jeudi 12 septembre 2013

Billet - X-files, 20 ans de mensonges

Lancée en septembre 1993, la série X-Files (La vérité est ailleurs) fête ses 20 ans. Les enquêtes de Mulder et Scully ont passionné une génération. Chaque année qui passe renforce sa qualité de programme culte. Les hommages sur les télévisions sont discrets, mais internet regorge de témoignages. Ainsi Pierre Langlais, sur son blog « Têtes de séries » énumère les dix raisons qui font de lui un rejeton de la « génération X-Files ». 

En 8e position il confie qu'il était « geek » avant la lettre avec les trois Lone Gunmen. Personnages récurrents, ils représentent la préhistoire des hackers. Un peu frappés, paranoïaques et asociaux, ils passent des heures et des heures à surveiller l'embryon de la toile. A l'affût de tout ce qui sort de la normale, ils vivent reclus dans un appart sombre encombré de moniteurs aussi volumineux qu'un poste de télévision... en 1993. Il y a 20 ans les écrans plats faisaient partie de la science-fiction. 

Comme le programme « Prism » élaboré par les services secrets américains pour surveiller tout et n'importe quoi. Je parie que l'idée de Prism est venue à un rond-de-cuir ricain en revisionnant un vieil épisode d'X-Files. Quand Mulder voulait connaître le moindre détail de la vie d'un suspect, il contactait le trio. Dans leurs archives ils trouvaient toujours le petit grain de sable le transformant en conspirationniste...

Mais X-Files reste aussi dans les mémoires car pour la première fois des « héros » doutaient, se montraient fragiles et avouaient leurs failles. L'écriture télévisée a vécu une révolution et a définitivement mis au rencard tout ce qui a été fait avant... 

mercredi 11 septembre 2013

Billet - Envie pressante

Et si Internet modifiait nos conditions de transports ? De plus en plus d'utilisateurs nomades ne supportent plus de rester dans une zone blanche. Plus de connexion et tout leur univers s'écroule. Ils ne sont qu'une minorité, mais ces « drogués » sont véritablement en état de manque dans les transports en commun. Une étude réalisée par le groupe américain Honeywell montre que 17 % des Britanniques, entre des toilettes dans un avion ou une connexion fiable à internet choisissent la seconde solution. Sur les moyens-courriers, c'est jouable. Mais encaisser Paris-New York ou Paris-Tokyo sans aller une seule fois aux toilettes relève de la pure fiction. 
Tout ça pour regarder des chats idiots et des lapins crétins sur Youtube, ne pas rire aux tweets abscons d'humoristes sur le retour ou pire, consulter ses emails du boulot alors que l'on vole vers une île tropicale et ses plages de sable blanc. Non, le net c'est bien, mais ne vaut pas de risquer un éclatement de la vessie par 10 000 mètres d'altitude. Et en avion, il y a pire que de ne pas pouvoir surfer sur le net. Se retrouver coincé en classe éco entre deux passagers qui font chacun le double de votre volume, subir tel autre dont les ronflements parviennent à couvrir le bruit des réacteurs ou les cris de ce bébé, forcément torturé par des parents sadiques, à entendre sa gamme dans les aigus. 
Mais le pire reste le bavard. L'olibrius qui se sent obligé de raconter toute sa vie (généralement très déprimante) comme s'il vivait les dernières heures de son existence. Même les lapins crétins sont plus supportables !

Chronique parue mardi 10 septembre en dernière page de l'Indépendant. 

BD - "Le Monde perdu" par Bec, un classique retrouvé


Écrit en 1912 par Sir Arthur Conan Doyle, « Le Monde Perdu » est le prototype du roman d'aventures. Un siècle après, il fait toujours rêver les enfants, les adolescents et même les adultes qui l'ont déjà lu. Christophe Bec n'a jamais caché son admiration pour ce texte fondateur. Il a donc mis un grand soin a adapter les aventures des professeurs Summerlee et Challenger dans les méandres de l'Amazonie puis au pied de la falaise marquant la frontière avec ce monde préservé imaginé par l'écrivain anglais. 
Le premier tome se consacre essentiellement à la mise en place de l'expédition et de sa pénible progression dans la forêt vierge. L'occasion de bien planter le portrait des quatre personnages principaux, notamment les deux savants aux visions antagonistes. 
Pour mettre en image cette BD, le scénariste originaire de l'Aveyron s'est tourné vers deux pointures italiennes : Fabrizio Faina et Mauro Salvatori. Leur style réaliste, précis et classique, explose quand ils s'étendent sur une double page. Et même si l'on connaît l'histoire par cœur, on est pressé de lire la suite....

« Le monde perdu » (tome 1), Soleil, 14,50 €

mardi 10 septembre 2013

BD - Violette, star dans "Burlesque Girrrl" de François Amoretti

Comment ne pas tomber amoureux de Violette. Chanteuse et stripteaseuse, elle est en pleine dépression dans les premières pages de la seconde partie de ses aventures imaginées par François Amoretti. Son chéri, Peter, est mort. Par la même occasion c'est l'âme du groupe de rock « Burlesque Girrrl » qui disparaît. Violette sortira du tunnel et, comme en hommage à Peter, va prendre les destinées du groupe en main. 
Un succès planétaire qui doit beaucoup au son rockabilly mais aussi aux formes généreuse de Violette, véritable bombe tatouée qui n'a jamais froid aux yeux. Une savoureuse préface de Mimi LeMeaux, l'héroïne du film « Tournée » de Mathieu Amalric, remet en perspective le phénomène du New Burlesque en France et dans le monde.

« Burlesque Girrrl » (tome 2), Ankama, 12,90 €

lundi 9 septembre 2013

Billet - Mylène Farmer en live

Mylène Farmer débute une série de concerts en France et en Europe. Samedi, à Bercy, complet depuis des mois, elle a donné le coup d'envoi de « Timeless 2013 ». Décors, costumes, chorégraphies spectacle étaient soigneusement tenus secrets pour laisser aux fans la primeur. Des fans jeunes et enthousiastes (certains ont campé durant un mois à l'entrée de la salle pour être certains d'avoir une place au premier rang), experts en nouvelles technologies. Samedi soir, je n'étais pas à Bercy, mais dès hier matin, j'ai pu voir des dizaines de photos et visionner de longs extraits vidéo du concert. Le site
mylene.net a compilé toutes les séquences youtube et clichés instagram expédiés quasiment en direct sur le net. De l'intro, arrivée dans un vaisseau spatial, au final en larmes, disparition dans un nuage de fumée, tout est déjà en ligne. La qualité laisse à désirer, mais l'ambiance, l'esprit, sont fidèlement rendus. Et franchement, cela donne envie. Certainement la version moderne du bouche à oreille.

Le 12 septembre, la rousse chanteuse fera relâche pour son anniversaire. 52 ans dont 30 ans de carrière, toujours au sommet. Chanter conserve. A moins que ce ne soit le succès. L'alchimie permet à Tanguy Pastureau, humoriste sur RTL et très présent sur Twitter cette savoureuse répartie : « Mylène Farmer, Sophie Marceau et Nicola Sirkis, en 30 ans, ont vieilli d'environ six mois au total. » 

BD - Tyler Cross, arnaqueur en perdition

En 100 pages remplies de bruit et de fureur, Nury au scénario et Brüno au dessin signent un superbe hommage aux films noirs américains. Tyler Cross est un tueur. Il se vend au plus offrant et n'hésite pas à jouer solo quand l'occasion se présente. Un contrat tourne mal. Il perd ses coéquipiers mais récupère 17 kilos d'héroïne. De qui assurer l'avenir. A condition de quitter Black Rock, petite ville du Texas profond dominée par la famille Pragg. Tyler va aller de déboire en déboire, sous-estimant les péquenauds du clan Pragg. Le final, comme dans un Tarantino survolté, offre une profusion de cadavres dans un geyser d'hémoglobine. Brüno, ligne blanche classieuse, confirme son talent sur du long terme
« Tyler Cross », Dargaud, 16,95 €



dimanche 8 septembre 2013

BD - Enigmatique maladie d'amour de Cyril Bonin

« Tomber amoureux nuit gravement à la santé » proclame un bandeau cerné de noir en bas de la couverture de cette bande dessinée signée Cyril Bonin. Comme fumer, mais en pire. Une épidémie frappe la France. Les personnes victimes d'une forte émotion liée à l'amour sont littéralement pétrifiée sur place. Transformée en statue, un sourire aux lèvres en lisant une lettre d'amour, regardant la photo de l'être aimé... Parfois les victimes sont deux. Généralement en plein baiser fougueux. Les médecins, impuissants, ne proposent qu'une solution : limiter les effusions. Un roman graphique sur l'amour, aux airs de cauchemar, les jolies femmes sont suspectées d'être des séductrices et doivent arborer un brassard aussi infamant que l'étoile jaune. Heureusement la fin est heureuse. Comme ces romans à l'eau de rose interdits après l'épidémie d'amorostasie.

« Amorostasia », Futuropolis, 19 €

samedi 7 septembre 2013

Billet - Mort augmentée

Artiste multimédia prend tout son sens dans le cas de Davy Mourier. Ce chauve audacieux (l'un ne va pas forcément avec l'autre mais je n'ai rien trouvé de mieux pour décrire le personnage...) a déjà tâté de toutes les formes d'expressions, de la bande dessinée (sa passion première) à la série télé ou au one man show. Mercredi est sortie en librairie sa dernière création, « La petite mort », album de BD paru chez Delcourt racontant l'apprentissage du fils de La Mort au fauchage d'âmes.
Du papier, de l'encre... Trop simple pour Davy. Il a déjà engendré un album accompagné d'un CD où il commentait l'action. Cette fois il profite de la réalité augmentée via une application sur smartphone. Une fois que vous avez acheté l'album (14,95 euros, étape incontournable) munissez-vous de votre téléphone, scannez le QR code en début d'album, téléchargez l'application (gratuite elle, faut pas pousser !) et découvrez la dizaine de bonus placés au gré des pages.
Du personnage de la Petite Mort en 3 D, à un faux site internet en passant par des vidéos où l'auteur explique son cheminement créatif, l'ensemble est conçu avec humour, comme toujours chez Davy Mourier. Cerise sur le gâteau, un jeu vidéo, malheureusement réservé aux possesseurs d'Iphone. Je vous laisse, j'ai de quoi m'occuper ce week-end.



BD - Le jeu des super-héros dans "Geek Agency"


Lancée comme une série BD réaliste avec groupe de jeunes gamers branchés plongés dans un jeu de rôle un peu ringard, « Geek Agency », dès le second tome, prend le virage net du comics de super-héros dans un monde résolument futuriste. Tim et Adam, les deux seuls rescapés du tome 1, se retrouvent sur la planète Duragon. Ils affrontent Kraal, lézard humanoïde vert et géant, ancien seigneur Saï, de nouveau libre et bien décidé à se venger. Tim croise également la route de sa petite sœur, morte il y a bien longtemps. Rêve, cauchemar ou manipulation de l'esprit ? Cette énigme restera sans réponse dans un premier temps, les auteurs, Briones et Huet, se consacrant essentiellement à expliquer comment est née la Geek Agency et d'où viennent les seigneurs Saï. Très inspirée des comics américains, la série offre une multitude de bestioles aux pouvoirs divers et variés, des combats d'anthologie et une intrigue à plusieurs niveau avec en arrière-plan un complot de l'ombre. Beaucoup d'influences évidentes parfaitement « digérées ».

« Geek Agency » (tome 2), Ankama, 14,90 €

vendredi 6 septembre 2013

BD - Nos amis les monstres


Explorateurs, aventuriers, découvreurs : ils font rêver depuis des siècles. De Christophe Colomb aux astronautes, ils sont partis à la conquête de nouvelles frontières. Il ne reste plus grand chose à explorer sur notre bonne vieille terre. Mais il reste toujours les doux rêveurs, ceux qui croient à l'impossible. Dans cette catégorie, les cryptozoologues ont connu leur heure de gloire à la fin du 19e siècle.
Masbou au scénario et Leprévost au dessin nous entraînent dans le sillage des membres du Monster Club. De la création de cette société secrète d'érudits à la première expédition, ce sont 54 pages pleines de bagarres, de coups fourrés, de trahisons, de peuplades inconnues et d'animaux improbables. Deux Monsters Clubs ont vu le jour au même moment. L'un à Londres, l'autre aux USA. La première partie de l'album se concentre sur la compétition impitoyable entre ces deux groupes. Mais ils devront finalement s'allier pour faire face à un danger encore plus grand.
La série réalise l'exploit de faire vivre une dizaine de personnages tous aussi attachants les uns que les autres. Une ribambelle de fortes têtes aux intérêts divergents. Une réussite, d'autant que le « méchant », Chacal balafré, tire lui aussi son épingle du jeu...

« Monster Club » (tome 1), Delcourt, 14,30 €