Lieu préservé entre tous, l’école primaire doit être protégée. Pour s’en persuader, il suffit d’aller voir « Primaire », en salles ce mercredi. Un film qui fait du bien, d’où l’on ressort les yeux baignés de larmes, rempli d’émotion, le cœur plein d’espoir. De ces œuvres qui ne paient pas de mine mais dont on se souvient longtemps car elles nous font mieux comprendre la chance que l’on a de vivre dans un pays qui fait beaucoup pour sa jeunesse. Florence (Sara Forestier) est professeur des écoles. Institutrice dans sa tête. Elle est jeune mais n’a pas encore accepté le nouveau verbiage de l’Éducation nationale. Cette année elle a la classe de CM2. Difficiles les CM2 car c’est leur dernière année dans ce cocon qu’est l’école primaire. La rentrée suivante se fera au collège. Là, rien ne sera pareil.
■ Émouvant spectacle de fin d’année
Alors Florence, sans trop s’attacher, donne le maximum pour qu’ils ne soient le mieux formés possible. Dans cette classe, il y a Denis. Il lève toujours la main pour répondre. Elle ne l’interroge jamais. Denis en veut à sa maî- tresse. Encore plus à sa mère quand il la voit, dans l’appartement de fonction qu’ils occupent au-dessus des classes, préparer ses cours ou corriger sa copie. La très bonne idée du film est d’opposer cette maîtresse exemplaire à son fils qui se sent dé- laissé. Au point qu’il fait des pieds et des mains pour rejoindre son père qui travaille en Indonésie. De père, Sacha n’en a pas. Sacha quasiment abandonné par sa mère et qui au bout d’une semaine de vie en solitaire est confié à Mathieu (Vincent Elbaz) l’ancien petit ami de la mauvaise mère. Une relation particulière va s’instaurer entre Florence et Sacha, comme si elle avait besoin de s’occuper de cet enfant dé- laissé alors qu’elle n’arrive pas à voir que son fils a besoin de plus de présence maternelle. Denis va repousser Sacha dans un premier temps, puis devenir son meilleur ami quand il comprendra que sa mère est attirée par Mathieu.
Un embryon de romance qui n’enlève rien à la force du scénario, axé essentiellement sur la vie dans cette classe de CM2. On se régale de leurs préparatifs du spectacle de fin d’année, notamment quand intervient Carlie, une autiste intégrée au groupe. Ce film, véritable plaidoyer en faveur du corps enseignant, nous permet de retrouver nos années de primaire, quand la maîtresse (ou le maître) était le centre de notre petit univers.
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"Un animal sauvage"
Dans ses notes de production, Hélène Angel explique pourquoi elle a rapidement choisi Sara Forestier pour interpréter cette institutrice, si fragile dans sa vie privée, si forte face à ces gamins. « J’ai eu le coup de foudre. Sara, c’est un animal sauvage ! En tant que femme, elle n’est pas dans des rapports de séduction codés. En tant qu’actrice, elle ne « fabrique » pas. Elle vibre, elle a donné force et souffle au personnage. » Un portrait que ne doit pas renier la principale intéressée.
Cette comédienne de 30 ans, dans le métier depuis ses 15 ans, a déjà deux césar à son palmarès. Sa fraîcheur lui permet de tout oser. Du drame social comme « La tête haute » au mauvais film d’horreur « Humains » en passant par le polar psychologique « L’amour est un crime parfait », elle a déjà touché à tous les genres. Même les plus inclassables quand elle interprète une jeune femme qui se bat avec son partenaire et amant (souvent dans de la boue) dans « Mes séances de lutte » de Jacques Doillon. Sans oublier ses débuts fracassants dans « L’esquive » d’Abdellatif Kechiche.
Mais la belle ne se contente pas d’un seul côté de la caméra. Après une première expérience sur un court-métrage, elle s’est lancée dans la réalisation de son premier long-métrage. « M », dont elle signe aussi le scénario, est l’histoire d’une fille bègue qui s’épanouit au contact d’un pilote kamikaze. Le film est en cours de montage et pourrait sortir pour la fin de l’année.
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