mardi 5 septembre 2006

BD - Rockeurs français rêvant de Londres


1990 en Provence. Deux copains, Thibault et Alex ont pris leur décision : au soleil de Marseille, ils préfèrent la pluie de Londres. Exactement c'est le milieu musical londonien qui les fait rêver. Ils prennent une année sabbatique et rejoignent l'Angleterre en bus. Ils ne partent pas tout à fait à l'aventure puisque Thibault a déjà vécu une année outre-Manche dans le cadre d'un échange Erasmus. Il compte se faire héberger chez son ancien correspondant. Mais arrivé sur place, il trouve porte close. Andrew a déménagé. C'est le début d'une grosse galère. Sylvain Runberg a puisé dans ses périples britanniques pour élaborer cette histoire  dessinée par Phicil.
Futuropolis, 4,90 €

lundi 4 septembre 2006

BD - Raspoutine, le grand manipulateur


Mais que faisait Raspoutine dans les montagnes syriennes en 1900 ? Tarek, le scénariste de cette nouvelle série dessinée par Vincent Pompetti donne une partie de réponse. Ce manipulateur né aurait volé dans un monastère orthodoxe un manuscrit portant un des secrets les mieux gardé de l'Eglise. Avec cette arme absolue il va pouvoir se lancer à la conquête du pouvoir en Russie. Mais au Vatican, les plus hauts responsables voient d'un très mauvais oeil l'ascension de ce « fornicateur ». Si la première partie de l'album est un peu austère, la suite, quand Raspoutine impose sa fascination à toutes les jouvencelles de Saint-Pétersbourg, est beaucoup plus intéressante. Sa science de la conspiration fait des merveilles. EP Éditions, 12,60 €

dimanche 3 septembre 2006

BD - Aventures au cimetière


La bande dessinée se féminise. Notamment côté dessin. Depuis quelques années on assiste à l'éclosion de nouveaux talents. Souvent influencées par le manga, ces petites nouvelles font merveille dès qu'il y a un peu de sentiment et de féerie. Lillycat fait partie de cette prometteuse génération. Son premier album a pour héroïne Mina, une jeune adolescente renfermée et nostalgique. Sa maman est morte il y quelques années. Ce n'est pas dit clairement mais le lecteur comprend qu'elle s'est suicidée. Le père tente de refaire sa vie. Mina rejette ses conquêtes et la veille d'Halloween décide même de passer la nuit sur la tombe de sa mère. Mais la nuit, dans le cimetières, des phénomènes étranges et mystérieux peuvent se produire. Mina va être entraînée au pays des goulues. Un monde fermé aux vivants. C'est à cette occasion que Mina se rend compte qu'elle n'est pas comme toutes les petites filles. Elle possède un « coeur de cramé ». De ce fait elle se retrouve avec des puissances ténébreuses aux trousses. Une série pleine d'invention écrite par Lylian et Nori. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

samedi 2 septembre 2006

BD - Paris sur Nil


Denis-Pierre Filippi aime inventer des mondes compliqués mais cohérents. L'histoire de cette série dessinée par Camboni se passe à Paris en 1905. Mais le Paris décrit est totalement différent de celui que tout le monde connaît. La ville lumière a subit une forte influence architecturale égyptienne. On se déplace en voiture mais aussi en dirigeable. Et surtout les fantômes sont monnaie courante. Des esprits qui trouvent refuge dans l'enveloppe corporelle d'humains normaux. Ils deviennent alors des Inspirés. Et parfois, des Déviants décident de massacrer les Inspirés. Néfésis est le nom de guerre de la jeune Margot, étudiante en égyptologie. Masquée et aidée de son double fantôme égyptien, elle maintient l'ordre dans les rues de la capitale. Mais cette fois elle aura fort à faire face à une entité maléfique aux pouvoirs extraordinaires. Elle sera aidée, contre son avis, par l'inspecteur Elias, lui aussi secondé dans son travail par un « ghost ». Histoire passionnante, dessins d'une grande fluidité : une bonne surprise de la collection Empreintes. (Dupuis, 13,50 €)

vendredi 1 septembre 2006

BD - Service public du rire


Si le service public est de plus en plus remis en cause, notamment dans les zones rurales, ce 7e album des Fonctionnaires pourrait apporter de l'eau au moulin de certains technocrates persuadés que cette engeance est coûteuse et peu travailleuse. Mais il s'agit d'une caricature. Le trait est très forcé. Bloz (dessin) et Béka (scénario) se moquent d'ailleurs de plus en plus dans ces recueils de gags des directives ministérielles, soit aberrantes, soit en retard d'une réforme. Bref tout le monde en prend pour son grade et le lecteur rigole bien. Un album un peu plus romantique car un nouveau personnage fait son apparition : Mélissa. Jeune, jolie mais célibataire, elle cherche désespérément à se caser. Draguant ses collègues, notamment Antoine, le seul stakhanoviste du service, elle va de désillusion en désillusion. Seul Riboulet est raide dingue amoureux. Riboulet, personnage récurrent, le plus tire-au-flanc de la bande. Le plus sympathique aussi. Comme c'est étrange, malgré nos critiques, rêverions-nous tous en secret d'un poste de fonctionnaire planqué ? (Bamboo, 9,45 €)

jeudi 31 août 2006

BD - "Zone mortelle", la molécule et les diables


Tester de nouveaux médicaments avant leur mise sur le marché comporte une part de risque qui encore tout récemment s'est mal terminé pour quelques cobayes anglais. C'est un peu le thème de "Zone mortelle" cette série écrite par Thomas Mosdi et dessinée par David Vogel. Trois étudiants ont développé des facultés psychiques anormales en ingérant une nouvelle molécule. Problème, ils deviennent de dangereux tueurs psychopathes. Poursuivis par l'armée française et des mercenaires payés par le laboratoire fautif, ils explorent leur pouvoir, décuplé quand ils sont en colère. C'est au cours d'une querelle entre eux qu'ils additionnent leurs facultés et donnent naissance à un monstre de feu. Il s'appelle Hadès et semble indestructible. Cela donne une scène finale dans une carrière désaffectée du Lot des plus mouvementée. Ce quatrième tome, le dernier de la série, s'éloigne du polar pur et dur pour flirter avec le fantastique. Mais Hadès aura peut-être d'autres occasions pour déchaîner sa fureur contre les humains ? (Delcourt, 12,50 €)

mercredi 30 août 2006

Roman - Collision de fuites avec "Valdingue" de Nathalie Carter

Natalie Carter, dans « Valdingue », son premier roman, fait se rencontrer deux âmes en fuite.

Antonin, treize ans, n'a jamais connu ses parents. Recueilli très jeune par un couple de paysans basques, il a adopté la rudesse du pays. Courant dans la montagne, toujours à la recherche d'une liberté inaccessible, il a mûrement préparé sa fuite. Il met le feu à la ferme, sachant que le « vieux » est toujours à l'intérieur. Après un passage par un pic abritant un nid de vautour, il rejoint une autre vallée, bien décidé à retrouver sa mère qui serait aux USA. Une rencontre changera ses plans. Une femme, peintre célèbre, le recueille dans sa voiture. Elle le prend pour quelqu'un d'autre, son fils disparu. Antonin, dérouté, joue le jeu. Juste le temps de se rapprocher de la grande ville croit-il. La cavale de ce couple improbable, au vécu déchirant les conduit dans une maison au bord de l'océan. C'est là que la foie et la fureur trouvera un terreau favorable.
Premier roman de Natalie Carter, scénariste pour le cinéma et la télévision, explore les limites de la folie. La psychologie des personnages est dévoilée par petites touches. Elle a également soigné les lieux de l'intrigue. On sent là l'expérience du cinéma qui accorde beaucoup d'importance aux décors. 
« Valdingue » de Natalie Carter. Éditions Robert Laffont. 17 €

mardi 29 août 2006

Roman - Cinquantenaires en vadrouille

Jean-Marc Roberts de souvient de ses copains, de sa jeunesse, des premiers flirts. Aujourd'hui il a  « Cinquante ans passés ». 


La mémoire nous joue toujours des tours. Elle s'accumule sans cesse. Chaque jour passé est un jour de souvenirs. Quand on atteint la cinquantaine, on sait que les souvenirs passés sont plus nombreux que ceux à venir. Jean-Marc Roberts dans « Cinquante ans passés » feuillette cette histoire révolue, son histoire. Ou plus exactement l'histoire de trois copains, jeunes chiens fous profitant de la vie au maximum. Des années plus tard, aujourd'hui donc, ils se retrouvent pour aller à l'anniversaire d'un quatrième larron. En chemin, alors qu'ils ressassent leur riante jeunesse, ils en retrouvent l'insouciance en changeant de direction, décidant qu'il serait plus marrant d'aller faire une virée à Londres. 
Il est souvent question de musique et de jeunes filles dans leurs débats. Sur ce dernier sujet le narrateur se souvient de Maryse : « la première fiancée dont j'ai caressé les seins, au cinéma Marignan, un mercredi à 16 heures. Sans doute un De Funès, peut-être Le grand restaurant ». Au gré de la discussion, chacun ne peut s'empêcher de se remettre en cause. Avec des « si », les souvenirs se transforment en romans non écrits. Jean-Marc Roberts, lui, romance son passé, remettant au passage en lumière la mémoire de Teddy Gaillard, un des Frères ennemis, disparu du jour au lendemain. Qui se souvient de lui ? Pourquoi a-t-il tout arrêté d'un coup ? Pourquoi pas eux ? 100 pages de pure nostalgie. 
« Cinquante ans passés » de Jean-Marc Roberts. Éditions Grasset. 11 €.

lundi 28 août 2006

Roman - La haine au ras du sol de "Corpus Christine" de Max Monnehay

"Corpus Christine", de Max Monnehay, explore les limites de la haine entre mari et femme.



Si l'on a le malheur de vivre en couple, on ne ressort pas indemne de ce roman âpre et dérangeant. Et malgré des années de bonheur conjugal sans nuages, on ne peut s'empêcher de se demander : "Et si cela m'arrivait à moi aussi ?"
Le narrateur, dans un langage très mouvementé et haché, on comprend pourquoi au fil des pages, raconte au lecteur qu'il interpelle parfois, son calvaire et sa déchéance. Condamné en position verticale "depuis sa chute" sur laquelle il reste très discret, il ne se déplace plus dans son appartement qu'en rampant. Mais il n’est pas seul. Sa femme continue de vivre avec lui. Mais au lieu de l’aider, elle le brime, l’affame. Seul a ruminer des mauvaises pensées le nez au plancher, le mari va raconter le coup de foudre pour cette joggueuse croisée dans la rue. Leur rencontre, le bonheur des premiers mois de vie commune, les bons moments partagés… Jusqu’à ce fameux jour.

Dramatique et... loufoque
Devenu un pantin sans défense, elle va se venger de ces années de simulation. Notamment en l’affamant. Quand il parvient à voler un pot de moutarde oublié dans la cuisine, il va goulûment s’en repaître. Résultat il a mal au ventre s’en plaint et en profite au passage pour pousser une gueulante contre le lecteur interloqué imaginant même ce qu’il pense : "Mais pourquoi se sent-il obligé de nous décrire ses brûlures d’estomac ? Quand va-t-il cesser de se plaindre à la fin ? Va-t-il crever qu’on en finisse !"
Mais le calvaire n’en est qu’à ses débuts. De plus en plus faible et affamé, sa femme va s’attaquer à sa famille, lui donnant, telle une offrande, le petit orteil sanguinolent de sa mère… Impuissant, il jure de se venger mais au bout de quelques jours doit réagir, "La chair pourrit. Elle empeste quand elle se décompose. Elle engendre la vermine. Je vais devoir me débarrasser de l’orteil de ma mère. Un enterrement n’étant pas envisageable, ne me reste que la chasse d’eau en guise de sépulture."
Tout l’intérêt de ce premier roman réside dans cette opposition continuelle entre une situation tragique, révoltante, pathétique et un certain détachement, une désinvolture qui nous rappelle sans cesse qu’il ne s’agit que d’une pure fiction sortie de l’imagination de Max Monnehay qui n’a que 25 ans. "Corpus Christine" est son premier roman. Une signature à suivre.

"Corpus Christine" de Max Monnehay. Éditions Albin Michel. 15 euros.

dimanche 27 août 2006

Thriller - Dangereux "Eden"

Les manipulations génétiques des hommes et des végétaux risquent de se transformer en un cauchemar sans nom…


Les éco-terroristes passent à l’attaque dans ce roman policier, assaisonné avec un gros zeste de fantastique, écrit par Bretin et Bonzon. Un petit groupe d’idéalistes, après des mois de rencontres et de palabres sur internet ou dans des bistrots, décident de frapper un grand coup. Ils prennent le nom d’Eden et décident de détruire les serres Naeliev en Suisse. Ils suspectent ce jardinier spécialisé dans les créations de roses, d’obtenir ses nouvelles variétés en faisant des manipulations génériques. L’opération se déroule comme prévu mais étrangement, il ne sera pas du tout fait état de cette action d’éclat dans la presse. 

Mystérieuse éprouvette
Naeliev, ancien chercheur des pays de l’Est, cultive le secret. Et le lecteur commence à se demander si les expériences ne dépassaient pas le simple cadre des roses. D’autant que Thomas Hearing, le cerveau d’Eden, a dérobé avant l’embrasement total, une mystérieuse éprouvette. C’est aussi à ce moment que les ennuis débutent pour lui et ses complices. Lui car il a été contaminé par le produit et commence à sentir le changement à l’intérieur même de sa chair. Les autres car ils sont éliminés par deux tueurs aussi sadiques qu’implacables. 
Quand c’est la femme et les deux fillettes de Hearing qui sont retrouvées égorgées dans son petit pavillon, l’inspecteur Renzo Sensini d’Interpol commence à se pencher sérieusement sur l’affaire. Sensini, tête brûlée assez incontrôlable, est « au placard dans un sous-service chargé des mouvances extrémistes écolos ». Hearing, disparu, constitue le principal suspect de ce massacre. 

Créatures authentiques
Première partie d’une trilogie intitulée « Complex », ce gros pavé de 400 pages ne laisse pas une seconde d’accalmie au lecteur. Les auteurs ont choisi de ne pas se contenter de l’enquête de Sensini. Ils alternent les points de vue au gré des chapitres. On suit donc à la trace Hearing, idéaliste désabusé, victime de son appât du gain, monstre en devenir, véritable enjeu de la course-poursuite lancée par plusieurs organisations que l’on devine tentaculaires. Sensini occupe bien sûr une place importante de l’intrigue, mais ce polar vaut également par les personnages secondaires. Ils sont nombreux et tous parfaitement brossés, du couple de tueurs fêtant leurs exécutions dans des raves party, en passant par le flic ripou, faisant consciencieusement son rapport aux services secrets ou la fille de Naeliev, beauté sulfureuse n’ayant jamais pardonné à son père d’avoir tué sa mère. Sans oublier le dernier membre en vie du commando Eden, Iva Neves, jeune chercheuse désemparée tombant dans les bras d’un Sensini qui n’en demandait pas tant. Bref cet « Eden » regorge de créatures authentiques, preuve que l’imagination des deux auteurs semble sans limites. 

« Eden, Complex 1 », Denis Bretin et Laurent Bonzon, Editions du Masque, 20 euros