jeudi 5 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Plus d'élus que d'électeurs

A moins de trois semaines du scrutin, les élections départementales des 22 et 29 mars augurent du pire côté participation. A vous les sceptiques, persuadés que les électeurs, dans un sursaut citoyen, se déplaceront en masse, je dédie cette petite histoire peut-être pas si anecdotique. Le binôme représentant la gauche, candidat dans un canton tenu par la droite, organise une réunion d'information pour présenter son programme. A l'heure du rendez-vous, la salle reste désespérément vide. Finalement deux personnes arrivent et prennent place. Dont le maire de la commune, par ailleurs conseiller général sortant et candidat à sa réélection. 

Les représentants de la gauche présentent leur projet comme si de rien n'était. Une réunion publique avec quatre candidats et zéro électeurs... Voilà pourquoi la participation ne s'annonce pas fameuse. Après, on pourrait imaginer une situation de blocage inédite. Personne ne se déplace pour voter (ils ont boudé les réunions, pourquoi gâcher leur dimanche dans un isoloir ?) et chaque « duo » se retrouve avec ses deux seules voix. Égalité parfaite façon « École des fans ». 

Jacques Martin n'est plus, quid du second tour ? Mon esprit tordu se demande si le plus vieux l'emportera ou si le choix s'établira en additionnant l'âge des membres de chaque binôme. Totalement absurde, à l'image d'une élection qui ne le semble pas moins. Car comment savoir si les conseillers élus le resteront longtemps : les débats à l'Assemblée nationale portent en ce moment sur la suppression de certains départements...

(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant)


mercredi 4 mars 2015

DVD - Une vengeance à plus de 100 cadavres dans le film d'action "John Wick"

« John Wick » est colère. On lui vole sa voiture et on tue son chien. Malheur au petit voyou...

Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick (Keanu Reeves) passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire jusqu’à ce qu’un malfrat sadique, nommé Iosef Tarasof (Alfie Allen), remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef, n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof (Michael Nyqvist). La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses.
Film d’action absolu, les combats vont crescendo. Keanu Reeves s’est entraîné durant de longs mois pour maîtriser les arts martiaux. Mais comme son arme de prédilection reste le pistolet, il a imaginé le « gung-fu », mélange de kung-fu avec un gros calibre à la place du nunchaku. La mafia russe lancée à ses trousses est rapidement décimée. Ils ont beau être des dizaines à l’attaquer, ils ne font pas le poids. À l’arrivée, le spectateur pointilleux peut se mettre à compter le nombre de cadavres. À vue de nez, on dépasse la centaine... Réalisation nerveuse, dialogues minimalistes, acteurs secondaires excellents (Michael Nyqvist notamment), le film est un concentré d’adrénaline. Au rayon des bonus, le making of est fractionné en une dizaine de petits reportages du Code de conduite des tueurs à la présentation du Blue Circle, la boîte de nuit secrète réservée à la pègre new-yorkaise.

« John Wick », Metropolitan films, 19,99 le DVD, 24,99 euros le blu-ray


mardi 3 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Enfoirés de paternalistes

Il est de ces chansons, incarnations parfaites de l'air du temps. Jean-Jacques Goldman excelle dans le genre. Compositeur de l'hymne des restos du cœur au moment du lancement de l'association de Coluche, il récidive cette année.

En 1986, il faisait chanter aux Enfoirés, "Aujourd'hui, on n'a plus le droit ni d'avoir faim, ni d'avoir froid. Dépassé le chacun pour soi. Quand je pense à toi, je pense à moi." Succès immédiat et personne pour protester. Trente ans plus tard, le ton change résolument. La chanson "Toute une vie" est établie sur le contraste entre une chorale de jeunes et celle des Enfoirés. Les premiers s'indignent "vous aviez tout : liberté, plein-emploi. Nous c'est chômage, violence et sida." Réponse, à la limite du discours réactionnaire, à tout le moins très paternaliste : "Tout ce qu'on a, il a fallu le gagner, à vous de jouer, mais faudrait vous bouger."
Véritable clash intergénérationnel, le message porté par cette chanson serait mal compris selon ses interprètes. La mise en scène du clip place les mauvais jeunes, fainéants et individualistes face aux bons artistes, solidaires et payant de leur personne pour aider les pauvres. Non seulement le propos est réducteur à outrance, mais en plus, comme l'a souligné le site BuzzFeed, on a plus l'impression d'entendre la profession de foi de l'UMP que l'héritage de Coluche.
Alors à choisir, je vous conseille plutôt d'acheter l'excellent disque de reprises des chansons de Jean Ferrat avec Marc Lavoine, Dionysos, Thiéfaine ou Cali qui revisite "La Montagne".

Gomorra et Girls, séries en « G » comme Géniales


Diffusée sur Canal + jusqu’à la semaine dernière, l’intégrale de la première saison de la série “Gomorra” est à retrouver dans ce coffret de quatre DVD ou trois blu-ray. Adaptée du roman de Roberto Saviano, cette production italienne plonge le spectateur dans le monde impitoyable de la mafia sicilienne. Don Pietro (Fortunato Cerlino) dirige d’une main de fer ses troupes. Son fils Genny (Salvatore Esposito) doit lui succéder. Mais ce gros garçon, encore dans les jupes de sa mère, doit s’aguerrir. C’est la mission de Ciro (Marco D’Amore), un porte-flingue du parrain. Ces douze épisodes de 52 minutes montrent une Naples peu touristique. L’action se passe essentiellement dans des cités misérables ou en prison, où Don Pietro va passer beaucoup de temps à cause des errances de son fils. Heureusement Imma (Maria Pia Calzone), son épouse, est là pour reprendre les affaires en main. Du suspense, des coups fourrés, beaucoup de violence et une fin qui laisse entrevoir une saison 2, “Gomorra” passionnera les amateurs de séries sombres et réalistes.
Rien à voir avec l’univers de “Girls” la série de Lena Dunham diffusée sur HBO aux USA et OCS en France. Viennent de sortir simultanément l’intégrale de la saison 3 ainsi qu’un coffret reprenant la trentaine d’épisodes des trois saisons. Lena Dunham interprète le rôle de Hannah Horvath, jeune New-yorkaise tentant de percer dans l’édition. Petite, grosse, très délurée et totalement barrée, elle tente d’avoir une relation “normale” avec Adam (Adam Driver), comédien encore plus déjanté que sa petite amie par intermittence. Autour de ce couple improbable gravite trois amies : Jessa, la camée incontrôlable, Marnie, la gravure de beauté pleine de principes et Shoshanna, l’éternelle étudiante en mal d’amour. Bourrée de scènes très osées, tant par les propos que les actes (sexuels essentiellement) Girls prouve que la télévision américaine peut produire des programmes d’une grande originalité, loin du formatage des tristes sitcoms aux rires enregistrés.
« Gomorra », Studiocanal, 29,99 euros le coffret DVD, 39,99 euros le coffret blu-ray.

« Girls », Warner Bros, intégrale des trois saisons, 40 euros, saison 3, 20 euros

lundi 2 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Un rôle pointu

Mort une première fois dans le second long métrage tiré de la série télé Star Trek (bien qu'il ressuscite dès le 3e opus), Monsieur Spock est en définitive réellement décédé. Ou plutôt son interprète, Léonard Nimoy, a rendu l'âme vendredi à l'âge de 83 ans. Comme Dracula, Tarzan ou Zorro, Spock fait partie de ces rares personnages de fiction connus de quasi totalité de la planète. Pourtant, Star Trek n'a duré que trois saisons. Mais ses multiples rediffusions sur toutes les chaînes terriennes de télévision ont rendu incroyablement populaire cet extraterrestre originaire de Vulcain, aux sourcils aigus et aux oreilles pointues. Surtout il est devenu une sorte d’icône auprès des « trekkies », les fans de la série et des films. Pour se déguiser en Spock, rien de plus facile : une paire de fausses oreilles pointues et l'air maussade en permanence. Il s'avère plus compliqué de réaliser comme lui le salut Vulcain, les doigts écartés en V. Personnellement, j'y arrive parfaitement de la main droite mais en suis totalement incapable de la gauche... 
Le président Obama, qui a publié un communiqué dans lequel il avoue « I loved Spock » (j'adorais Spock) a rencontré Leonard Nimoy en 2007 et l'a salué de cette façon. Ce qui est moins connu, c'est l'origine du geste. D'ascendance juive, l'acteur a simplement recyclé un signe utilisé dans les bénédictions. Le V a la forme de la première lettre du nom du tout-puissant en hébreu. Leonard Nimoy a beaucoup souffert de son célèbre anonymat. Acteur complet, il a également figuré au générique d'autres séries comme Mission Impossible. Mais pour l'éternité et dans toutes les galaxies, il restera Monsieur Spock.  

DE CHOSES ET D'AUTRES - Cinquante nuisances

Qui aime bien châtie bien. Cette maxime est idéale pour parler, en mal forcément, du phénomène de ce début d'année qu'est « Cinquante nuances de Grey ». Avant d'être le film aux deux millions d'entrées en une semaine, les aventures érotico-sentimentales de Grey et de la jeune Steele, ont fait rêver des millions de femmes dans sa version roman. Fanny Merkin a fait bien mieux. Dans « Cinquante nuisances d'Earl Grey », elle mélange thé et tétons, sucre et stupre. 
La trame de cette parodie qui, selon les éditions Milady, « vous fera mouiller le sachet », est en tous points identique à l'original. Un milliardaire, beau et expérimenté séduit une étudiante, pauvre et vierge. Là où le roman de base n'arrive pas une seconde à nous faire croire à cette histoire trop belle pour être propre, la parodie devient presque plus crédible. Earl Grey a beau être milliardaire, dominateur et habitué au pouvoir, il n'est pas du tout sur la même longueur d'onde de la petite Anna. Il veut bien pêcher, mais pas pécher... Il leur faudra 250 pages (et 50 nuisances) pour se trouver. Et à défaut de mouiller, vous rigolerez...
"Cinquante nuisances de Earl Grey", Fanny Merkin, Milady, 9,90 euros


dimanche 1 mars 2015

Cinéma - Une déesse, un Sanctuaire, des chevaliers

Retour des “Chevaliers du Zodiaque”, manga mythique des années 80.

Les nostalgiques du monde merveilleux des dessins animés japonais vont adorer. Après l’adaptation d’Albator, débarquent sur grand écran les “Chevaliers du Zodiaque”.

Ce film entièrement en images virtuelles est à des millions d’années lumière de l’animation sommaire de la série originelle. Au contraire, le luxe de détails et la fluidité des mouvements démontrent les incroyables progrès réalisés en trois décennies.

La déesse Athéna est cachée sur terre. Le grand Pope veut la tuer pour régner en maître absolu. A ses 16 ans, son tuteur lui révèle sa véritable identité. Elle rencontre aussi les chevaliers de bronze chargés de la protéger. Une première partie sur Terre, avec beaucoup de combats et un peu d’humour, puis un final dans l’arc du Sanctuaire aux décors grandioses. Et encore plus de combats... Du grand spectacle pour grands enfants pas trop regardants sur l’histoire mais avides de scènes fortes et de jolie fin. Une certaine idée que l’on se fait de la vie des Dieux quand on est encore en culottes courtes.

samedi 28 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le salon où on rigole

La dernière scène à la mode ne se trouve pas là où on le croit. Les cafés théâtres ou scènes de stand-up sont dépassés. Le nouveau comique français s'est donné rendez-vous cette semaine au salon de l'agriculture. Comme si la proximité des bêtes à concours provoquait une alchimie génératrice de traits d'humour et de sentences assassines. François Hollande a hérité de la rude tâche de passer en premier. Une inauguration un peu tristounette. Point de saillie mémorable comme celle de l'an dernier quand il a répondu à un gamin à la recherche de Nicolas Sarkozy, que ce dernier ne viendrait plus... Justement cette bête de scène qu'est l'ancien président a fait son come back depuis. Au salon, il a connu l'un de ses plus beaux succès d'improvisation avec un « Casse-toi pov' con » d'anthologie. Cette année il s'est contenté de charrier le président et sa nouvelle promesse non tenue. 
Les deux stars ont du mourron à se faire, les petits jeunes poussent derrière. Un certain Fillon, François de son prénom, a tenté la déclaration fracassante. A la question quel est votre projet pour les agriculteurs, il s'est contenté d'un laconique « Moins les emmerder. » Mais la vedette cette année est sans conteste un petit taureau ibérique. Il a fait fort en s'enquillant une quantité astronomique d'alcools plus ou moins forts. Tout rouge et transpirant, il en a perdu sa rigidité quasi cadavérique. S'égosillant à la recherche de Le Foll, son ministre et guide, il a carrément sauté une barrière de sécurité pour s'inviter en direct sur le plateau d'une émission. Retenez son nom, il a un bel avenir dès qu'il se lâche : Manuel Valls

vendredi 27 février 2015

BD - Les malheurs de la famille


Dans ce Rouergue imaginaire, en plein moyen âge, Michel Folco a imaginé le destin incroyable d'une fratrie peu commune. « Un loup est un loup », paru aux éditions du Seuil, est adapté par Pierre Makyo et dessiné par Federico Nardo. Un sabotier de la petite ville de Racleterre va être papa. Quand les premières contractions apparaissent en pleine nuit, il court chercher la sage-femme. Le travail est long. Et après la naissance de Clodomir, un autre bébé se présente. Des jumeaux ? Non, au final des quintuplés, quatre garçons et une fille. Le dernier, Charlemagne, est le plus futé, le plus intelligent. Ils grandissent dans l'admiration de leurs parents et de toute la population du village. Pourtant le sabotier a bien des soucis. Il doit dans un premier temps se battre en duel avec un maître d'armes susceptible. Plus habitué à manier les outils de précision que le sabre, il s'impose avec une botte secrète qui deviendra légendaire. Quelques années plus tard, il est mordu par un animal enragé. Une vache. Mis en quarantaine, il ne supportera pas cet enfermement et tentera une sortie de force. La garde l'occis. Ses enfants lui promettent : ils le vengeront. Un album fidèle au roman, qui fait la part belle à ces enfants, mignons mais inquiétants.
« Un loup est un loup » (tome 1), Glénat, 14,95 €




jeudi 26 février 2015

Cinéma - “Hungry Hearts” ou les déchirements d’une famille

Ils s’aiment à la folie mais l’arrivée d’un enfant change tout.

Les histoires d’amour finissent mal, en général », chante Catherine Ringer. Cette alchimie qu’est le coup de foudre est parfaitement décortiquée dans la première scène, absolument géniale “de “Hungry Hearts”, film de Saverio Costanzo. Mina (Alba Rohrwacher), jeune Italienne, se retrouve bloquée dans les minuscules toilettes d’un restaurant chinois de New York en compagnie de Jude (Adam Driver). 
Dix minutes plus tard, ils s’aiment. A la folie. Jusqu’à vivre ensemble, se marier et rapidement Mina se retrouve enceinte. Là, tout bascule. Mina, au contraire de Jude qui est ingénieur, est sensible à l’invisible. Elle consulte une voyante qui lui annonce que son enfant sera unique. Autant Jude se réjouit de l’arrivée de ce bébé, autant Mina s’interroge sur son avenir et celui de sa famille. Après l’accouchement, par césarienne, Mina veut protéger son enfant des ondes négatives. Un refus du progrès qui risque de transformer le beau bébé en petite chose rachitique. Jude va devoir réagir.

Trop amoureux
Ce drame, entièrement tourné à New York, est porté par les deux acteurs principaux. Alba Rohrwacher, l’Italienne, joue avec réalisme la dérive de cette femme apeurée, affolée, impuissante à protéger sa progéniture. Adam Driver, l’Américain, campe un père responsable mais encore trop amoureux de la mère de son enfant pour prendre des décisions irrévocables. L’un comme l’autre s’aiment, s’opposent puis s’affrontent dans les affres d’une famille déchirée.