samedi 24 juin 2023

Une anthologie - Toute la finesse de François Weyergans


Prix Goncourt en 2005 pour Trois jours chez ma mère, François Weyergans a peu publié durant sa carrière. Ce gros volume de Quarto reprend sept romans majeurs de cet écrivain français expert en description de l’angoisse de la page blanche. 

L’occasion aussi de redécouvrir le François Weyergans critique de cinéma (aux Cahiers du cinéma) avec l’intégralité de ses textes ainsi qu’une filmographie détaillée. Enfin pour comprendre le parcours de cet artiste aux multiples casquettes et d’une grande finesse dans on écriture, il suffit de lire les 70 pages de sa vie et son œuvre, de 1941 à 2019. 

« Romans de François Weyergans », Quarto Gallimard, 1 376 pages, 34 €

vendredi 23 juin 2023

Une réédition - Plages estivales

Introuvable depuis des années, ce roman de Jean-Philippe Blondel est idéal pour se mettre dans l’ambiance des vacances. Le récit se déroule sur quatre plages (Capbreton, Hyères, Perros-Guirec et Arromanches) durant quatre étés entre 1972 et 2002. 

On a parfois l’impression d’être face à des nouvelles disparates, mais au final tous les personnages ont un lien entre eux. Des portraits touchants, criants de vérité, des parents qui se déchirent à l’adolescent qui rêve d’ailleurs ou au vieillard dans son meublé qui s’ennuie en passant par l’homme qui fantasme sur l’amie de sa femme. 

Un texte ensoleillé et authentique, des vacances, mais à la Jean-Philippe Blondel. 

« Accès direct à la plage » de Jean-Philippe Blondel, Finitude, 17 €

jeudi 22 juin 2023

Polar - Javier Cercas délaisse en partie la Catalogne pour les Baléares

Melchor Martin, le héros de la trilogie Terra Alta de Javier Cercas, enquête à Palma sur les exactions d’un prédateur sexuel. Ce dernier a fait l’erreur de s’approcher de Cosette, la fille de Melchor.


Le troisième volet de Terra Alta, série policière imaginée par Javier Cercas, se déplace en grande partie aux Baléares. Les deux premières avaient pour cadre la Catalogne. La région de Terra Alta d’abord puis Barcelone. Le château de Barbe Bleue est implanté près de Pollença, petite ville touristique de Palma de Majorque. C’est là que disparaît, du jour au lendemain, Cosette, la fille de Melchor Martin. 

Les relations entre l’ancien policier, devenu simple bibliothécaire, et son adolescente ne sont pas au beau fixe. Cosette a récemment appris les circonstances exactes de la mort de sa mère. Un simple accident de la circulation selon son père. En réalité, Olga a été volontairement renversée pour faire peur à Melchor qui devenait trop pressant dans son enquête (lire le tome 1, Terra Alta chez Actes Sud et Babel en poche). Ce mensonge Cosette ne l’admet pas. Non seulement elle se sent trahie par son père, mais elle se persuade que c’est à cause de lui si sa mère est morte quand elle avait 3 ans. Durant les vacances de Pâques, avec une amie, elle va passer quelques jours de vacances aux Baléares. Mais le jour prévu, l’amie revient, pas Cosette. Fugue ou enlèvement ? Melchor se persuade rapidement que sa fille n’agit pas normalement. Il mobilise toutes ses anciennes connaissances policières pour retrouver la trace de Cosette. 

Un silence acheté

C’est l’essentiel de la première partie de ce roman où il est question, comme toujours, des Misérables, le roman de Victor Hugo qui conditionne en grande partie la vie du héros. Une partie assez technique, au cours de laquelle il va devoir se rendre sur place et se frotter à l’inertie (voire la corruption) de la Guardia Civil. 

C’est finalement une lettre anonyme qui va le conduire dans un mas perdu dans la montagne. Là, il rencontre Carasco, un ancien policier, persuadé que Cosette, comme des dizaines d’autres auparavant, a été enlevée (ou du moins appâtée) par les rabatteuses de Mattson, un milliardaire suédois. Tellement riche qu’il peut acheter toute l’île. Les terres mais aussi les consciences des policiers et des juges.  En se lançant dans la recherche de sa fille, Melchor se fait vite remarquer. 

Et à peine deux jours après, la jeune fille réapparaît, traumatisée mais vivante. En partie amnésique aussi. Une seule certitude, une fois de retour à Terra Alta, les médecins et psychiatres ont la certitude qu’elle a été abusée sexuellement à plusieurs reprises. 

La suite du roman est plus musclée. Comprenant qu’attaquer en justice Mattson est peine perdue, Melchor va s’allier à Carasco et retourner à Pollença pour tenter de mettre la main sur des preuves irréfutables des exactions du délinquant sexuel. 

Toujours féru de références littéraires, Javier Cercas explore cette fois Don Quichotte et le combat, qui semble vain, de Melchor contre les moulins personnifiés par Mattson. Un roman puissant, sur les relations compliquées entre père et fille, les secrets de famille et les choix que l’on fait dans l’urgence, pas toujours excellents mais jamais sans conséquence sur le futur.  

« Le château de Barbe Bleue » de Javier Cercas, Actes Sud, 23 €

mercredi 21 juin 2023

Thriller - Les derniers crimes du serial killer Urizen

Dernier titre de la trilogie du démon signée Mathieu Lecerf, « La mort dans l’âme » offre en final l’affrontement des frères de Almeida avec le serial killer Urizen.


Mieux vaut avoir le cœur bien accroché en plongeant dans ce polar de Mathieu Lecerf. Le troisième de sa saga ayant pour personnages principaux un flic et un journaliste, deux frères, Manuel de Almeida, capitaine à la criminelle de Paris et Cristian, journaliste spécialisé dans les faits divers. Deux visions différentes et parfois opposées de ce monde où la violence et la cruauté règnent en maîtres.

Dans les deux premiers romans, le lecteur s’est familiarisé avec les personnalités des deux hommes d’origine portugaise, très proches malgré leurs parcours différents. Ils se retrouvent une nouvelle fois sur le chemin d’un tueur en série qui sévit sur Paris. Baptisé Urizen par Cristian dans un de ses articles, le monstre ne s’attaque qu’à des femmes. Brunes et jeunes. Il les étrangle puis découpe les paupières et les tétons de ses victimes. Urizen est en réalité le nom d’un dieu qui « s’est laissé séduire par une soif immodérée de puissance et de pouvoir. Il s’est transformé en une figure satanique, déchue, un démon qui inventa la Colère ». Sa dernière victime est une jeune top model. Manuel va devoir tenter d’infiltrer un milieu où la drogue et la perversité sont monnaie courante. Il va au passage recevoir l’aide de son adjointe, Esperanza, en pleine dépression après l’assassinat de sa fille âgée de 10 ans.

L’auteur, dans un roman dense et parfois dur, pour terminer cette trilogie, va impliquer directement les deux frères dans le parcours d’Urizen. Ils ne le savent pas, mais ce monstre sévit depuis des années. Et sa première victime était très liée à la famille de Almeida. Si la scène finale est un peu courte, elle est cependant très judicieuse car elle permet de faire un parallèle avec la naissance de la « vocation » d’Urizen. Une trilogie achevée, mais espérons que les deux héros de ces trois polars reviendront pour une autre saison et de nouveaux démons à combattre.    

« La mort dans l’âme » de Mathieu Lecerf, Robert Laffont - La Bête noire, 19,90 €

mardi 20 juin 2023

Cinéma - “Stars at noon”, fuite et espionnage

Film d’espionnage, romance, road movie… Question catégorie, Stars at noon de Claire Denis coche plusieurs cases. Ce manque d’évidence dans le genre a sans doute nui au film présenté en compétition au festival de cannes 2022. La réalisatrice française, dans cette production aux vedettes anglo-saxonnes et entièrement tournée en Amérique centrale, est quand même repartie de la Croisette avec le Grand Prix.

Tiré d’un roman de Denis Johnson, le film raconte la dérive d’une jeune journaliste américaine coincée dans un Nicaragua en proie à une dictature militaire implacable. Trish (Margaret Qualley) s’est fait confisquer son passeport. Après avoir écrit un article à charge sur le pouvoir, la simple pigiste tente par tous les moyens de se tirer d’un mauvais pas. Il lui faut des dollars pour payer un billet d’avion. Et surtout récupérer ce passeport sans lequel elle n’est plus rien. 

Cette course contre la montre est semée d’obstacles. Elle doit accepter de coucher avec un policier et a une dernière carte majeure dans son jeu : son amitié (et un peu plus évidemment), avec un vice-ministre, sénile mais encore un peu influent. Pour assurer le jour le jour (hôtel, repas, alcool…), elle va jusqu’à se prostituer et rôde dans l’hôtel réservé aux journalistes occidentaux. Elle croit ferrer un plumitif anglais, Daniel (Joe Alwyn), mais en réalité c’est un activiste aux desseins troubles, pas du tout du goût de la police locale, aidée par la CIA.

Nuits torrides

Le film bascule alors dans la romance un peu facile et factice. Mais Claire Denis semble avoir pris beaucoup de plaisir à filmer au plus près le coup de foudre puis les nuits torrides de Margaret Qualley (sublime) et Joe Alwyn. Des corps malmenés par la chaleur et l’humidité, une osmose d’une étonnante beauté, simple, sans fausse pudeur ni vulgarité. Sans doute la séquence la plus aboutie du film qui se transforme en relation intimiste entre deux êtres aux intérêts radicalement opposés mais qui éprouvent pourtant une attirance irrésistible l’un pour l’autre. 

La dernière partie du film a des airs de grand complot doublé d’une paranoïa absolue. Daniel sent que le vent tourne, qu’il est dans le viseur de la CIA. Il décide de quitter le pays. Mais la pandémie et les contrôles aux frontières compliquent le périple. Une séquence « action » réaliste, loin des blockbusters américains. Le pragmatisme de Trish, l’efficacité de l’agent de la CIA (Benny Safdie), l’abnégation de Daniel et le cynisme de la police locale font de Stars at noon un film avant tout politique et contemporain. Une ultime catégorie pour un long-métrage hybride, typique des œuvres de Claire Denis, exigeantes et engagées.

Film de Claire Denis avec Margaret Qualley, Joe Alwyn, Benny Safdie

lundi 19 juin 2023

Polar historique - Arlequin et le Minotaure donnent du fil à retordre à Jeremy Nelson

Nouvelle enquête de Jeremy Nelson, le musicien détective imaginé par Claude Izner. Elle se déroule dans le milieu du théâtre amateur parisien.


Dans tout polar qui se respecte, il y a un mort. Dans Qui a tué le minotaure, cinquième et peut-être dernière aventure de Jeremy Nelson, il y en a deux. Le minotaure, au centre de l’intrigue du roman. Mais aussi Liliane Korb, la moitié de Claude Izner. Derrière ce pseudonyme se cachaient deux sœurs qui ont longtemps été bouquinistes sur les quais de la Seine. L’an dernier, Liliane est décédée. Laurence a tenu à ce que le roman paraisse quand même et elle lui rend hommage en fin de volume. Quel sera l’avenir de Jeremy ? Ce n’est pas précisé, mais ce serait dommage que cette saga parisienne si subtile disparaisse.

Place donc à l’enquête du jeune musicien américain installé à Paris. Tout commence à mi-carême. Alors que la foule défile, déguisée dans les rues de la capitale, un homme est retrouvé mort, poignardé au cœur. Il avait endossé un costume de minotaure. Peu de temps auparavant, les membres d’une troupe de théâtre qui profitait des festivités pour faire de la publicité pour sa nouvelle pièce, étaient à la recherche de ce fameux minotaure, poursuivi par un Arlequin. La police, en démarrant son enquête, découvre que sous le masque de minotaure se cachait le docteur Étienne Gilbert, riche mécène qui finance la troupe.

Toute la troupe est suspecte

Ces faits arrivent à l’entrée de l’appartement de Jeremy Nelson par l’intermédiaire de son meilleur ami, Sammy Eidelmann, par ailleurs producteur de la pièce. Comme il pourrait être considéré comme suspect par la police, il demande à Jeremy de lui servir d’alibi. 

En réalité Sammy, grand séducteur, était avec une amoureuse un peu trop jeune. Jeremy qui devait en plus écrire la musique de la pièce. Pour disculper totalement Sammy, le musicien, aidé de sa fiancée, Camille, se lance dans une enquête mouvementée où tous les membres de la troupe ont un bon motif d’avoir occis le minotaure. Alors qui est le coupable entre l’écrivain et interprète véritable du minotaure, Gaëtan Bardin, Julien Sarde, barman, Tom Brighton, bibliothécaire, Catherine Cognat, réceptionniste d’hôtel ou Guillaume Fleury, souffleur au chômage. 

Ce dernier est le seul qui est véritable du milieu. Même s’il a raté sa vocation de comédien : Souffleur, « il était condamné à rester dans un trou, pauvre épave de l’art dramatique, homme des cavernes qui vivait le plus souvent dans le passé conçu par des auteurs incapables de s’imaginer que le futur ressemblerait à un pandémonium empli de voyous adonnés à la drogue. » De la drogue il y en a un peu avec un trafic de cocaïne. Les soupçons se portent aussi sur la femme du docteur, Hélène, grande bourgeoise émotive. 

Enfin, cerise sur le gâteau, pour achever cette aventure très mouvementée, Jeremy reçoit l’aide de Victor Legris, le précédent héros imaginé par Claude Izner et qui vit depuis deux décennies à Londres. Un final en beauté ou une occasion de relancer la machine ?

« Qui a tué le minotaure ? » de Claude Izner, 10/18, 16,90 €

dimanche 18 juin 2023

Cinéma - « Vers un avenir radieux » de Nanni Moretti, le cinéma de l’utopie

Le grand réalisateur italien Nanni Moretti se raconte dans ce film gigogne sur le cinéma, ses travers, sa force, sa poésie.


Plus qu’une simple leçon de cinéma, Vers un avenir radieux de Nanni Moretti est un film qui respire la joie de filmer, de créer, d’imaginer et de faire rêver. Une œuvre à part, où le 7e art est le véritable héros, n’en déplaise à certains producteurs grossiers qui n’imaginent pas un film sans un moment « what the fuck ? » Présenté en compétition à Cannes et revenu bredouille, le film a sans doute souffert de son côté trop léger et optimiste. Étrange paradoxe de notre époque où le cinéma ne peut qu’être noir et sombre, alors qu’il compte, avant tout, dans la vie des gens pour les divertir, les faire s’évader.

Pour parler de son art, Nanni Moretti interprète Giovanni, un cinéaste (sans doute inspiré de son propre parcours), qui se lance dans le tournage d’un film sur la position du parti communiste italien lors de l’insurrection de Budapest en 1956. Un sujet hautement politique, alors que Giovanni rêve de tourner un film d’amour truffé de chansons italiennes.

Netflix, violence gratuite

Produit par sa femme, Paola (Margherita Buy), et Pierre (Mathieu Amalric), un Français un peu mythomane, le film avance lentement. Car Giovanni est exigeant. Il supervise tout, des titres des journaux de l’époque aux fausses bouteilles d’eau minérale utilisées par les acteurs. Ces derniers doivent suivre ses dialogues à la lettre et ne pas improviser « à la Cassavettes », comme tente de le faire la vedette féminine Vera (Barbora Bobulova). Le tournage est de plus en plus laborieux et plus rien ne va dans la vie privée de Giovanni. Sa femme décide de le quitter. L’argent arrive à manquer, la production s’arrête à mi-chemin.

Alors, il ne reste plus qu’une solution à Giovanni : accepter de rencontrer les nouveaux rois de la production audiovisuelle : Netflix. Une scène hilarante, où les technocrates de la plateforme de streaming n’ont de cesse de faire remarquer que le film, s’ils acceptent de l’acheter et de le produire, sera diffusé dans 190 pays. 190 pays ! Vous vous rendez compte, 190 pays…

On appréciera aussi la séquence où Giovanni débarque sur le tournage d’une comédie d’action d’un jeune cinéaste prometteur et va dynamiter l’ultime scène, trop violente à son goût. Entre petits tracas quotidiens, éclairs de génie d’un grand cinéaste, négociations avec les comédiens et les fournisseurs, lubies et rituels à la limite de la superstition, on en apprend beaucoup sur le quotidien d’un réalisateur. Mais que cela ne vous empêche pas d’apprécier, à sa juste mesure, le très joli final de Vers un avenir radieux, film d’une utopie qui redonne foi dans la vie.

Film de et avec Nanni Moretti et aussi Margherita Buy, Silvio Orlando, Mathieu Amalric

samedi 17 juin 2023

Cinéma - Maître Poutifard a la rancune tenace

Le nouveau film de Pierre-François Martin-Laval, "Les vengeance de maître Poutifard", avec Christian Clavier et Isabelle Nanty, est une comédie sur le harcèlement. Des profs par les élèves !


On a tous eu, au cours de notre scolarité, un prof tête de turc. Un maître insupportable auquel on ne pouvait pas s’empêcher de jouer des tours pendables. Robert Poutifard, instituteur dans une petite école de province, fait partie de cette partie de la population qui est toujours du mauvais côté, celui des faibles qui se font au mieux manipuler, au pire humilier. Une situation d’autant plus regrettable, pour cet instituteur interprété par Christian Clavier, qu’il est la victime préférée de ses élèves.

Le film de Pierre-François Martin-Laval est adapté d’un roman de Jean-Claude Mourvelat. On découvre un instituteur aigri, persuadé que ses élèves lui ont gâché sa vie. Surtout un petit groupe de quatre, mené par la petite Audrey. Elle a fait capoter sa seule histoire d’amour avec une collègue québécoise. Depuis, il vit toujours chez sa mère (Isabelle Nanty), ruminant ses malheurs.

Aujourd’hui, il part enfin à la retraite. Un nouveau départ pour un nouveau Poutifard. Il va profiter d e son temps libre pour mettre en pratique sa vengeance. Car le professeur des écoles est rancunier. Très rancunier.

Les vengeances de Maître Poutifard, après un début dans une classe d’il y a 20 ans, se déplace à nos jours. Les petites terreurs sont devenues des hommes et femmes installés, reconnus, aimés même. Alors Poutifard va imaginer des plans machiavéliques pour les faire tomber de leur piédestal. Premier à subir sa foudre : Anthony. Devenu chef cuisinier qui tyrannise ses employés pour conserver ses trois étoiles, il va passer une soirée cauchemardesque à cause d’un chien. La partie la plus mouvementée du film, la plus cartoonesque.

Poutifard va ensuite s’occuper des jumelles Camille et Mélanie. Insupportables jeunes, elles le sont encore plus devenues influenceuses beauté. Bêtes comme leurs pieds, elles seront humiliées en présence du président de la République, brillamment interprété par Pef en personne.

Quant à Audrey, devenue star de la chanson, elle sera l’apothéose de la vengeance de Poutifard. A moins que… L’histoire, très linéaire et rigolote, devient plus nuancée et profonde. Preuve que même une vengeance ruminée plusieurs décennies n’est pas toujours la meilleure solution pour dormir en paix.

Film de Pierre-François Martin-Laval avec Christian Clavier, Isabelle Nanty, Jennie-Anne Walker

 

vendredi 16 juin 2023

DVD - L’astronaute de Nicolas Giraud

Toucher les étoiles. Tel est le rêve de Jim, ingénieur en aéronautique chez ArianeGroup et raconté par L’astronaute qui sort en vidéo chez Diaphana. S’il travaille sur les fusées, il veut avant tout aller dans l’espace. Non sélectionné pour un vol habité, il décide de fabriquer dans une ferme isolée son propre engin.

Un film sur l’espace mais surtout la passion. Passion d’un homme pour son travail et la volonté de se dépasser. Si le scénario est un peu léger, le réalisateur, Nicolas Giraud, qui endosse également le scaphandre de Jim, a mis beaucoup de passion dans ce rôle que l’on devine très personnel. La distribution est magistralement complétée par Mathieu Kassovitz et Hélène Vincent.

En bonus, des entretiens avec le réalisateur, Mathieu Kassovitz et Jean-François Clervoy, ancien spationaute et conseiller technique sur le long-métrage.

jeudi 15 juin 2023

BD - La vie erratique de Patience

Comme dans Blue Flame (voir note précédente), des questions existentielles, il y en a aussi treize à la douzaine dans Patience, roman graphique de Daniel Clowes. Tout commence par une bonne nouvelle. Patience, la petite amie de Jack, lui annonce qu’elle est enceinte. 

Ils s’aiment mais sont sans le sou. Patience voudrait reprendre des études. Jack, distribue des prospectus dans la rue. Mais il prétend avoir un vrai boulot, dans un bureau. Le jour où il décide de l’annoncer à sa copine, il la retrouve morte dans le salon. Étranglée. La police l’interroge, le soupçonne. Sa vie s’écroule et termine en prison.

Un début très drame social noir mais qui va prendre une tout autre tournure. Des décennies plus tard, dépressif, alcoolique, Jack rencontre un geek qui prétend avoir inventé une machine à voyager dans le temps. Résultat le veuf va faire un voyage dans le passé pour empêcher le meurtre de son amour. 

Un étrange récit, plein de paradoxes temporels, d’imbroglios et de fausses pistes. C’est étonnant, parfaitement mené avec une fin déroutante, preuve que Daniel Clowes est un des meilleurs auteurs contemporains US. L’ensemble de son œuvre est actuellement réédité par les éditions Delcourt.

« Patience », Delcourt, 28,50 €