Pour son troisième roman paru aux éditions du Rouergue en mars dernier, Damien Ribeiro, grand barbu vivant depuis quelques années dans les Pyrénées-Orientales, change de camp. Il ose se pencher sur le sort des femmes dans notre société où, selon les prétendus oppressés par la sororité triomphante, « on ne peut plus rien dire ». Et ils rajoutent souvent à destination de ces femmes qui osent protester « Taisez-vous ! ».
Sandrine Maurin née Stievenard, un jour, a décidé de se faire entendre. Cette fille du Nord, passée par l'Aude où habitait son mari (le fameux Maurin, expert-comptable au ras des pâquerettes), vient de crever les yeux de la femme représentée par Rembrandt dans un tableau star (et excessivement cher) du Louvre-Lens. Avant de l'inculper, le juge d’instruction a besoin de l'avis d'un expert en art. Ce sera Pascal Berthomeau, l'autre personnage principal du roman.
Un petit professeur en arts plastiques, sans talent, blessé depuis que Lucie, celle qu'il considère être la femme de sa vie, l'a largué. Pour oublier Lucie et tenter de comprendre le geste de Sandrine Maurin née Stievenard, il va se rendre à Port-l'Annonciade, dans l'Aude, puis à Amélie-les-Eaux dans les Pyrénées. Les lecteurs de la région reconnaîtront sans problème la cimenterie et les quais balayés par la Tramontane de Port la-Nouvelle et les hordes de curistes d’Amélie-le-Bains.
C'est à proximité de la fameuse station thermale, dans la forêt, loin de toute civilisation et de ces ondes omniprésentes qui colonisent les esprits, en compagnie d'un footballeur récemment sorti de prison, que Sandrine a imaginé et réalisé ses premiers « nids », sortes de constructions primitives en branches dans la terre creusée.
Un roman ample, beau et sans illusion. De ces textes qui, comme un uppercut inattendu, vous sèche sur place.
« Electrosensibles », Damien Ribeiro, Le Rouergue, 240 pages, 21,50 €
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