Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Le tout publié dans l'Indépendant du Midi sous la signature de Michel Litout.
jeudi 29 juin 2017
Cinéma : Humour glacial par « Grand froid »
Rire de la mort, fallait oser. Gérard Pautonnier pour son premier long-métrage signe une comédie noire et mortifère. Noire... comme l’humour. Mortifère... parce qu’il y a des morts. Du moins en théorie puisque les personnages principaux travaillent dans une entreprise de pompes funèbres. La maison Zweck ne va pas très bien. Le patron, Monsieur Zweck (Olivier Gourmet) se désespère du manque de travail. Comme si dans cette petite ville de province indéfinissable, les vieux s’étaient donné le mot pour ne plus mourir. Alors il tente d’occuper ses deux employés comme il peut. Eddy (Arthur Dupont), est chargé de passer le corbillard au « carwash » (expression typiquement belge, comme le film). Georges (Jean-Pierre Bacri), le plus vieux, va en repérage dans les salles d’attente du médecin pour essayer de détecter le quidam sur le point de trépasser.
Le début du film, tiré d’un roman de Joël Egloff paru aux éditions Buchet-Chastel, sert de mise en bouche. Il plante le décor du quotidien de cette équipe de bras cassés composée du patron, incroyablement radin, du jeunot, rêveur et un peu abruti et de l’ancien, râleur blasé obnubilé par sa propre mort. Une succession de gags et de situations ubuesques donne le ton : la comédie sera grinçante et sans tabou.
■ Enfin un « client »
Quand un couple de bourgeois pousse la porte de la boutique, les affaires repartent. Une veuve, accompagnée de son frère, veut enterrer son défunt mari. Problème le cimetière est loin. Très loin. De tout. La cérémonie religieuse expédiée, croque-morts, cercueil, famille, curé et garçons de cœur partent dans deux voitures sur des routes désertes et enneigées. Le reste du film se passe essentiellement dans les deux habitacles. La relation des deux employés de la maison Zweck, avec un Jean-Pierre Bacri toujours aussi brillant dans ces rôles de bougons où personne ne lui arrive à la cheville et la révélation Arthur Dupont au potentiel comique énorme. De l’autre côté, rien ne va plus pour la veuve et le curé (Sam Karmann, trop rare au cinéma ces dernières années), bloqués sur un lac gelé...
Tourné en Belgique pour la partie « bar et magasin » puis en Pologne avec ses extérieurs sales et enneigés, ce premier film souffre de quelques maladresses, mais dans l’ensemble il parvient à son but premier : faire rire. A gorge déployée. Et aussi à nous faire réfléchir sur notre mort. Et vous, connaissez-vous déjà l’épitaphe que vous mettrez sur votre pierre tombale ?
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