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mardi 19 juillet 2022

Cinéma - Tous les films de Mia Hansen-Love au festival Ciné-rencontres de Prades

Après un florilège des films des frères Dardenne, le festival Ciné-rencontres de Prades propose un focus sur les œuvres de Mia Hansen-Love. La réalisatrice, présente dans la capitale du Conflent, apprécie que tous ses films, huit au total, soient programmés, dont "Un beau matin" en avant-première, sa dernière réalisation, présentée au festival de Cannes et qui ne sort qu'en octobre prochain. Rencontre.

Pourquoi avoir accepté de venir à Prades présenter votre travail aux cinéphiles de la région ? 

On m'avait déjà sollicité l'an dernier, mais je n'ai pas pu répondre positivement car je n'étais pas libre. J'ai été très sensible au fait qu'on me réinvite l'année d'après. Je suis toujours touchée quand il y a une certaine fidélité ou patience. J'ai eu un bon contact avec le président Jean-Pierre Abizanda et de la façon dont il parlait de son festival.

Connaissiez-vous la région ? 

Pas du tout. Je ne suis pas du Sud. J'ai passé tous mes étés d'enfance dans la maison familiale de Haute-Loire. Pour mon travail, j'ai beaucoup voyagé dans le monde mais je connais très mal la France. Aujourd'hui, je suis très contente de découvrir la France. Il y a deux semaines j'étais au festival de La Rochelle, c'est une ville magnifique. Depuis mon arrivée à Prades, j'ai visité Saint-Michel de Cuixa et j'aimerais aller à Serrabone. Je suis particulièrement sensible à ces lieux spirituels quand ils sont dans un cadre comme ceux-là c’est-à-dire au milieu de la nature.  

Appréciez-vous que le festival programme l'ensemble de vos films ? 

C'est déjà arrivé et pas mal de fois, mais c'est la première fois en France. Donc je suis très heureuse et j'y accorde beaucoup d'importance d'autant plus que dès mon premier film, d'une certaine façon, j'ai pensé en termes d'œuvre. Cela peut paraître prétentieux, j'espère que ça ne l'est pas. J'ai toujours été intéressée à la cohérence de ce que je faisais. J'ai toujours eu envie que le sens de mon travail ne vienne pas seulement des films pris séparément mais de la façon dont ils se répondraient. Je voulais que mes films aient un dialogue entre eux, un lien organique. Donc, je trouve que j'ai beaucoup de chance que les huit films soient montrés ensemble et pas séparément. 

Samedi soir, en clôture du festival, vous présenterez votre dernière réalisation, "Un beau matin". Que représente ce film dans votre parcours ? 

Après avoir réalisé Bergman Island qui se déroulait beaucoup dans la nature en Suède, un film romanesque dans des espaces ouverts et qui échappait à une certaine forme de réalisme, quand j'ai commencé à écrire Un beau matin j'ai eu le sentiment de revenir à la maison après m'être échappée en Suède. Je suis revenu à la maison dans le sens que c'est un film autobiographique. Il est question de la relation entre un père et sa fille. Un père malade ayant une maladie neurodégénérative. Au-delà de ça, c'est un film tourné à Paris dans des décors très proches de moi, de mon quotidien, qui me ramène peut-être au réel auquel j'ai voulu échapper en Suède. Là, au contraire, j'ai voulu m'y confronter. 

Quels sont vos projets après le festival ? 

Je vais accompagner la sortie d'Un beau matin. Avant sa sortie mercredi 5 octobre en France, je serai aux USA, notamment à Los Angeles puis en compétition au festival de Toronto au Canada. Ensuite, je vais continuer à écrire un projet de mini-série assez atypique en six épisodes sur la vie d'Annemarie Schwarzenbach, une journaliste, voyageuse, écrivaine, suisse allemande, morte en 1942. Son parcours, son histoire, son œuvre, me hantent depuis très longtemps. J'ai pris conscience il y a quelques années que cela ne correspondait pas au format d'un film en termes de durée, ce qui m'a conduit à le transformer en série de six épisodes. Je commence à travailler dessus, mais c'est vraiment un projet de longue haleine avec beaucoup de recherches historiques. Je commence juste à écrire le premier épisode, donc je ne suis pas près de revenir au cinéma. 

lundi 24 novembre 2014

Cinéma : L'Eden de la French Touch


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Dans les années 90, la jeunesse française se passionne pour la musique électro. DJ et musiciens inventent la French Touch. Le film de Mia Hansen-Løve raconte cette épopée.


Film générationnel, “Eden” de Mia Hansen-Løve se déroule du début des années 90 à la fin des années 2000. Un peu moins de 20 ans qui ont révolutionné la scène musicale française. Paul (Félix de Givry) est étudiant en lettres. Il est peu assidu et préfère de loin écumer les rave parties improvisées en région parisienne. Il y écoute de la musique techno, plus spécialement du garage, admire les DJ, expérimente quelques drogues et se forge une culture musicale.
En compagnie de son meilleur ami, Stan (Hugo Conzelmann) il a des envies de duo. Ils mettront des années à concrétiser ce rêve et commencent à être connus sous le nom de « Cheers ». Ils proposent des soirées dans des cabarets ou des boîtes de nuit. Chaque dimanche, on les retrouve durant trois heures sur FG, la radio parisienne dévouée à deux causes : l’homosexualité et la musique techno. Et puis les modes changent, le duo vieillit, tombe dans l’oubli...

Amours compliquées
Sur cette trame véridique, la réalisatrice a utilisé nombre des souvenirs personnels de son frère, Sven, le véritable créateur de Cheers. Surtout, elle a donné un visage, une histoire et une humanité à un jeune homme perdu par ses passions. Eden est avant tout une longue histoire d’amour. Entre un jeune homme et la musique d’un côté et ce même jeune homme et plusieurs femmes qu’il ne parvient pas à retenir. Une romancière américaine en résidence à Paris. Elle le quitte pour devenir la parfaite mère au foyer aux USA. Une jeune DJ, comme lui, mais qui manque cruellement d’humanité.
Et puis il y a Louise (Pauline Étienne). Étudiante en théologie, habituée des soirées, première petite amie de Cyril (Roman Kolinka) le meilleur pote du duo. Paul en tombe amoureux fou. Mais elle semble si distante. Et si amoureuse de Cyril... Les deux se trouveront finalement après bien des errances et des tergiversasions.
Sans prendre plus de place que cela, c’est aussi ce que l’on retient en ressortant de ce film. L’amitié, l’amour, la séparation... On a beau être dans un milieu très branché, consommer des quantités astronomiques de cocaïne, faire des tournées aux USA et avoir des milliers de danseurs déchaînés par la musique que l’on compose ou mixe, on n’en reste pas moins homme. Avec ses faiblesses et ses doutes.
Plus qu’un film sur la musique des années 90, Eden a parfois des documentaires sur la solitude des grandes villes, de l’impossibilité de communiquer, de construire une famille, d’imaginer l’avenir. Un film noir, social, dans lequel nombre de personnes pourraient se reconnaître face à cette valse-hésitation des sentiments. Si en plus vous aimez la musique techno, ce sont deux heures que vous ne devez pas manquer.
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Vous avez dit Daft Punk ?
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En racontant l’éclosion de la scène techno française, Mia Mia Hansen-Løve a également tracé les grandes étapes de la carrière de Daft Punk. Dans le film, Paul croise deux jeunes lycéens boutonneux et timides. Ils écument eux aussi les rave parties. Ils ne payent pas de mine mais tout le monde est déjà d’accord pour affirmer qu’ils « produisent un son d’enfer ». Au fil des années, Paul rencontre souvent Thomas (Vincent Lacoste) et Guy-man (Arnaud Azoulay). Il est à la soirée déguisée qu’ils organisent chez eux et où ils diffusent pour la première fois leur morceau fétiche « One more time ». Le film propose ainsi plusieurs passages où on voit leur évolution. Si l’un est décontracté et toujours les cheveux longs, quelles que soient les modes du moment, l’autre se métamorphose, arborant par la suite une longue barbe, comme pour se dissimuler comme quand il joue sur scène, le visage caché par son masque de robot. Cela a cependant quelques inconvénients. Une scène du film les montre à l’entrée d’un club où les Cheers vont mixer. Le physionomiste, intransigeant, leur refuse l’entrée. D’autant qu’ils ne sont pas du tout dans le « Dress-code ». Thomas et Guy-man, avec humilité, acceptent le verdict et s’apprêtent à repartir quand le patron les entraperçoit. Lui, sait que ces deux jeunes qui ne paient pas de mine sont les célèbres Daft Punk que l’on entend sur toutes les radios. Il se précipite, honoré d’une telle visite. De la difficulté de rester incognito quand on est mondialement célèbre...