Créateur de Gai Luron, le chien marrant qui ne sourit jamais, de Superdupont, le héros franchouillard et de la revue Fluide Glacial, Marcel Gotlib, monument de la BD, expert en parodie fête ses 80 ans.
Alors qu’il va fêter ses 80 ans, le créateur de Gai Luron et Superdupont est à l’honneur dans une grande rétrospective au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris (jusqu’au 27 juillet). On peut y admirer 150 planches originales jamais exposées, ainsi que des archives photographiques, écrites et audiovisuelles.
Gotlib a débuté dans les années 60 dans Vaillant et Pilote et a pris sa retraite il y a une quinzaine d’années. Dans ce laps de temps, infatigable créateur à l’imagination débridée, il a publié des milliers d’histoires comiques ou grinçantes. En fait, il a tout inventé. Le moindre rire intelligent qui retentit en France depuis un demi siècle est forcément un peu inspiré de son œuvre.
Gotlib est l’exemple parfait de l’évolution des mœurs du siècle dernier. De Gai Luron à Pervers Pépère il balaie toutes les formes d’humour, du plus classique au trash absolu. Notamment dans Fluide Glacial, le mensuel qu’il lance en 1976 avec Jacques Diamant. Un mensuel “d’umour et bandessinées” comme c’est toujours inscrit en couverture, 454 numéros plus tard.
L’exposition à Paris rend hommage à cet humoriste qui n’a pas oublié ses racines juives. Dès les années 60 il s’est mis en scène dans des BD, petit Juif caché dans une ferme. Son père est mort en déportation. Cette tragédie, comme beaucoup d’enfants survivant de la Shoah, il l’a transformée en force de vie. Gotlib sait rire de tout. Nous émouvoir aussi.
Exposition « Les mondes de Gotlib », Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan au 71, rue du Temple à Paris. Du lundi au vendredi et le dimanche jusqu'au 27 juillet.
Une œuvre multiple et sans tabou
Entre Nanar et Jujube, ses premiers héros de papier et Pervers Pépère, l’exhibitionniste crasseux, il y a un monde complet d’écart. Pourtant ils sont issus du même foisonnement créatif, avec quelques décennies de différence il est vrai. Œuvre de jeunesse, Nanar et Jujube constitue les années d’apprentissage de Gotlib, jeune dessinateur qui doit beaucoup travailler pour vivre de sa passion. Dans Vaillant, il arrive à imposer le chien limite dépressif de ses héros qu’il met rapidement au placard.
Années Pilote
Paradoxalement, c’est le moment où il se met à beaucoup moins produire. Des couvertures, quelques éditoriaux (dessinés puis simplement sous forme de textes), Gotlib ne manque pas d’inspiration mais préfère écrire pour les autres. Notamment Alexis, le complice des Cinémastock de Pilote qu’il embarque comme dessinateur dans l’aventure Superdupont. Un Alexis qui meurt prématurément, devenant, pour l’éternité “directeur de conscience “de la revue.
Génération Gotlib
Gotlib est cependant très présent dans la vie du magazine. Il prend en quelque sorte la place de Goscinny dans le rôle du découvreur de talent. Fluide Glacial, depuis bientôt 40 ans, c’est un esprit et un générique exceptionnel : Manu Larcenet, Binet, Riad Sattouf, Edika, Tronchet, Goossens, Gaudelette, Blutch... On peut parler de génération Gotlib, voire d’école.
À 80 ans, il se fait plus discret. Ces dernières années on l’a vu dans quelques films ou romans photos. Mais il ne crée plus. Ce n’est pas qu’il n’ait plus d’idées, au contraire il a l’esprit toujours vif. Simplement il profite de la vie, comme une enfance à rattraper.
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Des livres pour un anniversaire
Gotlib au musée, mais Gotlib aussi dans les librairies. Si l’auteur a pris sa retraite totale et sans condition depuis de nombreuses années, ses BD et écrits restent toujours disponibles. Chez Dargaud, retrouvez l’intégrale des Dingodossiers (scénarios de Goscinny), tout Cinémastock (dessin d’Alexis) et les fameuses Rubrique-à-bracs.
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