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jeudi 11 juin 2020

DVD. Nouveautés à foison dans un marché en crise

Après deux mois sans la moindre sortie, les nouveaux DVD et bluray envahissent les rayons des magasins spécialisés en culture mais aussi les grandes surfaces. Des nouveautés pour tenter de rattraper un manque d’activité mais qui ne cache pas la crise que traverse le secteur. Pour preuve, 50 éditeurs de vidéo ont publié un « Appel » pour interpeller les autorités sur les dangers économiques qui menacent ces petites structures. Dans ce texte dévoilé jeudi, les signataires estiment que « la vidéo physique est capitale dans la galaxie du cinéma et dans la diffusion de la culture en général. En complément des autres médiums, la vidéo physique fait vivre le patrimoine cinématographique et audiovisuel assurant sa préservation, sa diffusion et sa transmission. »

 Mais, regrettent les 50 éditeurs, « ce précieux outil de diversité et de création, que 10 millions de Français déclaraient encore acheter en 2018, pourrait perdre entre 30 et 40 % de sa valeur commerciale, du fait de la grave crise que nous traversons. Nous demandons aux pouvoirs publics un plan de sauvegarde avec la  création d’un budget spécifique de sauvegarde pour la culture, incluant notamment l’univers de la vidéo physique, en plus des exploitants, des distributeurs ou des producteurs. » 

Alors si vous voulez aider ce secteur vital pour le cinéma français, n’hésitez pas à acheter et savourer (avec souvent des bonus édifiants) les titres de cette sélection subjective. Le 26 mai, plongée dans le rude monde de la paysannerie contemporaine avec Seules les bêtes (Haut et Court), thriller enneigé de Dominik Moll. 

Le 27 mai dernier Selfie (Apollo), film à sketches sur les dérives des réseaux sociaux vous permettra de réfléchir à votre consommation de gigaoctets. Encore une histoire de ferme dans Revenir (Pyramide), film de Jessica Palud avec Adèle Exarchopoulos sorti le 2 juin. Toujours le 2 juin, Gloria Mundi (Diaphana) a fait son arrivée dans les commerces. Le dernier film de Robert Guédiguian parle de misère et de dignité. 

Terminez dans le sang de la Guerre d’Algérie filmée par Abdel Raouf Dafri dans Qu’un sang impur… (Mars Films) avec la révélation Lyna Khoudri.

  

vendredi 13 novembre 2015

Cinéma - L’amour n’a pas droit de cité chez “Les anarchistes”

Le policier infiltré tombe amoureux d’une belle révolutionnaire.



À la fin du XIXe siècle en France, le pouvoir bourgeois se retrouve face à une menace incontrôlable : le mouvement anarchiste. Très actifs dans le milieu ouvrier, ces idéalistes, férocement individualistes, sont parfois de doux rêveurs. D’autres envisagent de passer à l’action armée. Une période historique passionnante reconstituée fidèlement par Elie Wajeman, le réalisateur de ce film qui mélange allègrement les genres. Entre policier, romance et histoire, “Les anarchistes” est avant tout le portrait croisé d’une bande d’amis, une communauté du genre post-mai 68 avant l’heure.

Voler pour vivre
Dans un grand appartement bourgeois, ils vivent tous les uns avec les autres, partageant repas, discussions, sorties et amour. Des hommes et des femmes libres, qui ont fait le choix de voler. Travailler ils ne veulent plus, pas question de cautionner l’emprise des patrons. Mendier n’est pas dans leur mentalité. Ils cambriolent les bourgeois ou volent dans les banques. Prendre l’argent là où il se trouve... La police, pour démanteler ces groupes, a l’idée de les infiltrer. Jean (Tahar Rahim), jeune agent de police sans famille ni attache, est sélectionné par sa hiérarchie pour infiltrer le groupe d’Elisée Mayer (Swann Arlaud). Ouvrier dans une clouterie, il se lie d’amitié avec Biscuit, un des membres de la troupe. Il sauve Elisée d’une rafle et peut ainsi découvrir leur cache puis s’installer avec eux. Jean va rapidement être écartelé entre travail et amour naissant pour la fougueuse Judith (Adèle Exarchopoulos). “Les anarchistes” pèche un peu par son manque de moyens. Reconstituer le Paris d’il y a un siècle n’est pas toujours aisé.
Mais l’ensemble est rattrapé par les excellentes performances d’acteurs. Tahar Rahim est très convaincant dans son rôle de traître. Motivé par l’envie de progresser socialement, il se découvre une famille, des amis et une femme qui l’aime. Adèle Exarchopoulos, après «La vie d’Adèle », cherche des rôles dans la lignée de son personnage de révoltée. Judith, froide et déterminée, s’abandonne dans les bras de Jean autant par dépit que par amour.
Les autres anarchistes sont tout aussi convaincants, avec une mention spéciale pour Guillaume Gouix, déjà vu dans la série « Les revenants ».

mercredi 22 juillet 2015

Cinéma - La jeunesse est-elle diabolique ?

Quand on a la quarantaine, pas d'enfant et des projets au point mort, la rencontre d'un jeune couple dynamique peut être déstabilisante comme dans « While We're Young » de Noah Baumbach.


Le résumé du scénario a des airs de film français : un couple, la quarantaine, en pleine crise, rencontre un jeune couple, libre, cool et plein de projets. Un effet miroir sur les regrets d'une jeunesse perdue. Mais là où un cinéaste de la rive gauche aurait fait une œuvre sombre et mélancolique, Noah Baumbach, réalisateur new-yorkais de 45 ans signe une comédie pertinente, très fine, avec une intrigue bourrée de rebondissements. Le tout avec une distribution de prestige dans le cadre de Big Apple, ville-monde magnifiée.

« While We're Young » parlera aux jeunes. Aux vieux aussi. Vieux dans l'esprit des gens c'est dès que l'on passe la barre des 40 ans. Voire moins. Avoir un enfant vous fait basculer immédiatement dans le camp des anciens. Josh (Ben Stiller) et Cornelia (Naomi Watts) s'aiment depuis des années. Mariés, ils partagent tout. Lui est réalisateur de documentaires. Elle productrice. Tous leurs amis ont maintenant des enfants. Eux n'y arrivent pas. Cornelia s'est résignée. Finalement ils s'en félicitent en constatant combien un bébé est un handicap. On devine cependant qu'il manque quelque chose dans ce couple englué dans la routine.

Jeunes et cools
Le déclic viendra de la rencontre de Jamie (Adam Driver) et Darby (Amanda Seyfried). Admirateur du travail de Josh, il veut lui aussi réaliser des films. Elle fabrique des glaces artisanales. Un couple cool, branché, qui semble vivre comme Josh et Cornelia... il y a 20 ans. Un couple peut-il séduire un autre couple ? La question ne se pose pas longtemps dans cette rencontre. Complètement désabusés, les « vieux » se laissent insuffler une énergie nouvelle par les « jeunes ». Soirées arrosées, week-end de méditation (assaisonné de substances hallucinogènes), sortie dans des fripes, cours de hip-hop : Josh et Cornelia revivent. Et logiquement le cinéaste confirmé propose au débutant de l'aider dans un projet sur les retrouvailles par l'intermédiaire de Facebook. Les relations changent, Jamie parvenant à prendre le dessus sur Josh de plus en plus perdu dans ses certitudes professionnelles.
Si la première partie du film est dans le ton de la comédie, Ben Stiller excellant dans cette métamorphose à base de jeunisme, la suite est beaucoup plus sérieuse et aborde de façon assez cash les nouvelles technologies, le désir d'enfant, l'ambition et le désir de célébrité. Mais le sujet principal reste le décalage entre les générations. Se sentant manipulé par Jamie, Josh se demande « Est-il diabolique ? Non, simplement jeune... » Un parfait résumé de l'ambiance du film qui sera perçu de façon totalement différent s'il on a 25 ou 45 ans...

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Naomi Watts, de l'ingénue à la femme mûre

Dans le rôle de Cornelia, la femme de Ben Stiller, on retrouve une Naomi Watts méconnaissable. L'actrice originaire d'Australie a mis de longues années avant de percer à Hollywood. Quelques petits rôles avant la proposition qui lui permettra d'intégrer le top 10 des stars incontournables. Elle crève l'écran dans le rôle de Betty, la jeune ingénue de « Mulholland Drive », chef d'œuvre de David Lynch. Dans la scène d'amour avec Laura Elena Harring, le film atteint des sommets de sensualité. Naomi Watts, belle et parfaite, fait rêver. Elle tape dans l'œil de Peter Jackson qui lui confie le rôle de la belle dans son remake de King Kong. Mais l'actrice a plusieurs cordes à son arc et multiplie les personnages, des thrillers aux comédies en passant par des drames. Dans le film de Noah Baumbach, Naomi Watts endosse la peau d'une femme de 40 ans, en mal de maternité, amoureuse de son mari mais déçue par son inconstance. Elle apporte au film cette prudence féminine qui empêche souvent aux hommes de réaliser les pires bêtises de leur existence. 

vendredi 3 octobre 2014

Cinéma - Muscles à gogo

Roschdy Zem filme les difficiles relations entre un père et son fils dans l'univers « Bodybuilder ».


Beaucoup d'efforts, de transpiration et de douleur dans le troisième long-métrage de Roschy Zem. L'acteur est passé de l'autre côté de la caméra tout en continuant sa carrière de comédien. Pour preuve il s'est donné un second rôle dans « Bodybuilder ». Il y interprète le coach de Vincent Morel (Yolin François Gauvin), le gérant d'une salle de musculation. Il a 58 ans et un corps de rêve. Du moins pour ceux qui trouvent joli une masse musculaire maximale. C'est le cas de sa compagne, Léa (Marina Foïs), même si parfois il pousse le bouchon un peu loin. Vincent prépare les championnats de France. Cela implique un régime draconien et une hygiène de vie irréprochable. Il ne pense qu'à cela au point qu'en plein coït, il ne peut s'empêcher de regarder les veines saillantes sur ses biceps, comme si cette image l'excitait plus que le visage de Léa... Un culturiste est forcément narcissique. Un peu masochiste aussi. Mais parfois la vraie vie vous rattrape. Pour Vincent c'est l'arrivée dans sa salle de sport de son fils, Antoine (Vincent Rottiers). Cela fait des années qu'il ne l'a plus vu.

S'il réapparaît tout à coup c'est pour une bonne et simple raison : il a une bande de malfrats aux fesses. Antoine a essayé de faire des « affaires » avec eux. Les bénéfices ne sont pas au rendez-vous et la mise de départ dilapidée. Il préfère donc se mettre « au vert », loin de Lyon, dans ce petit village dans la banlieue de Saint-Etienne. Deux mondes radicalement différents vont devoir cohabiter dans un petit deux pièces. Si le père tente de rattraper ses erreurs du passé, le fils pense essentiellement à se dépêtrer de ses déboires financières.
Malgré des acteurs pleins de bonne volonté (notamment Yolin François Gauvin, véritable culturiste champion du monde et qui fait là ses débuts à l'écran), le film est un peu trop cousu de fil blanc. Comme si chaque personnage tentait d'agir comme un archétype absolu. Le jeune ne peut pas s'empêcher de voler dans les vestiaires du club, le père pardonne tout, même le pire. Et puis il y a tous ces hommes suants en mini slips, en train de déplacer des tonnes de fonte juste pour gagner un centimètre de tour de biceps... Il est très difficile d'avoir un gramme d'empathie pour ces hommes et femmes qui passent quatre heures par jour à se sculpter un corps. Ou plus exactement à le faire souffrir face à une immense glace. Moins glamour, c'est impossible...