dimanche 4 mars 2007

BD - Mousquetaires mystiques


Il faut parfois plusieurs tentatives avant de trouver son style, ou du moins la série correspondant le mieux avec son univers graphique. Exemple avec Belladone dessinée par Pierre Alary. Très doué, il est passé par la prestigieuse école des Gobelins, puis a longtemps travaillé dans l'animation. 

Son trait, nerveux et précis, a servi deux séries différentes avant de véritablement éclater dans Belladone, BD scénarisée par Ange. Une histoire de cape et d'épée dont le troisième tome, bouclant un premier cycle, vient de paraître. Marie, jeune femme élevée aux Indes, est de retour dans son pays natal, la France. Cette fine lame est au service de la Chambre secrète, une unité chargée d'assurer la sécurité de Louis XIV. 

Victime d'une diabolique machination, Marie se retrouve dans l'obligation de tuer le roi. Très dramatique, plein d'action et de violence, cet album permet aux auteurs d'en dire un peu plus sur l'enfance de Marie et surtout de lui donner l'occasion de retourner aux Indes. Ce sera le décor du prochain cycle. 

("Belladone", Soleil, 12,90 €)

samedi 3 mars 2007

BD - Virginie, nostalgie de jeunesse


Son premier amour, qui ne se souvient pas de son premier amour ? Généralement c'était sur les bancs de l'école. Des jeux innocents, sans lendemain. Un redoublement, un déménagement... il existe tant de bonnes raisons pour oublier. Kek, alors qu'il avait 9 ans, était très amoureux de Virginie. Et cette dernière le lui rendait bien. A la récréation ils se faisaient des bisous, en cours ils s'échangeaient des mots doux. Et puis le père de Virginie a trouvé du travail à Grenoble. La famille a quitté Dunkerque, Kek s'est retrouvé seul. Mais il pensait régulièrement à Virginie. Bien des années plus tard, comme pour conjurer une malédiction, il s'est mis en quête de cette petite fille. Il a raconté ses recherches sur un blog dessiné qui a rapidement attiré des milliers de visiteurs chaque jour. Un travail de narration rigoureux, une approche dessinée originale : il n'en fallait pas plus pour que Lewis Trondheim remarque et publie cette BD. Cela donne un petit album très romantique pour "une histoire qui sent la colle Cléopâtre". 
(Delcourt, 7,90 €)

BD - Cauchemar au sanatorium


Cette bande dessinée terrifiante serait basée sur des faits réels. Une chose est sûre : le Waverly Hills Sanatorium a véritablement existé. Cet établissement américain était spécialisé dans le traitement de la tuberculose. Entre 1920 et 1960, on estime à plus de 63 000 le nombre de personnes qui y ont trouvé la mort. 

Sur cette base, et en voyant les photos du bâtiment, Christophe Bec a imaginé une histoire se déroulant dans les années 50. Doris, jeune divorcée sans le sou, amène sa fille Cora au Sanatorium. Pour payer les soins, elle accepte de devenir aide-soignante. Elles vont donc s'installer toutes les deux dans ce lieu chargé de secrets et de mystères. Cora, la première, se doute qu'il s'est passé des choses horribles entre ces murs. 

Elle reçoit régulièrement la visite d'un homme lui racontant des histoires épouvantables. Un homme invisible aux yeux des adultes. 

L'ambiance de peur panique va aller crescendo, Stefano Raffaele, au dessin, maîtrisant parfaitement ces décors sombres et cauchemardesques. 

("Pandémonium", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

vendredi 2 mars 2007

BD - Virginie, nostalgie de jeunesse


Son premier amour, qui ne se souvient pas de son premier amour ? Généralement c'était sur les bancs de l'école. Des jeux innocents, sans lendemain. Un redoublement, un déménagement... il existe tant de bonnes raisons pour oublier. Kek, alors qu'il avait 9 ans, était très amoureux de Virginie. Et cette dernière le lui rendait bien. 

A la récréation ils se faisaient des bisous, en cours ils s'échangeaient des mots doux. Et puis le père de Virginie a trouvé du travail à Grenoble. La famille a quitté Dunkerque, Kek s'est retrouvé seul. Mais il pensait régulièrement à Virginie. 

Bien des années plus tard, comme pour conjurer une malédiction, il s'est mis en quête de cette petite fille. Il a raconté ses recherches sur un blog dessiné qui a rapidement attiré des milliers de visiteurs chaque jour. Un travail de narration rigoureux, une approche dessinée originale : il n'en fallait pas plus pour que Lewis Trondheim remarque et publie cette BD. 

Cela donne un petit album très romantique pour "une histoire qui sent la colle Cléopâtre". (Delcourt, 7,90 €)

jeudi 1 mars 2007

BD : BigFoot, le western décalé de Dumontheuil


Très librement adaptée d'un roman de Richard Brautigan, cette BD vient prouver une fois encore l'incroyable richesse de l'univers graphique de Nicolas Dumontheuil. Révélé par "L'enclave", reconnu comme un grand créateur avec "Qui a tué l'idiot ?", cet auteur complet vient de rejoindre Futuropolis. 

Dans ce western décalé, on découvre les pérégrinations de deux tueurs à gages, Ned et Zed. Ils prennent à peu près tous les contrats, ne lésinant pas sur les balles pour arriver à leurs fins. Mais depuis quelques temps, Ned a un gros problème. Comme s'il était devenu humain du jour au lendemain. Conséquence, il est incapable de tuer. Nos deux pistolleros vont être embauchés par une fausse indienne, mais vraie beauté, pour retrouver une soeur jumelle mystérieusement disparue. 

De la Louisiane à Hawaï en passant par les montagnes Rocheuses, Ned et Zed vont croiser le chemin de Saswatch, équivalent peau-rouge du Bigfoot. Découpées en 24 courtes séquences, ces 72 pages entraînent le lecteur dans une folle spirale de sexe et de violence. 

("BigFoot", Futuropolis, 16 €)

mercredi 28 février 2007

BD - Efficace le vieux Wayne Shelton


Baroudeur dans l'âme, Wayne Shelton est quand même prudent, très prudent. Quand il se lance dans une opération, il en étudie tous les tenants et les aboutissants. Sauf quand c'est une jolie femme en pleurs qui lui demande. 

Conséquence, Wayne Shelton se retrouve, dans les premières planches de sa sixième aventure écrite par Cailleteau et dessinée par Denayer, en difficulté dans un pays africain en pleine révolution. Il a pour mission de délivrer un journaliste français pris en otage par les rebelles. 

Le personnage, imaginé par Jean Van Hamme, est donc animé par un nouveau scénariste. Ce dernier tente de l'humaniser un peu. Dans cet album, il est presque amoureux... 

Action, coup de théâtre, retournement de situation : la machine fonctionne parfaitement : une bonne BD de distraction, efficace et dépaysante.

« Wayne Shelton », Dargaud, 9,80 euros

mardi 27 février 2007

BD - Nombrils sans pitié


Depuis quelques temps elles font les beaux jours de Spirou chaque semaine. Les Nombrils ce sont trois jeunes filles fréquentant le même lycée. Elle sont amies, mais dans ce trio elles ne sont pas sur le même pied d'égalité. 

Jenny et Vicky, mignonnes et surtout garces, sont persuadées que tous les garçons sont à leurs pieds. Karine, la troisième de la bande, surnommée également l'asperge, est timide, introvertie, serviable et très naïve. Mais Karine a quelque chose de spécial qui a tapé dans l'oeil du beau Dan. Conséquences Jenny et Vicky vont passer tout cet album (le second de la série) à tenter de briser cette idylle naissante. 

C'est très actuel, pas du tout politiquement correct, et cela plaît beaucoup aux adolescents d'aujourd'hui. Imaginés par un duo québécois, Delaf et Dubuc, ces gags font toujours mouche.

« Les nombrils », Dupuis, 8,50 euros

lundi 26 février 2007

BD - Déroutant cet homme nylon


Hermann, dessinateur réaliste d'excellence (Bernard Prince, Comanche, Jeremiah...) ne s'est que très rarement aventuré dans la BD comique. 

Cet « Homme nylon » n'est pas à proprement humoristique, mais il a donné l'occasion au dessinateur belge d'explorer un autre style, déjà mis en avant avec la série Nic. Sur un scénario très alambiqué de Kirstein, il a illustré la quête de cette jeune femme à la recherche de son père arborant « une chevelure de nylon dorée, drue, résistant à tout vent ». 

Aidée d'un détective privé, elle retrouve le professeur Rutherford sur fond de manipulation génétique et de conquête du pouvoir. 

Totalement déroutante, l'histoire permet à Hermann de dessiner quelques scènes à la limite du surréalisme, avec femme à moustache et esquimau égaré.

« La vie exagérée de l'homme nylon », Le Lombard, 13 euros

dimanche 25 février 2007

Roman - Amazone et musique

Un piano blanc dans l'enfer vert. La quête racontée par Maxence Fermine conduit le lecteur au bout de nulle part.


Sur les bords du Rio Negro, au cœur de l'Amazonie, les habitants du petit village d'Esmeralda croient rêver : un piano blanc vient de faire son apparition. Un piano sur un radeau. Avec un musicien noir au clavier qui joue des airs de jazz. Une arrivée qui fait sensation dans cette bourgade où le colonel Rodrigues règne en maître.

Amazone Steinway est le seul rescapé d'un naufrage. Son smoking blanc fait sensation auprès des petits planteurs qui vivotent de la culture du café. "On aurait dit qu'il sortait tout juste d'une soirée mondaine et qu'il n'avait pas eu le temps de se changer. En quelque sorte, cet homme venait d'un monde qui n'était plus le leur depuis bien des années. Un monde où les hommes possédaient encore le goût d'un certain art de vivre, se rasaient de frais, cultivaient l'élégance et le raffinement". Une fois passé le choc, reste à savoir ce que ce curieux équipage vient faire dans ce trou perdu, à la limite du Brésil et du Venezuela.

Le piano contre un bateau. Amazone ne sera pas disert. Il parle simplement d'une promesse faite à une femme. Que son arrivée à Esmeralda n'est qu'une étape. Il compte aller plus loin. Il lui faut un moyen de transport. Amazone décide de jouer son piano aux dés avec le colonel. Le piano contre un bateau. Mais l'ancien militaire a plus d'un tour dans son sac. Il gagne le piano blanc. Amazone n'a plus qu'une solution : prendre son mal en patience et jouer des mélodies jazz chaque soir dans la taverne de Rodrigues. Ce dernier se retrouve alors au premier plan.

L'auteur, Maxence Fermine, alterne avec bonheur les flash-backs sur les différents protagonistes de cette étrange aventure. Rodrigues, après un coup d'Etat manqué, a trouvé refuge dans ce petit village non répertorié sur les cartes. Il a décidé de devenir riche. Une première tentative dans le caoutchouc se solde par une faillite.

L'envol des papillons. Il lui faudra trouver une idée de génie pour enfin s'enrichir : élever des papillons. Mais rien de plus aléatoire. Surtout quand on a un employé distrait qui oublie de fermer la porte de la serre... "Devant leurs yeux ébahis, les papillons, sortis de leur léthargie, s'envolèrent un à un dans le ciel en un ballet majestueux. L'un après l'autre, jusqu'au dernier. Comme des billets de banque leur glissant entre les doigts emportés par le vent. Le colonel comprit que jamais, plus jamais de sa vie, il ne serait ruiné d'une façon aussi merveilleuse."

Un musicien noir illuminé, un colonel cupide, un barman suisse et un Indien yanomani, c'est finalement le quatuor qui se forme à Esmeralda pour prolonger ce voyage improbable du piano blanc en Amazonie. Un périple aventureux, limite mystique, dont l'auteur ne distillera que lentement les motifs. Comme pour préserver au maximum la magie de cette quête improbable. Une merveilleuse initiation au voyage, la démonstration de la force colossale de l'amour.

« Amazone », Maxence Fermine, Albin Michel, 16 €, Le Livre de Poche, 5,50 €

samedi 24 février 2007

Roman - Les immeubles Walter


Étrange petit roman que ces « immeubles Walter » de Stéphane Denis. Entre fait divers crapuleux, initiation amoureuse, mémoires du siècle et révélations sur un grand écrivain de droite mort tragiquement : Pierre Drieu La Rochelle. 

Le narrateur, jeune homme plein d’avenir et d’ambition, est à la recherche d’un appartement dans Paris pour y débuter une existence oisive et dorée d’écrivain en devenir. Dans sa quête d’un nid douillet et accueillant, il bénéficie de l’aide d’une grande dame propriétaire d’une bonne partie des Immeubles Walter, résidence de prestige dans un quartier huppé de Paris. Il deviendra un confident de cette héritière d’un richissime industriel. Elle lui demandera d’écrire sa vie. C’est là qu’il découvrira cette liaison longtemps cachée entre l’écrivain brillant, mais beaucoup trop engagé (du mauvais côté) durant l’occupation allemande. 

Quelques scènes pittoresques mettent en scène Drieu La Rochelle, avant sa déchéance et son suicide. Mais par ailleurs, le jeune écrivain qui n’a pas ses yeux dans les poches, découvre que la veuve est également l’objet de toutes les attentions d’un groupe d’amis qui se révèlent en réalité des escrocs en puissance. Ecrit avec beaucoup de distance, ce roman de Stéphane Denis a un petit air de « hussard » de la grande époque. Quant à la morale… chacun pourra se la fabriquer en toute conscience.

« Les immeubles Walter », Stéphane Denis, Fayard, 11 € ou Le Livre de Poche, 4,50 €