dimanche 7 février 2016

Braquage, cavale, otages : les « Enragés » font mal



enragés, wild side video, lambert wilson, gouix, bava, hannezoPremier film d'Éric Hannezo, « Enragés » est le remake d'une série B signée Mario Bava. Ce jeune réalisateur, qui a longtemps travaillé dans le milieu de la télévision (journaliste chez Delarue et aux services des sports de France 2 et TF1), a sans doute voulu en mettre un peu trop. On sent qu'il a cherché à se faire plaisir en multipliant les références aux réalisations qu'il place dans son panthéon. Résultat, malgré une patte technique affirmée, il se perd un peu dans les dédales d'un scénario trop fragmenté et des personnages trop nombreux pour être correctement développés psychologiquement. Cela démarre un peu comme Drive. Sabri (Guillaume Gouix) est au volant d'une puissante routière. Il attend la sortie de ses complices en plein braquage d'une banque. Mais au moment où ils sortent en courant du bâtiment, une patrouille de police passe. Début des problèmes pour le quatuor. Course poursuite en ville (le film a été tourné à Montréal, donnant des airs US à l'ensemble) puis sacrifice du chef blessé (Laurent Lucas, toujours aussi bon dans ces rôles sans nuances). Repérés, les trois survivants se réfugient dans un centre commercial et parviennent à prendre la fuite en prenant une otage (Virginie Ledoyen). Ils changent de voiture et interceptent un père de famille (Lambert Wilson) conduisant sa fillette malade à l'hôpital. A six dans la voiture, ils vont sillonner le pays, multipliant les mauvaises rencontres (motards, épicier acariâtre, villageois avinés), laissant leur trace en rouge sang comme un petit Poucet pour adultes.
Le film, un peu lent malgré une réalisation punchy, semble basculer dans le hors-norme quand la voiture s'arrête, en pleine nuit, dans un village reculé où se déroule une cérémonie digne d'une secte satanique. Un peu de fantastique et d'horreur auraient bonifié cette première réalisation, mais ce n'est qu'une fête traditionnelle. Regrets d'une bonne idée mal exploitée. Reste la fin. Un twist incroyable vient tout bousculer. Preuve qu'il y avait bien des scénaristes derrière ce road movie qui paraissait très creux jusqu'au dénouement. Les bonus offrent un long making-of de plus d'une heure au cours duquel on suit, au jour le jour, les doutes et enthousiasmes du réalisateur.
« Enragés », Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD, 19,99 euros le blu-ray.


DE CHOSES ET D'AUTRES : Nachos, tortillas i pebrots

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Ma femme est une cuisinière d'exception. Non seulement tout ce qu'elle prépare est excellent, mais en plus elle a le don de se renouveler chaque jour. Récemment elle décide de préparer une escalivade de poivrons. Mais le gril de notre four obsolète les cuit à cœur. Ni une ni deux, elle les épluche, mélange avec ail, anchois, sardines et harissa, passe le tout au mixer et obtient une sauce orangée à tomber par terre...
Il en suivit une de ces discussions surréalistes typiques des vieux couples : "Qu'en penses-tu, froide, avec des chips de maïs trempées dedans. Comment ça s'appelle déjà ?" Incollable sur les apéros je réponds du tac au tac "Les Doritos". "Non, ça c'est la marque. Nachos ou tortillas ?" Je me désintéresse de l'affaire, trop concentré sur ma dégustation. Persévérante, elle m'envoie plus tard un message triomphant : "Ces chips de maïs m'énervaient. Finalement j'avais raison pour tortillas ou nachos, selon l'un des sites consultés. Mais un autre forum donne l'avis d'un Mexicain. Il affirme que les tortillas sont de petites crêpes qui constituent la base de tous les repas (comme les Asiatiques le riz, les Belges les patates bouillies et les Français les frites, contrairement à la légende concernant les frites et les Belges...). Bref, il dit que le lendemain les cuisinières coupent en quatre (ce qui explique la forme triangulaire) les tortillas rassises et les font frire pour accompagner l'apéro."
Reste plus qu'à vendre sa sauce de poivrons aux Mexicains. Et d'arroser le tout de tequila ou de mezcal.
Edit samedi : sur le print, le "t" de Pebrots a sauté... C'est comme si j'avais écrit poivros au lieu de poivrons. 

samedi 6 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le Luxembourg dans les étoiles

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Petit par la taille mais ambitieux par les projets, le Luxembourg vient de lancer un programme de conquête spatiale. Mais contrairement aux grandes nations comme la Chine, la Russie ou les USA, le prospère grand-duché ne compte pas se rendre sur la Lune ou autres astéroïdes pour la gloriole.
Le projet, plus pragmatique, est typique de l'esprit de ce petit pays qui doit sa richesse à la multitude de banques, d'une fiscalité allégée et d'une discrétion à toute épreuve. Le Luxembourg cherche des entrepreneurs privés pour exploiter les ressources minières de l'espace.
De la science-fiction pensez-vous ? Plus depuis deux mois et la promulgation par le président américain Barack Obama du "Space Act", une loi autorisant l'usage commercial des richesses potentielles des astéroïdes et de la Lune. Les ressources de la Terre risquent-elles de se tarir ? Pas de problème, allons piller les trésors minéraux de notre satellite et de tous ces cailloux inutiles. Et dès qu'il est question de gros sous, le Luxembourg choisit de faire cavalier seul. Pourtant, il est membre de l'Agence spatiale européenne (ESA). Mais comme le fait remarquer le ministre de l'Économie, "le rythme de travail de l'ESA n'est pas le mien". Et de préciser : "Tous les projets d'investissements prennent des années de discussions et après, on discute pendant des années pour savoir où ces investissements vont se faire."
Impossible de critiquer plus ouvertement la lourdeur de la bureaucratie technocrate de la vieille Europe. Et au Luxembourg, plus qu'ailleurs, le temps c'est de l'argent.

vendredi 5 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : S comme "senior"

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Leur statut ils le signent à pointe de la canne, d'un S qui veut dire seniors (à fredonner sur l'air de Zorro). Le rallongement de l'espérance de vie de la population est inéluctable. Parmi les conséquences de ce papy-boom, on conduit de plus en plus vieux. Très vieux parfois. Qui n'a pas pesté en se retrouvant coincé derrière une voiture qui lambine à 50 à l'heure sur une route dégagée.
Paradoxe : il leur reste moins de temps à vivre que nous, mais les anciens ne sont pas pressés. À l'inverse, les jeunes conducteurs semblent impatients de tester les limites de leur moteur. Ces derniers sont facilement repérables par le "A" qui orne l'arrière de leur véhicule durant une année.
Ce macaron a donné l'idée à un entrepreneur de commercialiser un autocollant orné du signe "S" comme senior. Selon l'inventeur (et vendeur, 4 euros pièce) du concept, ce "disque ne doit s'adresser qu'aux personnes âgées en légère perte de confiance au volant et qui souhaitent se rassurer en étant visible des autres automobilistes." Poser un "S" sur votre coffre arrière ne vous permet pas de rouler comme un escargot, mais au moins, les excités qui se collent à votre pare-chocs sauront que contrairement à eux, vous êtes prudent au volant. Une initiative privée, totalement indépendante des directives de la sécurité routière, mais qui a au moins le mérite de poser le problème de la limite d'âge pour conduire une voiture.
Avec le risque que certains automobilistes, peu charitables, transforment ce "S" en initiale de "sénile".

jeudi 4 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Madame est servie

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Le Gorafi, site d'informations parodiques, se décline désormais au féminin. Depuis la semaine dernière, Madame Gorafi inonde la toile de ses articles caustiques et hilarants. En vérité, les rédacteurs sont de grands malades. Au premier degré. Afin de bien maîtriser leur sujet, ils sont certainement obligés de passer de longues heures dans les salles d'attente, seul lieu où j'ai moi-même l'occasion de parcourir quelques exemplaires de magazines féminins. On y trouve des quiz, des astuces, des reportages de fond sans oublier les incontournables conseils culinaire-beauté-mode.
Dans cette dernière catégorie, ne manquez pas la présentation des "Six débardeurs chics pour distribuer de la nourriture aux démunis". Le second modèle, "un débardeur black et glossy" est idéal pour "une signature rock qui stimulera les personnes qui peuvent mourir de froid cette nuit." Plus c'est méchant, plus c'est efficace. A la rubrique psychologie, Madame Gorafi vous donne "Cinq astuces pour séduire le pervers narcissique idéal". En effet, ces tristes individus, après avoir sévi en toute impunité, sont désormais de plus en plus recherchés. Mais "pas facile de le charmer. Voici nos meilleurs conseils pour ne jamais passer à côté de la chance d'être détruite pour toujours !".
Le site, largement illustré de beaux mecs épilés et musclés, sait aussi aborder les grands problèmes du monde et n'hésite pas à s'engager sur des causes essentielles comme ce virulent réquisitoire intitulé : "Ongles abîmés : le gouvernement Valls va-t-il faire quelque chose ?"
Mesdames, je ne sais pas si vous riez, mais moi j'adore !

mercredi 3 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Juppé, the king of beer-pong

alain juppé,beer pong,républicains,présidentielle,2017Les candidats à la présidentielle sont visiblement prêts à tout pour conquérir le cœur (et les voix) des électeurs. Alain Juppé, lancé depuis des mois dans la primaire des Républicains, a bon espoir de succéder à François Hollande en 2017. Mais le chemin est long. Et pavé de redoutables embûches. En plus d'éliminer Nicolas Sarkozy (on lui souhaite bien du plaisir et du courage), il doit améliorer son image vis-à-vis des jeunes. Au risque de la détériorer auprès des seniors, qui lui sont très majoritairement acquis selon tous les sondages.
Le week-end dernier à Paris, grosse offensive du maire de Bordeaux avec la présentation du club de soutien simplement intitulé "Les jeunes avec Juppé". Dans un bar du XVIIIe - ambiance surchauffée et nombreuses caméras - Juppé tombe la veste, retrousse les manches de sa chemise rayée bleu blanc rouge et affronte Pierre-Yves Bournazel, jeune conseiller de Paris, dans une partie de… beer-pong. Ce "sport", venu des USA, est en vogue. Il nécessite adresse et descente. Adresse des mains, descente de bière. Chaque concurrent lance une balle de ping-pong dans des chopes remplies de bière. S'il atteint la cible, l'adversaire doit en boire le contenu. Une pratique controversée car elle favorise la consommation d'alcool à outrance.
Moralité : l'énarque ancien Premier ministre, par trop rigide, sait s'amuser. Contrairement à son challenger, l'ancien président, qui est sobre comme un chameau. Reste à savoir ce que vont penser les électeurs de Bordeaux à la vision de leur maire engloutissant des litres de bières.

mardi 2 février 2016

Roman : Comment oublier la honte familiale ?

Difficile de se reconstruire après avoir été touché par un fait divers où sa mère est suspecte.
renverse, olivier adam, flammarionEnfance malheureuse, adolescence brisée : Antoine, le narrateur de "La renverse", roman d'Olivier Adam, a littéralement fui sa vie incapable d'assumer une famille compliquée. Cela fait près de dix ans qu'il vivote dans une petite station balnéaire de Bretagne. Il habite dans un petit appartement spartiate, travaille dans une librairie et passe beaucoup de temps à regarder l'océan, perdu dans ses pensées. Il veut oublier cette période de sa vie douloureuse. Elle va lui revenir en pleine face à la faveur d'une nouvelle qui fait la une des journaux télévisés : Jean-François Laborde, maire d'une ville moyenne et ancien ministre, vient de se tuer dans un accident de voiture. Dans le bar où il a l'habitude de prendre un café, l'événement est sur toutes les lèvres. Mais personne ne sait qu'Antoine est directement concerné par cette disparition. Cet homme, au centre d'un scandale, a brisé le cercle familial. L'essentiel du roman revient sur l'affaire.
Le violeur et sa complice
La mère d'Antoine, bourgeoise un peu prétentieuse, a rencontré Jean-François Laborde quand Antoine était adolescent. Il ne sait pas exactement dans quelles circonstances, mais ce maire de droite, ambitieux, a été charmé par cette parent d'élève très active. Elle se retrouve sur la liste, est élue, devient adjointe et bras droit de Laborde. Antoine, un peu rebelle, n'en tire aucune fierté. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que sa mère est la maîtresse de Laborde. Et que derrière le vernis de rigueur et de moralité exemplaires, se cache une vie sexuelle dissolue. Le scandale éclate quand deux employées de la mairie portent plainte pour viol. Laborde est accusé, la mère d'Antoine suspectée d'être sa complice, sa rabatteuse. Démission, mise en examen, honte… Du jour au lendemain, la vie d'Antoine bascule. Il s'isole puis trouve une oreille compatissante en la personne de Lætitia, la fille de Laborde. Elle aussi est victime du scandale. "Être la fille de Jean-François Laborde la dégoûtait. La détruisait. Elle ne supportait plus le regard qu'on portait sur elle. (...) Je connaissais ça par cœur. En dépit de tout ce que je pouvais prétendre, être le fils de ma mère était un calvaire. Être insulté ou pris en pitié était un calvaire". Tous les deux ils disparaîtront, se cacheront, tenteront d'oublier ce passage de leur vie. Ce roman est celui de l'adolescence blessée, de la famille explosée, du scandale des politiques qui se croient tout permis. On s'identifie au narrateur, comprend sa volonté de disparaître, de ne plus souffrir d'une étiquette qu'il n'a pas choisi. Un droit à l'oubli mais à fort prix.
"La renverse" d'Olivier Adam, Flammarion, 19 euros.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Touchez pas à mon clavier

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Le ministère de la Culture s'intéresse à nos claviers d'ordinateurs. Avec l'objectif de mieux préserver les spécificités de la langue française, la rue de Vallois vient de lancer un grand chantier de rénovation. En plus de rendre le @ plus accessible, il s'agit de permettre d'écrire les lettres accentuées avec plus de facilité. Ainsi les é, è et ê auront des touches propres qui pourront passer en capitales. De même que le ç. Par contre pas question de toucher au fameux "azerty.. » qui nous est spécifique par rapport au "qwerty" des pays anglo-saxons. Au total une quinzaine de touches devraient être modifiées dont celle du point. Paradoxalement, il fallait utiliser deux touches pour terminer une phrase et une seule pour le point-virgule, pourtant rarement utilisé au quotidien. Les nouveaux claviers sont annoncés pour l'année prochaine.
J'avoue ne pas être pressé d'en changer. J'ai mis tellement de temps à m'habituer et mémoriser l'implantation actuelle, que reprendre tout à zéro me désespère d'avance. Sans compter les risques supplémentaires d'erreurs.
PS (en forme de mea culpa) : Reçu ce mail d'Aline P., parmi d'autres, après la parution de la chronique de vendredi : "J'espère que vous n'allez pas agoniser de honte après avoir reçu lettres et messages de lecteurs qui vous auront agoni d'injures et de sarcasmes !" A ma très grande honte en effet, j'ai confondu les verbes agoniser et agonir... Au moins, le Canard Enchaîné (rubrique "Dans la presse déchaînée") peut se frotter les mains !

lundi 1 février 2016

Livre : Nouvelles des singes


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Renaud Cerqueux doit avoir un petit faible pour les singes. Dans deux des nouvelles composant ce recueil pourtant très diversifié, ils tiennent un rôle important. Des nouvelles qui risquent de vous plomber le moral, le monde décrit par cet écrivain français n’étant pas folichon.
Comme la vie du personnage principal du premier texte. Ce commercial a tout pour être heureux. Une femme jolie et aimante, des enfants en pleine santé, une belle maison, voiture de fonction. Pourquoi alors est-il tellement déprimé qu’il a l’impression qu’un chimpanzé le suit partout ? Un singe mal élevé, qui pisse sur ses rendez-vous ou se masturbe ostensiblement lors de ses rendez-vous galants avec sa maîtresse ? Un singe qui a une histoire : ce serait le fantôme du premier astronaute américain, un dénommé Enos qui a pris la place d'un fier conquérant.
Un autre singe intervient dans la nouvelle se déroulant en pleine jungle amazonienne. Un orang-outang. Bizarre car le personnage principal, un ancien trader devenu orpailleur en Guyane, sait parfaitement que cette espèce ne vit pas sous ces latitudes. Dans un bordel glauque, le singe fume un joint et engage la conversation avec l’homme blanc. Ce n’est pas un singe, mais Dieu. Extraterrestre en exil forcé, il a créé les humains pour se divertir. Et depuis il ne le regrette pas...
Par ailleurs scénariste de BD, Renaud Cerqueux propose également des textes sur les irradiés japonais, la mythologie zombie et même le Père Noël. Totalement barré et très dépaysant.
« Un peu plus bas vers la terre », Le Dilettante, 17 euros



Livre : Moites tropiques

alie,guyane,hc éditions
Dans un village à l'orée de la forêt amazonienne, la vie s'écoule aussi lentement que poussent les arbres majestueux. Une petite communauté loin de tout, où tout le monde se connaît et passe quasi quotidiennement dans la petite échoppe de Félicité. Une des nombreuses femmes de ce roman torride de Marijosé Alie.
Félicité "avait beaucoup donné, exultant son corps avec urgence ou volupté, mais elle n'avait pas tellement eu le temps d'aimer". La belle, généreuse avec ses clients, s'occupe de toute la marmaille du village. Notamment de Marie, la fille d'une de ses cousines. Parmi les autres femmes de ce roman, on croise la mère de Félicité, une centenaire atteinte d'Alzheimer qui s'est réfugiée au plus profond de la forêt, Julie, une Parisienne blasée et sa compagne Maïla, ancien mannequin. Toutes convergent vers le village qui bruisse de rumeurs. Il se passerait d'étranges choses dans la forêt, même les Indiens se méfient. Le fameux convoi qui donne son titre au roman n'est pas loin.
Ancienne journaliste, originaire de la Martinique, Marijosé Alie signe son premier roman, largement alimenté par ses reportages en Guyane. Elle raconte ce pays, ses croyances et ses espoirs avec une sensibilité toute féminine, voire féline. On retrouve dans ses écrits la sensualité de son tube sorti durant les années 80, "Caréssé mwen", un des premiers zouk-love à conquérir la métropole.
"Le convoi" de Marijosé Alie, HC éditions, 19 euros.