mercredi 2 mars 2022

DVD - Drive my car, théâtre des émotions

Drive my car, film de Ryusuke Hamaguchi fait figure de favori dans la course à l’oscar du meilleur film étranger. Mais ce chef-d’œuvre en langue japonaise qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez Diaphana Vidéo, réussit l’exploit de briguer trois autres statuettes : meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté et surtout meilleur film tout court, en compétition avec Licorice Pizza, Dune ou The Power of the dog. Mais on ne peut que vous conseiller, avant le verdict du 27 mars, de « rattraper » ce film dans sa version vidéo. Tiré d’une nouvelle de Haruki Murakami, cette histoire de deuil tourne autour du théâtre. 

Voiture rouge

Yûsuke Kafuku (Hidetoshi Nishijima) est metteur en scène. Il travaille sur la pièce Oncle Vania de Tchekov. Sa femme, scénariste pour la télévision, trouve ses idées en faisant l’amour. Les 20 premières minutes du film (qui dure au total 2 h 45), montrent ce quotidien très millimétré du couple, marqué par de nombreux trajets dans la voiture d’un rouge rutilant de Yûsuke. La première bascule intervient quand il apprend que son épouse le trompe avec le jeune acteur d’une de ses séries. Peu de temps plus tard, il la retrouve morte dans l’appartement, victime d’une hémorragie méningée. Deux ans plus tard, Kafuku se rend à Hiroshima pour mener un atelier international toujours sur Oncle Vania. Il a une chauffeuse pour lui faire les trajets entre le théâtre et sa résidence provisoire. Misaki Watari (Toko Miura), jeune provinciale est une taiseuse. Au fil des trajets, ils vont se découvrir et comprendre qu’ils ont un point commun : un deuil récent. La femme de Yûsuke d’un côté, la mère de Misaki de l’autre. Et chacun se sent responsable de cette mort. 

Théâtre universel

Le film devient grandiose au fur et à mesure du rapprochement de ces deux écorchés, continuant à vivre, travailler et à avancer, mais sans la moindre envie. Et pour donner encore plus de corps à ce propos fort, le réalisateur filme longuement les répétitions de la pièce, décortiquant avec minutie la technique de travail d’un metteur en scène exigeant et original. C’est ce parallèle entre la plongée dans le monde intérieur des protagonistes et l’universalité d’une œuvre culturelle qui a traversé les siècles et les continents qui donne sa formidable maestria à ce film envoûtant. Du très grand cinéma. L’académie des Oscars ne s’est pas trompée.


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