jeudi 7 mars 2013

Billet - Ces études inutiles, c'est du vent...

Chercheur est un beau métier. Tous les jours on en a la preuve sur internet avec la publication de résultats d'études pour le moins incongrues. Des gens, payés par l'État, des universités ou des multinationales, passent des mois à faire des tests dont l'utilité ne saute pas immédiatement aux yeux.  Le moindre intérêt tout court non plus... Un site recense « le meilleur du pire des études à la con ». Il résume en une phrase les conclusions de pages et de pages d'enquêtes, questionnaires et autres expériences.

Dernière étude « à la con » recensée, celle affirmant que « Regarder de la télé-réalité liée au culte du corps donne envie de bronzer. » Un constat fait après un sondage mené par l'académie de dermatologie américaine auprès de  576 étudiants. Sachez également que « Les femmes ont l'air plus vieilles le mercredi à 15 h 30. » Commandée par la marque de cosmétique « Saint-Tropez », cette vaste étude met en évidence une « chute des niveaux d'énergie » tous les mercredis après-midi. Milieu de semaine, stress à son comble : résultat les femmes semblent avoir l'âge de leur mère. CQFD !

Enfin, si vous projetez un long trajet en avion, imprégnez-vous de cette très sérieuse recommandation d'un magazine médical néo-zélandais : « Ne retenez pas vos vents dans l'avion, c'est mauvais pour la santé. » Une directive scientifiquement prouvée et qu'ils agrémentent d'une mesure à prendre : « l'utilisation de coussins remplis de charbon absorbant les odeurs. » Merci pour les voisins. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant. 

mercredi 6 mars 2013

BD - La colère d'un fantôme masqué

100 ans. 100 ans que la figure de Fantomas a commencé à hanter les nuits de lecteurs aimant se faire peur. Le personnage, premier super méchant avec cape et collant, redevient l'abominable monstre de ses origines. Oubliés les films comiques et autres dérives ringardes, la BD retrouve la force du feuilleton et la noirceur du personnage. « La colère de Fantomas » est plus qu'un hommage, c'est une continuation parfaite de l'esprit d'origine. Tueur et manipulateur, Fantomas est toujours dans la surenchère. 

L'histoire débute en plein procès. Le fantôme masqué est accusé du meurtre de Lord Beltham. Il se défend seul. Et prouve que l'arme du crime est d'une rare efficacité. Décapité au petit matin, il ne nuira plus. A moins que... Juve et Fandor sont invités à assister à une pièce reprenant les exploits du criminel. C'est là qu'il réapparaît et annonce son intention de se venger. Fantomas est en colère ! 

Une histoire de Bocquet mis en images par Julie Rocheleau, une dessinatrice canadienne jouant parfaitement des couleurs pour recréer cette ambiance du début du XXe siècle.

« La colère de Fantomas » (tome 1), Dargaud, 13,99 € 

mardi 5 mars 2013

Billet - « Mon » cardinal à moi, rien qu'à moi...


Les voies du Seigneur, loin d'être impénétrables, sont de plus en plus virtuelles. L'église catholique semble résolue à se mettre à la page. La désignation du prochain pape est l'occasion rêvée. Benoît XVI, présent sur Twitter, a fait le premier pas. Aujourd'hui, un site internet intitulé « Mission conclave », tout ce qu'il y a de plus officiel, vous propose le nom d'un  « cardinal pour lequel vous pourrez prier afin que l'Esprit Saint soit son guide tout au long du conclave. »

C'est tellement simple que je n'ai pas pu m'empêcher de tester. Sur un formulaire, on inscrit son nom, prénom et une adresse email valide. Le site vous répond immédiatement en vous donnant le nom du cardinal et la prière. « Litout, vous vous êtes engagé à prier pour le Cardinal Odilo Pedro Scherrer (Brésil). Merci ! »
Un petit tour sur la toile m'apprend qu'il a 63 ans et qu'il est archevêque de Sao Paulo depuis 2007. L'autre partie du contrat consiste à dire « ce texte  tous les jours pendant le conclave, avec la prière de votre choix (chapelet ou autre). » Je vous passe les détails, ne retenant que ce passage : « Viens fortifier nos corps dans leur faiblesse, Et donne-nous ta vigueur éternelle. »
Désormais, je vais suivre ce conclave différemment. Odilo Pedro Scherrer va-t-il l'emporter (je ne pense pas ce que cela soit le bon terme) ? Est-ce que je gagne quelque chose s'il est nommé pape (un voyage au Brésil par exemple.) Et surtout, maintenant qu'il a mon email, Dieu va-t-il m'envoyer des spams ? 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant

Billet - Petits riens, gros effets sur le miroir déformant d'internet

Un troisième soldat français tué au Mali, la démission du pape ou la hausse du chômage. Ces trois informations, sérieuses et vérifiées, n'intéressent que peu les internautes. Partout sur le web, l'insolite, le futile, le bizarre est plébiscité et synonyme de forte audience.
Parmi ces nouvelles, devinez celle qui intéressera le plus les internautes.

Tarte à la viande sans viande. En Islande, les tests ADN pour déterminer s'il y avait du cheval dans des préparations culinaires démontrent que des tartes à la viande (spécialité locale) contiennent... 0% de viande.

Saut à ski en pneu. La vidéo est impressionnante. Des Japonais utilisent un tremplin à ski pour déterminer quel pneu saute le plus loin. Le record est de 44 mètres. Le pneu de tracteur détruit le tremplin.


Mary Poppins en vrai. Un parachutiste veut imiter Mary Poppins. Il se jette d'une montgolfière accroché à un parapluie. Images en caméra GoPro époustouflantes, notamment quand le parapluie se disloque...


Trou glouton. En Floride, un homme disparaît dans le trou apparu en pleine nuit dans sa chambre. Une énorme cavité engloutit la pièce, le lit et son occupant dont on est sans nouvelles depuis trois jours....

Gifle au réveil. Un homme, au petit matin, se fait réveiller par une gifle donnée par sa femme. 15 jours d'affilée résumés en une minute. Aïe !


Omar Sy est un mutant. L'acteur comique français sera au générique du prochain X-Men ! C'est bon, on a notre gagnant toutes catégories.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.  

lundi 4 mars 2013

BD - Pilotes d'avenir dans "Wunderwaffen" de Nolane et Maza



Certains historiens ne peuvent se contenter de la réalité. Il savent que le cours des événements est souvent tributaire de petits faits. Nolane, le scénariste de Wunderwaffen, a imaginé une autre issue au débarquement allié en 44. Les Allemands ont repoussé l'offensive et les savants nazis ont eu le temps de mettre au point de nouvelles armes. Notamment des avions à réaction rendant à l'armée de l'air allemande la suprématie des airs. C'est le destin rêvé de ces Wunderwaffen qui est en filigrane de la série dessinée par Maza. Hitler, de plus en plus fou et paranoïaque après avoir perdu un bras dans un attentat, poursuit son œuvre de destruction en créant un second camp d'Auschwitz. Le major Walter Murnau, en désaccord avec l'idéologie fasciste, continue cependant à tester les prototypes. C'est le meilleur pilote de la Luftwaffe. Tout l'intérêt de cette BD typique du genre de l'uchronie, est dans les avions. Nolane n'a quasiment rien inventé. Il a fait voler (virtuellement) des machines existantes sur le papier. Des plans que l'on retrouve en fin de volume dans un cahier technique passionnant.
« Wunderwaffen » (tome 2), Soleil, 14,30 €


dimanche 3 mars 2013

Billet - L'énergie de Yahoo! contre le télétravail

Coup de tonnerre pour les inconditionnels du télétravail. Yahoo! vient de rouvrir le débat sur son intérêt aux États-Unis. La patronne du groupe  internet
, Marissa Mayer, a décidé que tous les salariés seraient désormais obligés de venir au bureau, pour « ressentir l'énergie et l'excitation » du travail en équipe, selon un document interne dévoilé par le Wall Street Journal. « La vitesse et la qualité sont souvent sacrifiés quand on travaille de la maison. Nous avons besoin d'être un Yahoo! uni, et cela commence en étant physiquement ensemble », souligne-t-elle.
Qu'une des plus grosses entreprises d'internet décide de se recentrer est un signe fort. La dématérialisation du travail de bureau a ses limites. Isolé, l'employé peut prendre des libertés inadmissibles au siège. Certains petits  malins savent que le télétravail permet de faire autre chose en parallèle comme cuisine, ménage, distraction (télé, lecture...) voire fumer ou... dormir. Pas évident de piquer un petit roupillon devant son écran dans un open space. On a toutes les chances de retrouver la photo du délit sur un réseau social où on n'a pas que des amis. 
Chez vous, glissez en toute décontraction dans les bras de Morphée pour cette petite sieste réparatrice. De plus, de retour au bureau vous devrez de nouveau supporter frontalement les humeurs et réflexions cassantes du petit chef et les blagues pourries de Marcel Tricard à la machine à café. 
Entamer la conversation avec la nouvelle stagiaire aussi. Et ça, c'est mieux que Chatroulette ou Meetic.

Chronique "ça bruisse sur le net" parue en dernière page de l'Indépendant

BD - Silas Corey, ancien soldat rebelle


Silas Corey, ancien reporter, parfois agent du 2e bureau, est avant tout un ancien soldat. Il a connu l'enfer des tranchées et en est revenu profondément changé. L'idéaliste a perdu ses illusions. Désormais, il vend ses compétences aux plus offrants. Dans cette première aventure, en avril 1917, il est engagé par Clemenceau. Patron de presse et principal opposant au président du Conseil, le Tigre charge Silas de retrouver un de ses reporters mystérieusement disparu. Il enquêtait sur les relations (à la limite de la trahison) d'une industrielle de l'armement avec l'ennemi. Notre héros, dont la classe et le flegme cachent des pratiques moins flatteuses, va jouer double jeu, et même triple. Empochant une avance de Clemenceau, il va également se faire acheter par l'industrielle et se faire défrayer par le 2e Bureau... Cela ne l'empêchera de démasquer le redoutable espion Aquila en cours de route.
Ce héros éminemment sympathique, car politiquement incorrect, est dû à l'imagination de Fabien Nury. Il est dessiné par Alary au trait élégant, très années folles.
« Silas Corey » (tome1), Glénat, 14,95 €

samedi 2 mars 2013

Billet - Du Harlem Shake au chèque



Harlem Shake, la dernière folie sur le Net, est un phénomène plus complexe que les gesticulations de collégiens prépubères masqués en mal de copulations. Les 30 secondes de vidéo montrent toute la force d'Internet sur ses fondamentaux : musique moderne, anonymat, vidéo simple, partage immédiat. Un cocktail explosif. Le premier Harlem Shake apparaît le 2 février, il y a exactement un mois. Il en existe des milliers sur les réseaux sociaux. Et le phénomène ne semble pas sur le point de s'essouffler puisque quelques polémiques lui donnent une publicité renforcée. En Tunisie, des islamistes radicaux tentent d'arrêter un tournage. Aux USA, plusieurs collégiens sont renvoyés pour avoir eu des « attitudes indécentes » sur les campus. Cela déborde même de la simple plaisanterie entre potes puisque cet après-midi à Perpignan, rendez-vous est donné devant le Castillet pour un Harlem Shake collectif...

Derrière ce Shake, il y a les chèques encaissés grâce aux publicités diffusées avant les vidéos. Comme pour Gangnam Style, le compositeur de la musique, DJ Baauer a choisi la solution « libre de droits ». Il abandonne ses droits d'auteur, mais il touche un pourcentage sur toutes les publicités placées avant chaque Harlem Shake. C'est un peu comme s'il avait gagné à l'Euromillions, mais aussi à la loterie américaine, au loto chinois et au bingo japonais. Continuez à vous agiter sur sa musique, DJ Baauer ramasse les pièces qui tombent de vos poches...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.  (Photo Michel Clementz)

Roman - Ultime hurlement de Glen Duncan

Dépressif, pourchassé de toute part, Jake n'en peut plus. Le dernier loup-garou ne fêtera pas ses 200 ans dans le roman de Glen Duncan.

Jake Marlowe n'a pas le moral. Il vient d'apprendre que Wolfgang le Berlinois vient d'être abattu. Il ne le connaissait pas particulièrement et n'avait pas plus d'accointances. Simplement il était comme lui : un loup-garou. Et comme il ne restait plus qu'eux deux, Jake est le dernier de l'espèce. Et le prochain sur la liste. Mais a-t-il encore l'envie de se défendre, de perpétuer cette abomination mensuelle ?

Ce roman de Glen Duncan a de faux airs fantastiquo-romantique. A l'opposé des vampires, les loups-garou n'ont rien de charmant. Au contraire, une fois transformés, c'est la bête affamée qui prend le dessus. Jake est distingué et prévenant en permanence. Sauf les nuits de pleine lune. Il se métamorphose, cherche une proie, la tue et la dévore. C'est ainsi depuis plus de 150 ans. Logique qu'il soit un peu las. Quand en plus vous apprenez que les meilleurs limiers de la Chasse, le nom usuel de l'OMPPO (Organisation mondiale pour la prédation des phénomènes occultes) sont à vos trousses, le coup de mou est d'autant plus prononcé.

En apprenant qu'il est le dernier, Jake est résigné. Au fond de lui, du reste d'humanité subsistant, il est presque soulagé car « par moments, une puanteur interne s'élève en moi, celle de toute la viande, tout le sang qui ont dévalé mon gosier, l'odeur de tous les tas de chair où j'ai enfoui le museau, toutes les entrailles où j'ai fourragé et dont je me suis gorgé. » L'homme n'a pas choisi d'être loup. Même si au fond de nous, il subsiste toujours une forte part animale.

Filles antipathiques

Glen Duncan a découpé son roman en deux parties équilibrées. Interrogation de Jake au début. Le combat vaut-il le coup ? Comment en en est-il arrivé là ? On apprend qu'une nuit au Pays de Galles, ce jeune Anglais distingué, filant le parfait amour avec Arabella, a croisé la route d'un loup-garou. Poursuivie, la bête mord superficiellement Jake et ne prend pas la peine de le dévorer. Un mois plus tard, Jake comprend que sa vie bascule. La transformation est physique, mais aussi mentale. Il s'éloigne de sa jeune femme. Une force irrésistible. Sans le comprendre il cherche à la protéger. Car une fois métamorphosé, son amour se transforme en faim...

Dès lors, Jake jure de ne jamais plus tomber amoureux. Il se contentera de filles antipathiques. Comme Madeline, sa partenaire du moment, « menteuse, matérialiste, pétrie d'autosatisfaction, débordante d'axiomes imbéciles, experte en clichés. » Difficile de se lier à ce genre de femme, même si elle a « la peau blanche, les yeux verts, un torse court et de petits mamelons alertes de chatte. » Oui, ce roman est fantastique, mais aussi très osé par moment.

La seconde partie du récit se concentre sur la traque de Jake. Alors qu'il est sur le point d'abandonner, il va croiser la jeune et belle Tallula. Le doute s'immisce dans son esprit : et s'il n'était pas le dernier ?

« Le dernier loup-garou », Glen Duncan, Denoël, 22,50 € 

vendredi 1 mars 2013

Billet - Dépression Nord-Sud sur fond de World of Warcraft


Encore une histoire de suicide annoncé sur Facebook. Mais pour une fois, elle se termine bien. Mario, Niçois, joue en ligne et très régulièrement avec Bruno et Gaëtan, nordistes, à World of Warcraft. Si 1000 kilomètres les séparent, le jeu les rapproche. Au point qu'ils deviennent amis. Et quand Mario, 24 ans, en pleine dépression, veut se confier, il se tourne vers les deux ados de 15 et 17 ans. Et leur annonce son intention d'en finir. Les jeunes Chtis préviennent leur mère qui alerte la police niçoise. Il faudra qu'un policier spécialisé en informatique exploite l'adresse IP de Mario pour le localiser et le sauve alors qu'il venait de s'ouvrir les veines. Un beau fait divers raconté à deux voix sur leurs sites par
La Voix du Nord d'un côté et Nice-Matin de l'autre.
L'avantage des happy end, c'est que le chroniqueur peut se permettre un peu de mauvais esprit. Comment croire dans ce récit que c'est le Niçois qui déprime et tente de se suicider ? Le Sud, sa douceur de vivre, son soleil, ses températures clémentes sont quand même plus attrayants que le ciel gris et plombé du Nord ! Autre anomalie : ils se sont connus en jouant à World of Warcraft. Ce jeu en ligne, très addictif, se déroule dans un monde virtuel peuplé de monstres et autres orques. Tuer du troll, même virtuel, ne rend pas plus gentil. D'ailleurs, en août 2011, la principale chaîne de magasins de Norvège a décidé de ne plus le vendre car c'était la distraction favorite... d'Anders Behring Breivik, le sinistre auteur d'une double attaque meurtrière faisant 77 morts et 151 blessés. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue de vendredi en dernière page de l'Indépendant.