La Norvège, pays nordique prospérant sur ses réserves pétrolières, a tout pour être un petit paradis. Pourtant, le pays n'est pas à l'abri de certaines dérives. On se souvent du massacre commis par le néo-nazi Breivik et le roman policier d'Ingar Johnsrud ne va en rien rassurer les lecteurs. Les pratiques politiques de ce pays sont parfois très peu recommandables. Première partie d'une trilogie, cette enquête du commissaire Fredrik Beier débute par une multitude de fausses pistes. Le héros, à peine remis d'un grave accident qui l'a laissé claudiquant, divorcé et en deuil de son dernier enfant, est sur la touche. Il tente de retrouver un peu d'allant dans son métier. Mais le traumatisme est important.
Un flic au bord de la rupture, incapable de se concentrer et encore moins de faire des efforts physiques. Quand la chef du principal parti de droite demande à la police de retrouver sa fille et son jeune enfant, disparue depuis quelques semaines, c'est vers Beier que la hiérarchie se tourne. Le sujet est sensible, mais sans risque. A priori. La jeune femme, une brillante chimiste, a tout plaqué pour rejoindre une secte chrétienne retirée dans une ferme. Beier n'a pas le temps de se rendre à « La lumière de Dieu » qu'un tueur y commet un massacre.
Cinq morts et le reste de la communauté envolé. Principal suspect : un islamiste radical pris pour cible par le pasteur retrouvé égorgé.
Ennemis intérieurs
Beier conserve l'affaire et bénéficie même de l'aide d'un membre des services secrets norvégiens. Kafa Iqbal, originaire du Pakistan, est la spécialiste de ce milieu religieux, « la jeune femme élancée avait la peau plutôt olivâtre que mate et une raie sur le côté partageait ses cheveux noirs et épais. Son visage était large avec des mâchoires arrondies, le menton fin et bien dessiné. Ses yeux brillaient comme deux pièces de monnaie qui vous regardait bien en face. » Si la collaboration est très délicate dans un premier temps, ils vont apprendre à s'apprécier (voire un peu plus car Beier n'est pas insensible à ce charme oriental), notamment quand ils croisent le tueur, un monstre de violence qui cache bien son jeu derrière un masque en silicone.L'hypothèse musulmane s'évapore rapidement, simple mise en scène pour lancer les enquêteurs sur une piste erronée. En vérité, les ennemis de la secte sont intérieurs et très haut placés. Ce pavé sans temps mort, donne également un éclairage intéressant sur le passé du pays, quand dans les années 40, certains politiques locaux trouvaient un grand intérêt à collaborer avec l'Allemagne aryenne.
Et la force du roman réside dans son final, totalement ouvert, avec un sacré challenge à relever pour Beier et Iqbal dans les prochains épisodes.
« Les adeptes » d'Ingar Johnsrud, Robert Laffont, 21 €.
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