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dimanche 4 août 2024

Littérature étrangère - La résurrection des mille femmes blanches

Jim Fergus donne une suite à sa trilogie des « Mille femmes blanches ». Un court conte fantastique, optimiste et positif, qui enchante le lecteur, heureux de retrouver Molly et ses amies. 

Notre monde, violent et injuste, n’est qu’une facette de l’univers. Jim Fergus se plaît à imaginer dans ce court roman, entre fable et conte fantastique, l’existence d’un « monde véritable derrière le nôtre. » Ce sont les rescapées des mille femmes blanches, héroïnes d’une trilogie sur la fin de la civilisation indienne. C’est Molly McGill Hawk qui raconte cet événement incroyable.

En pleine tempête, elle, les autres femmes, leurs maris indiens et des enfants, ont quitté un monde de violence pour se retrouver dans une autre version de l’Amérique, véritable paradis, où les armes n’existent pas et où toutes les races cohabitent pacifiquement.

Même avec les animaux la fusion est parfaite. Le mari de Molly, Hawk, Indien un peu taciturne, peut se transformer en faucon et voler, avec son épouse sur le dos. Tous se sont installés un « village situé sur une butte qui domine la rivière, assez haute pour nous protéger des crues qu’occasionnera la fonte des neiges. Notre camp se trouve assez près d’un ruisseau pour que, par les nuits de pleine lune, nous entendions les truites monter à la surface et se gaver d’insectes. A l’aube, les oiseaux entonnent leurs chants dans les buissons de saules. » Un bonheur remis en cause par l’arrivée d’une autre Molly venue du futur, descendante de la narratrice.

Elle prévient la tribu de l’arrivée imminente d’une bande de méchants déterminée à piller le monde véritable. Mais comment se défendre quand on est non-violent et sans arme ?

Le texte de Jim Fergus, entre utopie écologique et traité pacifique, apporte un formidable espoir aux lecteurs. Qu’il serait agréable de transformer notre triste quotidien en « monde véritable » !


« Le monde véritable » de Jim Fergus, Le Cherche Midi, 160 pages, 16,50 €

samedi 12 novembre 2022

Beau livre - Jules Verne et Tardi : génies retrouvés


Écrivain français le plus connu et traduit à l’international, Jules Verne est à la tête d’une œuvre pléthorique. Des dizaines de romans inoubliables, autant de nouvelles lui ont permis d’être présenté comme le père de la science-fiction. Mais cet écrivain était en réalité un touche-à-tout, grand feuilletoniste, maniant avec aisance tous les styles du roman d’aventures à la bête comédie sentimentale. De très nombreux textes ont été publiés après sa mort et certains n’ont été découverts que très tardivement. 

C’est le cas de ces nouvelles reprises dans ce gros volume intitulé Récits retrouvés, bénéficiant d’une cinquantaine d’illustrations pleine page de Tardi. Ces manuscrits retrouvés sont présentés par Christian Robin, directeur de la collection « La bibliothèque Verne ». 

Ne manquez pas la nouvelle San Carlos. Elle se déroule au cœur des Pyrénées et voit un contrebandier échapper à des douaniers grâce à un bateau qui se transforme en sous-marin. Déjà tout le génie de l’écrivain qui n’avait que 28 ans.

« Récits retrouvés », Jules verne, illustrations de Tardi, Cherche Midi, 21,90 €


mardi 12 juillet 2022

Roman noir - Loubards des années 80 en galère dans la « Banlieue noire »

Sympathique nouvelle collection aux éditions du Cherche-Midi. Baptisée Borderline, elle a pour but de publier ou remettre au goût du jour des textes qui « s’adressent à tous les lecteurs avides de vigueur, de bonne santé et d’insolence. » Une nouveauté pour inaugurer cette bouffée d’air pur dans une littérature trop souvent corsetée par un politiquement correct qui empêche de dire clairement les choses, Banlieue noire de Rémi Pépin. Une plongée salutaire dans les années 80.

Exactement l’action débute le soir du 10 mai 1981. Alors qu’une partie de la France fait la fête dans les rues de Paris et la proche banlieue, trois amis semblent insensibles à cet espoir de jours meilleurs. Il est vrai que Riton, Momo et Jean-Claude savent que ce ne sont pas quelques ministres de gauche qui vont changer leur quotidien de loubards de banlieue. Ce dimanche soir, ils ont un autre projet, plus excitant : se bourrer la gueule, fumer quelques joints et aller récupérer la voiture de leurs rêves, une traction avant, l’auto des gangsters par excellence. Les trois potes, une fois au volant, vont voir leur destin méchamment contrarié. En plus de planter la caisse, ils trucident un inconnu, compagnon de beuverie, embarqué dans leur virée. Paniqués, ils décident de l’enterrer dans un terrain vague. Les ennuis vont commencer…
Beaucoup de tendresse en fait dans ce texte quand l’auteur parle des trois losers, amis d’enfance qui zonent depuis trop longtemps dans cette banlieue sinistre. Ils aiment se retrouver et faire des conneries car « ensemble ils étaient forts, solidaires, insolents, arrogants. Seuls, ils redevenaient ce que le monde entier, flics, profs, parents ou patrons, s’appliquait à leur répéter chaque jour depuis leur plus tendre enfance : des pas grand-chose, des rien du tout. Voire des moins que rien du tout. »

« Banlieue noire » de Rémi Pépin, Borderline, 15 €

samedi 11 décembre 2021

Beau livre - Soyez Carrément Méchant !


Ils nous manquent ces humoristes qui n’avaient pas de limites. Les Desproges, Jean Yanne et autres comiques qui signaient de fausses pubs dans Hara Kiri. Après le succès de Incorrect, l’an dernier, Le Cherche-Midi remet le couvert avec ce Carrément Méchant ! prouvant combien, dans le temps, on savait se moquer sans craindre offenser. Car ces humoristes partaient du principe que la dérision était la meilleure façon de reconnaître l’existence de certaines minorités. Le politiquement correct ne disait encore pas son nom, le wokisme une invention de pisse-froid en mal d’intégration dans la grande société si triste des bien-pensants. Cette irrévérence on la retrouve au détour de ces pages qui pour certaines ne pourraient plus paraître de nos jours. 

Après une préface de Richard Malka, plongez dans cette période bénie comprise entre 1960 et 1990, quand se moquer du petit Jésus n’était pas considéré comme un blasphème, quand les hommes politiques étaient passés à la moulinette par des humoristes d’une rare méchanceté, quand pauvres comme riches en prenaient plein les dents sans que des citoyens indignés ne lancent une pétition par l’intermédiaire de Facebook. Si cet esprit existait encore, les premières victimes auraient été ce candidat d’extrême droite qui révisionne l’histoire de France à tour de bras, ces prétendus « journalistes » se contentant de donner leur avis dans des émissions de débats ou ces féministes qui, en faisant pire que les machos dans leurs outrances, discréditent l’immense majorité des femmes.

Mais le livre va un peu plus loin que le simple humour destructeur. Il analyse aussi comment tout ce qui est méchant est finalement si sympathique pour le commun des mortels. Pourquoi le Joker, propulsé au rang de personnage principal, fait autant d’entrées que Batman. Pourquoi justement le candidat révisionniste, avec ses outrances et ses mensonges perpétuels reste aussi populaire auprès d’une population qu’il méprise ouvertement ? C’est la magie (ou la sorcellerie), des méchants.

« Carrément méchant ! », Le Cherche Midi, 35 €