Carl Morck, policier danois, rouvre une affaire de double meurtre. Un faux coupable se serait dénoncé pour couvrir les agissements violents de plusieurs fils de bonne famille.
Affaire classée ? Pas pour Carl Morck dont c'est justement le fond de commerce. Ce flic danois d'élite est à la tête du plus petit service du pays. Il doit se contenter d'un assistant, Assad, un Syrien, touche exotique dans un thriller très noir.
Le premier roman policier de Jussi Adler Olsen, « Miséricorde » paru en 2011, présentait ce duo peu banal. On les retrouve dans leur bureau au sous-sol, plongé dans cette affaire apparu par enchantement sur leur bureau.
Morck est le prototype du flic bourru et qui n'en fait qu'à sa tête. Il aime travailler en solitaire. Il ne voit pas d'un très bon œil l'arrivée d'une secrétaire dans son service. D'autant que Rose est assez atypique : « Une coiffure ébouriffée ultra-courte et noire, des yeux de jais et des vêtements plus sombres que sombres. La créature que Morck avait devant lui était effarante. » Mais comme elle n'a pas sa langue dans sa poche et qu'elle est particulièrement débrouillarde, elle va autant séduire qu'exaspérer son chef.
La folie de Kimmie
Malgré les ordres de sa hiérarchie lui ordonnant de ne pas enquêter sur ce double meurtre, Morck va creuser et retrouver les jeunes étudiants suspectés à l'époque. Ils sont tous devenus des notables, riches et très influents. Un styliste, le patron de plusieurs cliniques, un trader... Morck s'attaque à forte partie. Manque Kimmie, la seule fille de la bande. Elle a disparu depuis dix ans. Elle vivrait dans la rue. Kimmie personnage principal, pivot du roman dont l'auteur décrit longuement la lente descente aux enfers. Kimmie, la seule s'étant repentie, la plus humaine malgré sa folie irrémédiable.
L'humanité, c'est un concept inconnu aux trois rescapés. Ils se retrouvent régulièrement pour des chasses spéciales dans le domaine de l'un d'entre eux. Ils massacrent des faisans et surtout ont à chaque sortie un gibier exceptionnel qui sort de l'ordinaire. « Tous retinrent leur souffle avec le tireur tandis qu'il épaulait son arme et appuyait sur la gâchette. Il tira un peu bas, ce qui rompit le cou de la bête et la décapita. Il pensait que l'animal tomberait raide mort, mais il continua à courir sans sa tête pendant quelques secondes avant que son cadavre ne trébuche sur le sol inégal. Un spectacle désopilant. » Une ultime partie de chasse compose le final du roman dans laquelle chasseurs et gibiers s'affrontent dans un déchaînement de violence.
« Profanation » fait partie de ces thrillers qui vous tiennent en haleine du début à la fin. Entre scènes d'action et parties plus psychologiques, il est d'une rare richesse. Morck, Assad et Rose reviendront dans une nouvelle enquête. Car pour couronner le tout, Jussi Adler Olsen maîtrise parfaitement le côté feuilleton de son œuvre.
Michel LITOUT
« Profanation » de Jussi Adler Olsen (traduction de Caroline Berg), Albin Michel, 22,90 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire