jeudi 16 mars 2023

BD - Amiens, Jules Verne et les Spectaculaires

Réaliser une bonne bande dessinée d’aventure avec une bonne dose d’humour n’est pas toujours aisé. Et rares sont ceux qui parviennent à mettre en place tout un monde pour donner l’occasion de transformer l’essai en série. En s’inspirant ouvertement et avec talent des feuilletons du début du XXe siècle, Régis Hautière (scénario) et Arnaud Poitevin (dessin) ont trouvé la formule magique.

Dans le Paris d’avant la première guerre mondiale, une troupe de saltimbanques devient redresseuse de torts la nuit venue. Les Spectaculaires sont menés d’une main de fer par Pétronille, la madame loyal du spectacle. Elle compte dans ses rangs trois habiles complices, Félix, loup-garou d’opérette (son costume est en peau de lapin), Eustache, hercule qui doit tout à son armure et Évariste, charmeur et acrobate.

Le quatuor reçoit le renfort du professeur Prosper Pipolet, savant fou, inventeur facétieux qui a de gros problèmes de mémoire. Dans cette 6e aventure, ils désertent la capitale pour rôder leur nouveau spectacle à Amiens. La ville de Jules Verne, ami de Pipolet. Il a d’ailleurs reçu récemment une missive de l’écrivain visionnaire. Problème : cela fait six ans que Jules Verne est mort.

Sur place, les Spectaculaires vont emménager dans l’ancienne maison du romancier, rachetée et transformée en maison d’hôtes. Dans sa chambre, le professeur va être visité par le fantôme de Jules Verne. Il lui demande de retrouver un mystérieux cylindre doré.

Un album très rythmé, avec des gags à toutes les planches (merci les personnages secondaires), des rebondissements et de nombreux clins d’œil, notamment graphiques, Poitevin profitant de ses talents de caricaturiste pour faire entrer en scène Belmondo, Pierre Tornade ou Cantona.

« Les Spectaculaires » (tome 6), Rue de Sèvres, 14 €

mercredi 15 mars 2023

BD - Monstres cachés et effrayants

Il n’y a pas que les loups-garous pour effrayer les enfants dans les légendes. On apprend en lisant Chat perché de Jo Rioux, que les Cats Sith ou chats noirs remplissaient aussi parfaitement ce rôle. Capturer puis dresser un Cat Sith est le but de la petite orpheline nommée Suri.

Recueillie encore bébé par les membres d’un cirque ambulant, elle gagne sa vie en racontant des histoires de monstres aux enfants crédules. Mais son avenir sera plus glorieux : elle sera dompteuse de monstres. Elle a l’occasion de mettre ses talents à l’épreuve car un petit homme vient de rejoindre le convoi. Dans sa caravane, bien caché, un immense être aux cris effrayants. Suri parvient à le caresser et à lier un contact particulier. Son premier monstre.

Mais cette victoire ne doit pas faire oublier qu’elle a contrarié une famille de Cat Sith qui se lance à ses trousses. Cette longue histoire de 120 pages au format comics présente ce monde merveilleux imaginé par Jo Rioux.

On y croise divers monstres, pas toujours très dangereux. Comme le liechi, un monstre plante dont les principaux méfaits consistent à étouffer les cultures et abîmer le matériel agricole.
« Chat perché » (tome 1), Rue de Sèvres, 12,50 €

BD - Chirurgie royale scabreuse dans « Le royal fondement »


A Versailles en cette année 1686, le Roi Soleil ne brille pas spécialement. Le monarque souffre. Un mal un peu honteux : une fistule anale. Le sujet de cet album signé Philippe Charlot (scénario) et Eric Hübsch (dessin) semble un peu scabreux. Pourtant une fois passé le côté un peu répugnant du bobo, on découvre une histoire passionnante sur les débuts de la chirurgie, la vie à la cour et comment le peuple vivait cette monarchie absolue française.

Tout débute dans une boucherie parisienne. Geoffroy, le fils du patron, est chargé d’aller livrer une tête de cochon à un noble. En chemin il assiste à la récupération d’un homme en train de se noyer. Il parvient à le sauver mais ce n’est pas au goût des médecins appelés à son chevet qui le font enfermer. Mais son intervention efficace attirent l’attention du médecin du roi qui cherche un moyen efficace de soigner la fistule et a besoin d’un assistant lors d l’opération. Geoffroy se voit bombardé à Versailles, complice malgré lui d’un complot contre le Roi.

Beaucoup d’humour dans ce récit complet complété par un dossier pédagogique où l’on en apprend beaucoup sur la maladie du Roi, les pratiques chirurgicales de l’époque (mieux vaut avoir le cœur bien accroché), et les différents protagonistes réels du récit, de la Maintenon au Chirurgien Charles-François Tassy en passant pat les Demoiselles de Saint-Cyr.

« Le royal fondement », Bamboo Grand Angle, 16,90 €

mardi 14 mars 2023

Livres jeunesse - Tigres et tortue

Deux livres pour la jeunesse avec des animaux pour faire rêver les plus petits. Des tigres et une tortue.

Les enfants faisaient-ils des bêtises à l’âge de la préhistoire ? Oui si l’on ne croit ce très joli album écrit et dessiné par Pénélope Jossen.

Alors que le père et la mère de deux enfants vont chasser, les deux enfants restent seuls dans la grotte. Le plus petit veut aller dehors et se retrouve coincé dans un trou, peut-être habité par des tigres. Grosse frayeur et sauvetage par des parents qui décideront désormais de partir à la chasse avec leurs petits.


La tortue qui n’aimait pas être lente raconte comment Aglaé rate plein de bons moments à cause de son manque de vitesse. Une jolie parabole sur les plaisirs de la lenteur signée Séverine de la Croix et Sandrine Goalec.

« Attention aux tigres », École des Loisirs, 13 €.
« La tortue qui n’aimait pas être lente », Splash, 8,95 €

De choses et d’autres - Carrousel de dessert


Le site TasteAtlas est devenu la référence en matière de comparaison d’alimentation. Son classement le plus connu est celui des cuisines du monde. L’italienne domine de la tête et des épaules devant la Grèce et l’Espagne. La France n’est que 9e, devant la Chine, mais derrière les USA…


Cela semble assez peu crédible, pourtant le classement est certifié. Les doutes semblent justifiés quand on découvre le classement mondial des pâtisseries. S’il est bien un secteur où l’on excelle au pays du petit-déjeuner sucré, c’est celui-là. Et pourtant. En tête on trouve le Pastel de Belem ou Pastel de Nada. Originaire du Portugal, ce flan aux œufs est présenté dans une pâte feuilletée.

Juste derrière, la focaccia di Recco, tourte à la pâte fine garnie de fromage fondant. Un peu moins dessert (c’est légèrement salé), mais délicieux, j’admets.

Mais alors les viennoiseries françaises, où sont-elles ? Il faut descendre jusqu’à la 9e place pour voir apparaître un bout de croissant. Et jusqu’à la 21e pour découvrir un second produit français, le Paris-Brest. Comme si la pâte à choux croquante garnie de crème mousseline pralinée était moins délicieuse qu’un bougatsa grec et sa crème de semoule.

On trouve ensuite l’éclair pour satisfaire nos papilles chauvines et une dernière spécialité à la 45e place (sur 50), ce qui confirme que ce classement est une vaste farce.

Car, dans les profondeurs du classement on découvre avec stupeur que TasteAtlas propose une spécialité qui n’existe même pas ! Le pain au chocolat ne peut pas être 45e. Le pain au chocolat est un simulacre, une escroquerie. Par contre, dans mon classement personnel, la chocolatine remportera toujours la première place.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 7 mars 2023

lundi 13 mars 2023

Cinéma - “Sacrées momies” chantantes

Un film d’animation espagnol de Juan Jesús García Galocha

Nefer et Thut, les deux héros de ce film entre action et comédie musicale. 
Crédit :  4 Cats Pictures

Si Disney a déserté les salles de cinéma pour étoffer son offre de streaming sur la plateforme Disney +, le public jeunesse n’est pas en manque de productions originales et souvent de qualité.

Ces dernières semaines, deux films ont occupé le terrain et dépassé les 700 000 entrées. Pattie, la production de la société occitane TAT et Sacrées momies, film espagnol confectionné en grande partie à Barcelone.

Si le premier s’intéresse à la civilisation grecque, le second plonge les petits spectateurs dans le monde égyptien des momies et pharaons. Le scénario est signé Jordi Gasull à qui l’on doit déjà les aventures de Tad. De nos jours, un archéologue découvre une tombe égyptienne. Elle communique avec le monde parallèle des momies. Une reproduction de l’Egypte des Pharaons, mais tous les habitants sont des momies.

Nefer, la fille du pharaon, espiègle et éprise de liberté, refuse de se marier. Elle veut devenir chanteuse. Son père en appelle aux dieux qui désignent Thut comme prétendant. Un ancien conducteur de char de course. Quand le méchant explorateur dérobe un objet sacré, Nefer, Thut, son petit frère et Croc, un crocodile apprivoisé, vont le suivre jusqu’à Londres pour reprendre leur bien.

Une aventure bourrée de péripéties, ponctuées de chansons dont quelques-unes originales. L’ensemble est d’une remarquable qualité, au point que c’est Warner qui a distribué le film, partout dans le monde. Sacrées momies (de même que Pattue) est toujours à l’affiche dans plusieurs cinémas du département. L’occasion de passer un bon moment en famille.

 

Cinéma – Un humain derrière la carapace mortelle de “The Whale”

Un obèse vit ses derniers jours dans son appartement. Comment en est-il arrivé là ? Un film poignant de Darren Aronofsky avec une composition magistrale de Brendan Fraser.

Il est beaucoup question d’enfermement dans The Whale, film de Darren Aronofsky avec Brendan Fraser dans un rôle hors normes. Enfermement dans un appartement pour fuir la société. Enfermement dans un corps devenu piège mortel. Enfermement dans les dogmes religieux pour ne pas avoir à décider par soi-même. Enfermement dans la haine après un abandon.

Tout le film se déroule dans l’appartement de Charlie (Brendan Fraser), un professeur d’anglais qui donne des cours sur le net. Charlie ne veut plus sortir de chez lui. Ne peut plus. Devenu obèse, il se déplace difficilement de son fauteuil, à son canapé, à sa chambre. Avec arrêt à la cuisine pour engloutir des kilos de nourritures surchargées en graisse ou sucre.

Suivi par Liz (Hong Chau), une infirmière devenue sa seule amie, il est sauvé par Thomas (Ty Simpkins) quand ce jeune prédicateur le découvre en train de subir les débuts d’une crise cardiaque. Le diagnostic de Liz est sans appel : sans une hospitalisation immédiate, il ne passera pas la semaine. Charlie refuse, préférant rester seul, dans son appartement, toujours dans l’obscurité, à ressasser son malheur. Car si Charlie s’est transformé en cette baleine quasiment incapable de bouger, c’est après le suicide de son compagnon.

Une fille cruelle 

Sentant effectivement qu’il n’en a plus pour longtemps, il décide de faire ce qu’il n’a pas osé depuis 8 ans : téléphoner à sa fille, Ellie (Sadie Sink). Il ne l’a plus vue depuis ses huit ans, quand il a abandonné son foyer pour rejoindre son étudiant et faire un coming out retentissant. Quand Ellie pénètre dans cet appartement, l’adolescente est décidée à régler ses comptes. Elle sera cruelle pour ce père qu’elle trouve répugnant. Charlie va encaisser, tenter de voir le bon côté des choses : sa fille est intelligente, géniale... Mais cruelle.

Œuvre forte et inclassable, The Whale coche toutes les cases du chef-d’œuvre. Le scénario, tiré d’une pièce à succès, est limpide, servi par un casting au diapason des dialogues. Au niveau interprétation, on est bluffé par Brendan Fraser en obèse qui culpabilise mais ne peut calmer cette boulimie maladive. Même sur le côté santé le film est pointu, décrivant sans fausse pudeur le quotidien de cet homme XXXL mais tellement amoindri.

Et on a droit aux scènes quasi pornographiques de Charlie se jetant sur du poulet frit ou des pizzas dégoulinantes. Sans oublier le passage sur la rédemption, mise à mal malgré l’intervention du jeune prédicateur.

Et l’amour dans tout ça ? Finalement, il est omniprésent par l’entremise de Liz, l’infirmière et aussi Ellie, la jeune fille cruelle mais parfois pour de très bonnes raisons.

Film américain de Darren Aronofsky avec Brendan Fraser, Sadie Sink, Ty Simpkins, Hong Chau
 

dimanche 12 mars 2023

Cinéma - Assumer “De grandes espérances”

On exige de plus en plus des hommes et femmes politiques une exemplarité à toute épreuve. Comme si pour embrasser une carrière gouvernementale il fallait être aussi blanc qu’un ange, pouvoir être canonisé sur-le-champ. Dans la vraie vie, il ne se passe pas une semaine sans qu’un petit scandale ne vienne secouer le microcosme : délit d’initié, fraude fiscale, petits cadeaux entre amis…

Rien de bien grave souvent, mais suffisamment pour provoquer une démission voire une fin de carrière derrière les barreaux d’une prison pour VIP dans les cas les plus extrêmes. Le film de Sylvain Desclous traite sans prendre de pincettes de cette problématique. Avec un cran au-dessus en ce qui concerne le délit originel.

Madeleine (Rebecca Marder) et Antoine (Benjamin Lavernhe) préparent l’ENA. Ils ont de grandes espérances pour la suite de leur parcours professionnel. Fils d’un riche avocat, c’est une suite logique pour Antoine. Par contre, Madeleine vient de la banlieue de Lyon, d’un milieu ouvrier. Ils sont en couple et passent quelques jours de vacances dans une superbe villa.

Sur le chemin de la plage, Antoine peste derrière une voiture trop lente. Il klaxonne, finit par la doubler et fait un doigt d’honneur au conducteur. Quelques centaines de mètres plus loin, la voiture revient en trombe et bloque le véhicule d’Antoine et Madeleine. La querelle dégénère, un fusil de chasse est brandi. Madeleine, pour défendre Antoine, s’empare de l’arme et tue le conducteur irascible. Les grandes espérances vont-elles disparaître avec ce fait divers sordide ?

Antoine et Madeleine décident de prendre la fuite après avoir dérobé l’arme. De retour à Lyon, Antoine disparaît, il ne va même pas à l’oral de l’ENA. Madeleine si, prend sur elle, mais craque en plein entretien. Malgré cet échec, elle va trouver un poste de conseillère auprès d’une députée. Tentant d’oublier Antoine qui se fait discret en prolongeant ses études aux USA, elle se lance à corps perdu dans la politique de terrain, menant de front des recherches sur le monde du travail et s’impliquant pour permettre à des ouvriers de reprendre une usine menacée de fermeture. Mais quand Antoine réapparaît, Madeleine sait que tout va changer et que son meurtre sur une route de Corse pourrait mettre à mal son début de carrière brillant.

Ce thriller dans le milieu sans pitié de la politique française est mené de main de maître par Sylvain Desclous, expert en la matière. Il a notamment réalisé un documentaire sur une élection locale, La campagne de France.

Un film qui permet une nouvelle fois de faire prendre conscience au public que la grande révélation de ces deux dernières années reste Rebecca Marder, parfaite dans le rôle de cette femme forte, prête à tout pour changer la vie. Après Simone ou Mon crime, c’est une nouvelle palette du talent de l’ancienne sociétaire de la Comédie française qui explose à l’écran.

Film français de Sylvain Desclous avec Rebecca Marder, Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot.


 

Cinéma - “Mon crime” ou la belle revanche des femmes

Joyeuse fable féministe se déroulant dans les années 30, “Mon crime” de François Ozon, est la comédie à ne pas manquer en ce mois de mars.

Deux jeunes actrices en tête de distribution de ce film français grand public : Mon crime de François Ozon affiche la couleur. En propulsant les très talentueuses Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder dans les rôles de Madeleine la comédienne et Paulette l’avocate, il prend le pari de la nouveauté, tout en jouant sur une suite de casting prestigieuse. Une démarche logique au regard de la philosophie très féministe et « girl power » de ce film pourtant librement inspiré d’une pièce de théâtre des années 30.

Madeleine et Paulette vivotent à Paris. La première, blonde vaporeuse, comédienne, n’arrive pas à décrocher le grand rôle qui la lancerait au théâtre. La seconde, brune à la langue bien pendue, avocate, ne trouve pas le moindre client qui ose faire confiance à une femme. Cela fait quelques mois qu’elles ne peuvent plus payer leur loyer. Madeleine est encore plus déprimée après qu’un producteur a tenté d’abuser d’elle en échange d’un petit rôle. Le lendemain, un policier débarque à l’appartement. Le producteur a été assassiné d’une balle dans la tête. Madeleine est la principale suspecte. Quand elle comprend que le scandale autour de cette affaire peut lui faire de la publicité, elle s’accuse du crime, persuadée que son amie Paulette parviendra à la faire acquitter.

Duo féministe 

Une comédie virevoltante, aux dialogues enlevés et personnages tous plus croquignolesques les uns que les autres. Car pour mettre en valeur les deux jeunes femmes en mal de revanche dans cette société où les mâles ont tous les droits, le réalisateur a fait appel à quelques célébrités qui ont accepté d’endosser le costume de beaux salauds. Fabrice Luchini est parfait en juge d’instruction sûr de son fait, persuadé que la découverte d’une coupable lui permettra enfin de faire décoller sa carrière. Son ami (Dany Boon), endetté auprès du producteur trucidé, sorte de copie onctueuse et dandy de Fernandel, ferait un coupable parfait. 

Le procureur (Michel Fau), lors du procès, est odieux et d’un machisme qui ferait aujourd’hui s’évanouir la moindre féministe, même encartée à En Marche. Reste le meilleur, la meilleure exactement, Isabelle Huppert, exubérante et grandiloquente dans les tenues éternellement kitsch d’une ancienne gloire du muet. Elle débarque telle une furie dans ce duo féministe qui tente le tout pour le tout afin de sauver une machination mal partie. 

Mon crime, tout en étant indirectement un hommage aux productions du siècle dernier, est un film moderne par son propos et son interprétation. Une réussite comme seul le cinéma français un peu ambitieux sait mener à bien.

Film français de François Ozon avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini

 

samedi 11 mars 2023

Roman - « La Chouette d’or », véritable trésor introuvable

Une journaliste suisse se relance aux trousses de La Chouette d’or. Un jeu de piste et d’énigmes dans un roman qui se déroule en grande partie à Barcelone.


Si Isabelle Mayault, journaliste et autrice, vit en Suisse, c’est la ville de Barcelone qu’elle fait découvrir dans son nouveau roman, La Chouette d’or. Claudia, double de l’auteur, a une vision. Elle voit Beto, le Péruvien, dans le fauteuil de son salon. Quelques heures plus tard, son rédacteur en chef lui apprend que Bepo a été retrouvé assassiné dans son appartement de Barcelone.

Claudia s’envole immédiatement pour la capitale catalane pour relancer son enquête sur la Chouette d’or. Bepo, il y a 18 ans, aurait découvert cet objet au centre d’un jeu de piste et d’énigme. Affirmation qui reste au conditionnel. Claudia, devenu mère, va retrouver la Barcelone de sa jeunesse, quand elle était étudiante et vivait le parfait amour avec Omar.

Le roman, entre nostalgie, découverte de la ville d’aujourd’hui, visions fantomatiques et enquête policière, est foisonnant. On croise des épiciers romantiques, une star du Barça, un ancien footballeur de l’équipe de France et un journaliste de radio (tendance situationniste) reconverti en guide ornithologique.

On découvre aussi au détour des pages les états d’âme de Claudia, pas toujours rassurée dans les rues d’une Barcelone moins sympa que dans sa jeunesse : « En tant que femme, juive et journaliste de surcroît, elle ne se faisait pas d’illusions. Statistiquement, il y avait toujours quelqu’un, quelque part, qui avait envie de la massacrer. Elle aurait aimé vivre une journée dans un monde où ce ne serait pas le cas. […] Non, ce monde-là n’existerait jamais. Et dans ce monde-ci, elle était maudite trois fois. »

Enfin ce roman donne également une explication au fait que jamais personne n’a retrouvé la Chouette d’or. Car le jeu existe vraiment. Et l’explication donnée dans le roman devrait relancer les débats toujours enflammés sur les forums encore très actifs.

« La Chouette d’or » d’Isabelle Mayault, Gallimard, 21 €