer les premiers signes du temps.
La découverte des savants anglais s'avère néanmoins rassurante : il est théoriquement possible de modifier ce gène IRF4 pour stopper le vieillissement. En théorie seulement, car on aborde le délicat sujet de la manipulation génétique et les questions éthiques inhérentes. Mais franchement, la majorité des hommes donnerait cher pour se faire trafiquer l'IRF4. Hélas, la potion anti-calvitie n'est pas encore d'actualité (même si des escrocs du net vous affirment le contraire).
Car avoir des cheveux blancs n'est pas réjouissant, mais ne plus en avoir du tout...

Cinéma : 'Belgica', un cocktail détonnant à base de musique et d'amitié

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Après "Alabama Monroe", film au destin exceptionnel (césar de la meilleure réalisation étrangère et nommé aux Oscars), Félix Van Groeningen, cinéaste belge, s'est attelé à un projet qu'il mûrissait depuis une bonne décennie : raconter l'histoire du Charlatan, le bar musical de son père à Gand, bouillon de culture ouvert et joyeux.

L'évolution de ce café-concert "est la métaphore d'une société, d'un pays, la Belgique." confie le réalisateur. Très ouvert, sans limite ni restriction à ses débuts, il s'est petit à petit refermé sur lui, sélectionnant sa clientèle au point de devenir un endroit branché, chic et élitiste. Mais le film est avant tout le récit de la relation entre deux frères Jo (Stef Aerts) et Frank (Tom Vermeir), que normalement tout oppose. Jo, le plus jeune, a repris la gérance d'un petit café de quartier. Célibataire, il sert des litres de bières essentiellement à des jeunes du coin. Dans un coin de la salle, quelques musiciens amateurs jouent des morceaux de rock énergique ou passent les tubes du moment. Frank, l'aîné, marié à Isabelle, a un bébé. Il vivote comme associé dans une société de revente de voitures d'occasion.
Après des années d'éloignement et de brouille, les deux frères se retrouvent. Frank devine le potentiel du lieu et persuade son petit frère de voir plus grand. Il investit toutes ses économies dans des travaux d'agrandissements, embauche les potes au bar ou à la sécurité, et transforme le triste bar sombre en lieu incontournable de la nuit gantoise.
Gloire et déchéance
Dans ce film de plus de deux heures, les scènes et ambiances s'enchaînent parfaitement. En quelques mois on voit l'évolution du Belgica, la période des travaux, où tous les rêves sont permis, l'inauguration, soirée de légende qui n'en finit plus, les premiers succès. Les premières dérives aussi. Alcool, drogue, violence : seuls les plus forts résistent à ce cocktail typique de la nuit. Frank a l'air d'être un dur. Mais il est tiraillé par son insatisfaction permanente. Il aime sa femme mais ne sait pas résister aux jolies filles qui prennent du bon temps chaque nuit au Belgica. Jo, chétif, handicapé (il a perdu un œil enfant), est au contraire un roc. Il tient la barre avec fermeté, sorte de gardien de l'esprit originel. Amoureux fou de Marieke, il admire son frère. Rêve de fonder une famille comme lui. Leur réussite est directement liée à leur complicité. Quand ils s'embrouillent, tout s'écroule.
Autant drame psychologique qu'ode à la fête, "Belgica" est aussi un film musical. La bande-son est l'œuvre de Soulwax, un duo formé de deux frères très connus outre-Quiévrain. Ils ont composé les morceaux, mais également imaginé tous les groupes (fictifs), qui passent sur la petite scène du bar.
Comme pour "Alabama Monroe", la musique est omniprésente dans "Belgica". Avec la fête en plus. Au point qu'à la fin du tournage de l'inauguration, malgré les "coupez" lancé par Félix Van Groeningen, les acteurs et figurants ont continué durant de longues minutes, malgré l'épuisement, à danser et faire la fête. "Quand cela devient magique à ce point, ce n'est que cadeau" avoue, des étoiles dans les yeux, le réalisateur qui devrait s'envoler dans quelques jours aux USA pour finaliser un projet américain.

mercredi 2 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le fantôme du 29

Tout le monde avait peur du bug de l'an 2000. Finalement tout s'est bien passé le 1er janvier. Mais les informaticiens ne sont pas infaillibles et parfois même un peu tête en l'air.
Prenez les programmateurs du système informatique des transports en commun du Mans. Ils ont totalement zappé le fait que tous les quatre ans, après le 28 février, il faut prévoir un 29 avant de passer au mois de mars. 2016, année bissextile, ne permettra pas à la Setram d'augmenter ses recettes. Lundi, 29 février donc, tous les "valideurs", ces petits boîtiers électroniques où l'on présente son ticket, affichaient deux lettres : HS comme "hors service".
Conséquence, les milliers d'utilisateurs des trams et bus du Mans ont voyagé à l'œil durant ces 24 heures "perdues" dans le cloud informatique.
Pour une fois, au Mans en tout cas, le mois de février aura présenté un avantage. Sans le moindre jour férié, au cœur de l'hiver, sa seule qualité est de passer plus vite que ses onze confrères. Il me tarde toujours d'entrer en mars. Dans l'hémisphère Nord, cette période symbolise la renaissance. Le printemps, mais surtout depuis quelques décennies, le passage à l'heure d'été.
Dans 25 jours, contrairement à la majorité des Français qui se plaignent de dormir une heure de moins, je me réjouis à l'avance d'avancer les aiguilles de toutes mes horloges.
25 jours encore à tenir et à pester contre la nuit qui tombe trop tôt. Et puis du jour au lendemain, on bascule dans une autre saison, presque une autre dimension.

DVD : 'Dragon Blade', entre empires Chinois et Romains

dragon blade, brody, chan, chine, studiocanal Super production américano-chinoise, "Dragon Blade" ne lésine pas sur les moyens pour en mettre plein la vue aux spectateurs. Des milliers de figurants, des décors gigantesques, une distribution avec des têtes d'affiche internationales : ce film historique prouve une nouvelle fois que la Chine a définitivement abandonné son repli sur soi et que le pays est prêt à conquérir le monde. Avec un bémol, les scènes de combats dont les locaux sont si friands, sont un peu longuettes pour le public occidental. De même, les raccourcis scénaristiques et le jeu appuyé des acteurs donnent une impression étrange.
John Cusack, en général romain est assez crédible. Adrien Brody, méchant de service, en fait des tonnes. Il parvient à allier regard qui tue et bouclettes au vent. Il est toujours parfait même quand s'agit de surjouer : n'oublions pas qu'il a remporté un Oscar. Et bien avant Leonardo DiCaprio...

Reste la vedette ultime, celle qui fait le lien entre les deux mondes. Jackie Chan multiplie les tournages. A Hollywood et en Chine. Cette histoire est taillée pour lui. Il interprète un général chinois qui n'a qu'un mot à la boucher : paix. Avec ses hommes, il fait la police le long de la route de la soie. Il sépare tribus nomades, troupes chinoises et hordes Huns, dénouant les tensions grâce à son sabre, son bouclier et surtout son éloquence. Tombé dans un piège (sa philosophie pacifique ne lui occasionne pas que des amis), il est condamné aux travaux forcés. Il doit reconstruire une cité fortifiée. Cité attaquée par les légionnaires romains de Lucius (John Cusack). Cela donnera un premier combat sans effusion de sang. Les deux soldats vont se mesurer, se comprendre, s'apprécier, s'entraider.
Le discours sous-jacent est expliqué à plusieurs reprises : "transforme tes ennemis en amis". Généralement cela marche, sauf quand on, tombe sur un super-méchant comme Tiberius (Adrien Brody). Cette fois, le combat sera sans issue.
Dans le DVD comme le blu-ray, un making-of de 20 minutes raconte les conditions dantesques du tournage (plus de 120 jours dans le désert), les longues préparations pour fabriquer armures et accessoires et comment est venue l'idée à Daniel Lee de raconter cette histoire de la rencontre entre l'aigle romain et le dragon chinois, en 45 avant Jésus-Christ.
"Dragon Blade", Studiocanal, 14,99 euros.


mardi 1 mars 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Jouer pour gagner

Certains comédiens n'exercent ce métier que pour briller. Ils rêvent du haut de l'affiche, de leur nom en lettres gigantesques, de récompenses suprêmes, de fans en délire. Malheureusement, pour l'immense majorité d'entre eux, leur égo démesuré ne va pas forcément de pair avec une notoriété planétaire.
Leonardo DiCaprio est talentueux. Personne n'en doute. Mais il n'avait jamais obtenu la petite statuette américaine. Comme pour conjurer le sort, il accepte le rôle principal particulièrement physique de « The Revenant ». Il enchaîne les rencontres avec la presse du monde entier avec deux anecdotes répétées inlassablement : j'ai dormi dans la carcasse d'un cheval mort et mangé du foie de bison cru.
A l'écran ses péripéties paraissent longuettes, mais marchent à la perfection. Pourtant Matt Damon dans « Seul sur Mars » ou Eddie Redmayne et son extraordinaire transformation dans « The Danish Girl » auraient largement mérité eux aussi de monter sur scène dans la nuit de dimanche à lundi.
Deux soirs avant, Catherine Frot reçoit enfin le césar. Toujours nommée, jamais récompensée, l'actrice n'a jamais désespéré de l'emporter. Pourtant elle aurait pu elle aussi rater la marche supérieure face aux performances de Cécile de France dans « La belle saison » ou de Loubna Abidar dans « Much loved ». Deux films plus politiques (libération des femmes et prostitution au Maroc) que la comédie de Xavier Giannoli sur cette Castafiore (« Margueritte ») à la voix de casserole.
Finalement, Frot et DiCaprio, même combat, même victoire.

Cinéma : 'Je ne suis pas un salaud' mais tout prouve le contraire

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Dans la catégorie 'film social', il y a les réalisations optimistes (majoritaires) et puis d'autres qui ne font aucunes concessions avec la dure réalité. 'Je ne suis pas un salaud' d'Emmanuel Finkiel est le prototype de cette seconde catégorie. Le monde décrit durant ces 1 h 50 est sans espoir. Le personnage principal, Eddie (Nicolas Duvauchelle), chômeur, alcoolique, violent, imbu de sa personne et colérique atout contre lui. Sa belle gueule est ses jolis tatouages ne suffisent pas à le sauver d'une société de plus en plus sans pitié pour les ratés. Ce qui pourrait le auver, c'est ce qui reste de sa famille : un fils et la mère de cette dernière qui n'a pas complètement abdiqué malgré tous les coups (parois au sens premiers) vaches qu'il lui a infligé.
Faux témoignage
Un soir, très aviné, il est pris à partie par un groupe de jeunes. L'alcool aidant, il les provoque. Bagarre, coup de tournevis dans le dos... Réveil aux urgences. Eddie devient presque un héros. Pour la première fois il est du côté des victimes. Quand on lui présente plusieurs supsects potentiels, il reconnait Ahmed. Ce n'est pas lui, il le sait parfaitement, mais il persiste dans ses déclarations. Le réalisateur, dans ce film d'une noirceur absolue, focalise l'attention du spectateur sur Eddie. Plus le temps passe moins il ne trouve grâce aux yeux du public. Et de prouver sans cesse l'inexactitude du titre. Le film déroute par le point de vue très noir d'Eddie. Cela en devient parfois insupportable. Preuve que Nicolas Duvauchelle, dans le rôle principal, a plus que donné vie à cet homme dont le seul problème reste sa propension à essayer d'être parfait.

lundi 29 février 2016

Cinéma : Et Jacqueline devint une star...

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Omniprésente bien que muette, Jacqueline, "La vache" du film de Mohamed Hamidi, crève l'écran. Tout comme son propriétaire, Fatah (Fatsah Bouyahmed).


Le cinéma, s'il doit faire réfléchir sur les maux de notre monde, peut aussi distraire et émouvoir. Sans s'affranchir du premier principe. Ils sont trop rares les films qui tout en faisant passer un excellent moment aux spectateurs, les éduquent, les enrichissent et œuvrent en catimini à construire une société tolérante et apaisée. Ne boudez pas cette chance ni votre plaisir, précipitez-vous dans les salles qui programment "La vache" de Mohamed Hamidi. Vous en sortirez avec des étoiles dans les yeux, quelques larmes et une formidable envie de vous dépasser, tel le héros de ce road-movie en tous points remarquable. Fatah (Fatsah Bouyahmed) cultive son jardin et prend soin de Jacqueline, sa vache, dans ce petit village du bled algérien. Il vit chichement mais heureux, à bichonner sa Tarentaise placide et vaillante, auprès de sa femme et de ses deux filles.
La faute à la poire
Ce modeste paysan, en plus de fredonner les tubes des années 80 avec son accent (hilarante version de "Li dimons de minuit"...) rêve de participer au Salon de l'agriculture de Paris. Comme il l'explique à ses amis, c'est un peu "La Mecque des paysans". Le jour où il reçoit son invitation, pour lui et Jacqueline, il saute de joie. Problème : le déplacement n'est pas pris en charge. Il demande l'aide du village. Tous se cotisent pour payer la traversée en bateau. Mais arrivé à Marseille, c'est à pied qu'il va rejoindre la capitale. Un homme et une vache sur les routes... Toute ressemblance avec "La vache et le prisonnier" n'est pas fortuite. Mohamed Hamidi, scénariste et réalisateur du film, avoue un hommage au chef-d'œuvre de Verneuil. Il fallait donc un acteur à la forte personnalité pour supporter la comparaison avec Fernandel. Fatsah Bouyahmed impose son personnage de paysan rêveur et un peu naïf avec une virtuosité de tous les instants. Gringalet, chauve et timide, il attire immédiatement la sympathie. Dans son périple, il recevra l'aide de plusieurs personnes, sans jamais rien demander. Il succombe aux plaisirs locaux, notamment une eau-de-vie de poire qui va lui gâcher la vie et permettre de créer une réplique prochainement culte : "C'est la faute à la poire !" Jacqueline, épuisée par le voyage, doit rester quelques jours au repos. Fatah trouvera étable et table accueillante chez Philippe, un comte ruiné (Lambert Wilson), bourru et pédant au premier abord mais qui lui aussi succombera à la gentillesse de Fatah. Le film se termine en apothéose au Salon de l'agriculture, avec une séquence très émouvante, preuve que tout n'est pas perdu si un tel film parvient à faire pleurer les Français grâce à une histoire d'Arabes et de ruminant.
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Jamel Debbouze, militant de l'humour

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Producteur et interprète du film de Mohamed Hamidi, Jamel Debbouze ne s'est pas économisé pour assurer la promotion de ce film qu'il qualifie de "réconciliateur, rassembleur, drôle et touchant". Auréolé du Grand prix au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez en janvier dernier, "La vache" signe la seconde collaboration entre l'acteur franco-marocain et le réalisateur d'origine algérienne. En 2011, ils étaient unis dans la belle aventure de "Né quelque part", l'histoire d'un jeune obligé de retourner au bled. Cette fois le héros fait le chemin inverse, abandonnant la vie simple et rurale de son village pour se frotter à la frénésie de la société européenne. Le message est à chaque fois le même : montrer au public que l'on peut vivre en bonne harmonie, malgré nos différences. L'aventure de Fatah induit aussi une série de belles rencontres. La France montrée dans le film pourrait sembler un peu trop angélique mais dans la réalité, il se trouve certainement plus d'hommes et de femmes capables de s'entraider, sans tenir compte de l'origine, la couleur de peau ou la religion, que de racistes rejetant en vrac tout ce qui n'est pas "de souche". Dans 20 ou 30 ans, espérons qu'aux générations futures restera cette image de la France et pas celle des intégristes de Daech ou des identitaires repliés sur leurs valeurs rances.

dimanche 28 février 2016

Littérature : Le vrai roman de l'écrivain en bâtiment

Didier Goux, pour ses vrais débuts en littérature, livre un roman sensible et désenchanté.
goux, belles lettres, HouellebecqIl a l'étiquette de blogueur de droite, sarcastique et cassant. Ses billets en ont blessé plus d'un dans la sphère des "modernœuds" comme il se plaît à les caricaturer sur son blog. Didier Goux, en plus d'une immense culture, d'un goût affirmé pour la grande littérature (Proust !) et d'une grande intelligence, s'est toujours dévalorisé en se traitant "d'écrivain en bâtiment". Journaliste dans un hebdo pour mamies curieuses, il arrondissait ses fins de mois en pondant des romans de gare en moins de temps qu'il n'en faut pour certains des lecteurs pour arriver au chapitre 2. Les gares se désertifiant (comme à peu près tout ce qui fait la France que l'auteur regrette tant), il a cessé de publier deux romans par an. Mais cela ne lui a pas fait passer l'envie d'écrire. Et encouragé par quelques lecteurs et amis clairvoyants, il a osé se lancer dans l'élaboration d'un véritable roman.
Tosca et Charly
Dans Le chef-d'œuvre de Michel Houellebecq on retrouve parfois le Goux pessimiste et fataliste sur l'évolution de la société, le Goux moqueur des modes mais aussi, et surtout, le Didier Goux, inconnu jusqu'à présent, sensible et bienveillant envers certains de ses personnages.
Si l'on excepte Michel Houellebecq, la narration suit l'évolution de quatre "héros". Le premier, Evremont, semble un portrait en creux de l'auteur, quand il vivait seul et reclus. Écrivain en bâtiment justement, il boit un peu trop et ne se nourrit que de camembert Réo. Lors d'une de ses rares sorties, à siroter un viandox à la terrasse d'un café de la petite ville de province cadre du roman, il est abordé par Jonathan. Cet étudiant en pharmacie fait partie de ces grands paranoïaques victimes consentantes de la propagande du "Grand remplacement". Persuadé que Noirs et Arabes sont en train d'envahir le pays, il souffre d'un racisme exacerbé qui lui attire une multitude d'ennuis. Il est vrai que la France décrite par Didier Goux est assez angoissante. La police municipale est remplacée par des "Commandos paillasse" formés de clowns chargés de dénouer les tensions... Les syndicalistes défilent avec un badge proclamant "Je suis Jackie". Rien a voir avec la liberté d'expression, le Jackie personnifie les "acquis sociaux". On rit donc en lisant ces pages, preuve que l'humour de droite a encore de beaux restes.
Mais roman implique romantique. Didier Goux signe ses plus belles pages quand il raconte la rencontre puis la belle histoire entre Tosca, jeune fille libre et intelligente, et Charly, fils d'épicier arabe, débrouillard, un peu brut de décoffrage mais qui se bonifiera au contact de la jeune fille. Et alors, on découvre que contrairement à l'image qu'il donne sur son blog, Didier Goux a foi en l'avenir et en la jeunesse. Tosca et Charly, qu'on espère retrouver dans une suite, le blogueur ayant déjà annoncé son intention de récidiver dans la même veine.
Le bâtiment a perdu un artisan, la littérature y a gagné un artiste.
"Le chef-d'œuvre de Michel Houellebecq", Didier Goux, Les Belles Lettres, 21,50 euros

samedi 27 février 2016

BD : Les Rugbymen ont le blues


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Rien ne va plus à Paillar. Ils viennent de perdre plusieurs rencontres d'affilée. La Teigne, la Couâne ou l'Anesthésiste ont perdu leur plaisir de jouer chaque dimanche. L'heure est grave. Les supporters râlent et le staff ne sait plus quoi faire. Le 14e album de recueil des aventures des Rugbymen de Béka et Poupard commence comme une mauvaise histoire où on peut remplacer Paillar par USAP... Si l'USAP est toujours dans l'ornière, les joueurs de Paillar retrouvent la base du jeu après un stage dans le camp de Marcatraz. Mélange de Marcoussis et d'Alcatraz, ils vont être mis au régime. Moins de bouffe, moins de sorties et plus de physique. De quoi se rebeller... Et si c'était le but recherché. Ces 48 pages toujours aussi drôles pour les adeptes du ballon ovale sont à mettre entre toutes les mains des joueurs, de ProD2 à la fédérale.
« Les Rugbymen » (tome 14), Bamboo, 10,60 euros


vendredi 26 février 2016

BD : Santiago, cowboy idiot


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D'une façon générale, dans les westerns, les cowboys ne brillent pas par leur intelligence. Seuls leur dextérité à dégainer plus vite que le duelliste d'en face leur permet de survivre. B-Gnet, dessinateur humoriste ayant pas mal traîné dans le Psychopat et autre Arggg ! (revue satiriques par excellence), a un trait entre Gir et Goossens. Donc son Santiago a fière allure dans ses bottes et sous son chapeau. Mais difficile de faire plus idiot. Excepté peut-être ses trois complices, encore moins futés que lui. Quand ils débarquent dans un train ou une banque, il menacent tout le monde et demandent « Vos objets de valeur et vos femmes ». Des fois ils se trompent et réclament « vos objets et femmes de valeur ». Souvent ils repartent bredouilles. Ces 100 pages de galopades frénétiques dans le désert, entre saloon et maison de passe, bivouacs au clair de lune et rencontre avec les Apaches, sont désopilantes. John Wayne ne doit pas apprécier, mais le lecteur, lui, se tord de rire !
« Santiago », Vraoum, 15 euros